Heureux ceux qui
“Je vous dis de ne jurer aucunement.”
Le Christ nous donne les raisons de ce commandement: “Je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel, parce que c'est le trône de Dieu; ni par la terre, parce que c'est son marchepied; ni par Jérusalem, parce que c'est la ville du grand roi. Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu.” Matthieu 5:33-36. HCQ 57.3
Toutes choses viennent de Dieu. Nous ne possédons rien que nous n'ayons reçu et rien non plus qui ne nous ait été acquis par le sang du Christ. C'est de la croix que nous parviennent toutes choses et tout ce que nous recevons porte sa marque puisque tout a été racheté pour nous par un sang précieux et inestimable entre tous: la vie même de Dieu. Aussi n'avons-nous rien qui nous appartienne réellement à offrir en garantie de notre parole. HCQ 57.4
Les Juifs considéraient le troisième commandement comme leur interdisant d'employer le nom de Dieu en vain. Mais ils se réservaient de faire d'autres serments. On jurait d'ailleurs communément parmi eux. Et si Moïse leur avait enseigné à ne pas être parjures, ils avaient inventé bien des moyens pour se libérer des obligations imposées par leurs serments. Ils ne craignaient pas de blasphémer ni de parjurer lorsqu'ils estimaient pouvoir se couvrir par quelque subterfuge légal. HCQ 58.1
Jésus condamna leurs pratiques, déclarant que leurs serments étaient une transgression du commandement de Dieu. Mais le Sauveur n'interdit point le serment judiciaire dans lequel Dieu est solennellement pris à témoin que la déclaration énoncée est la vérité, et rien que la vérité. Lorsque Jésus fut lui-même traduit devant le Sanhédrin, il ne refusa pas de prêter serment. Prenant la parole, le souverain sacrificateur lui dit: “Je t'adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu. Jésus lui répondit: Tu l'as dit.” Matthieu 26:63, 64. Si, au moment où il prononça le Sermon sur la montagne, Jésus avait condamné le serment judiciaire, il aurait repris le souverain sacrificateur, et, pour le profit de ses disciples, il aurait ainsi souligné son propre enseignement. HCQ 58.2
Beaucoup trompent leurs semblables sans aucune crainte, pourtant ils ont appris et le Saint-Esprit leur a montré combien il est terrible de mentir à son Créateur. Celui qui est appelé à prêter serment comprend que ce n'est pas seulement devant les hommes, mais devant Dieu qu'il le fait. S'il rend un faux témoignage, c'est en présence de celui qui sonde les cœurs et qui connaît la vérité. Le souvenir des châtiments terribles qui ont frappé ceux qui s'étaient rendus coupables d'un tel péché le dissuade de les imiter. HCQ 58.3
Si quelqu'un peut sincèrement prêter serment, c'est bien le chrétien. Il vit constamment en présence de Dieu, sachant que ses pensées sont comme un livre ouvert devant celui auquel nous devons rendre compte. Aussi, lorsqu'un chrétien est appelé à prêter serment, il est naturel qu'il se réclame de Dieu, témoin de la véracité de ses déclarations. HCQ 58.4
Jésus pose un principe destiné à rendre les serments inutiles: nos paroles devraient toujours être strictement vraies. “Que votre parole soit oui, oui, dit-il, non, non; ce qu'on y ajoute vient du malin.” HCQ 59.1
Ainsi se trouvent condamnées les phrases dénuées de sens et toutes les formules vaines qui frisent le blasphème, les compliments trompeurs et les libertés que l'on prend avec la vérité: flatteries, exagérations, fraudes commerciales qui sont courantes dans la société et dans le monde des affaires. Quiconque donc cherche à paraître ce qu'il n'est pas, ou dont les paroles ne sont pas le reflet exact des sentiments, ne peut être appelé véridique. HCQ 59.2
Si ces paroles du Christ étaient pratiquées, elles mettraient un frein aux critiques et aux soupçons malveillants. Car quelle certitude avons-nous de ne pas nous tromper quand nous parlons des actes et des mobiles d'autrui? Combien de fois l'orgueil, la colère, le ressentiment personnel ne viennent-ils pas influencer nos impressions ou nos dires? Un regard, une parole, une intonation peuvent constituer de vrais mensonges. Même des faits authentiques peuvent être exposés d'une manière trompeuse. Et “ce qu'on y ajoute vient du malin”. HCQ 59.3
Tous les actes du chrétien doivent être aussi clairs que la lumière du soleil. La vérité vient de Dieu. La tromperie, sous quelque forme qu'elle se présente, vient de Satan. Quiconque s'écarte de la ligne droite de la vérité se place imprudemment sous la puissance du malin. Et cependant, il n'est ni aisé, ni facile de dire la vérité. Nous ne pouvons en témoigner que si nous la connaissons. Trop souvent il arrive que des idées préconçues, des préjugés, une connaissance imparfaite des faits, des erreurs de jugement nous empêchent de bien comprendre les problèmes qui nous préoccupent. Nous ne pouvons parler avec vérité que si nous sommes guidés par celui qui est la Vérité. HCQ 59.4
Par la voix de l'apôtre Paul, le Christ nous dit: “Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce.” Colossiens 4:6. “Qu'il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise, mais, s'il y a lieu, quelque bonne parole, qui serve à l'édification et communique une grâce à ceux qui l'entendent.” Ephésiens 4:29. A la lumière de ces déclarations, on se rend compte que Jésus, dans le Sermon sur la montagne, condamne les plaisanteries malsaines, les paroles vaines et les conversations légères. Il exige que nos paroles soient non seulement vraies, mais pures. HCQ 59.5
Ceux qui connaissent le Sauveur ne prendront “point part aux œuvres infructueuses des ténèbres”. Ephésiens 5:11. Dans leurs paroles comme dans leur conduite ils seront simples, véridiques et sincères; car ils se préparent à vivre en compagnie de ceux dans la bouche desquels “il ne s'est pas trouvé de mensonge”. Apocalypse 14:5. HCQ 60.1