Le Grand Mouvement Adventiste

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Chapitre 14 – La porte fermée

« Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva ; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée » (Matthieu 25:10). GMA 167.1

L’arrivée de l’Époux présentée dans cette parabole n’est pas la venue du Christ sur la terre, mais aux noces. Les noces sont un événement qui a lieu avant la venue du Seigneur. Cela est exprimé dans l’évangile de Luc : « Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées. Et vous, soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin de lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera » (Luc 12:35-36). GMA 167.2

LA RÉCEPTION D’UN ROYAUME ÉTAIT APPELÉE DES NOCES

L’arrivée de l’Époux aux noces est représentée dans Daniel 7:13, 14, où le Christ vient vers le Père pour recevoir son royaume. Autrefois, la venue d’un roi dans sa capitale pour recevoir son trône et le royaume était appelée des noces. Cet événement, la réception de la capitale comme la mariée, était célébré avec la pompe et le spectacle de vraies noces. Aussi, quand le Christ reçoit du Père son royaume, dans le ciel, on dit qu’il est marié à son épouse, la Nouvelle Jérusalem (Apocalypse 21:9) ; et c’est ce qu’on appelle dans la parabole « les noces. » GMA 167.3

Après la fin des deux mille trois cents jours, le 22 octobre 1844, les adventistes, qui comparaient les événements de leur expérience avec les faits liés à un mariage oriental, dirent, « le Christ est allé aux noces. » Alors qu’ils recevaient plus de lumière sur la nature de l’événement qui aurait lieu à la fin des deux mille trois cents jours, leur foi suivait le Christ dans l’œuvre qu’il commençait ; ainsi donc, par la foi, ils « se rendirent avec lui aux noces. » GMA 167.4

« JE REVIENDRAI »

Dans une vision, donnée à Mlle Harmon en 1845, du Christ passant du premier au second appartement du sanctuaire céleste, nous trouvons ces mots : « “Attendez ici ; je vais au Père pour recevoir le royaume ; gardez vos vêtements sans tache ; dans peu de temps je reviendrai des noces et je vous prendrai avec moi.” Puis un chariot aux roues de flammes de feu, entouré par les anges, avança près de Jésus, qui y monta et fut conduit au lieu très saint où le Père était assis. » 15 GMA 167.5

MISÉRICORDE APRÈS LA FERMETURE DE LA PORTE

La porte fermée de cette parabole semble faire référence à un événement qui se produit avant l’avènement du Fils de l’homme sur les nuées du ciel ; car après que la porte fut fermée, les autres vierges vinrent frapper, et on leur dit de « veiller » parce qu’elles ne connaissent ni le jour ni l’heure de sa venue. Encore une fois, cette porte est fermée après que les vierges sages entrent avec l’Époux aux noces. GMA 168.1

Il semblerait d’après le langage utilisé dans cette parabole des dix vierges qu’après l’entrée dans la salle des noces, il est encore possible, même pour les vierges « folles » d’obtenir une préparation acceptable pour rencontrer l’époux. On leur commande de « veiller. » Veiller et attendre sont des caractéristiques liées à la véritable préparation pour rencontrer le Seigneur. Il semblerait donc que la miséricorde n’est pas retirée lorsque la porte est fermée dans cette parabole. GMA 168.2

CE N’EST PAS LA PORTE DE LUC 13:25-28

Dans le passé, des erreurs ont été faites en confondant la porte mentionnée dans cette parabole avec celle de Luc 13:25-28, qui dit, « Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous commencerez à frapper à la porte, en disant : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! Il vous répondra : Je ne sais d’où vous êtes. Alors vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu devant toi, et tu as enseigné dans nos rues. Et il répondra : Je vous le dis, je ne sais d’où vous êtes ; retirezvous de moi, vous tous, ouvriers d’iniquité. C’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes, dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors. » Il est très évident d’après le langage ci-dessus que lorsque cette porte est fermée, le sort de ces exclus est décidé. Le royaume de Dieu est alors venu ; car ils verront les sauvés dans le royaume. Au contraire, dans la parabole des dix vierges, le Seigneur n’est pas encore entré dans son royaume, mais il est allé vers son Père pour recevoir son royaume. GMA 168.3

UNE PORTE FERMÉE DANS LE SERVICE TYPIQUE

Ceux qui, par la foi, suivirent le Christ dans son travail, après la fin de la période des deux mille trois cents jours, le 22 octobre 1844, virent que, lors du Jour des Expiations du service typique, le grand prêtre fermait la porte du lieu saint et ouvrait la porte du lieu très saint, pour y effectuer son travail d’effacement des péchés confessés dans le sanctuaire ; et de même, Christ, notre souverain sacrificateur, avait fermé la porte du lieu saint du temple céleste, et ouvert celle du lieu où l’on voit « l’arche de son alliance » (Apocalypse 11:19). GMA 168.4

QUI ÉTAIT DANS L’ERREUR ?

