Les Paraboles de Jésus
La drachme perdue
Après la parabole de la brebis perdue, Jésus proposa la suivante: “Quelle femme, si elle a dix drachmes, et qu'elle en perde une, n'allume une lampe, ne balaie la maison, et ne cherche avec soin, jusqu'à ce qu'elle la trouve?”11Luc 15:8. PJ 162.1
En Orient, la demeure du pauvre ne comprenait en général qu'une seule pièce, le plus souvent sombre et sans fenêtres. Elle était rarement nettoyée, et si une pièce de monnaie tombait à terre, elle était aussitôt recouverte de poussière et de détritus. Pour la retrouver, même en plein jour, il fallait allumer une lampe et balayer la maison avec soin. PJ 162.2
La dot des femmes consistait d'ordinaire en pièces d'argent qu'elles conservaient jalousement comme leur plus précieux trésor pour les transmettre à leurs filles. C'est pourquoi la perte de l'une de ces pièces était considérée comme un grand malheur. La retrouver était une occasion de réjouissances auxquelles les voisines s'associaient volontiers. PJ 162.3
“Lorsqu'elle l'a trouvée, dit le Christ, elle appelle ses amies et ses voisines, et dit: Réjouissez-vous avec moi, car j'ai trouvé la drachme que j'avais perdue. De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.”12Luc 15:9, 10. PJ 162.4
Comme la précédente, cette parabole nous parle d'un objet perdu que l'on recherche avec soin, et du plaisir qu'on éprouve à le retrouver. Toutefois, ces deux paraboles représentent des catégories de personnes différentes. La brebis perdue a conscience de sa situation. Elle sait qu'elle s'est éloignée du berger et du troupeau et qu'il lui est impossible de retrouver son chemin. Elle est l'image de ceux qui reconnaissent s'être éloignés de Dieu et se trouvent dans la perplexité, humiliés et fortement tentés. La drachme perdue représente ceux qui vivent inconsciemment dans le péché. Ils se sont égarés loin de Dieu et ne le savent pas. Ils courent un danger mortel et ne s'en inquiètent nullement. Dans cette parabole, le Christ nous apprend que les indifférents sont aussi l'objet de son amour et de sa compassion. Il faut les rechercher pour les ramener à Dieu. PJ 163.1
La brebis s'était égarée loin de la bergerie, dans le désert ou dans la montagne. PJ 163.2
La drachme était perdue dans la maison, elle était là tout près, mais il fallait la chercher avec beaucoup de soin. PJ 163.3
Cette parabole renferme une leçon pour la famille. On manifeste souvent une grande indifférence pour le salut des membres de son foyer. L'un d'entre eux vit peut-être loin du Seigneur. Mais comme on s'afflige peu de la ruine de l'une de ces âmes qui ont été confiées aux parents! PJ 163.4
Bien que perdue dans la poussière, la drachme n'en reste pas moins une pièce d'argent, et c'est précisément à cause de sa valeur que la femme la cherche. Il en est de même de toute âme: si dégradée qu'elle soit, elle demeure précieuse aux yeux de Dieu. La pièce de monnaie porte l'effigie et les titres du souverain régnant; ainsi l'homme, à la création, portait le sceau et l'image de son Créateur; et quoique cette dernière soit maintenant souillée et altérée par le péché, elle a laissé son empreinte sur toute âme. Dieu désire sauver ceux qui s'égarent et réimprimer en eux l'image de sa justice et de sa sainteté. PJ 163.5
La femme de la parabole cherche sa drachme avec zèle: elle allume la lampe et balaie la maison. Elle déplace tout ce qui pourrait entraver ses recherches. Et bien qu'elle n'ait perdu qu'une pièce, elle ne les interrompra pas avant de l'avoir retrouvée. Il doit en être de même dans la famille. Si l'un des membres se perd, il ne faut rien négliger pour le ramener au Seigneur. Que tous les autres fassent un sérieux retour sur eux-mêmes et passent soigneusement en revue toutes leurs attitudes. Qu'ils se demandent s'il n'y a pas quelque faute, quelque erreur dans la manière de diriger la famille qui contribue à maintenir cette âme dans l'impénitence. PJ 164.1
S'il y a dans la famille un enfant qui soit inconscient de son état de péché, les parents ne doivent pas s'en désintéresser. Allumez la lampe, sondez la parole de Dieu. Que toute la vie du foyer soit observée à sa lumière, afin de comprendre pourquoi cet enfant s'est éloigné du Sauveur. Que les parents analysent leurs sentiments, qu'ils examinent leurs habitudes, leur conduite. Les enfants constituent l'héritage du Seigneur, et nous devrons lui rendre compte de la manière dont nous aurons géré son bien. PJ 164.2
