Rayons de Santé

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Les lois sur les licences

Il en est qui prétendent que les licences auxquelles le commerce des liqueurs est soumis tendent à diminuer les ravages de l'alcoolisme. Mais elles placent au contraire ce commerce sous la protection de la loi. L'Etat sanctionne ainsi son existence et encourage le mal qu'il prétend supprimer. Grâce à ces licences, des brasseries et des distilleries s'installent partout, et le marchand de boissons a le droit d'exercer son commerce à notre porte. RS 196.1

Il est défendu, il est vrai, de servir à boire à un homme en état d'ébriété. Mais cela n'empêche pas de recruter des ivrognes parmi la jeunesse. L'avenir de la corporation exige qu'on éveille en elle le goût des boissons alcoolisées. On emploie donc tous les moyens possibles pour amener les jeunes à contracter l'habitude de boire qu'il faudra ensuite satisfaire à tout prix. Il serait moins dangereux, bien souvent, de donner à boire à un ivrogne invétéré, dont la ruine est déjà consommée, que de risquer de perdre la fleur de notre jeunesse. RS 196.2

L'autorisation officielle de vendre des boissons alcoolisées est une tentation constante pour ceux qui voudraient s'amender. On a fondé des institutions pour aider les victimes de l'intempérance à se relever. C'est une noble entreprise. Mais aussi longtemps que la loi sanctionnera la vente de l'alcool, ces institutions rendront peu de services aux buveurs. Ne pouvant y rester toujours, le moment vient où ils doivent reprendre leur place dans la société. On leur a appris à dominer leur penchant pour les boissons alcoolisées, mais celui-ci n'a pas disparu complètement. Lorsqu'ils sont assaillis par la tentation, qui se présente de tous côtés, ils succombent facilement. RS 196.3

Celui qui possède un animal dangereux et qui le laisse en liberté est responsable devant la loi de tous les méfaits qu'il peut commettre. Chez les Israélites, les lois données par l'Eternel prescrivaient que si une bête reconnue vicieuse causait la mort d'un homme, le propriétaire était mis à mort; c'était le prix de sa négligence et de sa malveillance. Si l'on suivait le même principe, l'Etat qui donne des licences aux marchands de boissons alcoolisées devrait être tenu responsable des résultats de ce trafic. Si le fait de laisser en liberté un animal dangereux était un crime digne de mort, que faut-il dire de celui — bien plus grand — qui consiste à sanctionner le métier de marchand d'alcool? RS 196.4

Sans doute les droits sur l'alcool sont une source de revenus pour le trésor public. Mais que valent ces revenus, si on les compare aux frais énormes occasionnés par les criminels, les aliénés et les indigents, victimes du trafic des boissons enivrantes? Un homme, sous l'influence de l'alcool, commet un crime; il comparaît devant ses juges, ceux-là mêmes qui sont chargés d'appliquer les lois parmi lesquelles se trouve celle qui autorise la vente des boissons alcoolisées. Ils ont devant eux la conséquence d'une telle loi. En autorisant la vente d'une boisson qui rend un homme dangereux, l'Etat se voit obligé d'envoyer cet homme en prison ou à l'échafaud, alors que souvent sa femme et ses enfants sont dans le dénuement et deviennent une charge pour la société. RS 197.1

A ne considérer la question que sous son aspect financier, n'est-ce pas une folie que d'autoriser un tel commerce? Quel revenu pourra jamais compenser la perte de la raison et de l'âme humaine, la disparition de l'image divine en l'homme, et le malheur des enfants réduits à la pauvreté et à l'avilissement? Et n'oublions pas que ces enfants transmettront à leur tour à leur postérité les tendances dégradantes d'un père ivrogne. RS 197.2