Heureux ceux qui
“Si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi.”
Pour empêcher que le mal ne s'étende à tout son corps et ne mette sa vie en danger, un homme consentirait à sacrifier sa main droite. A combien plus forte raison ne devrait-il pas être disposé à sacrifier ce qui menace la vie de son âme! HCQ 54.1
L'Évangile a pour but de racheter les âmes que Satan a dégradées et réduites en esclavage, et de les amener à la liberté glorieuse des fils de Dieu. Le dessein de Dieu n'est pas seulement de soulager les souffrances qui sont le résultat inévitable du péché, mais de nous arracher au péché lui-même. Une âme souillée et dégradée doit être purifiée et transformée avant d'être revêtue de “la grâce de l'Éternel” et rendue “semblable à l'image de son Fils”. “Ce sont des choses que l'œil n'a pas vues, que l'oreille n'a pas entendues, et qui ne sont pas montées au cœur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment.” Psaumes 90:17; Romains 8:29; 1 Corinthiens 2:9. L'éternité seule révélera la glorieuse destinée de l'homme régénéré à l'image de Dieu. HCQ 54.2
Pour atteindre un idéal si élevé, il faut sacrifier tout ce qui est pour l'âme une occasion de chute. C'est par la volonté que le péché a prise sur l'homme. La volonté de renoncer au mal est comparée au sacrifice d'un œil ou d'une main. Il nous semble parfois que se soumettre à la volonté de Dieu, c'est consentir à traverser l'existence en mutilé ou en infirme. Il est préférable, dit Jésus, de mutiler le moi, de l'amputer, de le diminuer, si ce sacrifice nous assure l'entrée dans la vie. Ce que vous regardez comme un malheur vous ouvre, en réalité, la porte du plus grand bonheur. HCQ 54.3
Dieu étant la source de la vie, nous ne pouvons obtenir cette vie que si nous sommes en communion avec lui. Séparés de Dieu, nous pouvons apparemment exister pendant un certain temps, mais nous ne possédons pas la vie. “Celle qui vit dans les plaisirs est morte, quoique vivante.” 1 Timothée 5:6. Ce n'est que lorsque nous lui abandonnons notre volonté que Dieu peut nous insuffler la sienne. C'est uniquement en renonçant à nous-mêmes, dit Jésus, que nous pourrons recevoir cette vie qui seule nous permettra de vaincre les péchés secrets dont nous avons parlé. Il nous est peutêtre possible de les dissimuler au fond de notre cœur et de les cacher aux yeux de nos semblables, mais que ferons-nous en la présence de Dieu? HCQ 54.4
En vous aimant vous-même au point de refuser de soumettre votre volonté à Dieu, vous choisissez la mort. Car, pour le péché, où qu'il se trouve, Dieu est un feu consumant et si vous choisissez le péché, si vous refusez de vous en séparer, la présence de Dieu vous consumera tous deux en même temps. HCQ 55.1
Le don de soi-même à Dieu exige un sacrifice mais c'est échanger ce qui est vil pour ce qui est noble, ce qui est terrestre pour ce qui est spirituel, ce qui est éphémère pour ce qui est éternel. Dieu ne souhaite pas anéantir notre volonté puisque ce n'est qu'en l'exerçant que nous pouvons accomplir ce qu'il désire de nous. Mais nous devons la lui abandonner pour qu'il nous la rende purifiée, régénérée et si étroitement unie à lui qu'il puisse répandre en nous les forces vives de son divin amour. Si amère et douloureuse que cette soumission paraisse au cœur volontaire et égaré, elle est “pour notre bien”. Hébreux 12:10. HCQ 55.2
C'est seulement lorsqu'il s'effondra, infirme et épuisé, sur la poitrine de l'ange de l'alliance, que Jacob connut la victoire d'une foi conquérante et reçut le titre de prince de Dieu. C'est après qu'il eut la hanche démise que les hommes d'armes d'Ésaü s'arrêtèrent devant ce boiteux et que, plus tard, le Pharaon, orgueilleux descendant d'une lignée royale, s'inclina pour recevoir sa bénédiction. C'est ainsi que le “Prince de notre salut” fut élevé à la perfection “par la souffrance”, que les enfants de la foi “furent vaillants à la guerre”, “mirent en fuite des armées étrangères” (Hébreux 11:34), que “les boiteux même prirent part au pillage” (Ésaïe 33:23) et que les faibles furent “comme David” et “la maison de David [...] comme l'ange de l'Éternel”. Zacharie 12:8. HCQ 55.3