Le Grand Mouvement Adventiste

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Chapitre 6 – Le message et les messagers

« Et l’Éternel me répondit et dit : Écris la vision et grave-la sur des tablettes, afin que celui qui la lit puisse courir. Car la vision est encore pour un temps déterminé, et elle parle de la fin, et ne mentira pas. Si elle tarde, attends-la, car elle viendra sûrement, elle ne sera pas différée » (Habacuc 2:2-3, Darby). GMA 79.1

« Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple. Il disait d’une voix forte : Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eaux » (Apocalypse 14:6-7). GMA 79.2

Ceux qui proclamèrent l’avènement du Christ affirmaient que cette « vision » avec son temps « déterminé », mentionnée par le prophète Habacuc, incluait les visions des prophéties de Daniel et du Révélateur. Leurs diagrammes de ces visions prophétiques étaient si claires, que quiconque lisait l’interprétation pouvait en effet « courir » et donner ces informations à d’autres personnes. GMA 79.3

UN MESSAGE PRÉCIS

La proclamation par le peuple adventiste n’était pas simplement le discours que fit Paul devant Félix sur « la justice, la tempérance, et le jugement à venir ; » ce n’était pas non plus la déclaration faite par Martin Luther, après avoir achevé la traduction de la Bible, lorsque, peu de temps avant sa mort, il aurait dit, « Je suis persuadé que le jugement n’est pas éloigné ; oui, que le Seigneur lui-même ne sera pas absent plus de trois cents ans. » Ce n’était pas non plus la déclaration faite par John Wesley, lorsqu’il a dit qu’il « pensait que le millénaire pourrait commencer dans une centaine d’années environ. » Les adventistes prétendaient donner le message symbolisé dans Apocalypse 14:6, 7, « l’heure de son jugement est venue, » ainsi que le cri d’Apocalypse 10:6 : « il n’y aurait plus de temps. » Une telle prophétie ne pouvait pas être accomplie par l’annonce d’un événement qui était « à venir », qui viendrait « dans trois cents ans, » ou « dans cent ans, » mais qui, à une date précise, « est venu. » Un tel message, avec la précision exigée par les prophéties mentionnées ci-dessus, fut proclamé par le peuple adventiste au monde entier. GMA 79.4

LE JUGEMENT À LA VENUE DU CHRIST

À l’époque où ce message fut annoncé pour la première fois, chaque confession chrétienne considérait que le jugement aurait lieu lors de la seconde venue du Christ. Aussi un peuple donnant le message de la venue de l’heure du jugement dans ces circonstances, tout en maintenant ce point de vue, aurait nécessairement proclamé la seconde venue du Christ. En fait, ce qui donnait de la force au message, et motivait le plus puissamment le peuple, c’était la proclamation d’une date précise. Ils proclamèrent d’abord que la fin du monde viendrait à un moment donné au cours de l’année juive 1843, et que cela comprenait le temps entre le 21 mars 1843 et le 21 mars 1844. Après que cette dernière date fut passée, nous apprenons dans le Midnight Cry de 1844 que la date exacte fut déterminée par la fin de la période prophétique. C’était le dixième jour du septième mois juif, correspondant au 22 octobre 1844. GMA 80.1

CALCUL DES 2300 JOURS

La date de 1843 était basée sur les deux mille trois cents jours de Daniel 8. On soutenait que ces « jours » étant associés à des prophéties dans lesquelles des bêtes représentaient des royaumes, les « jours » étaient le symbole d’années, selon l’interprétation par le Seigneur du temps symbolique, donnée dans Nombres 14:34 et Ézéchiel 4:5, 6 ; que les soixante-dix semaines, 490 jours, de Daniel 9 devaient être la première partie des deux mille trois cents jours, et que les deux périodes commençaient ensemble. L’événement donné dans Daniel 9, qui marquait le début des soixante-dix semaines, était « l’ordre donné pour rebâtir Jérusalem. » Ce commandement fut donné la septième année d’Artaxerxès Longue-Main, en 457 avant J.-C., comme cela est enregistré dans Esdras 7. GMA 80.2

Que cela fut la bonne date pour le début des soixante-dix semaines a été démontré par le fait qu’exactement soixante-neuf semaines (483 ans) après 457 avant notre ère, c’est-à-dire en l’an 27, Christ a été baptisé par Jean et entra dans son ministère, en disant : « Le temps est accompli » (Marc 1:14-15). Le commencement du ministère du Christ, en l’an 27 de notre ère, sa crucifixion trois ans et demi après cette date, « au milieu de la [70e] semaine », la fin de l’œuvre parmi les Juifs, en l’an 34, et la prompte conversion de Paul, l’apôtre des Gentils, prouvèrent que les soixante-dix semaines prirent fin à cette date, et donc qu’elles commencèrent en 457 avant notre ère. Ils comprirent la question ainsi : en retirant 457 de 2300, il reste 1843. Et comme les 457 ans étaient avant Jésus-Christ, la fin des 2300 jours est atteinte à la fin de 1843. GMA 80.3