À cette date, il y en avait parmi les croyants adventistes qui n’avaient pas encore reçu de claire lumière sur le service du sanctuaire du Christ, leur attention n’ayant pas encore été dirigée sur le message du troisième ange. Ils commettaient l’erreur de confondre la porte extérieure du sanctuaire avec la porte fermée de Luc 13:25-28. Cependant ces gens n’étaient pas adventistes du septième jour. Nous allons nous efforcer de montrer qui ils étaient, comment cette doctrine est née, et quelles circonstances ont conduit à de telles conclusions. GMA 169.1

Les gens qui s’étaient séparés des églises nominales sous la proclamation du message adventiste, ainsi que ceux dont ils s’étaient séparés, sont les récipients des lettres à la cinquième et à la sixième église de l’Apocalypse. L’admonition à la cinquième, l’église de Sardes, dit : « Rappelle-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi. Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi » (Apocalypse 3:3). De ces mots on peut conclure que les personnes mentionnées ici avaient entendu la proclamation de la venue du Seigneur. Ils l’avaient soi-disant reçue, mais étaient maintenant sur le point d’y renoncer. GMA 169.2

L’ÉGLISE DE PHILADELPHIE

L’église de Philadelphie, le sixième état de l’église évangélique, est mentionnée ensuite. Cette église représente le peuple qui s’était réuni sous la proclamation du premier et du deuxième message d’Apocalypse 14. À cette église le Seigneur dit : « Je viens bientôt. Retiens ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » (Apocalypse 3:11). On lui dit encore les mots suivants : « Voici ce que dit le Saint, le Véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre, et personne ne fermera, celui qui ferme, et personne n’ouvrira : Je connais tes œuvres. Voici, parce que tu as peu de puissance, et que tu as gardé ma parole, et que tu n’as pas renié mon nom, j’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer » (Apocalypse 3:7-8). GMA 169.3

QUELLE EST LA PORTE FERMÉE DE CETTE PARABOLE ?

Que faut-il comprendre par la porte ouverte et la porte fermée dans l’Écriture que nous venons de citer ? Nous pensons qu’une réponse satisfaisante à la question peut se trouver dans l’explication suivante : Alors que certains adventistes avaient reçu plus de lumière, et enseignaient que le Sauveur était passé du service du premier appartement au service du deuxième appartement du sanctuaire céleste, et présentaient correctement la question de la porte ouverte et de la porte fermée à ceux qui voulaient l’entendre, une autre classe s’opposait à cette vérité, et tentait d’établir la foi en la doctrine que la porte ouverte était fermée, et que la porte fermée était ouverte. Ce faisant, ils barraient le chemin de, ou entravaient, l’œuvre des serviteurs du Seigneur sur Terre. Les portes du sanctuaire céleste sont ouvertes et closes par le pouvoir de Christ, « Celui qui ouvre, et personne ne ferme. » Dans la lettre à l’église de Philadelphie, les gens qui tiennent ferme, gardent la parole, et ne renient pas son nom, obtiennent une victoire qui ouvre une porte que personne ne peut fermer. Sans aucun doute cela fait référence à la porte d’accès au peuple, porte que les hommes avaient apparemment fermée (comme nous le verrons) ; mais en reconnaissance de leur fermeté, le Seigneur place devant les fidèles une « porte ouverte » qu’aucun homme ne peut fermer. GMA 169.4

UNE PORTE PERMETTANT LA PRÉDICATION

De nombreux exemples sont donnés dans les Écritures où une porte est utilisée dans ce sens. Paul, en écrivant aux Corinthiens, dit, « car une porte grande et d’un accès efficace m’est ouverte, et les adversaires sont nombreux » (1 Corinthiens 16:9). Encore une fois, dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, il dit, « Au reste, lorsque je fus arrivé à Troas pour l’évangile de Christ, quoique le Seigneur m’y eût ouvert une porte, je n’eus point de repos d’esprit, parce que je ne trouvai pas Tite, mon Frère » (2 Corinthiens 2:12-13). Il fit également la demande suivante aux Colossiens : « Persévérez dans la prière, veillez-y avec actions de grâces. Priez en même temps pour nous, afin que Dieu nous ouvre une porte pour la parole, en sorte que je puisse annoncer le mystère de Christ, pour lequel je suis dans les chaînes » (Colossiens 4:2-3). GMA 170.1

De ces Écritures, il semblerait que les ouvertures pour la proclamation de la vérité sont appelées des portes ouvertes et, des paroles prononcées à l’église de Philadelphie, il semblerait qu’à l’époque où ce peuple fut appelé à sortir, les hommes s’efforçaient de fermer la porte de la prédication devant eux. Comme l’église de Philadelphie passa l’épreuve, tenant ferme à sa « parole » et à son « nom », le Seigneur leur dit qu’il plaçait devant eux une porte ouverte, que personne ne pouvait fermer. GMA 170.2

LA SITUATION APRÈS LE 22 OCTOBRE 1844

Ayant l’affaire devant nous telle qu’elle est indiquée dans les paroles de la prophétie, donnons une vue rétrospective de la situation alors que les événements se développaient. Comme cela a déjà été présenté, jusqu’en avril 1844 les églises furent ouvertes à la proclamation du message adventiste, les appels pour des travailleurs étant plus nombreux que ce que pouvaient fournir les prédicateurs vivants. Après le désappointement, au printemps de 1844, ceux qui n’avaient pas adopté la doctrine sincèrement se détournèrent pour s’y opposer. Pendant l’été 1844, alors que le message du deuxième ange d’Apocalypse 14 et le « cri de minuit » (Matthieu 25) étaient donnés, il se développa une très grande persécution contre ceux qui osaient affirmer leur foi en la proche venue du Seigneur. Ces opposants ont cherché, par divers moyens, à supprimer le sujet et, par tous les moyens possibles, à entraver le travail de ceux qui proclamaient encore « l’heure de son jugement est venue. » William Miller a déclaré que cette opposition, « est la plus anormale et inexplicable. » L’opposition était si déterminée vers la fin des deux mille trois cents jours que George Storrs dit, « Nous en avons terminé avec les églises nominales et tous les méchants, sauf si ce cri peut les toucher. » GMA 170.3

Après la fin de la période prophétique, comme l’opposition et la moquerie des méchants étaient doublement et triplement intensifiées, William Miller dit de la situation, « Nous avons fait notre travail d’alerter les pécheurs, et d’essayer de réveiller une église formelle. Dieu dans sa providence a fermé la porte. » 16 GMA 171.1

