Heureux ceux qui

24/53

“Aimez vos ennemis.”

La leçon du Sauveur: “Ne résistez pas au méchant” était dure aux oreilles des Juifs belliqueux, aussi murmurèrent-ils entre eux. Mais Jésus ajouta: HCQ 62.4

“Vous avez appris qu'il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux.” HCQ 62.5

Tel était l'esprit de cette loi que les rabbins avaient réduite à un code d'exigences froides et rigides. Ils se considéraient comme meilleurs que les autres peuples, estimant que leur race leur donnait droit à des faveurs spéciales de la part de Dieu. Mais le Christ leur montra que c'était en manifestant un esprit d'amour et de miséricorde qu'ils prouveraient la supériorité de leurs principes sur ceux des publicains et des pécheurs qu'ils méprisaient. HCQ 63.1

Jésus présente à ses auditeurs celui qui règne sur l'univers sous le nouveau nom de “notre Père”. Il voulait leur faire comprendre, par là, toute la tendresse avec laquelle le cœur de Dieu soupirait après eux. Il leur enseigna que Dieu aime toutes les âmes perdues; que, “comme un père a compassion de ses enfants, l'Éternel a compassion de ceux qui le craignent”. Psaumes 103:13. Aucune religion, si ce n'est celle de la Bible, n'avait présenté une telle conception de Dieu au monde. Le paganisme enseignait à l'homme à considérer l'Être suprême avec effroi plutôt qu'avec amour, comme une divinité cruelle qui veut être apaisée par des sacrifices, et non comme un Père qui répand sur ses enfants le don de son amour. Israël lui-même s'était montré à tel point rebelle aux précieux enseignements des prophètes concernant la personne de Dieu, que cette révélation de l'amour paternel était pour eux une conception tout à fait nouvelle. HCQ 63.2

Les Juifs prétendaient que Dieu aimait ceux qui le servaient — c'est-à-dire, selon leurs idées, ceux qui répondaient aux exigences des rabbins — et que tout le reste du monde vivait dans un état de disgrâce et de malédiction. Mais Jésus déclara qu'il n'en était pas ainsi. Tous les hommes — les bons comme les mauvais — bénéficient du rayonnement de son amour, vérité qu'ils auraient pu découvrir dans la nature, “car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes”. HCQ 63.3

Ce n'est pas grâce à une puissance qui lui serait propre que chaque année la terre produit ses richesses et poursuit sa course autour du soleil. La main de Dieu dirige les planètes et assure l'ordre de leur marche à travers le firmament, et c'est par sa puissance que l'été et l'hiver, les semailles et la moisson, le jour et la nuit se suivent en une succession ininterrompue. C'est par sa parole que la végétation fleurit, que les feuilles apparaissent et que les fleurs éclosent. Tout ce dont nous jouissons, que ce soit un rayon de soleil, ou une ondée rafraîchissante, chaque parcelle de nourriture que nous prenons, chaque moment même de notre existence, tout est un don de son amour. HCQ 63.4

Alors que notre caractère était dépourvu de vertus et d'attraits, alors que, haïssables nous-mêmes, nous nous haïssions les uns les autres, notre Père céleste eut pitié de nous. “Lorsque la bonté de Dieu, notre Sauveur, et son amour pour les hommes ont été manifestés, il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde.” Tite 3:4, 5. Si nous acceptons son amour, cet amour nous rendra aimables et tendres, non seulement pour ceux que nous aimons, mais encore pour les plus coupables, les plus vicieux et les plus égarés des hommes. HCQ 64.1

Les enfants de Dieu sont ceux qui participent de sa nature. Ce n'est ni le rang terrestre, ni la naissance, ni la race, ni les privilèges religieux qui font de nous des membres de la famille céleste. C'est l'amour, un amour qui embrasse l'humanité tout entière. Même les pécheurs dont le cœur n'est pas irrémédiablement fermé à l'Esprit de Dieu sont susceptibles de répondre à la bonté; de même qu'ils rendent la haine pour la haine, ils rendront l'amour pour l'amour. Mais ce n'est que par l'Esprit de Dieu qu'ils agiront ainsi. Témoigner de la bonté aux ingrats et aux méchants, faire du bien sans rien attendre en retour, voilà les signes irréfutables auxquels on reconnaît les citoyens du royaume des cieux, et par lesquels les enfants du Très-Haut attestent leur filiation divine. HCQ 64.2