La Vie de Jésus-Christ

56/56

Chapitre 55 — L'ascension de Christ

Après la réunion de Jésus avec les frères, en Galilée, les disciples retournèrent à Jérusalem; et tandis que les onze étaient ensemble dans la ville, Jésus apparut au milieu d'eux, et leur rappela de nouveau les prophéties qui le concernaient. Il leur fit comprendre la nécessité absolue d'étudier à fond les anciennes prophéties touchant le Messie, et de les comparer avec les actes de sa vie, de sa mort, de sa résurrection, afin de voir en eux leur accomplissement. Ils devaient diligemment suivre, anneau après anneau, cette chaîne de vérité révélée par les prophètes en types et en images, représentant l'Agneau immolé dès la fondation du monde. Il leva le voile qui obscurcissait leur entendement touchant le système typique des Juifs, et ils virent alors clairement ce que signifiaient les formes et les symboles qui venaient d'être virtuellement abolis par la mort de Christ. VJC 572.1

Le Sauveur du monde était sur le point de monter, en divin conquérant, sur le trône de son Père. Il choisit le mont des Oliviers pour théâtre de la dernière manifestation de sa gloire. Accompagné des onze, il se mit en route pour la montagne. Les disciples n'avaient aucune idée que ce dût être leur dernière entrevue avec leur Maître. Il employa le temps à converser saintement avec eux, leur réitérant ses instructions précédentes. Comme ils passaient sous les portes de Jérusalem, bien des regards surpris s'arrêtèrent sur la petite troupe, conduite par celui que, quelques semaines auparavant, les sacrificateurs et les principaux avaient condamné et crucifié. VJC 572.2

Ils traversèrent le Cédron et approchèrent de Gethsémané. Là, Jésus s'arrêta, afin que ses disciples pussent se rappeler les leçons qu'il leur avait données, tandis qu'il se rendait au jardin, la nuit où il avait passé par une si grande angoisse. Il jeta un regard sur le cep qu'il avait pris comme symbole pour représenter l'union de son Eglise avec lui et son Père, et il rafraîchit la mémoire de ses disciples en répétant les vérités saisissantes qu'il leur avait présentées par des symboles. Tout, autour de lui, rappelait son amour méconnu des hommes; les disciples même, qui marchaient à ses côtés, qui étaient si chers à son cœur, avaient abandonné leur Maître dans le moment de son humiliation, lorsqu'il avait eu le plus besoin de leur sympathie et de leur consolation. VJC 572.3

Christ avait vécu dans ce monde pendant trente-trois ans; il avait supporté les moqueries, les insultes et les railleries; il avait été rejeté et crucifié. Dans ce moment, sur le point de monter sur son trône de gloire, et se rappelant l'ingratitude du peuple qu'il était venu sauver, ne lui retirera-t-il pas sa sympathie et son amour? Ses affections ne se concentreront-elles pas sur le monde où il est apprécié, et où des anges sans péché l'adorent, et sont attentifs à faire sa volonté? Non; la promesse qu'il fit à ceux qu'il aimait et laissait sur la terre, fut: “Et voici, je suis toujours avec vous jusqu'à la fin du monde.” Avant sa crucifixion, il avait prié le Père qu'ils ne fussent pas retirés du monde, mais qu'ils fussent gardés du mal qui est dans le monde. VJC 573.1

Enfin, la petite troupe atteignit le mont des Oliviers. Ce lieu avait été particulièrement sanctifié par la présence de Jésus, pendant qu'il était revêtu de son humanité. Il était consacré par ses prières et ses larmes. Lorsqu'il était entré à Jérusalem, avant ses souffrances, le versant du mont des Oliviers avait retenti des cris joyeux de la foule triomphante. Sur la pente se trouvait Béthanie, où il avait souvent trouvé du repos dans la maison de Lazare. Au pied de la montagne était le jardin de Gethsémané, où, seul, à l'agonie, il avait taché le sol de son sang. VJC 573.2

