Éducation

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Moïse ou la puissance de la foi

Moïse était plus jeune que Joseph et Daniel lorsqu'il fut soustrait à la protection attentive de son foyer; et pourtant les forces qui avaient façonné leurs vies avaient déjà marqué la sienne de leur empreinte. Il ne passa que douze ans dans sa famille juive; mais pendant ces années furent solidement posées les bases de sa grandeur, et c'est quelqu'un que nous connaissons à peine qui y contribua. Éd 71.5

Yokébed était une femme, une esclave. Sa condition était humble, son fardeau, lourd. Mais jamais le monde ne reçut de plus grande bénédiction à travers une femme qu'à travers elle, si l'on excepte Marie de Nazareth. Sachant que son fils serait bientôt enlevé à ses soins, remis à des gens ignorants de Dieu, elle chercha avec d'autant plus de ferveur à attacher son âme au Seigneur. Elle s'efforça d'enraciner dans son cœur l'amour de Dieu et la fidélité à son service. Elle y travailla fidèlement: par la suite, aucune influence ne put entraîner Moïse à renier les principes de vérité que sa mère lui avait enseignés de toutes ses forces, par sa vie même. Éd 72.1

Le fils de Yokébed quitta l'humble demeure de Gosen pour entrer dans le palais des pharaons, où la fille du roi l'accueillit comme un enfant bien-aimé. Dans les écoles d'Egypte, Moïse reçut l'instruction civile et militaire la meilleure possible. Très attachant, imposant, cultivé, d'allure princière, chef militaire renommé, il devint la fierté de la nation. Le roi d'Egypte était également prêtre; et Moïse, qui refusait de participer au culte païen, était néanmoins initié à tous les mystères de la religion égyptienne. A cette époque l'Egypte était toujours la nation la plus puissante, et sa civilisation était des plus raffinées; Moïse, héritier présomptif du trône, devait recevoir les honneurs les plus grands du monde. Mais il y avait pour lui une voie plus noble. Pour l'honneur de Dieu et la délivrance de son peuple opprimé, Moïse sacrifia les honneurs de l'Egypte. Alors, d'une façon toute particulière, Dieu entreprit de le former. Éd 72.2

Car Moïse n'était pas prêt encore pour la tâche qui lui incombait. Il devait apprendre à dépendre de Dieu. Il avait mal compris l'intention divine, et espérait délivrer Israël par la force. Pour y parvenir, il risqua tout, et échoua. Vaincu, déçu, il s'enfuit et s'exila en terre étrangère. Éd 73.1

Dans les déserts de Madian, Moïse passa quarante années à garder les moutons. En apparence, sa mission était remise à tout jamais; en fait, il se préparait à l'accomplir. C'est dans la maîtrise de soi qu'il trouverait la sagesse nécessaire pour diriger une foule ignorante et indisciplinée. En gardant les moutons et les jeunes agneaux, il devait acquérir l'expérience qui ferait de lui le berger fidèle et patient d'Israël. Pour représenter Dieu, il devait se mettre à son école. Éd 73.2

En Egypte, il avait été soumis à toutes sortes d'influences — l'affection de sa mère adoptive, sa propre position de petit-fils du roi, le luxe et le vice aux mille attraits, une religion idolâtre, mais d'un mysticisme raffiné et subtil — qui avaient marqué son esprit et son caractère. Mais dans le dépouillement du désert, tout s'effaça. Éd 73.3

Dans la solitude des montagnes majestueuses, Moïse était seul devant Dieu. Partout s'inscrivait le nom du Créateur. Moïse sentait qu'il était en sa présence, à l'ombre de sa toute-puissance. Là, il ne pouvait plus avoir l'illusion de se suffire à lui-même. En présence de l'être infini, il mesurait combien l'homme est faible, impuissant, aveugle. Éd 73.4

C'est là qu'il prit conscience de la réalité de la présence divine, une conscience qui ne le quitta pas, de toute sa longue vie épuisante et lourde de responsabilités. Non seulement il entrevit, dans le lointain, le Christ fait chair, mais il le vit accompagnant les armées d'Israël dans tous leurs voyages. Ainsi, même incompris et diffamé, accablé de reproches et d'insultes, face au danger et à la mort, “il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible”. Hébreux 11:27. Éd 73.5

Moïse faisait plus que penser à Dieu: il le voyait. Il avait sans cesse devant lui la vision de Dieu, il gardait toujours les yeux sur sa face. Éd 74.1

La foi de Moïse n'était pas incertaine; elle se fortifiait de chaque réalité. Il croyait, il reconnaissait que Dieu dirigeait sa vie personnelle, dans les moindres détails. Pour avoir la force de résister à la tentation, il se confiait à lui. Éd 74.2

Il voulait accomplir de son mieux la tâche qui lui avait été attribuée, et il se mettait entièrement sous la dépendance de Dieu. Il sentait qu'il avait besoin de l'aide divine, la demandait, la saisissait par la foi, et, assuré de recevoir une force de vie, allait de l'avant. Éd 74.3

C'est ainsi que grandit l'expérience de Moïse, pendant ces quarante années passées au désert. La sagesse infinie ne jugea pas ces années trop longues ni le prix d'un tel enrichissement trop élevé. Éd 74.4

Les enseignements, l'éducation donnés là influencèrent non seulement l'histoire d'Israël, mais tout ce qui a, depuis ce jour, contribué au progrès de l'humanité. Le plus grand éloge décerné à Moïse est ce témoignage de l'Esprit: “Il ne s'est plus levé en Israël de prophète comme Moïse, que l'Eternel connaissait face à face.” Deutéronome 34:10. Éd 74.5