Jésus-Christ
Chapitre 37 — Les premiers évangélistes
Ce chapitre est basé sur Matthieu 10; Marc 6:7-11; Luc 9:1-6.
Les apôtres étaient membres de la famille de Jésus, et ils l’avaient accompagné dans ses voyages à pied à travers la Galilée. Ils avaient partagé ses peines et ses privations. Ils avaient marché et conversé avec le Fils de Dieu, écoutant ses discours, apprenant de lui à travailler pour le bien de l’humanité. Pendant que Jésus s’occupait des vastes multitudes rassemblées autour de lui, ses disciples se tenaient à sa disposition, prêts à exécuter ses ordres et à le seconder dans son travail. Ils assignaient à chacun sa place, ils amenaient au Sauveur ceux qui étaient affligés de quelque maladie, et ils mettaient tout le monde à l’aise. Ils cherchaient les auditeurs qui manifestaient le plus d’intérêt afin de leur expliquer les Ecritures et de travailler, de diverses manières, à leur développement spirituel. Ils communiquaient les enseignements qu’ils avaient reçus de Jésus, enrichissant ainsi, tous les jours, leur expérience. Il y avait une expérience qu’ils n’avaient pas encore faite: celle de travailler seuls. Ils avaient encore besoin de s’instruire davantage, d’acquérir plus de patience et plus de douceur. Pendant qu’il était avec eux pour les conseiller et redresser leurs erreurs, le Sauveur les envoya comme ses représentants. JC 339.1
L’enseignement des prêtres et des pharisiens avait été souvent pour les disciples un sujet de perplexité, mais ils soumettaient leurs doutes à Jésus et le Maître leur présentait des vérités de l’Ecriture en opposition avec la tradition, affermissant ainsi leur confiance en la Parole de Dieu, et les affranchissant, dans une grande mesure, de la crainte des rabbins et de l’esclavage de la tradition. L’exemple de la vie du Sauveur joua, dans la formation des disciples, un rôle plus important que l’enseignement théorique. Une fois éloignés de lui, ils se souvinrent de son regard, du ton de sa voix et des moindres mots qu’il avait dits. Souvent, quand ils entraient en conflit avec les ennemis de l’Evangile, il leur arrivait de répéter ses paroles, et c’était une grande joie pour eux d’en constater les effets. JC 339.2
Ayant appelé les douze, Jésus les envoya deux à deux dans les villes et les villages. Personne ne partit seul; le frère fut associé au frère, l’ami à l’ami. Ils pourraient ainsi s’encourager mutuellement, prendre conseil l’un de l’autre et prier ensemble, la force de l’un venant au secours de la faiblesse de l’autre. Plus tard il envoya, de la même manière, les soixante-dix disciples. C’était le dessein du Sauveur que les messagers de l’Evangile fussent ainsi unis. Notre œuvre d’évangélisation porterait beaucoup plus de fruits si nous suivions de plus près cet exemple. JC 340.1
Les disciples devaient répéter le message qui avait été celui de Jean-Baptiste et du Christ lui-même: “Le royaume des cieux est proche.” Ils ne devaient pas se livrer à des discussions concernant la messianité de Jésus de Nazareth; mais accomplir, en son nom, les œuvres de miséricorde qu’il avait faites. Il leur donna cet ordre: “Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.” JC 340.2
Au cours de son ministère, Jésus consacra plus de temps à guérir les malades qu’à prêcher. Ses miracles attestaient que, selon ses propres paroles, il n’était pas venu pour perdre, mais pour sauver. Sa justice marchait devant lui et la gloire du Seigneur était son arrière-garde. Partout où il allait, il était précédé par l’annonce de ses miséricordes. Après son passage les malades qui avaient été l’objet de sa compassion jouissaient de la santé et faisaient usage des facultés recouvrées. Les gens s’assemblaient autour d’eux pour les entendre raconter ce que le Seigneur avait fait. Sa voix était le premier son que beaucoup eussent jamais entendu, son nom le premier mot prononcé, son visage le premier contemplé. Comment auraient-ils pu ne pas aimer Jésus et ne pas célébrer ses louanges? Il passait par les villes et les villages, tel un courant vivifiant, répandant la vie et la joie. JC 340.3