ADMISSIONS D’OPPOSANTS

Il a été sincèrement dit que des « admissions en faveur de la vérité dans les rangs de ses adversaires fournissent la forme la plus élevée de preuve. » Aucun des adversaires du message adventiste n’a jamais laissé entendre que le jugement investigatif du peuple de Dieu était un événement devant avoir lieu avant la venue du Christ ; mais ils étaient sur ce point en accord avec les adventistes. Comme preuve de cela, nous citons deux grands adversaires. GMA 81.1

M. N. Colver, prêchant dans la chapelle de la rue Marlboro, à Boston, en 1842, s’opposant aux adventistes, a dit : GMA 81.2

« Si ces jours sont des années, le monde prendra fin en 1843 ; tout écolier peut le voir ; car si les 490 se terminaient à la mort du Christ, les 2300 jours prendraient fin en 1843 ; et le monde doit prendre fin, sauf s’il peut être démontré qu’un autre événement aura lieu, et je ne vois pas comment cela peut être fait. » GMA 81.3

Le professeur Stuart, à peu près à la même époque, a déclaré : GMA 81.4

« C’est un fait singulier que la grande masse d’interprètes du monde anglais et américain a, depuis de nombreuses années, l’habitude de comprendre les jours mentionnés dans Daniel et l’Apocalypse comme représentation, ou symboles, d’années. J’ai trouvé difficile de remonter à l’origine de cette habitude générale, presque universelle. » GMA 81.5

LE TÉMOIGNAGE DU PROFESSEUR BUSH

Le professeur Bush a dit : « Quiconque attaque M. Miller sur la question de la date, l’attaque sur son point fort. Sa date est exacte ; mais il se trompe quant à l’événement qui se produira. » Bush croyait à la conversion du monde entier avant la venue du Christ. Sa théorie était que le millénium commencerait en 1844. GMA 81.6

Les pasteurs de la foi adventiste enseignaient dans leurs discours publics que l’histoire du monde montrait les diverses nations exactement dans l’état symbolisé par l’image de Daniel 2, lorsque la pierre va frapper les pieds de l’image, et que le Dieu des cieux va installer son royaume ; et au chapitre 7, lorsque « le règne, la domination, et la grandeur de tous les royaumes qui sont sous les cieux, seront donnés au peuple des saints du Très-Haut ». Ils appelaient également l’attention sur le fait que les signes du monde physique, politique et moral, étaient exactement ce que les Écritures avaient prédit qu’ils seraient lorsque le Seigneur serait sur le point d’apparaître. GMA 81.7

MERVEILLES DANS LES CIEUX

Le Seigneur dit par le prophète Joël : « Je ferai paraître des prodiges dans les cieux et sur la terre, Du sang, du feu, et des colonnes de fumée ; Le soleil se changera en ténèbres, Et la lune en sang, Avant l’arrivée du jour de l’Éternel, De ce jour grand et terrible » (Joël 2:30-31). Les adventistes ont cru et enseigné que l’aurore boréale des derniers siècles (communément appelé « lumières du Nord ») était le « feu et les colonnes de fumée, » qui correspondent aux spécifications du prophète ; et selon les meilleures informations de l’histoire (nous nous référons au témoignage de l’Edinburg Encyclopedia (encyclopédie d’Édimbourg)), elle a rarement été vue avant cette période. GMA 82.1

Ainsi, alors que le message de la rapide venue du Seigneur allait jusqu’aux coins les plus reculés de la terre, des signes étaient suspendus dans le ciel, donnant impulsion à la vérité, et attiraient l’attention des gens. GMA 82.2

Le 25 janvier 1837, on pouvait contempler une magnifique aurore boréale, qui semblait diriger les esprits de beaucoup de personnes directement vers la prédiction du prophète Joël concernant ce qui devait précéder le grand jour du Seigneur. La description suivante de la scène est du Commercial Advertiser de New York du 22 octobre 1839. Elle s’accorde parfaitement avec la scène dont l’auteur a été le témoin à Victor, dans le comté d’Ontario, N.Y. GMA 82.3

