La Vie de Jésus-Christ

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Chapitre 35 — Le sacrifice de Marie

Six jours avant la Pâque, Jésus s'arrêta dans la maison de Lazare, à Béthanie. Il était en route pour se rendre de Jérico à Jérusalem, afin d'assister à la fête de Pâque, et il s'était retiré chez Lazare pour y manger et se reposer. Une foule de gens se rendant à la ville répandirent la nouvelle que Jésus était en chemin pour se rendre à la fête, et qu'il passerait le Sabbat à Béthanie. Cette nouvelle fut reçue avec un grand enthousiasme par le peuple, car partout s'était répandu le bruit des œuvres miraculeuses de Jésus, dont la dernière et la plus étonnante était la résurrection de Lazare. Beaucoup de gens accouraient à Béthanie, quelques-uns par curiosité de voir un homme qui avait été ressuscité des morts, et d'autres parce qu'ils se sentaient attirés vers Jésus, et qu'il leur tardait de le voir et d'entendre ses paroles bénies. VJC 339.1

En s'en retournant, ils faisaient des rapports qui augmentaient l'excitation de la multitude. Tous désiraient ardemment voir et entendre Jésus, dont la renommée comme prophète s'était répandue dans tout le pays. On se demandait généralement qui était cet étonnant prophète, d'où il était venu; si Lazare qu'il avait ressuscité des morts l'accompagnerait à Jérusalem, et s'il était probable que le grand prophète fût couronné roi pendant la fête. L'attention du peuple fut tout entière portée sur Jésus et ses miracles. Les sacrificateurs et les gouverneurs virent qu'ils perdaient leur influence sur l'esprit du peuple, et leur rage contre Jésus en fut augmentée; ils attendaient son arrivée avec impatience afin de trouver l'occasion qu'ils cherchaient de satisfaire leur vengeance et de se défaire pour toujours de Jésus. Comme le temps passait, ils s'agitaient et s'inquiétaient, craignant qu'après tout Jésus ne vînt point à Jérusalem. Ils craignaient qu'il ne connût les desseins qu'ils avaient formés contre lui et ne demeurât par conséquent éloigné. Ils se souvinrent qu'il avait deviné maintes fois leurs pensées, dévoilé leurs intentions secrètes et déjoué leurs desseins meurtriers. Ils avaient de la peine à cacher leur anxiété et se demandaient les uns aux autres: “Que vous en semble? Ne viendra-t-il point à la fête?” VJC 339.2

On réunit à la hâte le conseil des sacrificateurs et des pharisiens pour décider ce qu'il fallait faire à l'égard de Jésus, à cause de l'excitation et de l'enthousiasme du peuple à son sujet. Ils reconnurent qu'il était dangereux de se saisir de lui ouvertement, sous n'importe quel prétexte, vu que depuis la résurrection de Lazare, les sympathies du peuple étaient acquises à Jésus. Ils résolurent ainsi de se servir de ruse et de le prendre secrètement, évitant tout bruit et tout conflit; on convoquerait aussi secrètement que possible un semblant de tribunal, puis, on espérerait trouver facilement moyen de tourner en sa faveur l'humeur inconstante de l'opinion publique, lorsqu'on saurait que Jésus est condamné à mort. VJC 340.1

Mais il se présenta une autre considération: s'ils faisaient mourir Jésus et que Lazare demeurât comme témoin de sa puissance miraculeuse à ressusciter des morts, le fait même qu'il existait un homme qui avait été quatre jours dans la tombe et dont le corps avait commencé à se décomposer, qui pourtant avait été rappelé à la vie et à la santé par une parole de Jésus, aurait amené une réaction et attiré le mal sur eux-mêmes pour avoir sacrifié la vie de celui qui pouvait accomplir un tel miracle au profit de l'humanité. Ils résolurent donc de faire aussi mourir Lazare. Ils étaient persuadés que si le peuple perdait confiance en ses gouverneurs, le pouvoir national serait détruit. VJC 340.2