Les disciples du Christ sont appelés à travailler comme il l’a fait. Nous devons nourrir ceux qui ont faim, vêtir ceux qui sont nus et consoler ceux qui souffrent, ceux qui sont affligés, nous occuper de ceux qui désespèrent, et leur rendre l’espérance. Alors s’accomplira, pour nous aussi, cette promesse: “Ta justice marchera devant toi et la gloire de l’Eternel sera ton arrière-garde.”1 L’amour du Christ, manifesté dans un ministère désintéressé, aura plus d’effet, pour corriger les malfaiteurs, que l’épée du magistrat. Celle-ci est nécessaire pour inspirer de la crainte aux violateurs de la loi, mais un missionnaire aimant peut obtenir bien davantage. Il arrive souvent qu’un cœur endurci par les reproches s’attendrit sous l’effet de l’amour du Christ. Le missionnaire peut non seulement soulager ceux qui sont atteints de maladies physiques: il peut aussi conduire le pécheur auprès du grand Médecin capable de purifier son âme de la lèpre du péché. Dieu veut que, par l’intermédiaire de ses serviteurs, sa voix soit entendue des malades, des malheureux, des possédés. Il veut, par des instruments humains, apporter au monde une consolation inconnue de celui-ci. JC 341.1
Les disciples devaient effectuer leur première tournée missionnaire uniquement parmi “les brebis perdues de la maison d’Israël”. Leur influence auprès des Juifs eût été nulle s’ils avaient, dès ce moment, prêché l’Evangile aux païens ou aux Samaritains. En allant à l’encontre des préjugés des pharisiens, ils se seraient engagés dans des controverses qui les eussent découragés, dès le début de leurs efforts. D’ailleurs les apôtres, eux-mêmes, comprenaient difficilement que l’Evangile serait apporté à toutes les nations. Aussi longtemps qu’ils ne pouvaient saisir cette vérité, ils étaient impropres à l’accomplissement d’une œuvre parmi les païens. D’autre part, d’après le dessein de Dieu, les Juifs étant appelés à devenir ses messagers auprès d’eux, devaient donc être les premiers à entendre le message. JC 341.2
Dans tout le vaste champ où le Christ avait exercé son activité, se trouvaient des âmes conscientes de leurs besoins, ayant faim et soif de vérité. Le moment était venu d’apporter à ces cœurs avides l’annonce de son amour. Les disciples devaient être ses représentants auprès d’eux. Ainsi les croyants s’habitueraient à voir en eux des maîtres divinement institués, et ils ne se trouveraient pas sans instructeurs quand le Sauveur leur serait enlevé. JC 341.3
Les disciples devaient effectuer ce premier tour uniquement dans les endroits visités par Jésus et dans les milieux où il s’était fait des amis. Leurs préparatifs de voyage devaient être très sommaires. Rien ne devait distraire leur esprit d’une œuvre aussi importante, ou provoquer une opposition qui pourrait les gêner au cours de leurs travaux. Ils ne devaient pas adopter les vêtements des docteurs de la religion, et rien dans leur apparence ne devait dissimuler leur humble origine. Ils ne devaient pas convoquer des assemblées dans les synagogues; leur travail devait se faire de maison en maison. Ils ne devaient pas perdre leur temps dans d’inutiles salutations ou dans des réceptions. En chaque endroit ils devaient accepter l’hospitalité de ceux qu’ils jugeraient dignes et qui, en les recevant avec cordialité, croiraient recevoir le Christ lui-même. En entrant dans une demeure, ils devaient prononcer cette belle salutation: “La paix soit sur cette maison!”2 Ce foyer serait rendu heureux par leurs prières, leurs chants de louanges, et l’étude de l’Ecriture faite en famille. JC 342.1
Ces disciples devaient aller, comme des hérauts de la vérité, préparer la voie pour la venue de leur Maître. Ils devaient porter le message de la vie éternelle; la destinée des hommes dépendrait de l’attitude qu’ils prendraient à l’égard de ce message. Pour montrer combien celui-ci était solennel, Jésus dit aux disciples: “Lorsqu’on ne vous recevra pas et qu’on n’écoutera pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville et secouez la poussière de vos pieds. En vérité, je vous le dis, au jour du jugement, pour le pays de Sodome et Gomorrhe il y aura moins de rigueur que pour cette ville-là.” JC 342.2