L’AURORE BORÉALE DE 1837

« Au soir du 25 janvier 1837, il y eut le remarquable spectacle du même phénomène [d’aurore boréale] dans diverses parties du pays, comme nos lecteurs pourront sans doute s’en rappeler. Là où le sol était recouvert de neige, le spectacle était grandiose et “terrifiant” d’une façon sans précédent. Dans un endroit, situé près d’une montagne, les personnes qui furent témoins de la scène nous informèrent qu’il ressemblait à des “vagues de feu dévalant la montagne,” et en général, selon ce que nous avons appris, la neige recouvrant le sol ressemblait à du feu mêlé de sang, tandis qu’au-dessus (comme l’apôtre Pierre dit), “les cieux enflammés” ressemblaient tant à la description prophétique du dernier jour que beaucoup étaient étonnés ; les enfants qui regardaient en furent effrayés, et demandaient si c’était la venue du jugement ; et même les animaux tremblaient d’une grande alarme manifeste. » GMA 82.4

Ce n’était pas seulement en Amérique que ce signe du prophète Joël fut visible, mais alors que la doctrine de la venue du Seigneur recevait de plus en plus de publicité en Grande-Bretagne, le même signe fut visible dans le ciel de ce pays. Le Commercial Advertiser de New York du 22 octobre 1839 cite les journaux de Londres concernant un phénomène remarquable qui a été vu dans ce pays dans la nuit du 3 septembre : GMA 82.5

L’AURORE BORÉALE DE 1839

« LONDRES, 5 SEPTEMBRE [1839]. Entre dix heures jeudi soir et trois heures hier matin, on observa dans les cieux l’un des plus beaux cas de ce phénomène extraordinaire, d’étoiles filantes et d’aurore boréale, dont on ait été le témoin depuis de nombreuses années. La première indication de ce phénomène singulier fut à dix heures moins dix, quand une sorte de vapeur légèrement cramoisie s’éleva de la partie nord de l’hémisphère, et s’étendit progressivement au centre du ciel, et vers dix heures ou dix heures et quart, l’ensemble, d’est en ouest, était une grande feuille de lumière. Elle avait une apparence des plus alarmantes, exactement comme si elle était causée par un formidable incendie. La lumière variait considérablement ; parfois, elle semblait diminuer, et juste après augmentait avec une intense luminosité. Elle était mêlée à de grandes quantités de fumée qui roulaient, et chaque spectateur semblait convaincu qu’il s’agissait “d’une énorme conflagration.” GMA 83.1

La consternation dans la ville était très grande ; des milliers de personnes couraient dans la direction de la prétendue terrible catastrophe. Les véhicules appartenant aux brigades de pompiers de la rue Baker, de la rue Farringdon, de la rue Watling, de la route de Waterloo, et même ceux de l’ouest de Londres, en fait, chaque véhicule de pompiers de Londres, était attelé et conduit vers la “scène de destruction” supposée avec une énergie sortant de l’ordinaire, suivi par les voitures, les cavaliers, et une grande foule. Certains véhicules allèrent jusqu’à Highgate et Holloway [environ six kilomètres] avant que l’erreur soit découverte. Ces apparitions durèrent plus de deux heures, et vers le matin le spectacle est devenu grandiose. GMA 83.2

À deux heures du matin, le phénomène présentait une scène des plus magnifiques, et très difficile à décrire. L’ensemble de Londres était illuminé aussi clair qu’à midi, et l’atmosphère était remarquablement claire. L’hémisphère sud, à l’heure mentionnée, bien que sans nuage, était très sombre, mais les étoiles, qui étaient innombrables, brillaient magnifiquement. L’autre côté du ciel présentait un contraste singulier mais magnifique ; il était clair à l’extrême, et la lumière était très vive ; il y avait une continuelle succession de météores, qui variaient en splendeur, ils apparaissaient déjà formés au centre du ciel, et s’élargissaient jusqu’à ce qu’ils semblent éclater. L’effet était électrique. Des myriades de petites étoiles venaient par-dessus l’horizon, et s’élançaient avec une telle rapidité vers la terre que l’œil avait peine à en suivre la trace ; elles semblaient éclater aussi, et jetaient une vapeur rouge foncé sur tout l’hémisphère. Les couleurs étaient des plus magnifiques. GMA 83.3

À deux heures et demie, le spectacle s’est changé en ténèbres, qui, en se dispersant, révélèrent un arc-en-ciel lumineux au zénith du ciel et autour de la crête des ténèbres qui surplombaient la partie sud du pays. Peu après, des colonnes de lumière argentée rayonnaient de lui. Elles grossissaient merveilleusement, mélangées à de la vapeur cramoisie qui se formait en même temps, et lorsqu’elles étaient à leur hauteur maximum le spectacle était au-delà de toute imagination. Des étoiles filaient dans toutes les directions, et cela s’est poursuivi jusqu’à quatre heures, puis tout a disparu. » GMA 83.4

