Les Paraboles de Jésus

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L'heure des comptes

“Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte.”26Matthieu 25:19. Quand les serviteurs devront répondre de l'emploi des talents reçus, ce que chacun a rapporté sera soigneusement examiné. Le rendement révèle la conscience de l'ouvrier. PJ 314.2

Ceux qui ont reçu cinq et deux talents restituent ces derniers à leur maître avec ce qu'ils ont rapporté, sans s'en attribuer aucun mérite. Ces talents ne leur avaient-ils pas été confiés? Ils les ont fait fructifier et en ont gagné d'autres, mais ces serviteurs savent que sans le capital initial, il n'y aurait pas eu de rendement. Ils ont conscience de n'avoir fait que leur devoir. Le capital appartenait au Seigneur; les revenus sont aussi les siens. Si le Sauveur ne leur avait pas accordé sa grâce et son amour, ils seraient demeurés éternellement insolvables. PJ 314.3

Cependant, quand le Maître reprend les talents, il approuve et récompense les ouvriers comme si tout le mérite leur en revenait. Il est rempli de joie et de satisfaction, parce qu'il peut leur accorder ses bénédictions. Il les rémunère pour chaque effort et chaque sacrifice, non parce qu'il leur doit quelque chose, mais parce que son cœur déborde d'amour et de tendresse. PJ 314.4

“C'est bien, bon et fidèle serviteur, dit-il; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.”27Matthieu 25:21, 23. PJ 315.1

Ce qui nous vaut l'approbation de Dieu, c'est la fidélité, la loyauté envers lui, et l'amour avec lequel on le sert. Toute impulsion du Saint-Esprit qui pousse les hommes vers le bien et vers le Seigneur est notée dans les livres du ciel et, au dernier jour, les ouvriers dont il se sera servi seront loués. PJ 315.2

Ils participeront à la joie de leur Maître quand ils verront dans son royaume les âmes qui auront été gagnées par leur moyen. Ils auront en outre l'avantage de collaborer à son œuvre, parce que sur la terre ils se seront qualifiés pour cette tâche. Ce que nous serons un jour, dans l'éternité, sera le reflet de notre caractère actuel et de notre activité au service de Dieu. Le Christ dit de lui-même: “Le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir.”28Matthieu 20:28. Or, l'œuvre qu'il a réalisée sur la terre est la même que celle qu'il accomplit dans les cieux. Parce que nous aurons coopéré avec le Christ ici-bas, notre récompense dans le monde à venir sera de travailler pour lui avec un pouvoir plus grand et un champ d'action plus étendu. PJ 315.3

“Celui qui n'avait reçu qu'un talent s'approcha ensuite, et il dit: Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n'as pas semé, et qui amasses où tu n'as pas vanné; j'ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi.”29Matthieu 25:24, 25. PJ 315.4

Voilà comment on s'excuse du mauvais emploi que l'on fait des dons de Dieu. On considère le Seigneur comme un maître sévère, tyrannique, désirant trouver ses serviteurs en défaut pour pouvoir les punir. On l'accuse d'exiger ce qu'il n'a pas donné et de moissonner ce qu'il n'a pas semé. PJ 315.5

Nombreux sont ceux qui se plaignent de la dureté de Dieu parce qu'il demande leur service et leurs biens. Or que pouvons-nous lui apporter que nous n'ayons reçu de lui? “Tout vient de toi, déclare le roi David, et nous recevons de ta main ce que nous t'offrons.”301 Chroniques 29:14. Tout appartient à Dieu, non seulement par droit de création, mais aussi par droit de rédemption. Toutes les bénédictions qui nous sont accordées sur la terre et celles dont nous jouirons dans la vie future portent l'empreinte de la croix du Calvaire. L'accusation lancée contre Dieu suivant laquelle il serait un maître dur moissonnant où il n'a pas semé est donc dénuée de tout fondement. PJ 315.6

Si injuste que soit le reproche du serviteur paresseux, le maître ne le réfute pas, mais il prend cet homme sur son propre terrain et lui prouve que sa conduite est inexcusable. Il avait reçu les moyens de faire fructifier son talent: “Il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, dit-il, et à mon retour, j'aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt.”31Matthieu 25:27. PJ 316.1

Notre Père céleste ne nous demande ni plus ni moins que ce dont il nous a rendus capables. Il n'impose pas à ses serviteurs des fardeaux qu'ils ne peuvent porter. “Il sait de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous sommes poussière.”32Psaumes 103:14. Nous avons donc la possibilité de réaliser par sa grâce tout ce qu'il attend de nous. PJ 316.2

“On demandera beaucoup à qui l'on a beaucoup donné.”33Luc 12:48. Individuellement, nous serons tenus responsables si nous faisons un iota de moins que ce que nous aurions dû. Le Seigneur mesure avec exactitude chacune de nos possibilités. Les talents inutilisés entreront en ligne de compte aussi bien que ceux dont on aura fait usage. Car Dieu nous tient pour responsables de tout ce que nous pourrions devenir par un sage emploi des talents reçus. Nous serons jugés d'après ce que nous aurions pu accomplir, mais que nous avons délaissé en n'utilisant pas au moment opportun nos facultés à la gloire de Dieu. Même si nous ne perdons pas notre âme, nous subirons jusque dans l'éternité la perte des connaissances et des capacités que notre négligence nous a empêché d'acquérir. PJ 316.3

Mais quand nous nous donnons entièrement au Seigneur et que nous suivons ses directives, il se porte garant de nos progrès. Il ne veut pas que nous présumions des résultats de nos efforts sincères. Nous ne devons même pas penser à un échec possible, car nous avons à collaborer avec celui qui ne connaît pas l'insuccès. PJ 317.1

Ne parlons jamais de notre faiblesse ou de notre incapacité: cela équivaudrait à nous rendre coupables de méfiance à l'égard de Dieu et de sa parole. Quand, accablés sous le faix, nous murmurons, quand nous refusons les responsabilités que Dieu veut nous confier, nous le comparons virtuellement à un maître dur qui exige ce qu'il ne nous a pas donné la force de réaliser. PJ 317.2

Nous sommes souvent tentés de croire que le serviteur paresseux de la parabole est un homme humble, alors que la véritable humilité est toute différente. Cette qualité ne rabaisse ni le niveau intellectuel, ni les aspirations de ceux qui la possèdent réellement; elle ne les rend pas lâches et ne les amène pas à fuir toute responsabilité dans la crainte de ne pas s'en acquitter convenablement. Non: une personne vraiment humble accomplit les desseins de Dieu en comptant sur son secours. PJ 317.3

Le Seigneur travaille avec qui il veut. Parfois, il choisit les instruments les plus modestes pour réaliser une grande œuvre, car c'est dans la faiblesse humaine qu'il fait éclater sa puissance souveraine. Nous avons un critère personnel auquel nous mesurons la valeur de chaque chose. Mais Dieu juge tout autrement que nous. Ne pensons pas que ce qui est grand à nos yeux soit obligatoirement grand aux siens, que ce qui est petit à nos yeux le soit également aux siens. Nous ne sommes pas qualifiés pour porter un jugement sur nos talents, pas plus que pour choisir notre tâche. Nous devons accepter les fardeaux qui nous sont assignés, les porter par amour pour Dieu et aller toujours à lui pour trouver le repos. Quel que soit le travail qu'il nous demande, c'est en nous consacrant de tout notre cœur et avec joie à son service que nous l'honorerons. Ce qui lui plaît, c'est que nous nous acquittions de nos devoirs avec reconnaissance, en nous réjouissant d'avoir été jugés dignes d'être ses collaborateurs. PJ 317.4