LA DURETÉ GÉNÉRALE DES PÉCHEURS

La moquerie du monde non seulement endurcit les pécheurs contre la doctrine adventiste, mais le témoignage des gens des églises nominales était le suivant : « Quand nous réalisons qu’il y a peu de véritables conversions, une impertinence presque sans précédent et une dureté générale des pécheurs, nous nous exclamons presque involontairement, “Dieu a-t-il oublié d’être plein de grâce ? Ou, est-ce que la porte de la miséricorde est fermée ?” » 17 GMA 171.2

D’un autre travailleur nous lisons un peu plus sur la situation après la fin de la période prophétique : « C’était alors presque impossible d’avoir accès aux non-croyants, la déception de 1844 avait tellement rendu les esprits confus qu’ils ne voulaient écouter aucune explication de la question. » 18 GMA 171.3

TOUTES LES PORTES D’ACCÈS AUX INCROYANTS ÉTAIENT FERMÉES

Une telle condition semblait, pour le moment, fermer la porte d’accès à tous, sauf à ceux qui se cramponnaient encore fermement à leur foi et à leur espoir dans le prochain retour du Christ. Comme la porte de la proclamation semblait si complètement fermée et que le peuple adventiste voyait qu’il y avait une porte fermée dans la parabole s’appliquant à leur expérience, il peut être facilement compris pourquoi ils sont arrivés à la conclusion qu’il n’y avait plus de miséricorde pour les pécheurs : ou, comme certains l’ont exprimé, que « la porte de la miséricorde était fermée », en particulier s’ils pensaient que la porte fermée de cette parabole et la porte fermée de Luc 13 étaient les mêmes. Si les gens refusaient absolument d’entendre, endurcissant ainsi leur cœur, comment pourraient-ils être convertis ? GMA 171.4

QUI FUT LE PREMIER À ENSEIGNER LA FAUSSE PORTE FERMÉE ?

La question se pose maintenant, qui a commencé à enseigner la doctrine : « pas de miséricorde pour les pécheurs » ? Qui y croyait ? Et qui la rejetait ? Pour répondre à la première question nous allons attirer l’attention sur le rapport d’une visite faite par J. V. Himes au printemps de 1845, dans l’état du Maine. Il dit : GMA 172.1

« Frère Joseph Turner et d’autres ont pris la position que nous étions dans le grand sabbat, que les six mille ans étaient terminés, et que, par conséquent, aucun adventiste ne devrait plus effectuer de travail manuel. Faire cela entraînerait certainement, à leur avis, leur destruction finale. GMA 172.2

Alors qu’ils attendaient dans cette position d’oisiveté en ce qui concerne le travail manuel commun, une nouvelle lumière, pensa-t-on, brilla dans l’esprit de Frère Turner, à savoir, que l’Époux ÉTAIT ARRIVÉ, qu’il vint le dixième jour du septième mois de l’année juive passée, que le mariage avait alors eu lieu, que toutes les vierges, dans un certain sens, se rendirent alors avec lui au mariage, et que la porte fut fermée ! Aucune de celles-ci n’était perdue, et aucune vierge restée dehors ne pouvait être sauvée. Ainsi les affaires spirituelles de ce puissant globe étaient terminées. » 19 GMA 172.3

QUI S’OPPOSA FAROUCHEMENT À LA FAUSSE THÉORIE ?

Frère Turner commença à enseigner son idée de « plus de miséricorde » à Paris, dans le Maine, et pendant quelque temps il y avait bien des gens qui le suivaient dans cette partie du pays. Comme la porte d’accès aux gens était fermée, sauf pour accéder aux adventistes, pratiquant ou pas, beaucoup de gens se tournaient assez naturellement vers l’opinion de Turner sur ce sujet. De peur que le terme « adventistes » soit mal compris, nous allons maintenant les nommer « adventistes du premier jour » ; et c’était beaucoup de gens de cette catégorie qui acceptèrent l’opinion de M. Turner. Ils n’avaient pas encore vu ni entendu la vérité du sabbat, ils n’avaient pas entendu parler du message du troisième ange. C’est de ces gens que Mme White parle ainsi dans une de ses publications : GMA 172.4

« Après le passage de la date attendue en 1844, les adventistes croyaient encore que la venue du Sauveur était très proche ; ils soutenaient qu’ils étaient arrivés à une crise importante, et que le travail de Christ comme intercesseur de l’homme devant Dieu avait cessé. Ayant donné l’alerte de la proximité du jugement, ils estimèrent que leur travail pour le monde était fini, et ils perdirent leur préoccupation pour le salut des pécheurs, tandis que l’audace, la moquerie blasphématoire des impies leur semblaient être une autre preuve que l’Esprit de Dieu avait été retiré de ceux qui rejetaient sa miséricorde. Tout ceci les confirmait dans la conviction que le temps de grâce était terminé, ou, comme on le disait, que “la porte de la miséricorde était fermée.” Comme cela a été dit, les adventistes ont été pendant un court moment unis dans la conviction que la porte de la miséricorde était fermée. » 20 GMA 173.1

Dans cette citation, Mme White donne la position prise par les adventistes du premier jour. Elle n’a même pas sous-entendu qu’elle y croyait. Comme indiqué ci-dessus, la doctrine a d’abord été enseignée par Joseph Turner, à Paris, dans le Maine. Mme White (alors Mlle Harmon) rencontra Joseph Turner à l’endroit mentionné ci-dessus au début du printemps de 1845, et l’entendit déclarer sa doctrine de « plus de travail manuel pour les adventistes, et plus de miséricorde pour les pécheurs », et elle lui dit clairement qu’il « enseignait une fausse doctrine ; qu’il y avait encore de la miséricorde pour les pécheurs et pour ceux qui n’avaient pas rejeté la vérité de manière compréhensive. » GMA 173.2