ÉTRANGES APPARITIONS DANS LE SOLEIL

Alors que les prédicateurs en chair et en os exposaient la vérité de la venue du Seigneur, de nombreuses et diverses merveilles furent observées dans les cieux dans différentes parties du monde. Notre espace nous permettra seulement de présenter l’apparition du soleil à Norwich, en Angleterre, en décembre 1843. Une semblable eut lieu à New Haven, Connecticut, le 9 septembre 1844, pendant deux heures avant et après midi, et a été vue par des milliers de personnes. GMA 84.1

De l’événement en Angleterre nous avons lu ce qui suit dans une lettre d’E. Lloyd, de Londres, datée du 3 janvier 1844 : GMA 84.2

« Il y eut un “signe remarquable dans le soleil,” vu par les principaux citoyens de Norwich et de la région environnante, tel qu’il n’avait jamais été vu en Angleterre auparavant. Il a été vu en décembre dernier, vers midi, et continua pendant deux heures. Cela alarma beaucoup les habitants. Il eut lieu juste avant que les Frères Winter, Burgess et Routon ouvrent leur mission dans cette ville. Il semblait préparer la voie à la vérité, de sorte qu’ils eurent là un grand succès. » GMA 84.3

Le récit du phénomène tel qu’il eut lieu à New Haven, Connecticut, est donné dans le Midnight Cry du 10 octobre 1844, et a été extrait du Palladium de New Haven du 10 septembre 1844. Dans le récit du Midnight Cry, l’éditeur dit, « aucun philosophe n’a été en mesure de donner une explication de la cause de ce phénomène qui le satisfasse. » GMA 85.1

Un récit de cette vision qui apparut avec le soleil à New Haven, Connecticut, le 9 septembre 1844, a également été publié dans le journal Courant d’Hartford du 12 septembre 1844, et on lit ceci : GMA 85.2

« Les anneaux autour du soleil, le lundi 9 septembre 1844, pendant deux heures avant et après midi, semblent avoir généralement été observés par nos citoyens avec beaucoup d’intérêt, et ont suscité une curiosité intelligente pour en savoir plus sur les apparitions de la même sorte et leur cause. GMA 85.3

Le présent halo était remarquable par sa durée, et offrait des occasions d’observation favorables. Vers midi il était constitué principalement de deux anneaux complets, un d’environ quarante-cinq degrés de largeur, entourant le soleil à son diamètre, et l’autre d’environ soixante-deux degrés de largeur, ayant son centre au zénith, tandis que sa circonférence passait à travers le soleil. Le plus petit cercle était accompagné d’une ellipse de l’axe principal, et de faible excentricité. Juste en face du soleil, et trente-six degrés au nord de l’apogée, le grand cercle était recoupé par deux autres cercles de diamètres presque identiques, formant un point lumineux à leur intersection, comme il résulterait naturellement de la combinaison de trois anneaux lumineux. L’anneau qui entourait le soleil avait les couleurs de l’arc-en-ciel, avec souvent beaucoup d’éclat et de beauté. Les autres anneaux étaient blancs et moins lumineux, car ils étaient plus éloignés du soleil. De petites portions de cercles, cependant, avec des nuances prismatiques couleur arc-en-ciel, apparaissaient de temps en temps, tant à l’est qu’à l’ouest… Une telle uniformité de structure doit dépendre d’une loi qui régit la formation des halos ; mais la nature de cette loi n’est pas entièrement développée… Il n’a pas été trop difficile de comprendre la production de l’anneau qui entoure le soleil, puisque sa cause est quelque peu similaire à celle qui produit l’arc-en-ciel, mais il été plus difficile d’expliquer l’origine de l’anneau qui a sa circonférence au centre du soleil. » GMA 85.4

DES MERVEILLES ACCOMPLISSANT DES PRÉDICTIONS DES ÉCRITURES

Nous pouvons apprendre l’utilisation qui a été faite, à la fois en Angleterre et en Amérique, de ces merveilleuses apparitions dans les cieux, dans le livre « Exposition of the Twenty-fourth of Matthew » (commentaire de Matthieu 24), de Sylvester Bliss, publié à Boston en 1843. Après avoir cité certains des récits ci-dessus, il dit : GMA 86.1

« Ainsi les “grands signes” et les “spectacles effrayants” qui sont prédits dans les Écritures de vérité, semblent être tous accomplis, ainsi que ceux dont le Sauveur a déclaré qu’ils doivent précéder sa venue. GMA 86.2