Maintenant les yeux du Sauveur pénètrent dans l’avenir; il aperçoit les champs plus vastes dans lesquels, après sa mort, les disciples lui rendront témoignage. Son regard prophétique embrasse l’expérience de ses serviteurs à travers les siècles, jusqu’à son retour. Il annonce à ceux qui le suivent les luttes qui les attendent; il leur fait connaître la nature et le plan de la bataille et leur expose les dangers qu’ils rencontreront, les renoncements qui leur seront demandés. Il veut qu’ils sachent ce qu’il leur en coûtera de lui obéir, afin que l’ennemi ne les prenne pas par surprise. Ce n’est pas contre la chair et le sang qu’ils auront à lutter, “mais contre les principautés, contre les pouvoirs, contre les dominateurs des ténèbres d’ici-bas, contre les esprits du mal dans les lieux célestes”.3 S’ils doivent entrer en lutte contre des forces surnaturelles, ils peuvent compter sur un secours surnaturel. L’armée de Dieu renferme toutes les intelligences célestes. Dans ses rangs il y a plus que des anges. Le Saint-Esprit, le représentant du Chef de l’armée de l’Eternel, descend pour assumer la direction de la bataille. Nous pouvons avoir beaucoup d’infirmités, de péchés et de fautes graves; mais la grâce de Dieu est accessible à tous ceux qui la recherchent dans un esprit de contrition. La Toute-Puissance est engagée en faveur de ceux qui se confient en Dieu. JC 342.3
“Voici, dit Jésus, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes.” Le Christ n’a jamais sacrifié une seule vérité; mais il a toujours dit la vérité avec amour, se montrant prudent et plein d’un tact infiniment délicat dans ses rapports avec le peuple, n’usant jamais de rudesse, de paroles inutilement sévères, et ne faisant jamais, sans nécessité, de la peine à une âme sensible. Il ne blâmait pas la faiblesse humaine; s’il dénonçait, sans crainte, l’hypocrisie, l’incrédulité, l’iniquité, il avait des larmes dans la voix en prononçant ses réprimandes les plus sévères. Il pleurait sur Jérusalem, la ville qu’il aimait, parce qu’elle refusait de le recevoir, lui, le chemin, la vérité et la vie. Il considérait avec une tendre pitié ceux qui rejetaient leur Sauveur, et son cœur en fut souvent brisé, car toute âme était précieuse à ses yeux. Bien que gardant toujours une dignité divine, il s’inclinait, avec un tendre respect, devant chacun des membres de la famille de Dieu. En chaque homme il voyait une âme déchue qu’il avait pour mission de sauver. JC 343.1
Les serviteurs du Christ ne doivent pas obéir aux suggestions du cœur naturel, mais rester en communion étroite avec Dieu, afin que, s’ils sont offensés, le moi ne se dresse pas, faisant jaillir un torrent de paroles inopportunes, qui ne seront pas comme une rosée ou une douce ondée rafraîchissant les plantes flétries. C’est ce à quoi les pousse Satan; ces méthodes sont les siennes, c’est le dragon qui est en fureur; c’est l’esprit de Satan qui se révèle par la colère et les récriminations. Les serviteurs de Dieu, ses représentants, n’emploient que la monnaie du ciel, portant son effigie et son inscription. C’est par la puissance du Christ qu’ils doivent vaincre le mal. Leur force c’est la gloire du Christ. Les regards fixés sur la beauté morale du Maître, ils seront à même de présenter l’Evangile avec tact et avec douceur. Un esprit qui sait rester aimable, malgré les injures, servira plus favorablement la vérité que les arguments les plus puissants. JC 344.1
Ce ne sont pas des hommes seulement qu’on affronte, lorsqu’on s’engage dans des discussions avec les ennemis de la vérité, c’est aussi Satan et ses anges. Qu’on se rappelle alors les paroles du Sauveur: “Allez; voici, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.”4 Reposons-nous sur l’amour de Dieu, et notre esprit restera calme, même au milieu des mauvais traitements. Le Seigneur nous revêtira de son armure divine. Son Esprit influencera l’esprit et le cœur de ses disciples, pour que leurs voix n’imitent en rien le hurlement des loups. JC 344.2
