Rayons de Santé

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La prohibition

L'homme qui s'adonne à la boisson est dans une situation désespérée. Le cerveau malade, la volonté chancelante, il n'a pas la force de résister à sa passion. Impossible de le raisonner, de l'amener à se corriger. Il prendra peutêtre la résolution de ne plus boire; mais dès qu'il aura franchi le seuil du cabaret et que ses lèvres auront effleuré le poison maudit, ses promesses et ses serments se volatiliseront, le dernier vestige de volonté l'abandonnera. Une simple gorgée de ce breuvage mortel lui en fera oublier toutes les conséquences. Le cœur brisé de sa compagne, ses enfants déguenillés et affamés, tout cela est oublié. En autorisant le commerce des spiritueux, l'Etat sanctionne la déchéance de l'homme; il refuse de mettre un terme à un trafic qui remplit le monde de maux et de misère. RS 197.3

Cela doit-il continuer? Pour que les buveurs triomphent de leur passion, devront-ils toujours lutter, les portes largement ouvertes à la tentation? La malédiction de l'intempérance, telle une flétrissure, reposera-t-elle toujours sur le monde civilisé? Permettrons-nous qu'elle continue à détruire chaque année des milliers de foyers heureux? Lorsqu'un navire échoue en vue de la côte, on ne se borne pas à le regarder; on risque sa vie pour sauver les naufragés. Combien ne devraient-ils pas être plus grands, les efforts tentés pour arracher le buveur à son triste sort! RS 198.1

Mais ce n'est pas seulement le buveur et sa famille qui sont en péril par le commerce des spiritueux, et l'accroissement des charges fiscales n'est pas le principal danger dont nous soyons menacés. En ce monde, nous sommes tous solidaires les uns des autres. Le malheur qui atteint une partie de l'humanité met l'autre en péril. RS 198.2

Il en est beaucoup qui, par cupidité ou égoïsme, ayant refusé de prendre part à la lutte contre l'alcool, se sont aperçus, trop tard, hélas! qu'ils en étaient eux-mêmes les victimes. Leurs enfants ont sombré dans l'ivrognerie, la propriété est en danger, la vie n'est plus en sécurité, les accidents sur terre et sur mer se multiplient, les maladies qui couvent dans des taudis infects s'introduisent jusque dans les demeures opulentes des riches. Les mœurs crapuleuses, quittant les antres du vice, cherchent leurs victimes parmi les enfants des familles les plus raffinées, les plus cultivées. RS 198.3

Nul n'est à l'abri des périls de l'alcoolisme. Par conséquent, nul ne devrait, pour assurer sa propre sécurité, s'abstenir de prendre part à la lutte engagée en vue de détruire ce fléau. RS 199.1

Les assemblées législatives et les tribunaux devraient surtout être exempts de toute suspicion d'intempérance. Membres du gouvernement, députés, sénateurs, juges, tous ceux qui font les lois ou veillent à leur exécution, qui ont entre les mains la vie, l'honneur et les biens de leurs semblables, devraient pratiquer une stricte tempérance. Ce n'est qu'ainsi qu'ils pourront faire la différence entre le bien et le mal, et qu'ils posséderont la fermeté et la sagesse nécessaires pour rendre la justice et exercer la miséricorde. Mais qu'en est-il en réalité? Combien de ces hommes ont l'esprit obscurci, le sentiment du bien et du mal faussé par la boisson! Que de mesures oppressives ont été édictées, que d'innocents condamnés à mort par l'injustice de législateurs, de juges, de témoins, de jurés, d'avocats adonnés à la boisson! Nombreux sont les “intrépides pour boire du vin” et pour “mêler les boissons enivrantes”, “qui appellent le mal bien et le bien mal”, “qui justifient le coupable pour un présent et refusent aux justes de leur faire droit”. C'est à de tels hommes que Dieu dit: “Malheur à eux.” RS 199.2

Comme une langue de feu dévore le chaume, dit le prophète Esaïe,
Et comme la flamme consume l'herbe sèche,
Ainsi leur racine sera comme de la pourriture,
Et leur fleur se dissipera comme de la poussière;
Car ils ont dédaigné la loi de l'Eternel des armées,
Et ils ont méprisé la parole du saint d'Israël.4Ésaïe 5:22, 24.
RS 199.3

L'honneur de Dieu, la prospérité de la nation, le bien-être de la société, de la famille et de l'individu exigent que les plus grands efforts soient tentés pour faire comprendre à tous les méfaits de l'intempérance. Les ravages de ce fléau se feront bientôt sentir avec une intensité dont nous n'avons aucune idée. Qui veut s'efforcer d'arrêter cette œuvre de destruction? C'est à peine si la lutte a commencé. Organisons une armée pour arrêter la vente de boissons empoisonnées qui rendent les hommes fous. Que le danger soit dénoncé, et que l'opinion publique, éclairée, en exige la prohibition. Donnez à l'ivrogne l'occasion d'échapper à son esclavage. Que la voix de la nation demande à ses législateurs de mettre un terme à cet infâme trafic. RS 199.4

Ecoutons les paroles du Sage: RS 200.1

Délivre ceux qu'on traîne à la mort,
Ceux qu'on va égorger, sauve-les!
Si tu dis: Ah! nous ne savions pas!...
Celui qui pèse les cœurs ne le voit-il pas?
Celui qui veille sur ton âme ne le connaît-il pas?5Proverbes 24:11, 12.

Que diras-tu de ce qu'il te châtie?6Jérémie 13:21. RS 200.2