OPPOSÉE À LA THÉORIE DE LA FIN DE LA MISÉRICORDE

J. N. Andrews, qui résidait à Paris dans le Maine en 1844-45, et qui était parfaitement informé de ce que faisaient les gens là, ainsi que de Joseph Turner, qui enseignait qu’il n’y avait plus de miséricorde pour les pécheurs, dit de la position de Mlle Harmon sur ce sujet à l’époque, « Au lieu que les visions les fissent adopter ce point de vue, elles corrigeaient ceux qui y tenaient toujours. » 21 GMA 173.3

Mlle Harmon fit une deuxième visite à Paris, dans le Maine, pendant l’été 1845. Concernant cette visite je vais citer Mme Truesdail, qui résidait alors à Paris. Elle dit : GMA 173.4

« Au cours de la visite de Mlle Harmon à Paris, dans le Maine, pendant l’été 1845, je lui ai expliqué les circonstances de l’une de mes très chères amies dont le père l’avait empêchée de participer à nos réunions, et par conséquent elle n’avait pas rejeté la lumière. Elle a répondu en souriant, “Dieu ne m’a jamais montré qu’il n’y a pas de salut pour ces personnes. C’est seulement ceux à qui la lumière de la vérité a été présentée et qui l’ont sciemment rejetée.” » 22 GMA 173.5

Elle parle également ainsi d’une troisième visite de Mlle Harmon à Paris, en 1846 : GMA 174.1

UN AUTRE BLÂME DE LA FAUSSE THÉORIE

« Une autre occasion digne d’être mentionnée fut une vision donnée en 1846, à Paris, dans le Maine. Mlle Harmon vit que lorsque Satan ne pouvait pas empêcher le cœur honnête de faire son devoir, il exerçait son habileté à le pousser au-delà du devoir. Une bonne sœur disait aux églises que Dieu les avait rejetées parce qu’elles avaient rejeté le message envoyé du ciel pour les sauver. Sœur Harmon vit qu’il n’y avait pas de vérité dans son message, car il y en avait beaucoup dans les églises qui allaient encore accepter la vérité ; que les bons anges iraient encore travailler pour les âmes dans ces églises, et quand ils le feraient, ils [les anges] laisseraient cette sœur, avec son message [c’est-à-dire son message “pas de miséricorde”], à l’extérieur. » 23 GMA 174.2

PAS DE CONTRADICTION

Comme il y en a qui sont très zélés à essayer de prouver que Mme White a une fois enseigné la théorie « plus de pitié pour les pécheurs », mais qu’elle enseigne maintenant le contraire, je vais vous présenter des témoignages de ceux qui sont au courant de son œuvre depuis 1845, concernant son travail pour la conversion des pécheurs. Le texte qui suit est une déclaration d’Ira Abbey, de Brookfield, dans le comté de Madison, État de New York : GMA 174.3

« Entre les années 1846 et 1850, Frère et Sœur White vinrent chez nous, et étaient très zélés pour les enfants et ceux qui n’avaient pas rejeté la vérité. Ils travaillaient pour les âmes non converties, et jamais Sœur White n’a dit qu’il n’y avait aucun espoir pour les rétrogrades et pour ceux qui n’avaient pas rejeté la vérité. » 24 GMA 174.4

TÉMOIGNAGE D’UN ADVENTISTE DU PREMIER JOUR

Quant à ce que les adventistes du premier jour de la Nouvelle-Angleterre connaissaient de la doctrine extrémiste de la porte fermée, laissons la lettre suivante témoigner : GMA 174.5

« Du 5 au 9 août 1891, j’ai eu un débat avec Frère Miles Grant, à Brookston, une ville d’environ 30.000 habitants. Le débat était dans la grande tente, et était présidé par M. John Barbour, qui fut une fois président du conseil de la ville. Cette ville est à environ 32 kilomètres de Boston. Le débat portait sur la question du sabbat, mais M. Grant tenta de le faire glisser sur la question de l’expérience de Sœur White dans ce travail. Il accusa qu’elle “vit, en 1844, que la probation était terminée, et qu’il n’y avait plus de miséricorde pour les pécheurs.” » GMA 174.6

« En réponse, je lui ai dit que les adventistes du premier jour ont pris cette position, presque tous, à un moment donné, avant que nous nous séparions d’eux, et au lieu de Mme White favorisant cette position, l’une des premières choses qu’elle vit, est que cette position était “fausse”, et qu’il y avait encore de la miséricorde pour les pécheurs. Je dis, “Il en est ainsi, et Frère Grant sait qu’il en est ainsi.” Comme je disais cela, un grand nombre d’adventistes du premier jour devant moi [cette classe occupait une grande partie de la grande tente] hocha la tête en signe d’accord positif et emphatique avec ma déclaration. Il suffit de dire que Frère Grant ne mentionna pas de nouveau ce sujet pendant le débat. » Signé « George E. Fifield, South Lancaster, Massachusetts, le 6 décembre 1895. » GMA 175.1

MME WHITE TOUJOURS À LA RECHERCHE DU SALUT DES PÉCHEURS

Que Mme White ait travaillé pour la conversion des pécheurs, de 1844 à l’heure actuelle, est en outre prouvé par ces faits : elle et Frère White tinrent une réunion chez Albert Belden, à Rocky Hill, Connecticut, à partir du 20 avril 1848. Du travail fut fait dans cette réunion pour certaines personnes du monde. Frère White et son épouse manifestèrent un intérêt particulier pour de telles âmes. Sur ce point nous allons donner le témoignage de quelqu’un de cette classe qui fut baptisé par Frère White. John Y. Wilcox, écrivant de Kensington, Connecticut, le 22 février 1891, dit : GMA 175.2