Jésus continua d’instruire ses disciples en ces termes: “Gardez-vous des hommes.” Ils ne devaient pas se fier entièrement à des hommes ne connaissant pas Dieu et leur dévoiler leurs conseils, ce qui eût été donner l’avantage aux agents de Satan. Souvent les inventions humaines contrecarrent les plans de Dieu. Appelés à construire le temple du Seigneur, nous devons le faire conformément au modèle montré sur la montagne: le divin modèle. Dieu est déshonoré et l’Evangile est trahi quand ses serviteurs suivent les conseils d’hommes qui refusent de se laisser guider par le Saint-Esprit. La sagesse humaine est folie aux yeux de Dieu. C’est se tromper que de s’appuyer sur elle. JC 344.3
“Ils vous livreront aux tribunaux. ... Vous comparaîtrez à cause de moi devant des gouverneurs et devant des rois pour servir de témoignage, à eux et aux païens.” La persécution contribuera à propager la lumière. Les serviteurs du Christ seront traduits devant les grands hommes de ce monde, qui, sans cela, n’auraient jamais l’occasion d’entendre l’Evangile. La vérité a été présentée à ceux-ci sous un jour faux, la foi des disciples du Christ ayant été l’objet d’accusations mensongères. Souvent ces puissants n’ont pas d’autre moyen de connaître le véritable caractère de cette foi que le témoignage de ceux qui sont soumis à un procès à cause d’elle. Pendant l’interrogatoire des accusés, les juges ont l’occasion de recueillir leur témoignage. La grâce de Dieu permettra à ses serviteurs de faire face à toute éventualité. “Ce que vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même; car ce n’est pas vous qui parlerez, mais c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous.” Les serviteurs de Dieu, illuminés par son Esprit, présenteront la vérité avec une puissance divine et en montreront le prix. Ceux qui rejettent la vérité accuseront et opprimeront les disciples. Mais les enfants du Seigneur sont appelés à manifester la douceur du divin modèle même au milieu des privations et des souffrances, et cela jusqu’à la mort. C’est ainsi qu’éclatera le contraste entre les instruments de Satan et les représentants du Christ. Le Sauveur sera haut élevé en présence des gouverneurs et du peuple. JC 345.1
Les disciples ne furent dotés du courage et de la fermeté des martyrs qu’au temps où cette grâce leur devint nécessaire. Alors s’accomplit la promesse du Sauveur. Quand Pierre et Jean rendirent leur témoignage devant le sanhédrin, les Juifs “furent étonnés. ... Ils les reconnaissaient pour avoir été avec Jésus.”5 Il a été écrit à propos d’Etienne: “Tous ceux qui siégeaient au sanhédrin fixaient les regards sur lui et virent son visage comme celui d’un ange.” “Ils n’étaient pas capables de résister à la sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait”.6 Paul, parlant de son procès à la cour des Césars, dit: “Dans ma première défense, personne ne m’a assisté, mais tous m’ont abandonné. ... C’est le Seigneur qui m’a assisté et qui m’a fortifié, afin que la prédication soit portée par moi à sa plénitude et entendue de tous les païens. Et j’ai été délivré de la gueule du lion.”7 JC 345.2
Les serviteurs du Christ ne devaient pas étudier, à l’avance, les discours qu’ils auraient à prononcer devant les magistrats. Leur préparation consistait à accumuler, jour après jour, comme un trésor dans leurs cœurs, les précieuses vérités de la Parole de Dieu, et à affermir leur foi par la prière. Au moment critique le Saint-Esprit rappellerait à leur souvenir les vérités nécessaires. JC 346.1
Un effort incessamment renouvelé, en vue de connaître Dieu et Jésus-Christ qu’il a envoyé, rendrait l’âme forte et intelligente. La connaissance acquise par une étude assidue des Ecritures, reviendrait à la mémoire au moment voulu. Mais quelqu’un qui aurait négligé de se familiariser avec les paroles du Christ, et qui n’aurait jamais, dans l’épreuve, fait l’expérience de la puissance de sa grâce, ne pourrait espérer que le Saint-Esprit lui remît en mémoire les paroles de Dieu. Les disciples devaient servir Dieu chaque jour d’un cœur non partagé, et, ensuite, s’attendre à lui. JC 346.2