Aussi sûr que les feuilles se formant sur l’arbre sont une indication de l’été, l’accomplissement de ces signes est, pour les chrétiens, l’assurance que la venue du Christ est proche, à la porte. Ils ne sont pas seulement autorisés à le savoir, mais notre Sauveur leur commande de le savoir. » 1 GMA 86.3

LES MESSAGERS

Ayant attiré l’attention sur certaines des principales caractéristiques du message de la deuxième venue, tel qu’il était d’abord proclamé, il peut être intéressant de mentionner quelques-uns de ceux qui ont joué un rôle important dans cette grande proclamation. Nous avons déjà donné les noms de beaucoup de ceux qui ont été parmi les plus talentueux à lancer ce cri, parmi les ministres de l’époque dans des pays étrangers. Alors que nous attirons l’attention sur certains de ceux qui dirigèrent en Amérique, sur qui le Seigneur mit la responsabilité de l’œuvre, cela servira à illustrer encore davantage que la main du Seigneur était en effet dans le mouvement. GMA 86.4

WILLIAM MILLER

D’abord, on notera le cas de William Miller, qui était si important dans le mouvement adventiste aux États-Unis que beaucoup de gens ne connaissent le mouvement que sous le nom de « Millérisme ». GMA 86.5

William Miller est né à Pittsfield, Massachusetts, en février 1782. Il manifesta dans sa petite enfance des signes de force et d’activité intellectuelle hors de l’ordinaire. Quelques années de plus rendirent ces signes de plus en plus perceptibles à tous ceux qui étaient dans son entourage. Il possédait une forte constitution physique, un intellect actif et naturellement bien développé, un caractère moral irréprochable. Il avait apprécié les avantages limités de l’école du district mais quelques années auparavant il était généralement admis que son niveau scolaire dépassait celui des enseignants habituellement employés. GMA 86.6

M. Miller se maria en 1802, et s’installa à Poultney, Vermont. Les hommes avec qui il s’associa lorsqu’il se retira à Poultney, et envers qui il était considérablement endetté pour ses faveurs mondaines, étaient profondément influencés par les principes et les théories sceptiques déistes. Ils n’étaient pas immoraux, mais étaient une classe de bons citoyens, et généralement d’un comportement sérieux, humain, et bienveillant. Cependant, ils rejetaient la Bible comme norme de la vérité religieuse, et s’efforçaient de rendre son rejet plausible avec l’aide qui pouvait être obtenue des écrits de Voltaire, Hume, Volney, Paine, Ethan Allen, et d’autres. M. Miller étudia ces œuvres minutieusement, et finalement se déclara lui-même déiste. Il déclara lui-même que sa vie de déiste couvrit une période de douze ans, à partir de 1804. GMA 87.1

Il est entré dans l’armée en 1810 avec une commission de capitaine. À son retour de l’armée, il déménagea avec sa famille à Low Hampton, N.Y., pour y commencer l’occupation de fermier en 1812. En tant que fermier, il eut plus de loisirs pour la lecture. Il trouva que ses vues déistes ne lui donnaient aucune assurance de bonheur au-delà de la vie présente. Au-delà de la tombe, tout était sombre et lugubre. Pour reprendre ses propres termes : GMA 87.2

« La pensée d’annihilation était froide et lugubre, et notre responsabilité impliquait une destruction certaine pour tous. Les cieux étaient de plomb au-dessus de ma tête, et la terre comme du fer sous mes pieds. L’éternité ! Qu’est-ce que c’était ? Et la mort ! Pourquoi existait-elle ? Plus je raisonnais, plus je m’éloignais de l’explication. Plus je pensais, plus mes conclusions étaient dispersées. J’essayais d’arrêter de penser, mais mes pensées étaient incontrôlables. J’étais vraiment misérable, mais je n’en comprenais pas la cause… Peu après, soudain le caractère du Sauveur fut vivement impressionné sur mon esprit. Il semblait qu’il devait exister un être si bon et compatissant qu’il expierait lui-même nos péchés, et nous éviterait ainsi de souffrir la punition du péché. J’ai immédiatement ressenti combien un tel être devait être magnifique ; et imaginé que je pourrais me jeter dans ses bras et faire confiance à sa miséricorde. » GMA 87.3