« J’ai été élevé dans la vérité à l’époque où des réunions avaient lieu dans la chambre inachevée de la maison de Frère A. Belden, Rocky Hill, Connecticut. Je reçus la lumière de la vérité présente grâce au travail de Frère et Sœur White. J’ai été baptisé peu après par Frère White. Mais sans l’encouragement et la force que j’ai reçue d’eux, je ne sais pas si j’aurais osé penser ou sentir que j’étais accepté du Seigneur. Ils étaient profondément intéressés à moi, et travaillèrent pour m’aider. » GMA 175.3

Frère White dit de cette réunion, dans une lettre à Stockbridge Howland, Topsham, Maine, « Frère Bates présenta les commandements d’une façon très claire, et leur importance fut renforcée par des témoignages très puissants. La Parole eut pour effet d’établir ceux qui étaient déjà dans la vérité, et de réveiller ceux qui n’étaient pas totalement décidés. » GMA 175.4

TRAVAIL EN FAVEUR DES PÉCHEURS À OSWEGO, N.Y

En 1849, James White et son épouse ont organisé des réunions à Oswego, N.Y. Dans ces réunions Hiram Patch et Mlle Benson, qui étaient engagés à se marier, furent convertis à Dieu et à la vérité présente. GMA 176.1

En mars 1850, des réunions eurent encore lieu à Oswego. Dans le journal « Present Truth » d’avril, Frère White, en parlant de ces réunions, a déclaré : GMA 176.2

« Un travail très intéressant est maintenant en cours parmi les enfants du reste, dans cette ville. Leur salut a été le sujet principal des réunions de ces deux derniers sabbats, et Dieu nous a bénis merveilleusement. La vérité a eu un bon effet sur nous ainsi que sur nos enfants. Le soir après le dernier dimanche, nous avons eu une réunion pour leur bénéfice particulier, et l’Esprit du Seigneur fut répandu parmi nous. Tous les enfants s’inclinèrent devant le Seigneur, et semblaient ressentir l’importance de garder les commandements, en particulier le cinquième, et de rechercher le salut par Jésus-Christ. C’était l’une des réunions les plus intéressantes que j’ai jamais vues. » GMA 176.3

Dans le « Present Truth » de novembre 1849, Frère White a publié le récit d’un certain nombre d’individus qui furent convertis et baptisés ; et dans le dernier numéro de ce journal en 1850 il y a le récit d’une réunion tenue à Waitsfield, Vermont, et de la présence d’Heman Churchill, qui était sorti du monde et qui venait d’être converti. Il est mentionné dans l’article comme « frère. » Comment cela pourrait-il être s’il n’y avait plus de miséricorde pour les pécheurs ? GMA 176.4

TÉMOIGNAGE DE VINGT ET UN TÉMOINS

À cet égard, nous donnons un témoignage signé, en 1888, par vingt-et-une personnes, toutes dans le mouvement adventiste en 1844, et qui étaient au courant de la progression du message du troisième ange. Toutes avaient accepté le message avant 1851, la plupart d’entre elles ayant été liées aux adventistes du septième jour presque depuis le début du message : GMA 176.5

« Nous, les soussignés, ayant été bien informés sur le mouvement adventiste en 1844 au passage de la date fixée, et ayant également adopté la vérité du message du troisième ange dès 1850, nous signons gaiement de nos noms la déclaration suivante concernant la doctrine de la porte fermée tenue par les croyants dans le message du troisième ange depuis son début jusqu’à la dernière date mentionnée, et au-delà. » GMA 176.6

« Ils croyaient, en harmonie avec Apocalypse 3:7, 8 et d’autres Écritures, qu’à la fin des deux mille trois cents jours de Daniel 8:14, Christ terminerait son travail dans le premier appartement du sanctuaire céleste, passerait à son ministère dans le lieu très saint, et entrerait dans l’œuvre du jugement, changeant ainsi son rapport au plan de salut. Il y avait ici une porte ouverte et une porte fermée. » GMA 176.7

« Ils croyaient que ceux qui avaient la correcte lumière sur le message du premier ange et qui se retournaient contre elle, s’y opposant farouchement, étaient rejetés par Dieu. Mais ils ne croyaient pas que ceux qui n’avaient pas eu la lumière ou ceux qui n’étaient pas en âge de maturité avant 1844, s’ils cherchaient Dieu avec des cœurs honnêtes, seraient rejetés. » GMA 177.1

« Alors qu’ils croyaient, avec William Miller et la grande masse des adventistes immédiatement après le passage de la date fixée, que leur travail pour le monde était terminé, et que le Seigneur allait très bientôt venir, ils ne croyaient pas que la miséricorde était passée après que la lumière sur le sanctuaire et le troisième message expliquèrent leur désappointement, excepté pour ceux qui avaient rejeté la lumière. » GMA 177.2

Signé, « J. B. Sweet, South Saginaw, Mich. ; Samuel Martin, Westrindge, N.H. ; Ira Abbey, North Brookfield, N.Y. ; Mme R. B. Abbey, North Brookfield, N.Y. ; Mme Diana Abbey, North Brookfield, N.Y. ; Mme L. B. Abbey, North Brookfield, N.Y. ; Heman S. Guerney, Memphis, Mich. ; Ann E. Guerney, Memphis, Mich. ; William Gifford, Memphis, Mich. ; Mme Mary S. Chase, Battle Creek, Mich. ; S. M. Howland, Battle Creek, Mich. ; Mme F. H. Lunt, Battle Creek, Mich. ; Mme Melora A. Ashley, Battle Creek, Mich.; Mme Caroline A. Dodge, Battle Creek, Mich. ; Mme Sarah B. Whipple, Battle Creek, Mich. ; Mme Uriah Smith, Battle Creek, Mich. ; Mme Paulina R. Heligass, Moline, Kan. ; R. G. Lockwood, St Helena, Cal. ; Mme R. G. Lockwood, St Helena, Cal. ; Reuben Loveland, North Hyde Park, Vt. ; Mme Belinda Loveland, North Hyde Park, Vt. » GMA 177.3

