Les Paraboles de Jésus

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Dans les endroits pierreux

“Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c'est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie; mais il n'a pas de racine en lui-même, il manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute.”28Matthieu 13:20, 21. PJ 32.2

La semence tombée sur le sol rocailleux ne trouve que peu de terre. La plante y lève avec rapidité, mais sa racine, gênée par les pierres et privée des éléments indispensables à son développement normal, ne tarde pas à sécher. Semblables à la roche que recouvre une mince couche de terre, bon nombre de ceux qui font profession de religion sont victimes de leur égoïsme, et leurs plus nobles désirs sont étouffés. L'amour du moi n'a pas été vaincu, et ils n'ont pas compris le caractère excessivement odieux du péché ni éprouvé le sentiment de leur culpabilité. Il se peut que ces gens aient été faciles à convaincre et paraissent de fervents chrétiens. En réalité, ils n'ont que le vernis de la religion. PJ 32.3

Ce n'est pas parce que des hommes acceptent rapidement la parole de Dieu ni parce qu'elle fait leur joie, qu'ils l'abandonnent ensuite. Dès que Matthieu eut entendu l'appel de son Sauveur, il se leva et quitta tout pour le suivre. Dieu désire que nous acceptions avec joie la parole sainte aussitôt qu'elle nous parvient. Il y a de la “joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent”,29Luc 15:7. et il y a de la joie dans le cœur de celui qui croit en Christ. Mais dans la parabole du semeur, ceux qui ont reçu la parole immédiatement n'ont pas calculé la dépense. Ils n'ont pas compris les exigences de la parole de Dieu. Ils ne la confrontent pas avec toutes leurs habitudes et ne se placent pas entièrement sous son contrôle. PJ 32.4

Les racines plongent profondément dans le sol, et, cachées à nos yeux, elles entretiennent la vie de la plante. Il en est de même pour le chrétien: sa vie spirituelle est fortifiée par le lien invisible qui l'unit au Christ par la foi. Mais les auditeurs distraits se confient en leurs propres mérites au lieu de s'en remettre au Christ. Ils comptent sur leurs bonnes œuvres, leurs élans de générosité, leur propre justice. La puissance divine leur fait défaut parce qu'ils ne sont pas unis au Christ. Ils n'ont pas de racines en eux-mêmes. PJ 33.1

Le soleil bienfaisant de l'été, qui fait croître le bon grain et le mûrit, détruit la semence qui n'a pas de profondes racines. Ainsi celui qui n'a pas de racine en lui-même “manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute?”30Matthieu 13:21. Beaucoup reçoivent l'Evangile comme un moyen d'éviter la souffrance et non comme la délivrance du péché. Ils se réjouissent pendant un certain temps, persuadés que la religion les libérera des épreuves et des difficultés. Tout se passe-t-il selon leurs désirs? Ils semblent être de bons chrétiens. Mais ils succombent à la rude épreuve de la tentation. Ils ne peuvent pas endurer l'opprobre pour l'amour du Christ. Dès que la parole de Dieu leur signale qu'ils se complaisent dans tel péché ou exige d'eux quelque renoncement ou sacrifice, ils se scandalisent. Un changement radical de vie leur paraît trop coûteux. Perdant de vue les réalités célestes, ils s'attardent aux soucis du moment. Ils sont semblables aux disciples qui abandonnèrent Jésus en disant: “Cette parole est dure; qui peut l'écouter.31Jean 6:60. PJ 33.2

De nombreuses personnes font profession de servir Dieu, mais ne le connaissent pas réellement. Leur désir de faire sa volonté repose sur leurs propres inclinations, et non sur l'action puissante du Saint-Esprit. Leur conduite n'est pas conforme à la loi de Dieu. Théoriquement, elles reconnaissent que le Christ est leur Sauveur, mais elles ne croient pas qu'il puisse leur donner la force de vaincre leurs péchés. Elles ne sont pas personnellement en rapport avec un Sauveur vivant, et leur caractère révèle des défauts héréditaires et cultivés. PJ 34.1

Reconnaître le besoin du Saint-Eprit est une chose, accepter ses appels à la repentance en est une autre. Beaucoup de gens ont le sentiment de vivre loin de Dieu, d'être esclaves de leurs péchés et de leur égoïsme. Ils s'efforcent de se réformer mais ils ne crucifient pas le moi; ils ne s'abandonnent pas entièrement entre les mains de leur Sauveur pour recevoir de lui la force de faire sa volonté; ils ne désirent pas que leur vie soit modelée sur la sienne. D'une façon générale, ils reconnaissent leurs imperfections, mais ne renoncent pas à leurs mauvaises habitudes. Et chaque péché fortifie leur vieille nature égoïste. PJ 34.2

Le seul espoir pour ces âmes est d'expérimenter dans leur vie la vérité renfermée dans les paroles du Christ à Nicodème: “Il faut que vous naissiez de nouveau.” “A moins de naître d'en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu.”32Jean 3:7, 3, ce dernier verset selon la traduction œcuménique. PJ 34.3

La véritable sainteté est une consécration totale au service de Dieu; sans une telle consécration, il ne saurait y avoir de vie chrétienne véritable. Le Christ exige de nous une consécration sans réserve. Il réclame notre cœur, notre esprit, notre âme, nos forces à son service. Celui qui ne vit que pour lui-même n'est pas chrétien. PJ 34.4

L'amour doit être le principe de l'action. Il est l'essence même du gouvernement divin sur la terre et dans les cieux. Il faut aussi qu'il soit à la base du caractère chrétien, car c'est le seul élément qui puisse le rendre inébranlable et lui permettre d'affronter victorieusement l'épreuve et la tentation. PJ 34.5

L'amour se révélera par le sacrifice. Le plan de la rédemption repose sur un sacrifice dont on ne peut mesurer la hauteur et la profondeur. Le Christ a tout donné pour nous, c'est pourquoi il faut que celui qui l'accepte soit prêt à renoncer à tout par amour pour lui. L'honneur et la gloire du Rédempteur doivent être nos principales préoccupations. PJ 35.1

Si nous aimons Jésus, nous aurons le désir de vivre pour lui, de lui présenter nos offrandes d'actions de grâces et de travailler à son service. Notre labeur même paraîtra léger. Par amour pour notre Sauveur, nous accepterons peines, souffrances et sacrifices. Nous éprouverons un amour semblable au sien pour ceux qui se perdent et le même ardent désir de les sauver. PJ 35.2

Voilà la religion de Jésus-Christ. Tout ce qui est en dessous de cet idéal n'est qu'illusion. Une simple théorie de la vérité évangélique, ou une simple profession de foi, ne sauvera personne. Nous ne pouvons appartenir au Sauveur qu'en nous donnant entièrement à lui. Celui qui sert Dieu d'un cœur partagé devient irrésolu et instable. Ses efforts en vue de servir à la fois ses propres intérêts et ceux du Christ font de lui un auditeur pour qui la semence est tombée dans un endroit pierreux et qui sera incapable de résister à l'épreuve. PJ 35.3