Témoignages pour l'Eglise, vol. 1

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Suprême souffrance

Le doute lui-même assaillit le Fils de Dieu aux frontières de la mort. Il ne pouvait voir au-delà du sépulcre. La lueur de l'espérance ne lui montrait pas sa sortie du tombeau en vainqueur et l'acceptation de son sacrifice par son Père. Le péché du monde, dans toute son horreur, était ressenti à l'extrême par le Fils de Dieu. Dans les ténèbres qui l'entouraient, il ne voyait plus rien, sinon le déplaisir du Père à l'égard du péché et la mort qui en est la terrible conséquence. Il était tenté de croire que le péché est une telle offense à Dieu qu'il ne pourrait jamais reprendre sa qualité de Fils. La pensée que son Père l'avait abandonné pour toujours lui fit pousser ce cri déchirant: “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?” TE1 258.3

Le Christ éprouva les sentiments qui seront ceux des pécheurs lorsque surviendront les dernières plaies. Le désespoir le plus cuisant accablera leurs âmes coupables et ils comprendront alors à quel point le péché est condamnable. Le salut a été acquis aux hommes par les souffrances et la mort du Fils de Dieu. Il leur appartient à la condition qu'ils l'acceptent avec joie. Mais ils ne sont pas contraints d'obéir à la loi de Dieu. S'ils refusent le ciel, choisissent les plaisirs et les désillusions du péché, ils recevront un jour leur salaire et encourront la colère de Dieu et la mort éternelle. Ils seront pour toujours privés de la présence de ce Jésus dont ils ont méprisé le sacrifice. Ils ont changé une vie de bonheur et de gloire éternelle pour les plaisirs passagers du péché. TE1 259.1

Dans les heures d'agonie, la foi et l'espérance du Christ chancelèrent parce qu'il n'avait plus l'assurance que son Père l'approuvait, alors qu'il l'avait toujours eue jusque-là. Auparavant, le Rédempteur n'avait cessé d'être réconforté grâce aux preuves données par son Père attestant que l'œuvre qu'il accomplissait lui était agréable. Mais au moment de mourir, c'est par la foi seulement qu'il dut se confier en celui à qui il avait toujours obéi avec joie. Il n'était pas illuminé par les clairs rayons de l'espérance. De profondes ténèbres l'accablaient. La nature souffrait avec lui, alors que le Rédempteur buvait la coupe mystérieuse jusqu'à la lie. Privé d'espoir et de confiance dans le triomphe qu'il attendait pour un avenir prochain, il s'écria d'une voix forte: “Père, je remets mon esprit entre tes mains.” Luc 23:46. Il connaissait son Père, sa justice, sa miséricorde et son grand amour; c'est pourquoi, dans une totale soumission, il s'abandonna entre ses mains. Au milieu des étonnants phénomènes de la nature, les spectateurs, effrayés, entendirent les dernières paroles du mourant du Calvaire. TE1 259.2

La nature, en effet, prit part aux souffrances de celui qui l'avait formée. La terre trembla, les rochers se fendirent, proclamant la mort du Fils de Dieu. Le voile du temple se déchira en deux. La terreur saisit les exécutants et les spectateurs, qui voyaient le soleil s'assombrir et ressentaient les convulsions de l'écorce terrestre. Lorsque le Christ remit son esprit entre les mains du Père, les moqueries des principaux sacrificateurs et des anciens prirent fin. La foule étonnée commença à se retirer et se dirigea à tâtons vers la ville enténébrée. Les gens se frappaient la poitrine et leur terreur était telle qu'ils n'osaient élever la voix et murmuraient seulement ces paroles: “On a fait mourir un innocent. N'était-il pas, comme il le prétendait, le Fils de Dieu?” TE1 260.1