UNE VISION MAL INTERPRÉTÉE

Un effort a été fait pour interpréter une vision donnée à Mme White, à Topsham, Maine, le 24 mars 1849, comme enseignant cette doctrine erronée : plus de miséricorde pour les pécheurs. Cette vision fut donnée au début des « coups de Rochester » (spiritisme). Mme White vit que les mystérieux signes et prodiges et fausses réformes augmenteraient et se propageraient. Ces réformes n’étaient pas des reformations de l’erreur à la vérité (elle n’a pas dit qu’il n’y aurait jamais de telles réformes, mais que les réformes dans lesquelles ils utilisaient l’influence humaine étaient telles), mais de mal en pis ; car ceux qui professaient un changement de cœur n’avaient fait que se couvrir d’un habit religieux qui cachait l’iniquité d’un cœur mauvais. Certains semblaient être vraiment convertis, ce qui leur permettait de tromper le peuple de Dieu ; mais si leurs cœurs avaient pu être vus, ils auraient paru aussi noirs que jamais. GMA 177.4

Elle dit alors : « L’ange qui m’accompagnait me dit de regarder si les hommes se souciaient encore du salut des âmes. Je regardai, mais je ne vis rien ; car le temps de leur salut est passé. » 25 GMA 178.1

On a prétendu que cette vision enseignait qu’il n’y avait plus de miséricorde pour les pécheurs, mais nous demandons, comment cela est-il possible alors qu’elle s’était opposée à cette doctrine depuis le moment où Joseph Turner l’enseigna d’abord, au printemps de 1845, et qu’elle travailla tout le temps ardemment pour la conversion et le salut des pécheurs ? GMA 178.2

Dans le Supplément à « Expérience chrétienne et visions », publié en 1853, Mme White dit, « Les “fausses réformes” dont il est question ici se multiplieront avec le temps. La vision se rapporte plus particulièrement à ceux qui ont entendu la doctrine adventiste et l’ont rejetée. Ils se sont laissé égarer par de graves erreurs. Leur âme ne se fera plus de souci pour les pécheurs comme elle s’en faisait auparavant. » 26 GMA 178.3

Les opposants affirment en savoir plus que Mme White sur ce qu’elle-même a vu dans cette vision. Examinons-la un moment et comparons-la avec leur version ; à savoir qu’elle voyait l’état des pécheurs et non celui des revivalistes. Alors, elle regarda les pécheurs pour trouver une « angoisse de l’âme pour le salut des pécheurs, mais ne pouvait pas la voir. » Qui a déjà trouvé une angoisse de l’âme pour le salut des pécheurs en regardant simplement le pécheur ? Mais, nous demandons, qu’en est-il des personnes mentionnées dans le témoignage ci-dessus qui utilisaient l’influence humaine et le spiritisme pour gagner de nouveaux convertis, et appelaient cela l’œuvre de l’Esprit de Dieu ? Est-ce que ces adversaires, qui étaient si désireux de montrer que Mme White avait enseigné la théorie extrémiste de la « porte fermée », sont prêts à admettre que ces revivalistes étaient des gens saints, et obtenaient de véritables convertis ? GMA 178.4

Il est évident pour tout esprit sincère que les personnes visées dans ce rapport sont celles qui prétendent avoir cette angoisse de l’âme, bien qu’elles aient rejeté la lumière et la vérité, et utilisent le spiritisme pour gagner des convertis. De telles personnes ne pouvaient pas avoir une véritable angoisse de l’âme pour le salut des pécheurs alors qu’elles-mêmes étaient sujettes à la damnation ; car « le temps de leur salut est passé. » GMA 178.5

De la vision de Mme White du 24 mars 1849, certaines personnes ont essayé de tirer la conclusion qu’elle enseignait qu’il n’y avait plus de miséricorde pour les pécheurs ; mais nous avons déjà montré qu’en 1845, à Paris, dans le Maine, elle enseignait qu’il y avait de la miséricorde pour tous ceux qui n’avaient pas sciemment et en connaissance de cause rejeté la lumière et la vérité. Dans une vision donnée au même endroit en 1846, elle a vu que le Seigneur avait un « peuple dans les églises qui n’avaient pas rejeté la vérité. » Pour ces individus qui pensaient différemment, un blâme a été donné, disant que les anges de Dieu travailleraient encore pour ces églises, et lorsqu’ils travailleraient, ils laisseraient dehors ceux qui les dénonçaient (comme étant perdues, NDT). GMA 178.6

Encore, en avril 1848, Frère White et son épouse travaillaient à Rocky Hill, Connecticut, pour la conversion des pécheurs. Tout cela pour prouver que la vision du 24 mars 1849 s’harmonise avec celle donnée à Paris, dans le Maine, en 1846, et avec la vie de ces serviteurs de Dieu, en avril 1848. GMA 179.1