LA CONVERSION DE WILLIAM MILLER

Il ajoutait : GMA 87.4

« J’ai vu que la Bible offrait justement ce Sauveur dont j’avais besoin ; et je me suis demandé avec perplexité comment un livre non inspiré pouvait développer des principes aussi parfaitement adaptés aux besoins d’un monde déchu. J’ai été contraint d’admettre que les Écritures devaient être une révélation de Dieu. Elles sont devenues mes délices ; et en Jésus j’ai trouvé un ami… La Bible devint alors ma principale étude, et je peux vraiment dire que je l’ai étudié avec grand plaisir. Je découvris qu’on ne m’en avait pas dit la moitié. Je me suis demandé pourquoi je n’en avais pas vu la beauté et la gloire auparavant, et j’étais surpris d’avoir pu la rejeter. » GMA 87.5

William Miller décrit lui-même ainsi sa manière d’étudier la Bible : GMA 88.1

« J’ai décidé de mettre de côté toutes mes présuppositions, de comparer attentivement l’Écriture avec l’Écriture, et de poursuivre son étude d’une manière méthodique, régulière… Chaque fois que je trouvais quelque chose d’obscur, ma pratique était de comparer cela avec tous les passages parallèles ; et, avec l’aide de la Concordance Cruden, j’examinais tous les textes des Écritures contenant chaque mot important de la partie obscure... Je poursuivais ainsi l’étude de la Bible, dans ma première lecture, pendant environ deux ans, et je fus pleinement convaincu qu’elle est son propre interprète. GMA 88.2

Alors que j’étudiais ainsi, je suis devenu convaincu que si les prophéties accomplies par le passé sont un critère pour juger comment s’accompliront celles qui sont toujours futures, alors les opinions populaires du règne spirituel du Christ, d’un millénaire temporel avant la fin du monde, et du retour des Juifs, ne sont pas soutenues par la Parole de Dieu… J’ai trouvé clairement enseigné dans les Écritures que Jésus Christ descendra de nouveau sur cette terre, venant sur les nuées du ciel, dans toute la gloire de son Père. GMA 88.3

Auparavant, je n’avais pas supposé possible que l’on puisse tirer des enseignements des Écritures le plaisir que je ressentis lors de leur étude. J’ai commencé leur étude sans m’attendre à trouver le temps de la venue du Sauveur, et je ne pouvais pas croire au premier abord le résultat auquel je suis arrivé ; mais la preuve me frappa avec une telle force que je ne pus pas résister à mes convictions. Je suis devenu pratiquement établi dans mes conclusions, et j’ai commencé à attendre, à regarder et à prier pour la venue du Sauveur. » Il dit encore : GMA 88.4

« J’ai cru ; et j’ai été immédiatement impressionné dans mon esprit de l’obligation de publier cette doctrine, pour que le monde puisse croire et se préparer à rencontrer le Juge et Époux à sa venue. Je n’ai pas besoin d’entrer ici dans un compte rendu détaillé de mes longues et douloureuses épreuves. Qu’il me suffise de dire qu’après un certain nombre d’années, je fus contraint par l’Esprit de Dieu, par la force de la vérité, et par l’amour des âmes, de prendre ma croix et d’annoncer ces choses à un monde sur le point de mourir. » GMA 88.5

M. Miller, à l’instar de ceux poussés par ce message dans d’autres pays, pensa d’abord s’acquitter de sa mission par l’écriture et la publication dans les journaux publics et par des brochures. Il a d’abord publié son point de vue dans le Vermont Telegraph, un journal baptiste, imprimé à Brandon (Vermont). C’était en 1831. Il parla pour la première fois en public sur le sujet en 1832. Il dit de cette réunion, « Le Seigneur a versé sa grâce sur la congrégation, et beaucoup ont cru pour le salut de leurs âmes. » GMA 88.6

En 1836, ses conférences furent imprimées dans certains journaux publics de l’époque. Pendant l’hiver 1837-1838, ses conférences furent publiées dans une brochure. En 1838, une deuxième brochure de 204 pages fut imprimée, et dedans M. Miller a déclaré que le pouvoir ottoman pourrait tomber pendant les années 1839 ou 1840. Ses premières conférences dans une grande ville furent données en 1836. Il a ensuite parlé dans les villes de Randolph, Lowell, Gratton, et Lynn, dans le Massachusetts. GMA 89.1

Jusqu’en 1840 M. Miller était pratiquement le seul conférencier à parler sur le thème de la proche venue du Christ. Durant cette année-là, soudainement, des centaines de personnes se sont jointes à lui pour proclamer le message. La cause de ce grand changement sera mentionnée dans le chapitre suivant. Pendant l’hiver 1839-40, M. Miller donna une série de conférences à Exeter, N.H. Il y a d’abord rencontré Frère J. V. Himes, qui à ce moment-là accepta la foi, et à partir de cette date se tint aux côtés de Frère Miller en tant qu’éditeur et ardent prédicateur du grand message de la seconde venue. GMA 89.2

