Le Ministère Évangélique

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Chapitre 1 — Consécration

Pour réussir comme ministre de Dieu, il faut avoir plus qu'une connaissance livresque. Le travail en faveur des âmes nécessite de la consécration, de l'intégrité, de l'intelligence, de l'application, de l'énergie et du tact. Si l'on possède ces qualités, on ne sera jamais inférieur à sa tâche; au contraire on exercera pour le bien une influence déterminante. ME 105.1

Le Christ mit tous ses désirs en harmonie avec les exigences de sa mission, — une mission qui portait la marque du ciel. Il subordonna tout à l'œuvre qu'il était venu accomplir dans ce monde. Lorsqu'il était tout jeune, sa mère le trouva à l'école des rabbins et lui dit: “Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse.” Il répondit, — et sa réponse est la note dominante de l'œuvre de sa vie — : “Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon père?” Luc 2:48, 49. ME 105.2

Le même zèle, la même consécration, la même sujétion aux exigences de la Parole de Dieu, doivent être manifestés chez les serviteurs du Christ comme ils l'étaient en lui. Il abandonna la sécurité et la paix de la demeure céleste, la gloire qu'il avait auprès du Père dès avant la fondation du monde, le trône d'où il régnait sur l'univers, et il devint un homme soumis à la souffrance, sujet à la tentation. Il s'en alla dans la solitude, semant avec larmes, arrosant de son sang la semence qui donnerait la vie à un monde perdu. ME 106.1

De la même manière, ses serviteurs doivent sortir pour semer. Lorsqu'il fut appelé à devenir un semeur de vérité, Abraham reçut l'ordre suivant: “Va-t'en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai.” Genèse 12:1. “Et il partit sans savoir où il allait” (Hébreux 11:8), pour être le porte-flambeau de Dieu sur la terre. Il délaissa son pays, sa maison, ses parents et tout ce qu'il avait coutume de voir avec plaisir autour de lui, et il devint un pèlerin et un étranger. ME 106.2

De même l'apôtre Paul, priant dans le temple de Jérusalem, entendit ce message: “Va, je t'enverrai au loin vers les nations.” Actes 22:21. Ainsi, ceux qui sont appelés à collaborer avec le Christ devront tout quitter pour le suivre. Les liens anciens doivent être brisés, les plans que l'on avait faits délaissés, les espoirs terrestres abandonnés. Dans la peine et les larmes, dans la solitude et le renoncement, il faut semer. ME 106.3

Ceux qui se consacrent à Dieu, corps, âme et esprit, recevront constamment de nouvelles forces physiques, intellectuelles et spirituelles. Les inépuisables réserves du ciel sont à Ieur disposition. Ils reçoivent le souffle de l'Esprit du Christ, ils vivent de sa vie. Le Saint-Esprit travaille avec puissance dans leur cœur et leur intelligence. La grâce de Dieu développe et multiplie leurs facultés, et toutes les perfections de la nature divine viennent les assister alors qu'ils travaillent au salut des âmes. En coopérant avec le Christ, ses serviteurs sont rendus parfaits en lui et, dans leur humaine faiblesse, ils sont capables d'accomplir les actes de la Toute-Puissance. ME 106.4

Le Rédempteur n'acceptera pas un service partagé. Journellement, le ministre de Dieu doit apprendre le sens du véritable renoncement. Il faut qu'il étudie la Parole de Dieu, qu'il la comprenne et qu'il obéisse à ses préceptes. Ainsi, il pourra atteindre l'idéal de la perfection chrétienne. Jour après jour, Dieu travaillera avec lui, parachevant le caractère qui devra soutenir l'épreuve finale. Et jour après jour, le croyant fera, sous les yeux des hommes et des anges, une sublime expérience, montrant ce que l'Evangile peut faire pour des êtres déchus. ME 107.1

Quand le Christ appela ses disciples à le suivre, il ne leur fit pas espérer d'avantageuses positions ici-bas. Il ne leur promit pas des bénéfices ou des honneurs terrestres, et ils ne firent eux-mêmes aucune allusion à ce qu'ils pourraient recevoir. A Matthieu, assis au bureau des péages, le Sauveur dit: “Suis-moi. Cet homme se leva et le suivit.” Matthieu 9:9. Matthieu, avant de se mettre au service du Maître, n'attendit pas qu'un salaire lui fût fixé qui pût égaler ce que lui rapportait son occupation précédente. Sans une question, sans une hésitation, il suivit Jésus. Etre avec le Sauveur, entendre ses paroles et s'associer à son œuvre, cela lui suffisait. ME 107.2

Il en avait été de même avec les disciples précédemment appelés. Lorsque Jésus donna à Pierre et à ses compagnons l'ordre de le suivre, ils quittèrent immédiatement bateaux et filets. Certains disciples avaient des amis qui avaient besoin de leur aide; mais quand ils reçurent l'invitation du Sauveur, ils n'hésitèrent pas et ne demandèrent pas: “Comment subsisterons-nous, nous et nos familles?” Ils obéirent à l'appel et lorsque Jésus, plus tard, leur demanda: “Quand je vous ai envoyés sans bourse, sans sac, et sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose?” Ils purent répondre: “De rien.” Luc 22:35. ME 107.3

Aujourd'hui, le Seigneur nous appelle comme il appela Matthieu, Jean et Pierre. Si son amour a touché nos cœurs, la question d'une compensation ne nous viendra même pas à l'esprit. Nous nous réjouirons d'être ouvriers avec le Christ, et nous ne craindrons pas d'avoir confiance en sa sollicitude. Si Dieu est notre force, nous percevrons clairement notre devoir et nos aspirations seront dépourvues d'égoïsme. Notre vie sera animée par un noble idéal qui nous élèvera au-dessus des motifs sordides. ME 108.1

Beaucoup de ceux que le Seigneur pourrait employer n'écoutent pas assez sa voix et ne lui obéissent pas avant tout. Des parents et des amis, des habitudes et des liens anciens les retiennent si fortement que Dieu peut à peine les instruire et leur communiquer une connaissance de ses plans. Le Seigneur ferait beaucoup plus pour ses serviteurs s'ils se consacraient entièrement à lui, plaçant son service au-dessus de tous les liens de parenté et de toutes les associations terrestres. ME 108.2