Arrivé au sommet, Jésus poursuivit son chemin jusqu'à proximité de Béthanie. Alors ils s'arrêta, et tous se groupèrent autour de lui. Des rayons de lumière semblaient émaner de sa face tandis qu'il entourait ses disciples de ses regards pleins d'amour. Il ne leur reprocha pas leurs fautes et leurs manquements; mais les dernières paroles qui s'échappèrent des lèvres du Seigneur furent pleines d'une ineffable tendresse. Les mains tendues pour les bénir, semblant les assurer de ses soins protecteurs, il monta lentement du milieu d'eux, entraîné du côté du ciel par une puissance plus forte que l'attraction terrestre. Comme il montait, les disciples frappés d'étonnement, les yeux ardemment fixés en haut, regardaient leur Maître disparaissant peu à peu. Une nuée glorieuse le reçut et le leur cacha, et au même moment leurs oreilles furent frappées de la plus suave et la plus joyeuse mélodie descendant du chœur des anges. VJC 573.3

Tandis que leurs yeux étaient toujours dirigés en haut, des voix s'adressèrent à eux, dont le timbre ressemblait à la musique qui venait de les tenir sous le charme. Ils se détournèrent, et virent deux êtres en forme d'hommes; pourtant, les disciples distinguèrent aussitôt qu'ils venaient du ciel; les anges leur adressèrent alors ces paroles d'encouragement: “Hommes galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel? Ce Jésus, qui a été enlevé d'avec vous dans le ciel, en reviendra de la même manière que vous l'y avez vu monter.”1 Ces anges faisaient partie de la cohorte d'anges qui avait attendu Jésus dans une nuée éclatante, pour l'escorter jusqu'à son trône; et par sympathie comme par amour pour ceux que le Sauveur avait quittés, ils venaient enlever toute incertitude de leur esprit, et leur donner l'assurance qu'il reviendrait sur la terre. VJC 574.1

Le ciel entier attendait le Sauveur pour l'accueillir dans les cours célestes. En montant au ciel, il ouvrait la marche, suivi de la multitude de captifs qu'il avait ressuscités lorsqu'il sortit du tombeau. Les armées célestes l'escortèrent avec des chants de joie et de triomphe. Aux portes de la cité de Dieu, une phalange innombrable d'anges attendait sa venue. Comme il approchait des portes de la ville, les anges qui escortaient la Majesté du ciel s'adressèrent, triomphants, à ceux qui étaient aux portes: “Portes, élevez vos têtes; portes éternelles, haussez-vous, et le Roi de gloire entrera.”1 VJC 574.2

Les anges qui attendent aux portes de la ville demandent en de mélodieux transports: “Qui est ce Roi de gloire?” Sur quoi les anges qui font l'escorte répondent en chants ravissants de joie: “C'est l'Eternel fort et puissant dans les combats. Portes, élevez vos têtes; élevez-les aussi, portes éternelles, et le Roi de gloire entrera.” De nouveau, les anges qui attendent demandent: “Qui est ce Roi de gloire?” et les anges qui arrivent avec le Sauveur, de répondre en notes mélodieuses: “C'est l'Eternel des armées; c'est lui qui est le Roi de gloire.” Alors les portes de la cité de Dieu sont ouvertes toutes grandes, et le cortége céleste passe au milieu d'un retentissement de musique angélique. Puis Christ prend place sur le trône de son Père, et toutes les armées célestes l'entourent. VJC 575.1

Le Sauveur présente alors les captifs qu'il a délivrés des chaînes de la mort, au prix de sa propre vie. Il place de ses mains d'immortelles couronnes sur leurs fronts; car ce sont les représentants et les exemples de ceux qui seront rachetés par le sang de Christ, de toutes nations, langues et peuples, et qui ressusciteront des morts lorsqu'il appellera les justes hors de leurs sépulcres, à sa seconde venue. Ils verront alors les marques du Calvaire dans le corps glorifié du Fils de Dieu. Leur plus grande joie sera de se trouver en présence de celui qui est assis sur le trône; et les saints, ravis, s'écrieront: “Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui .... Il se distingue entre dix mille.... Et toute sa personne est pleine de charme.” VJC 575.2

Pénétrés d'adoration et de joie, les anges se prosternent devant lui, tandis que ce chant joyeux se répercute à travers les cours célestes: “L'Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, les richesses, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire et la louange.”1 Les chants de triomphe se mêlent à la musique des harpes, et les cieux, remplis d'une délicieuse harmonie, semblent déborder d'allégresse et de louange. Le Fils de Dieu a triomphé du prince des ténèbres, il a vaincu la mort et le sépulcre, et les cieux retentissent des transports joyeux que font entendre des millions de voix qui disent: “A celui qui est assis sur le trône, et à l'Agneau, soient louange, honneur, gloire et force aux siècles des siècles!” VJC 575.3