Heureux ceux qui
“Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux.”
La certitude que Dieu nous aime nous oblige à nous aimer les uns les autres. Cet amour mutuel, nous dit Jésus, est le grand principe qui doit présider aux relations humaines. HCQ 109.1
Les Juifs comptaient recevoir divers avantages sous le règne du Messie. Leur souci suprême était de s'assurer la puissance, les égards et les hommages auxquels ils pensaient avoir droit. Mais le Christ nous montre, par ces paroles, que le but de nos préoccupations ne devrait pas être de savoir ce que nous devons recevoir, mais ce que nous pouvons donner. Nos obligations envers autrui sont précisément celles que nous estimons être les leurs à notre égard. HCQ 109.2
Dans nos rapports avec nos semblables, nous devons nous mettre à leur place, essayer de comprendre leurs sentiments, leurs difficultés, leurs déceptions, leurs joies et leurs douleurs. Nous devons nous identifier à eux et les traiter comme nous aimerions l'être si nous étions dans leur situation. Voilà l'essence même de l'honnêteté. C'est un autre aspect du commandement: “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” Et c'est aussi le résumé de l'enseignement des prophètes. C'est un principe divin qui se sera développé dans tous ceux qui seront admis à jouir de la société des êtres célestes. HCQ 109.3
Cette règle d'or est le fondement même de la véritable courtoisie et c'est dans la vie et dans le caractère de Jésus qu'elle a été le mieux illustrée. Oh! Quels rayons de tendresse et de bonté émanaient de la vie quotidienne de notre Sauveur! Quelle douceur procurait sa présence! Ses enfants manifesteront le même esprit. Ceux en qui Jésus demeure vivront dans son atmosphère. Le vêtement blanc de leur pureté exhalera les parfums du jardin de l'Éternel. Leur visage resplendira de son éclat et illuminera le chemin des âmes lassées et chancelantes. HCQ 109.4
Celui qui a saisi en quoi consiste la perfection idéale du caractère ne manquera jamais de témoigner autour de lui la sympathie et la tendresse du Christ. L'influence de la grâce doit attendrir le cœur, affiner et purifier les sentiments et communiquer un sens élevé de la délicatesse et de la bienséance. HCQ 110.1
Mais la règle d'or a une portée encore plus étendue. Quiconque est devenu dispensateur de la grâce de Dieu doit la partager avec les âmes qui sont dans l'ignorance et les ténèbres, comme il aimerait que les autres le fissent, s'il se trouvait dans leur cas. L'apôtre Paul déclare: “Je me dois aux Grecs et aux barbares, aux savants et aux ignorants.” Romains 1:14. Considérez tout ce que vous devez à l'amour, à la richesse de la grâce de Dieu et comprenez quelles sont vos obligations à l'égard des âmes enténébrées et avilies. HCQ 110.2
Il en est de même en ce qui concerne les dons et les avantages matériels. Tout ce que nous possédons de plus que nos semblables nous donne un devoir à l'égard des moins favorisés. Si nous sommes riches ou seulement aisés, nous sommes dans l'obligation solennelle de prendre soin de ceux qui souffrent, de la veuve et de l'orphelin, et cela de la manière même dont nous aimerions être traités si nous étions à leur place. HCQ 110.3
La règle d'or rejoint ici la même vérité enseignée dans le Sermon sur la montagne: “On vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez.” Tout ce que nous faisons à autrui, soit en bien, soit en mal, rejaillira inévitablement sur nous en bénédiction ou en malédiction. Nous retrouverons tout ce que nous donnons. Les biens terrestres que nous partageons avec nos semblables nous sont même souvent rendus sous une forme tangible. Nous recevons fréquemment dans un moment difficile bien plus que le quadruple de ce que nous avons donné. Mais si nous sommes, dès ici-bas, récompensés de nos bienfaits, c'est surtout par le sentiment toujours plus intime et profond de l'amour de Dieu, qui réunit en lui toutes les gloires et tous les trésors du ciel. HCQ 110.4
Mais le mal que nous avons commis nous revient de la même façon. Quiconque se permet de condamner ou de décourager quelqu'un passera lui aussi par le découragement. À son tour, il éprouvera ce que d'autres ont souffert à cause de son manque de sympathie ou de tendresse. HCQ 110.5
C'est l'amour de Dieu qui en a ainsi décidé. Il désire nous amener à haïr la dureté de nos cœurs, afin que nous les ouvrions tout grands pour que Jésus y habite. Et c'est ainsi que du mal sort le bien et que ce qui semblait une malédiction devient une bénédiction. HCQ 111.1
L'idéal de la règle d'or est, en réalité, celui du christianisme lui-même. Tout ce qui ne l'atteint pas n'est que vanité et mensonge. Une religion qui nous permettrait de mépriser nos semblables quand Jésus les a estimés assez précieux pour leur donner sa vie, ou de rester indifférents devant leurs besoins, leurs souffrances ou leurs droits matériels, serait une religion inconséquente. HCQ 111.2
En dédaignant les appels de ceux qui se débattent dans la misère, la douleur ou le péché, nous trahissons le Sauveur. C'est parce que les hommes portent le nom du Christ tout en reniant son caractère par leur conduite, que le christianisme a si peu de puissance dans le monde et que ce nom est blasphémé. HCQ 111.3
Il est écrit de l'Église apostolique, aux jours radieux où la gloire du Sauveur ressuscité resplendissait sur elle: “Nul ne disait que ses biens lui appartinssent en propre.” “Il n'y avait parmi eux aucun indigent.” “Les apôtres rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. Et une grande grâce reposait sur eux tous.” “Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui étaient sauvés.” Actes 4:32-34; 2:46, 47. HCQ 111.4
Parcourez le ciel et la terre, vous n'y trouverez aucune vérité qui soit révélée avec plus de puissance que ce ministère de charité en faveur de ceux qui ont besoin de notre sympathie et de notre aide. Jésus, d'ailleurs, en était la personnification. Lorsque ceux qui professent le nom du Christ mettront en pratique les principes de cette règle d'or, la puissance même des temps apostoliques accompagnera la prédication de l'Évangile. HCQ 111.5