UN FAUX REVIVALISTE VAINCU

Cette vision a été publiée pour la première fois dans le Connecticut en 1849. Un ministre y travaillait avec zèle pour gagner des convertis, se vantant même d’avoir le don des langues. Il s’efforçait d’avoir une influence sur le petit groupe de personnes observant le sabbat à Rocky Hill. Il appelait une femme parmi ces croyants, « la chère sainte du Seigneur ». En sa présence, Mme White eut une vision montrant la nature trompeuse de son travail, et que sa « chère sainte » suivait une voie qui n’était pas en harmonie avec le septième commandement. Cette « sainte » nia l’accusation, et le ministre fit un vibrant plaidoyer, cherchant à attirer la sympathie pour la « pauvre sainte du Seigneur », comme il l’appela. Dans la nuit suivante, cette jeune femme eut une attaque de choléra et pensa qu’elle allait mourir. Elle envoya chercher Mme White et avoua que ce qu’elle avait vu à son sujet était vrai : qu’elle était coupable de ce que Mme White avait déclaré. Ainsi ce faux travailleur ne réussit pas à tromper ce groupe, et la nature de son travail fut exposée, et il arrêta soudainement ses efforts à cet endroit. GMA 179.2

UN AUTRE FAUX REVIVALISTE À OSWEGO, N.Y

Comme une autre illustration du principe énoncé dans le témoignage ci-dessus, et pour montrer comment Frère White et son épouse travaillaient toujours en 1849-1850 pour la conversion des pécheurs, nous donnons les faits suivants qui m’ont été relatés par Elias Goodwin et d’autres parmi les premiers membres de l’église d’Oswego, dans l’État de New York : GMA 179.3

Il y avait alors (en 1849) un jeune homme du nom de Hiram Patch, résidant à cet endroit. Il était fiancé à une jeune femme et ils se marièrent peu après. Ils n’étaient pas convertis mais étaient présents à la réunion tenue par Frère White et son épouse, et étaient presque convaincus de devenir chrétiens. À ce moment-là un réveil religieux fut commencé dans l’une des églises d’Oswego, pas par les pasteurs, mais par un membre laïc éminent, trésorier des fonds du comté. Cet homme semblait très zélé, et prétendait se faire un grand souci pour les pécheurs. Il se tordait les mains pendant qu’il priait pour les non convertis, étant apparemment dans la plus grande détresse à cause de leur état de perdition. GMA 179.4

M. Patch et sa fiancée sont allés à ces réunions de réveil, et ne savaient comment se décider. Ils étaient présents à une occasion, lorsque Mme White eut une vision dans laquelle elle montra Osée 5:6, 7, qui dit, « Ils iront avec leurs brebis et leurs bœufs chercher l’Éternel, Mais ils ne le trouveront point : Il s’est retiré du milieu d’eux. Ils ont été infidèles à l’Éternel, Car ils ont engendré des enfants illégitimes ; Maintenant un mois suffira pour les dévorer avec leurs biens. » Elle vit que ceux qui dirigeaient ce réveil religieux n’étaient pas en règle avec Dieu, et qu’ils ne se faisaient pas vraiment de souci pour les pécheurs. GMA 180.1

UNE PRÉVISION DE L’ÉCHEC

Alors elle dit à M. Patch, « on m’a dit de vous dire que dans le cas présent, le texte sera littéralement accompli. Attendez un mois, et vous connaîtrez pour vous-même le caractère des personnes qui sont engagées dans le réveil, et qui prétendent avoir une si grande angoisse pour les pécheurs. » M. Patch dit, « je vais attendre. » GMA 180.2

Dans les quinze jours qui suivirent le moment où cette vision fut donnée, un vaisseau sanguin éclata, causé par sa feinte agonie, dans l’estomac dudit trésorier qui prétendait avoir cette grande angoisse de l’âme pour les pécheurs, et il dû être mis au lit avec une perte de sang. Les affaires du bureau du trésorier durent être prises en main par le shérif du comté, et avec l’un des agents, ils examinèrent les livres de comptes du trésorier, puis comptèrent l’argent pour se préparer à prendre en charge la comptabilité, et, surprise, il manquait exactement 1000 $. GMA 180.3

Pour le shérif et l’agent, il semblait impossible qu’un homme si engagé dans un réveil religieux puisse être coupable d’avoir pris l’argent. Ils pensèrent qu’il l’avait utilisé et avait oublié d’écrire l’entrée correspondante dans le livre de comptes ; ou peut-être l’avait-il déposé à la banque, et il n’apparaissait pas dans le compte du coffre-fort. En tout état de cause, ils devaient lui demander une explication satisfaisante, mais ils devaient agir avec prudence ; car s’il avait l’argent, il ferait certainement un effort pour le dissimuler. Il a donc été convenu que l’un d’entre eux irait en premier et se cacherait dans l’abri, derrière la maison, de manière à surveiller la porte de derrière au cas où il se passerait quelque chose, tandis que le shérif entrerait par la porte de devant. Quand le shérif s’est approché de la maison et entra par la porte de devant, il vit juste le pan de l’habit d’une femme sortant par la porte de derrière. L’homme dans l’abri vit la femme aller rapidement vers une congère, y creuser un trou dans la neige, et y déposer là quelque chose qu’elle recouvrit de neige, puis retourna dans la maison. GMA 180.4

Le shérif s’approcha du chevet du trésorier, et après s’être enquis de son état de santé, fit allusion à leurs problèmes du bureau, laissant entendre qu’il pourrait sans doute leur expliquer la difficulté. L’homme, très agité, leva la main vers le ciel et, prenant Dieu à témoin, dit qu’il ne savait rien au sujet de l’argent. À ce moment, la femme entra, et voulut savoir quel était le problème, et pourquoi son mari était si excité. L’homme répondit, « ils pensent que nous avons leur argent. » La femme alors leva les mains de la même manière, et prit Dieu à témoin qu’ils n’avaient pas l’argent, et, de plus, ne savaient rien à ce sujet. Alors qu’elle finissait juste cette phrase, l’agent, qui était allé en vitesse de sa cachette à la congère, pendant que la femme entrait dans la maison, intervint avec ces mots, « Madame, qu’est-ce que ceci ? Je vous ai vu vous précipiter hors de la maison, et déposer ceci dans la congère, et voilà le sac de l’argent manquant, sur lequel est écrit 1000 $. » GMA 181.1

