Heureux ceux qui

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“Si votre justice ne dépasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux.”

Non seulement le Sauveur, mais les disciples eux-mêmes étaient considérés par les scribes et les pharisiens comme des pécheurs, parce qu'ils ne respectaient pas les rites et les pratiques rabbiniques. Bien souvent, les disciples avaient été inquiétés et tourmentés par les réprimandes de ceux qu'ils avaient eu l'habitude de révérer comme des maîtres spirituels. Jésus dévoila le mal-fondé de leurs censures en déclarant que la justice à laquelle les pharisiens accordaient un tel prix n'avait aucune valeur. Les Israélites prétendaient être le peuple particulier et fidèle auquel Dieu avait accordé ses faveurs spéciales, alors que leur religion était dépourvue de l'essentiel: la foi qui sauve. Leur prétendue piété, leurs cérémonies, leurs traditions humaines, et même leur observance orgueilleuse des formes extérieures de la loi ne pouvaient les rendre saints. Ils ignoraient la pureté du cœur et la noblesse d'un caractère formé à l'image de celui du Sauveur. HCQ 48.3

Une religion formaliste ne suffit pas pour mettre l'âme en accord avec Dieu. La dure et froide orthodoxie des pharisiens, dénuée de repentir, de tendresse et d'amour, n'était qu'une pierre d'achoppement sur le sentier des pécheurs. Semblables au sel qui a perdu sa saveur, ils étaient impuissants à régénérer le monde ou à le préserver de la corruption. La seule foi véritable est celle qui est “agissante par la charité” (Galates 5:6) et qui purifie l'âme. C'est un levain qui transforme le caractère. HCQ 49.1

Les Juifs auraient pu trouver toutes ces vérités dans les enseignements des prophètes. Bien des siècles auparavant, le prophète Michée, répondant au soupir de l'âme humaine aspirant à la justification et à la paix avec Dieu, avait prononcé ces paroles: “Avec quoi me présenterai-je devant l'Éternel, pour m'humilier devant le Dieu Très-Haut? Me présenterai-je avec des holocaustes, avec des veaux d'un an? L'Éternel agréera-t-il des milliers de béliers, des myriades de torrents d'huile? [...] On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; et ce que l'Éternel demande de toi, c'est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu.” Michée 6:6-8. HCQ 49.2

Tout en prétendant servir Dieu très scrupuleusement, c'est eux-mêmes que les Juifs servaient. Leur justice était le fruit de leurs efforts pour observer la loi d'après leurs idées personnelles et pour servir leur propre égoïsme. Mais leur service ne pouvait être meilleur qu'eux-mêmes. En cherchant à devenir saints, ils voulaient, en somme, tirer de la souillure quelque chose de pur. La loi de Dieu est aussi sainte, et aussi parfaite que Dieu est saint et parfait. Elle révèle aux hommes la justice de Dieu. Or, par lui-même, l'homme est incapable d'observer cette loi, puisque, par nature, il est dépravé, perverti et tout à fait étranger au caractère de Dieu. Les œuvres émanant d'un cœur égoïste sont impures et “toute sa justice est comme un vêtement souillé”. Ésaïe 64:5. HCQ 49.3

La loi étant sainte, et les hommes ne pouvant atteindre à la justification par leurs efforts, les disciples du Christ doivent rechercher une justice différente de celle des pharisiens s'ils veulent entrer dans le royaume des cieux. En son Fils, Dieu leur offre la justice parfaite de la loi. S'ils ouvraient leur cœur à Jésus, la vie et l'amour de Dieu demeureraient en eux et les transformeraient à son image; ainsi, par le don gratuit de Dieu, ils posséderaient la justice exigée par la loi. Les pharisiens rejetèrent le Christ. “Ne connaissant pas la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice” (Romains 10:3), ils refusèrent de se soumettre à la justice de Dieu. HCQ 50.1

Jésus, au contraire, voulant faire comprendre à ses auditeurs en quoi consiste l'observation des commandements de Dieu, révéla dans sa vie quotidienne le caractère de son Père. HCQ 50.2