C'est à de telles extrémités que l'envie et les préjugés peuvent amener leurs esclaves. En rejetant Christ, les pharisiens se plongeaient dans les ténèbres et la superstition, jusqu'à ce que, leur haine et leur incrédulité augmentant continuellement, ils fussent prêts à tremper leurs mains dans le sang pour accomplir leurs mauvais desseins, et fissent mourir celui même dont le pouvoir infini avait sauvé un homme de la tombe. Ils se placèrent dans une position où aucun pouvoir humain ni divin ne pouvait plus les sauver; ils péchèrent contre le Saint-Esprit; or Dieu n'a point pourvu au salut de ceux qui sont dans un cas pareil. Leur rébellion contre Jésus était préméditée et résolue; il était pour eux une pierre d'achoppement; ils ne voulaient point que Jésus régnât sur eux. Pendant que tout cela se complotait à Jérusalem, Jésus se reposait tranquillement de ses travaux dans la maison de Lazare. Simon de Béthanie, que Jésus avait guéri de la lèpre, désirant témoigner sa reconnaissance à son Maître et l'honorer d'une manière spéciale, fit un festin et l'invita avec ses amis.1 VJC 340.3

Le Sauveur se mit à table, ayant d'un côté Simon qu'il avait guéri d'une si affreuse maladie, et de l'autre Lazare qu'il avait ressuscité des morts. Marthe servait à table, tandis que Marie écoutait avec attention chacune des paroles qui sortaient de la bouche de Jésus. Elle remarqua qu'il était triste; elle savait qu'après avoir ressuscité son frère, il avait été obligé de se cacher, afin d'échapper à la persécution des principaux des Juifs. En regardant son frère plein de force et de santé, elle était remplie de reconnaissance pour Jésus qui l'avait ainsi sauvé de de la tombe. Jésus, dans sa miséricorde, avait pardonné les péchés de Marie qui avaient été graves et nombreux; et son cœur était rempli d'amour pour son Sauveur. Elle avait souvent entendu parler de sa mort prochaine, et était affligée qu'il dût aller au devant d'un sort si cruel. Au prix d'un sacrifice personnel, elle avait acheté un vase d'albâtre rempli d'un parfum de grand prix, afin d'en oindre le corps de Jésus lorsqu'il serait mort. Mais elle en entendit plusieurs exprimer l'opinion qu'il serait élevé à l'autorité royale lorsqu'il se rendrait à Jérusalem; elle n'était que trop disposée à croire qu'il en serait ainsi, et elle se réjouissait de ce que son Sauveur ne serait plus méprisé, rejeté, et obligé de fuir pour sauver sa vie. Dans son amour et sa gratitude, elle désirait être la première à lui faire honneur, et cherchant à échapper à l'observation, elle oignit sa tête et ses pieds de l'huile précieuse et essuya ses pieds de sa longue et flottante chevelure. VJC 341.1

Les convives n'avaient pas observé ses mouvements; mais bientôt la senteur du nard remplit toute la maison de son parfum, et tous s'aperçurent de ce qu'elle avait fait. Quelques-uns des disciples manifestèrent leur déplaisir de cet acte, et Judas exprima ouvertement sa désapprobation d'une telle prodigalité en pure perte. Simon, qui avait invité Jésus, était un pharisien; il fut influencé par les paroles de Judas, et son cœur fut rempli de doutes. Il pensa aussi que Marie ne devait avoir aucune communication avec Jésus, à cause de sa vie passée. Judas, le premier instigateur de cette mauvaise disposition parmi ceux qui étaient assis à table, était étranger au dévouement profond et à la vénération qui avaient porté Marie à cet acte d'amour et de reconnaissance. Il avait été choisi pour tenir la bourse commune des disciples, et s'était approprié avec mauvaise foi l'argent qui devait être employé au service de Dieu. VJC 342.1

Il avait laissé entrer l'esprit d'avarice dans son cœur jusqu'à ce qu'il fût complétement dominé par ce vice. Cet acte de Marie formait un contraste si frappant avec son égoïsme, qu'il eut honte de son péché et chercha d'attribuer son objection à un motif plus élevé. Se tournant vers les disciples, il demanda: “Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers d'argent, pour les donner aux pauvres?” Il cherchait ainsi à couvrir sa convoitise, par un amour apparent des pauvres, quand, en réalité, il ne se souciait point d'eux. VJC 342.2