La haine de l’Evangile allait prendre de telles proportions que les liens terrestres les plus tendres seraient méconnus. Les disciples du Christ seraient trahis et livrés à la mort par les membres de leur propre famille. “Vous serez haïs de tous à cause de mon nom, ajouta le Christ, mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé.”8 Il les exhorta toutefois à ne pas s’exposer à la persécution, sans nécessité. Souvent lui-même passait d’un champ d’activité à un autre afin d’échapper à ceux qui en voulaient à sa vie. Quand il se vit rejeté à Nazareth, quand ses propres concitoyens cherchèrent à le tuer, il descendit à Capernaüm, où tous furent étonnés de l’entendre, “car il parlait avec autorité”.9 De même, ses serviteurs ne devaient pas se laisser décourager par la persécution, mais se réfugier dans un endroit où ils pourraient continuer de travailler au salut des âmes. JC 346.3
Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. Le Prince du ciel a été appelé Béelzébul, et ses disciples seront calomniés de la même manière. Les disciples du Christ, fuyant toute dissimulation, doivent confesser leurs principes, quel que soit le danger. Ils ne peuvent pas, pour annoncer la vérité, attendre le moment de le faire en toute sûreté. Placés comme des sentinelles, pour avertir les hommes du péril, ils doivent communiquer à tous, gratuitement et ouvertement, la vérité qu’ils ont reçue du Christ. Jésus a dit: “Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en plein jour, et ce que vous entendez à l’oreille, prêchez-le sur les toits.” JC 346.4
Jésus lui-même n’a jamais acquis la paix au prix d’un compromis. Bien que son cœur débordât d’amour pour toute la famille humaine, il n’eut pas de faiblesse pour leurs péchés, aimant trop les hommes pour garder le silence alors qu’il voyait courir à la ruine ces âmes rachetées au prix de son sang. Il s’efforçait d’obtenir que l’homme fût fidèle à lui-même, à ses intérêts supérieurs et éternels. Les serviteurs du Christ accompliront la même œuvre et prendront garde, qu’en voulant prévenir la discorde, ils ne sacrifient la vérité. Ils doivent rechercher “ce qui contribue à la paix”,10 cependant une paix réelle ne peut être obtenue en trahissant des principes et personne ne peut rester fidèle à un principe sans provoquer de l’opposition. Un christianisme vraiment spirituel suscitera l’antagonisme des enfants de la désobéissance. Mais Jésus dit aux disciples: “Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme.” Quiconque est fidèle à Dieu n’a pas à redouter le pouvoir des hommes ni la haine de Satan. En Christ la vie éternelle est assurée. Il n’y a qu’une chose à craindre: c’est d’abandonner la vérité et de tromper ainsi la confiance dont Dieu nous a honorés. JC 347.1
C’est l’œuvre de Satan de remplir les cœurs de doute. Il s’efforce de faire voir en Dieu un juge implacable. Il entraîne d’abord les hommes au péché, puis les fait désespérer de leur misère au point qu’ils n’osent plus s’approcher du Père céleste et rien attendre de sa pitié. Le Seigneur comprend tout cela. Jésus donne aux disciples l’assurance que l’amour de Dieu leur sera acquis dans tous leurs besoins, dans toutes leurs faiblesses. Il n’y a pas un soupir, pas une douleur, pas un chagrin qui ne trouve un écho dans le cœur du Père. JC 347.2
La Bible nous montre Dieu en un lieu élevé et saint, non pas dans l’inaction, le silence et la solitude, mais entouré par des myriades de myriades de saintes intelligences, toutes prêtes à exécuter ses ordres. Par des moyens que nous ne pouvons apercevoir, il est en communication active avec toutes les parties de son domaine. Mais c’est au sein de ce monde infime et dans les âmes pour lesquelles il a donné son Fils unique, que se trouvent concentrés son intérêt et celui du ciel tout entier. Du haut de son trône Dieu se penche pour entendre le cri de l’opprimé. Il répond à toute prière sincère: “Me voici”. Il relève ceux qui sont dans l’angoisse et foulés aux pieds. Chaque fois que nous nous trouvons dans la tentation ou dans l’épreuve, l’ange de sa présence se tient près de nous pour nous délivrer. JC 348.1