JOSHUA V. HIMES

Concernant ce zélé travailleur de ce grand mouvement, nous ne pouvons pas faire mieux que de citer son biographe, qui dit : GMA 89.3

« Joshua V. Himes est né à Wickford, Rhode Island, le 19 mai 1805. Son père était bien connu comme commerçant des Antilles, et était un membre proéminent de l’église épiscopale Saint Paul de Wickford. Sa mère possédait une disposition aimable, et un amour pour le Sauveur qu’elle versa dans les oreilles complaisantes de son fils. GMA 89.4

L’intention du père était de préparer son fils, Joshua, au ministère de l’église à laquelle il appartenait lui-même, mais les circonstances l’en ont empêché. Dieu avait une autre œuvre pour ce fils, et il ordonna les choses de façon à amener le résultat souhaité. En 1817, le père envoya une cargaison de valeur sous la charge du capitaine Carter, avec Alexander Stewart comme subrécargue. Ces hommes se révélèrent infidèles, et après avoir atteint un port des Antilles, vendirent à la fois le navire et sa cargaison, et s’enfuirent. Cet événement changea tous les plans qui avaient été faits pour l’avenir du jeune Joshua, qui devait être envoyé à l’Université Brown, à Providence, Rhode Island. Au lieu de cela, en avril 1821, il fut amené à New Bedford, Massachusetts, et associé à William Knights pour apprendre l’ébénisterie. GMA 89.5

Arrivant dans son nouveau foyer, il se mit sérieusement au travail qui lui était donné, déterminé à devenir un maître dans sa profession. Il vit rapidement, cependant, que son environnement religieux n’était pas tout à fait à son goût. Il dit, “mon maître était un unitaire, et il m’emmena à son église. Le révérend Orville Dewey en était le pasteur. Il était un converti tardif de l’orthodoxie. Ayant été formé sous l’évêque Griswold et le révérend William Burge, recteur de l’église St Paul, de Wickford, et entendant souvent l’éloquent M. Crocker de l’église Saint John, de Providence, Rhode Island, j’étais plutôt inapte à accepter les éloquentes négations de M. Dewey des enseignements du Christ et de ses apôtres.” GMA 89.6

Comme il n’y avait à ce moment aucune église épiscopale à New Bedford, il décida de fréquenter la First Christian Church (première église chrétienne) puis il s’unit à cette église. “Là,” dit-il, “j’ai trouvé la Bible ouverte et la liberté de pensée, et fit bon usage des deux.” Cette église était sous les soins pastoraux du Rév. Moses Howe. Rév. M. Clough baptisa Joshua V. Himes, le 2 février 1823. Avec un cœur brûlant de zèle pour son Maître, il commença aussitôt, à l’âge de dix-huit ans, à raconter l’histoire de la croix et à exhorter les hommes à se repentir. Il dit de lui-même : “Je devins bientôt un exhorteur, et je fus autorisé à améliorer mon don... Je terminais mon apprentissage avec satisfaction, et reçus des éloges. Mais pendant cinq ou six ans, j’eus l’habitude de faire des heures supplémentaires et j’obtins ainsi un ou deux jours par semaine pour étudier et pour faire du travail missionnaire dans les quartiers pauvres, dont je donnais les fruits à mon pasteur.” GMA 90.1

En 1825, il fut envoyé comme missionnaire de la fédération de la dénomination “église chrétienne” dans le sud du Massachusetts. “Il n’y avait pas de plan ni de moyens pour le soutien des missionnaires”, dit Frère Himes, “et je résolus d’entrer dans les affaires pour mes besoins, et de prêcher autant que je le pouvais.” En 1828, il quitta New Bedford, non pas avec des doutes ou un manque d’énergie, mais avec la détermination d’un conquérant, pour aller à Plymouth, où il prêcha la Parole de Dieu dans les petites maisons écoles, dans des pièces improvisées, et partout où il pouvait obtenir une audience. En 1829, il poursuivit le même genre de travail à Fall River jusqu’en 1830, lorsqu’il s’installa à Boston comme pasteur des première et deuxième églises chrétiennes ; et il resta là trente-trois ans. En 1839, il fut converti à la cause adventiste, telle qu’elle était présentée par le célèbre Frère William Miller. Il entra dans la nouvelle cause avec tout l’enthousiasme qu’il possédait, et son œuvre était pleine de feu et de puissance. En 1840, il commença la publication des “Signs of the Times” (Signes des temps), défendant la cause dans laquelle il avait mis tout son cœur. Tout son argent, tout son travail, toute son énergie furent jetés dans cette cause, et des milliers de convertis furent gagnés. » GMA 90.2