Il eût désiré obtenir le prix de ce parfum précieux pour l'employer à ses propres desseins égoïstes. Par cette prétendue sympathie pour les pauvres, il trompa ses condisciples, et par ses insinuations perfides, il leur fit envisager l'acte de Marie avec défiance. On murmura bientôt, autour de la table, contre cette prodigalité: “A quoi sert cette perte? Car on pouvait vendre bien cher ce parfum, et en donner l'argent aux pauvres.” Marie fut confuse en voyant les yeux des disciples se tourner sévèrement vers elle avec un air de reproche. Il lui semblait que son acte de dévotion devait avoir quelque chose de mauvais, et elle tremblait que Jésus ne la condamnât aussi. VJC 342.3

Mais le Sauveur avait observé tout ce qui s'était passé, et il connaissait les intentions du cœur de tous ceux qui étaient présents. Il lisait le but de Marie dans son coûteux sacrifice. Quoiqu'elle eût été une grande pécheresse, sa repentance était sincère, et Jésus, tout en réprimant sa conduite passée, avait eu pitié de sa faiblesse et lui avait pardonné. Le cœur de Marie était rempli de gratitude envers son Sauveur compatissant. Sept fois elle l'avait entendu reprendre fortement les démons qui gouvernaient alors son cœur et son esprit, et elle avait entendu les ardentes prières qu'il adressait à son Père en sa faveur. Elle savait combien toute chose souillée offensait le cœur pur de Christ; elle surmonta son péché par la puissance de son Sauveur. Elle était transformée et participait à la nature divine. VJC 343.1

Marie avait offert son don comme l'hommage reconnaissant de son cœur. Jésus expliqua son intention et justifia ce qu'elle avait fait: “Laissez-la faire;” dit-il. “Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme? car elle a fait une bonne action à mon égard.” Il justifia ce qu'elle avait fait devant tous ceux qui étaient présents comme exprimant sa reconnaissance envers lui pour l'avoir relevée à une vie de pureté, et lui avoir enseigné à croire en lui. Il dit: “Elle a embaumé par avance mon corps pour ma sépulture.” L'huile odoriférante qu'elle gardait d'une manière sacrée pour oindre le corps de son Seigneur, elle l'avait répandue sur sa tête dans l'espérance qu'il allait être élevé au trône à Jérusalem. VJC 343.2

Jésus aurait pu montrer à ses disciples que Judas était la cause de ce que Marie avait été jugée si sévèrement. Il eût pu leur révéler l'hypocrisie de son caractère; il eût pu faire connaître son manque de charité pour les pauvres, et son détournement de l'argent approprié à leurs besoins. Il eût pu soulever l'indignation contre lui en dévoilant la manière dont il opprimait la veuve, l'orphelin et le mercenaire; mais il se retint de faire connaître le vrai caractère de Judas. Il ne lui fit aucun reproche, et évita ainsi de lui donner une excuse dans l'acte perfide qu'il devait bientôt commettre. Mais il réprimanda les disciples, en disant: “Vous aurez toujours des pauvres avec vous, et toutes les fois que vous voudrez, vous pourrez leur faire du bien; mais vous ne m'aurez pas toujours. Elle a fait ce qui était en son pouvoir; elle a embaumé par avance mon corps pour ma sépulture. Je vous dis en vérité que dans tous les endroits du monde où cet évangile sera prêché, ce qu'elle a fait sera aussi raconté en mémoire d'elle.” Jésus, plongeant dans l'avenir, parlait avec certitude de son Evangile qui devait être prêché dans tout le monde; des royaumes s'élèveraient et disparaîtraient, les noms des monarques et des conquérants tomberaient dans l'oubli, mais le souvenir de ce que cette femme avait fait serait immortalisé dans les pages de l'histoire sacrée. VJC 343.3