Pas un passereau ne tombe à terre sans la permission du Père. La haine que Satan nourrit à l’égard de Dieu lui fait haïr tout ce qui est l’objet des soins du Sauveur. Il s’efforce de gâter le chef-d’œuvre divin, et trouve son plaisir à détruire même des créatures inférieures. C’est à la protection divine que les oiseaux doivent de pouvoir nous réjouir par leurs joyeux chants. Il n’oublie même pas les passereaux, dont pas un ne tombe à terre sans la permission du Père. “Soyez sans crainte, vous valez plus que beaucoup de moineaux.” JC 348.2
Jésus poursuit: Si vous me confessez devant les hommes, moi aussi je vous confesserai devant Dieu et devant les saints anges. Vous êtes appelés à être mes témoins sur la terre; par votre moyen ma grâce doit se répandre pour la guérison du monde. De mon côté je serai votre représentant dans le ciel. Le Père ne verra pas les imperfections de votre caractère car vous serez revêtus de ma perfection. C’est par moi que les bénédictions célestes arriveront jusqu’à vous. Et quiconque me confesse en prenant part à mon sacrifice en faveur des âmes perdues, je le confesserai et le ferai participer à la gloire et à la joie des rachetés. JC 348.3
Personne ne peut confesser le Christ, à moins que le Christ n’habite en lui. On ne peut donner ce que l’on n’a pas reçu. On peut disserter avec éloquence sur des doctrines, on peut même répéter les paroles du Christ; mais on ne le confesse vraiment que si l’on possède un caractère doux et aimant comme le sien. Etre animé d’un esprit contraire au sien, c’est le renier, quelque religion que l’on professe. JC 348.4
On peut renier le Christ par des médisances, des discours insensés, des paroles mensongères ou peu aimables. On peut le renier en fuyant les responsabilités, en recherchant des plaisirs malsains. On peut le renier en se conformant au monde, en manquant de courtoisie, en s’attachant à ses propres opinions, en cherchant à se justifier, en entretenant le doute, en suscitant des querelles, en demeurant dans les ténèbres. Par toutes ces choses on montre qu’on n’a pas le Christ en soi. Or, “quiconque me reniera devant les hommes, dit-il, je le renierai, moi aussi, devant mon Père qui est dans les cieux”. JC 349.1
Le Sauveur dit aux disciples de ne pas espérer voir cesser l’inimitié du monde contre l’Evangile. Il dit: “Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée.” Ce n’est pas l’Evangile qui est la cause de la guerre, mais l’antagonisme qu’il rencontre. Y a-t-il rien de plus dur à supporter, dans la persécution, que le désaccord avec les membres de sa famille, avec ses meilleurs amis? Mais Jésus déclare: “Celui qui aime père ou mère plus que moi, n’est pas digne de moi, et celui qui aime fils ou fille plus que moi, n’est pas digne de moi; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi.” JC 349.2
La mission des serviteurs du Christ constitue un grand honneur, un dépôt sacré. “Qui vous reçoit, dit-il, me reçoit, et qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.” Aucun acte de bonté accompli pour eux, en son nom, ne passera inaperçu ou ne restera sans récompense. Même les plus faibles et les plus humbles membres de la famille de Dieu sont l’objet de l’attention la plus sympathique: “Quiconque donnera à boire même un seul verre d’eau froide à l’un de ces petits en qualité de disciple — il s’agit de ceux qui sont petits dans la foi et la connaissance du Christ — en vérité, je vous le dis, il ne perdra point sa récompense.” JC 349.3
C’est ainsi que le Sauveur mit fin à ses instructions. Les douze s’en allèrent au nom du Christ, comme il était allé lui-même, “pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres; ... et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour proclamer une année de grâce du Seigneur”.11 JC 350.1