MILLER ET HIMES TRAVAILLENT ENSEMBLE

De 1840 à l’automne de 1844 les travaux des Frères Miller et Himes ont été en grande partie unis car ils allaient de ville en ville, en été avec leur tente gigantesque, et en hiver dans les églises et les salles publiques. La grande force physique de Frère Himes le préserva jusqu’à ce qu’il entre dans sa quatre-vingt-douzième année. Ses capacités intellectuelles furent vigoureuses jusqu’à la fin. Le 28 septembre 1894, il donna un discours des plus exaltants à une congrégation de plus de trois mille adventistes du septième jour dans le camping de Lansing, au Michigan. Il semblait parler avec toute l’ardeur et la vigueur d’antan. C’était vraiment merveilleux pour un homme qui était trois mois dans sa quatre-vingt-dixième année, et qui souffrait d’une maladie incurable dont il mourut l’année suivante. GMA 90.3

Frères Miller et Himes, se tenaient, pour ainsi dire, sur le « front de la bataille » dans le mouvement du deuxième avènement en Amérique, et n’étaient que deux parmi des dizaines qui travaillaient avec eux dans l’annonce de la doctrine de la venue du Christ, dont les principales caractéristiques étaient la fermeté de l’objectif et une excellente intégrité. GMA 91.1

Ces hommes étaient en grande partie de cette classe appelée par le monde « autodidactes », hommes qui s’étaient développés au contact des sévères réalités de la vie, qui avaient appris à se prononcer sur le bien-fondé d’une cause par principe et non par manœuvre politique. Ils étaient du caractère de ceux qui, selon Frère Miller, acceptaient généralement le message dans les églises, « les membres les plus pieux, les plus dévoués, et les plus vivants. » Ce fait a été confirmé par les pasteurs de différentes églises, qui dirent, après leur séparation définitive des adventistes, « elle [la doctrine] a pris la crème de notre troupeau. » GMA 91.2

AUTRES PRÉDICATEURS ADVENTISTES ÉMINENTS

Il peut être intéressant de nommer certains des hommes qui ont joué un rôle important avec Frères Miller et Himes dans les premiers jours de ce mouvement. Premier en tête de la liste est Charles Fitch, de Cleveland, Ohio, qui, en 1842, suggéra l’idée d’avoir des cartes pour illustrer les visions de Daniel et de l’Apocalypse. L’origine de cette idée était basée sur Habacuc 2:2, 3. La mort de Charles Fitch eut lieu le 10 octobre 1844. GMA 91.3

Dr Josiah Litch, de Philadelphie fut poussé par le Seigneur, comme nous le verrons au chapitre suivant, à proclamer une vérité qui lors de son accomplissement causa un développement soudain et rapide de l’intérêt pour le message adventiste. GMA 91.4

Elon Galusha de Lockport, New York, un pasteur baptiste remarqué, dont les écrits et le ministère sur le sujet de la proche venue du Seigneur firent un grand bruit dans cette dénomination. GMA 91.5

E. R. Pinney, de Seneca Falls, New York, un autre ministre consacré de l’église baptiste dont le ministère et les écrits étaient une puissance au travail. On pourrait bien l’appeler « le sel de la terre. » GMA 91.6

George Storrs, de la ville de New York, qui avant sa conversion à la doctrine adventiste était un revivaliste de premier plan. Ses écrits ont exercé une influence puissante en poussant les gens à une plus grande consécration d’eux et de leurs moyens à l’œuvre ; ce fut en particulier le cas dans les dernières semaines des deux mille trois cents jours. Ce fut lui, qui, après le désappointement, amena les adventistes à examiner l’état des morts, et la punition future. GMA 91.7

Frère Stockman, de Portland, Maine, était un autre travailleur zélé dans les réveils religieux de William Miller de cette ville. Son décès survint quelques semaines avant la fin de l’année juive 1843, alors que les adventistes espéraient et attendaient le retour du Seigneur à cette date. 2 GMA 92.1

Il y avait d’autres hommes d’importance que, pour des raisons de place, nous ne ferons que mentionner, tels que N. N. Whiting, qui fit une traduction du Nouveau Testament en anglais, connue sous le nom de Whiting’s Translation ; Samuel S. Snow, F. G. Brown, Appollos Hale, L. D. GMA 92.2

Mansfield, Geo. Needham, O. R. Fassett ; George, Wesley, et Edwin Burnham (trois frères), tous des travailleurs efficaces dans le message. GMA 92.3