Si les disciples avaient justement apprécié le caractère élevé de leur Maître, ils n'eussent considéré aucun sacrifice trop coûteux pour être offert au Fils de Dieu. Les mages d'Orient, quoique étrangers, comprirent mieux sa vraie position et l'honneur qui lui était dû, que ses propres disciples qui avaient reçu ses instructions et vu ses étonnants miracles. Ils apportèrent des dons précieux au Sauveur, se prosternèrent et l'adorèrent lorsqu'il n'était encore qu'un petit enfant couché dans une crèche. VJC 344.1

Le regard que Jésus jeta sur l'égoïste Judas convainquit ce dernier que son Maître pénétrait son hypocrisie et discernait son caractère bas et méprisable. Il fut plein de ressentiments. Son cœur brûlait de jalousie de ce que l'on fît à Jésus un sacrifice digne des monarques du monde. Après le souper, il s'en alla directement chez le souverain sacrificateur, et s'engagea à le livrer entre leurs mains. Les sacrificateurs en eurent une grande joie. “Et ils convinrent de lui donner trente pièces d'argent. Et depuis ce temps-là, il cherchait une occasion propre pour le livrer.” VJC 344.2

Nous voyons dans la conduite de Judas le terrible résultat de l'avarice et d'une colère impie. Il regretta le prix du sacrifice fait à Jésus, et quoiqu'il ne fût pas personnellement réprimandé, il fut si irrité qu'il joignit la vengeance à l'avarice et vendit son Maître pour quelques pièces d'argent. Marie montra quelle estime elle avait du Sauveur, en ne tenant pas pour trop coûteux le don le plus précieux. Mais Judas évaluait Jésus au prix pour lequel il le vendit. Son âme vile plaçait sur une même balance la vie du Fils de Dieu et une misérable somme d'argent. VJC 344.3

Beaucoup de chrétiens de nos jours montrent le même esprit froid et calculateur. Leurs sacrifices à sa cause sont faits avec répugnance ou détournés sous les excuses les moins plausibles. Ils prétendent à une philanthropie qui n'est limitée ni par l'Eglise ni par la confession de foi, et ils disent, comme Judas qu'il vaut mieux donner aux pauvres. Mais le vrai chrétien montre sa foi en soutenant la cause de la vérité; il est connu par ses œuvres, car “la foi sans les œuvres est morte”. VJC 345.1

Jésus lisait dans le cœur de Simon; il savait qu'il avait été influencé par les insinuations de Judas et qu'il raisonnait en son cœur comme suit: “Si cet homme était prophète, il saurait sans doute qui est cette femme qui le touche, et qu'elle est de mauvaise vie.”1 Lorsque Judas eut quitté la maison, Jésus se tourna vers son hôte et lui dit: “Simon, j'ai quelque chose à te dire.” Simon répondit: “Maître! dis-le.” Puis Jésus raconta une parabole qui montrait le contraste existant entre la gratitude de son hôte qui avait été guéri de la lèpre, et celle de Marie dont les péchés avaient été pardonnés. “Un créancier avait deux débiteurs, dont l'un lui devait cinq cents deniers, et l'autre cinquante; et comme ils n'avaient pas de quoi payer, il leur quitta à tous deux leurs dettes. Dis-moi donc lequel des deux l'aimera le plus.” VJC 345.2

Simon ne discerna point l'application que Jésus en voulait faire, mais il lui répondit: “J'estime que c'est celui à qui il a le plus quitté. Jésus lui dit: Tu as fort bien jugé.” Cette réponse condamnait Simon. Il avait été un grand pécheur et un lépreux repoussant que chacun évitait. Il était venu à Jésus en implorant son secours, et celui qui ne détourne jamais son oreille de l'homme qui crie à lui, l'avait nettoyé de son péché et de la terrible maladie qui l'affligeait. Simon fut humilié; mais il avait été un orgueilleux pharisien, et il ne se regardait pas comme aussi grand pécheur qu'il l'était réellement; il était maintenant devenu juste à ses propres yeux. Il s'était cru de beaucoup supérieur à la pauvre femme qui avait oint les pieds de Jésus. En invitant Jésus chez lui, il pensait lui témoigner beaucoup de respect; mais le Sauveur avait baissé dans son estime, en permettant à Marie, qui avait été une si grande pécheresse, de lui donner des preuves de son humilité et de sa pieuse gratitude. Il oubliait le miracle que Jésus avait accompli en lui, en le sauvant d'une mort vivante, et il se demandait froidement en son cœur si Jésus pouvait bien être le Messie et recevoir l'hommage de cette femme. Il pensait que s'il était le Christ, il aurait connu celle qui s'était approchée de lui, et l'aurait repoussée. Il ne comprenait pas qu'il avait été lui-même un plus grand pécheur qu'elle, et que Christ lui avait pardonné aussi bien qu'à Marie. Il était prêt à douter de la divinité de son Maître, parce qu'il s'imaginait découvrir en lui un manque de discernement. VJC 345.3