Comme on pouvait s’y attendre, le réveil fut soudainement mis en sourdine. M. Patch et sa fiancée, après avoir appris le caractère de celui qui dirigeait le réveil, prirent position pour la vérité et s’unirent avec les adventistes du septième jour, et ils restèrent de dignes membres de cette église jusqu’au jour de leur mort. GMA 181.2

Cette vision, comme on le voit clairement, fut donnée dans l’intérêt et pour l’avantage particulier des inconvertis, et aboutit à la conversion des pécheurs, alors que son incidence immédiate fut sur ceux qui étaient eux-mêmes pécheurs et étaient rejetés par le Seigneur à cause de leur hypocrisie. « Ils ont été infidèles à l’Éternel » se vantant d’avoir un grand souci de l’âme pour les pécheurs, mais « ils ont engendré des enfants illégitimes » (Osée 5:7 mentionné plus haut dans la vision). GMA 181.3

UN TRAVAILLEUR HYPOCRITE À CAMDEN, N.Y

Parmi les autres lieux visités par Frère et Mme White pendant l’hiver de 1849-1850 fut la ville de Camden, N.Y., à environ soixante-dix kilomètres d’Oswego, où ils habitaient encore. De cette réunion, Mme White dit : « Avant d’y aller, on m’a montré la petite compagnie de croyants qui professaient la vérité là, et parmi eux, j’ai vu une femme qui faisait profession d’une grande piété, mais qui était une hypocrite, et qui trompait le peuple de Dieu. » 27 GMA 181.4

En janvier 1884, travaillant alors dans l’État de New York, j’ai appris les détails suivants de M. Preston, qui résidait à Camden au moment de la réunion mentionnée ci-dessus. Il avait passé du temps avec Frère White et son épouse au cours de la réunion : GMA 182.1

Cette femme enseignait des vues extrémistes sur le sujet de la sanctification, disant qu’il y avait un état de perfection à atteindre dans lequel une personne serait complètement au-dessus de la loi de Dieu, et elle prétendait avoir atteint cet état parfait. Avec cette doctrine de sainteté, elle troublait l’esprit de certains de nos membres de Camden. Sœur White vit toutes les prétentions à la sainteté de cette femme, son cœur noir de péché, et sa vie corrompue. GMA 182.2

Tout en étant encore dans ce lieu, Sœur White reçut une autre vision, en présence de cette femme, dont l’âme semblait chargée d’un grand fardeau pour les non convertis ; mais Sœur White lui dit que son âme n’avait pas de souci sincère pour les pécheurs, parce qu’elle-même n’était pas juste aux yeux de Dieu. « Donc », déclara M. Preston, « ce qu’on appelle la vision de Camden s’appliquait définitivement et surtout au cas de cette femme, et non pas à l’état de pécheurs en général, et nous l’avions bien comprise ainsi à l’époque. » GMA 182.3

Après que Mme White ait relaté sa vision, la femme se leva, et dit, « Dieu connaît mon cœur, et si vous pouviez le voir, vous verriez qu’il est pur et propre. » Sur ce, la réunion fut terminée. Peu de temps après, cependant, la femme devint sérieusement malade, et pensa qu’elle allait mourir. Elle dit, « je dois voir Sœur White ; j’ai une confession à lui faire. Je lui ai dit que j’étais une femme bonne, que j’étais pure. Ce n’est pas le cas. Je suis une méchante femme. L’homme avec lequel je vis n’est pas mon mari. J’ai laissé un bon mari en Angleterre, et un petit enfant, et je me suis enfuie avec cet homme. Nous n’avons jamais été mariés. Je me suis vantée d’être médecin, et je vends un médicament que j’ai juré au tribunal me coûter 1 $ la bouteille, mais il ne me coûte que 12 cents la bouteille. J’ai aussi juré qu’une vache que nous avons vendue à un pauvre homme nous a coûté 30 $, alors qu’elle ne nous a coûté que 20 $. » 28 GMA 182.4

C’est à ces prétendants hypocrites que s’appliquent les paroles de Mme White concernant « l’angoisse de l’âme pour les pécheurs », et non pas aux pécheurs en général. En tenant compte des faits présentés ci-dessus, montrant que la doctrine de « plus de pitié » pour les pécheurs était complètement condamnée dès qu’elle commença à être prêchée au printemps de 1845 et que Mme White travailla ardemment à la conversion des pécheurs depuis cette date, qui peut croire qu’en 1850, lorsque son œuvre intitulée « Expérience chrétienne et visions » fut publiée, elle voulait enseigner qu’il n’y avait « plus de salut pour les pécheurs » ? GMA 182.5

UN HOMME SANS MISÉRICORDE

Même en 1848, il y avait ici et là des individus qui pensaient qu’il n’y avait plus de miséricorde pour les pécheurs. Cependant, ils n’étaient pas adventistes du septième jour. L’un d’eux, du nom de Sweet, résidait dans la ville de Rochester, N.Y. Juste après avoir fait une confession publique de ma foi, et avoir été baptisé comme adventiste du premier jour, j’assistais à une réunion sous la tente à Canandaigua, New York, menée par Frère J. C. Bywater et Frère Geo. W. Burnham. Ce Sweet était présent, et exprima de très sérieuses réserves quant à l’authenticité de mon expérience religieuse, parce qu’il « pensait qu’il n’était pas possible que des pécheurs soient convertis maintenant. » GMA 183.1