Heureux ceux qui
“Étroite est la porte, resserré le chemin qui mène à la vie.”
Au temps du Christ, les habitants de la Palestine vivaient dans des villes fortifiées situées, la plupart du temps, sur une colline ou sur une hauteur. Les portes en étaient fermées au coucher du soleil, et le voyageur qui rentrait vers le soir devait, pour arriver avant la tombée de la nuit, presser le pas, en gravissant des chemins escarpés et rocailleux. Les retardataires restaient dehors. HCQ 112.1
Ces sentiers raboteux qui conduisaient au foyer et au repos fournirent à Jésus une image saisissante de la route du chrétien. Le chemin que j'ai placé devant vous, dit-il, est étroit et l'entrée difficile, car la règle d'or en interdit l'accès à tous ceux qui sont encore sujets à l'orgueil ou à l'égoïsme. Il existe bien, en vérité, une route plus large, mais elle mène à la perdition. Si vous consentez à gravir le sentier de la vie spirituelle, vous vous élèverez sans cesse, car il monte, mais vous serez avec le petit nombre, car la multitude suit le chemin qui descend. HCQ 112.2
La route qui mène à la mort est assez large pour que l'humanité y chemine avec son esprit mondain et intéressé, son orgueil, son improbité et sa déchéance morale. Toutes les opinions et les doctrines humaines y ont leur place. On peut y suivre ses propres inclinations et satisfaire les exigences de son égoïsme. Inutile de chercher longuement sa route, car la porte est large, le chemin spacieux, et c'est naturellement que les pas s'y engagent. HCQ 112.3
Mais le chemin qui mène à la vie est resserré et la porte en est étroite. Si vous entretenez quelque péché secret, vous vous apercevrez que l'entrée est trop exiguë pour vous et lui. Si vous voulez suivre le chemin du Seigneur, il vous faudra abandonner vos propres goûts, vos désirs et vos mauvaises habitudes. Celui qui veut servir le Christ ne peut se conformer aux principes du monde, ni vivre en prenant celui-ci comme modèle. Le chemin du ciel est trop étroit pour que l'on puisse s'y encombrer de richesses ou de titres ou pour y entretenir des ambitions égoïstes; il est trop raide et trop pierreux aussi pour ceux que l'effort rebute. Les fatigues, la douceur et la patience, le renoncement personnel, la pauvreté, l'opposition et l'opprobre, telle fut la part du Seigneur et telle doit être aussi la nôtre si nous voulons entrer dans le paradis de Dieu. HCQ 112.4
N'allons pas, cependant, en conclure que le chemin qui monte est pénible et que celui qui descend est agréable. La route qui mène à la mort est semée de souffrances, de châtiments, de chagrins et de déceptions qui sont autant d'invitations à revenir en arrière. HCQ 113.1
L'amour de Dieu a voulu rendre le chemin de la destruction pénible aux insouciants et aux entêtés. Il est vrai que le chemin de Satan paraît séduisant, mais ce n'est qu'une illusion, car il abonde en remords amers et en soucis dévorants. Le monde et ses ambitions peuvent exercer un certain attrait sur nous, mais ils n'apportent, en fin de compte, que douleurs et chagrins. Des projets intéressés et personnels peuvent offrir des perspectives flatteuses à notre amour-propre ou nous donner l'espoir de certaines jouissances, mais nous aurons tôt fait de découvrir que notre bonheur est empoisonné et qu'en réalité l'égoïsme remplit la vie d'amertume. Le chemin qui descend est peut-être couvert de fleurs à son début, il n'en cache pas moins beaucoup d'épines. L'éclat des illusions qui brille à l'entrée s'éteint bientôt pour faire place aux ténèbres du désespoir; et l'âme qui suit ce sentier s'enfonce toujours plus dans les ombres d'une nuit sans fin. HCQ 113.2
Salomon nous dit: “La voie des perfides est rude”, mais les voies de la sagesse “sont des voies agréables, et tous ses sentiers sont paisibles”. Proverbes 13:15; 3:17. Chaque acte d'obéissance au Christ ou de renoncement personnel accompli en son nom, chaque tentation vaincue marque un pas en avant vers la gloire de la victoire finale. Si nous prenons Jésus-Christ comme guide, il nous conduira en sûreté. Le plus grand des pécheurs peut trouver la bonne route. Tous ceux qui cherchent en tremblant peuvent marcher dans la lumière sainte et pure sans craindre de tomber. Bien que le sentier soit si étroit, si saint que le péché ne puisse y être admis, l'accès en est cependant ouvert à tous et aucune âme, quelle que soit sa faiblesse ou la crainte qui puisse l'étreindre, ne peut dire: “Dieu ne se soucie pas de moi.” HCQ 113.3
Le chemin sera peut-être rude, bordé de précipices à droite et à gauche, et l'ascension pénible. Harassés, soupirant après le repos, nous plierons parfois sous le poids de la fatigue. Mais, avec Jésus, nous pourrons poursuivre la lutte; il renouvellera notre courage, nous servira de guide et nous mènera sûrement au but. Il a lui-même parcouru ce sentier avant nous et en a aplani pour nous tous les obstacles. HCQ 113.4
D'ailleurs, tout le long de la montée abrupte qui conduit à la vie éternelle se trouvent des sources de joie pour rafraîchir les pèlerins lassés. En dépit de nombreuses tribulations, ceux qui marchent dans les sentiers de la sagesse sont débordants de joie, car celui qu'aime leur âme chemine, invisible, tout près d'eux. Si la côte devient plus escarpée, ils discernent mieux le réconfort de sa présence. À chaque pas en avant, les rayons de gloire de l'lnvisible illuminent davantage leur sentier, et leurs chants de louange montent toujours plus haut, pour se confondre avec les cantiques des anges qui se tiennent devant le trône. “Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante, dont l'éclat va croissant jusqu'au milieu du jour.” Proverbes 4:18. HCQ 114.1