Quant à Marie, elle était complétement pénitente et humiliée à cause de ses péchés. Dans sa reconnaissance pour le miséricordieux pardon qu'il lui avait accordé, elle était prête à tout sacrifier pour Jésus, et aucun doute quant à sa puissance divine ne venait un seul instant troubler son esprit. Ce n'étaient point les degrés respectifs d'obligation que ces deux personnes auraient dû éprouver que Jésus voulait montrer par cette parabole; car toutes deux étaient incapables de payer leur dette de reconnaissance; mais il prit Simon sur son propre terrain, comme se croyant plus juste que la femme, et lui montra que, quoique les péchés qui lui avaient été pardonnés fussent grands, il n'avait pas rendu à son bienfaiteur ce respect et cet amour qui dissipent toute incrédulité. Il avait un sentiment bien faible de l'obligation qu'il devait à son Sauveur, tandis que Marie, appréciant le don de la miséricorde qui lui avait été fait, était remplie de gratitude et d'amour. VJC 346.1

Jésus montra le contraste frappant qui existait entre eux en disant: “Vois-tu cette femme? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as point donné d'eau pour me laver les pieds; mais elle a arrosé mes pieds de larmes, et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as point donné de baiser; mais elle, depuis que je suis entré, n'a cessé de me baiser les pieds. Tu n'as point oint ma tête d'huile; mais elle a oint mes pieds d'une huile odoriférante.” L'orgueilleux pharisien considérait qu'il honorait assez Jésus en l'invitant dans sa maison, et, dans sa suffisance, il avait négligé de lui témoigner les égards dus à un hôte aussi grand, et qui avait accompli en lui un tel miracle de miséricorde. Jésus encourageait les actes de vraie courtoisie, et la femme, dont l'amour et la reconnaissance étaient exprimés dans le sacrifice qu'elle avait fait, fut hautement louée par le Seigneur. “C'est pourquoi je te dis que ses péchés, qui sont en grand nombre, lui sont pardonnés; et c'est à cause de cela qu'elle a beaucoup aimé; mais celui à qui on pardonne moins, aime moins.” VJC 347.1

Les yeux de Simon furent ouverts, et il comprit sa négligence et son incrédulité. Il fut touché de la bonté de Jésus qui ne l'avait point repris ouvertement par devant tous les convives. Il vit que le Sauveur ne voulait point dévoiler sa faute et son ingratitude par devant les autres, mais désirait le convaincre par une vraie exposition des choses, et subjuguer son cœur par sa bonté compatissante. Un reproche sévère aurait fermé le cœur de Simon à la repentance, mais un avertissement charitable le convainquit de son erreur et le gagna. Il vit la grandeur de la dette qu'il devait à son Seigneur, et devint un homme humble et charitable. VJC 347.2

Quand nous comprendrons quelle dette de gratitude nous devons à notre Sauveur, nous serons unis à lui par des liens étroits, et notre amour s'exprimera dans tous nos actes. Jésus se souviendra de toute bonne œuvre accomplie par ses enfants. Ceux qui se sacrifient et qui sont bienfaisants, vivront dans sa mémoire et seront récompensés. Aucun acte de dévouement à sa cause ne sera oublié par lui. Nous ne pouvons offrir, sur l'autel de notre foi, de sacrifice trop précieux. VJC 347.3