Certains couples désireraient travailler dans quelque mission étrangère, et beaucoup se dépensent pour des œuvres chrétiennes alors que leurs propres enfants ignorent l'amour du Sauveur. Trop de parents pensent qu'il appartient aux ministres du culte ou aux instructeurs religieux de les amener à la connaissance du Christ; ils se déchargent ainsi d'une responsabilité que Dieu leur a confiée personnellement. Apprendre à suivre Jésus est la meilleure forme de collaboration que Dieu propose aux parents. Cette tâche demande de la persévérance et les efforts incessants de toute une vie. La négliger revient à montrer que nous sommes des économes infidèles. Cette insouciance est sans excuse aux yeux du Seigneur. PJ 164.3
Mais ceux qui s'en sentent coupables ne doivent pas désespérer. Qu'ils songent un instant à la femme qui cherche sa drachme jusqu'à ce qu'elle l'ait trouvée. A son exemple, avec amour, foi et prière, les parents doivent travailler en faveur des leurs jusqu'à ce qu'ils puissent se présenter avec joie devant Dieu, en disant: “Voici, moi et les enfants que l'Eternel m'a donnés...”13Ésaïe 8:18. PJ 165.1
Telle est la véritable activité missionnaire au foyer, utile aussi bien à ceux qui s'y livrent qu'à ceux pour qui elle se déploie. Par notre fidélité dans le cercle de famille, nous nous préparons à travailler en faveur des membres de la famille de Dieu avec lesquels nous sommes appelés à vivre pendant l'éternité. Nous devons manifester à l'égard de nos frères et sœurs en Christ le même intérêt que nous portons aux membres de notre famille. PJ 165.2
Dieu veut que nous soyons ainsi qualifiés pour travailler en faveur d'autres personnes encore. A mesure que nos sympathies s'élargiront et que notre amour augmentera, nous verrons s'étendre notre sphère d'activité. La grande famille humaine dont Dieu est le Père embrasse la terre entière et il ne faut négliger aucun de ses membres. PJ 165.3
Où que nous soyons, la drachme perdue attend que nous la cherchions. Le ferons-nous? Nous rencontrons constamment des personnes insensibles aux préoccupations religieuses. Nous parlons avec elles et leur rendons visite. Nous intéressons-nous à leur salut? Leur présentons-nous le Christ comme le Sauveur qui pardonne les péchés? Le cœur réchauffé par l'amour de Jésus, les entretenons-nous de cet amour? Sinon, comment pourrons-nous rencontrer ces âmes perdues pour l'éternité, lorsque nous devrons nous présenter avec elles devant le trône de Dieu? PJ 165.4
Qui dira la valeur d'une âme? Si vous désirez la connaître, allez à Gethsémané, et là, veillez avec Jésus pendant ces heures d'angoisse, où sa sueur devint comme des grumeaux de sang. Contemplez le Sauveur sur la croix, entendez son cri de détresse: “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?”14Marc 15:34. Considérez son front meurtri, son côté et ses pieds percés. Souvenez-vous que le Christ a tout risqué. Pour notre rédemption, le ciel même fut mis en péril. Au pied de la croix, vous souvenant que pour un seul pécheur Jésus aurait donné sa vie, vous saisirez la valeur d'une âme. PJ 165.5
Si vous êtes en communion avec le Christ, vous attribuerez à toute âme humaine le prix qu'il y attache. Vous éprouverez pour les autres le même amour profond qu'il a eu pour vous. Alors vous pourrez attirer et non repousser, gagner et non chasser ceux pour lesquels il est mort. Nul n'aurait été ramené à Dieu sans les efforts personnels du Christ; et c'est par un travail personnel qu'il nous est possible de contribuer au salut des âmes. Quand vous en verrez qui vont à la mort, vous ne pourrez conserver une paisible indifférence et jouir de vos aises. Plus grand est leur péché, plus profonde est leur misère, plus déterminés et plus affectueux doivent être vos efforts en vue d'assurer leur salut. Vous discernerez les besoins de ceux qui souffrent, qui ont péché contre Dieu et qui gémissent sous le poids de leur culpabilité. Votre cœur sympathisera avec eux et vous leur tendrez une main secourable. Avec foi et amour, vous les conduirez auprès de Jésus. Vous veillerez sur eux et vous les encouragerez. Votre sympathie et votre confiance les fortifieront contre les rechutes. PJ 166.1
Tous les anges sont prêts à collaborer à cette œuvre. Toutes les ressources d'en haut sont mises à la disposition de ceux qui s'efforcent de sauver les égarés. Les agents célestes vous aideront à toucher les plus indifférents et les plus endurcis. Quand l'un d'entre eux revient à Dieu, le ciel entier est dans la joie; les séraphins et les chérubins font vibrer leurs harpes d'or; ils chantent les louanges de Dieu et de l'Agneau pour leur miséricorde et leur bienveillance à l'égard des enfants des hommes. PJ 166.2