Le Grand Mouvement Adventiste

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Chapitre 10 – Le cri de minuit

« Au milieu de la nuit, on cria : Voici l’époux, allez à sa rencontre ! Alors toutes ces vierges se réveillèrent, et préparèrent leurs lampes » (Matthieu 25:6-7). GMA 121.1

Nous avons déjà parlé du délai mentionné dans la parabole des dix vierges, et nous allons maintenant donner une attention particulière à la partie de cette parabole introduite dans le texte ci-dessus, et désignée par le peuple adventiste comme étant le « cri de minuit. » Un célèbre écrivain dit à ce sujet, dans un périodique appelé le Midnight Cry, le 3 octobre 1844 : GMA 121.2

« Mais pourquoi sommes-nous arrivés à ce délai ? Parce que nous avons daté le commencement de la vision [la vision des deux mille trois cents jours] au printemps, au lieu de l’automne 457 av. J.-C. Nous avons manqué la date réelle de six mois et quelques jours de plus. Cela nous a plongés dans cette nuit d’attente pendant six mois. » GMA 121.3

Un autre écrivain, S. S. Snow, dans le Midnight Cry du 22 août 1844, parlant des deux mille trois cents jours, dit : GMA 121.4

« À la sortie du décret, ils commencèrent de restaurer et construire Jérusalem. Le décret fut d’abord publié par Cyrus, renouvelé par Darius, et achevé par Artaxerxès Longue-Main pendant la septième année de son règne. Il fut promulgué et entra en vigueur en automne de l’année 457 avant notre ère, lorsqu’Esdras, étant arrivé à Jérusalem, grâce à la bonne main du Seigneur, restaura la communauté juive, nomma les magistrats et les juges, et commença la construction du mur. » 2 GMA 121.5

Comme la période de la vision était de deux mille trois cents années complètes, il fallait toute l’année 457 et toute l’année 1843 pour faire deux mille trois cents ans, et si le décret est entré en vigueur au septième mois de 457 av. J.-C., alors la période ne prendrait pas fin avant le septième mois de 1844. Comme la célébration du dixième jour du septième mois semblait être l’événement qui marqua le début de la période, alors il était démontré de façon concluante que les deux mille trois cents jours se termineraient le dixième jour du septième mois (du calendrier juif), le 22 octobre 1844, et le moment de la purification du sanctuaire serait venu. Tous les éléments de preuve utilisés pour la fin de la période en 1843 s’appliquaient avec autant de force pour arriver à la date de 1844, et avec elle l’assurance qu’ils avaient découvert ce qui semblait être une explication certaine de la cause de leur désappointement. La manière dont les adventistes ont proclamé le « véritable cri de minuit », comme il fut ensuite nommé, ne peut être mieux illustrée qu’en citant les écrits de ceux qui étaient très engagés dans l’œuvre à l’époque. GMA 121.6

« ALLEZ À SA RENCONTRE »

Dans le Midnight Cry du 3 octobre 1844, était un article écrit par George Storrs, sous le titre, « Allez à sa rencontre, » dans lequel il disait : GMA 122.1

« Je prends mon stylo avec des sentiments que je n’ai jamais connus auparavant. Il n’y a aucun doute dans mon esprit : le dixième jour du septième mois verra la révélation de notre Seigneur Jésus Christ sur les nuées du ciel. Nous sommes à quelques jours de ce terrible événement, un horrible moment pour ceux qui ne sont pas préparés, mais glorieux pour ceux qui sont prêts. GMA 122.2

“Voici, l’Époux vient” cette année ; “allez à sa rencontre.” Nous en avons terminé avec les églises nominales et tous les méchants, sauf si ce cri peut les toucher. Notre travail consiste aujourd’hui à réveiller les “vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent à la rencontre de l’époux.” Où en sommes-nous maintenant ? “Si la vision tarde, attends-la.” N’est-ce pas là notre réponse depuis mars ou avril dernier ? Oui. Que s’est-il passé pendant que l’Époux tardait ? Toutes les vierges s’assoupirent et s’endormirent, n’est-ce pas ? Les paroles du Christ ne sont pas en échec ; et “l’Écriture ne peut être anéantie.” Il est inutile de prétendre que nous étions éveillés ; nous étions endormis, non pas sur le fait de la venue du Christ, mais sur la date. Nous sommes entrés dans le délai ; nous ne savions pas “combien de temps” il durerait, et sur ce point nous avons sommeillé. Certains d’entre nous ont dit dans leur sommeil, “ne fixons pas d’autre date !” Alors nous nous sommes endormis. Maintenant le problème est de nous réveiller. Seigneur, aide-nous, car l’aide de l’homme est vaine. Parle toi-même, Seigneur. Oh ! Que le “Père” puisse maintenant “faire connaître” le temps. GMA 122.3

LE MINUIT DU MESSAGE

Quelle est la durée du délai ? Une demi-année. Comment le savez-vous ? Parce que notre Seigneur dit, “à minuit,” tandis que l’Époux tardait. La vision était de deux mille trois cents soirs et matins, ou jours. “Un soir” ou une nuit, est la moitié de l’un de ces jours prophétiques, et dure, par conséquent, six mois. C’est toute la longueur du délai. La puissante annonce actuelle de la date a commencé vers le milieu du mois de juillet, et s’est répandue avec une grande rapidité et avec puissance, et elle est accompagnée d’une démonstration de l’Esprit, telle que je n’en ai jamais été témoin lorsque le cri était “1843”. C’est maintenant littéralement, “Allez à sa rencontre”. Il y a un abandon de tout tel que je n’avais jamais rêvé pouvoir voir. Lorsque ce cri s’empare du cœur, les agriculteurs abandonnent leurs fermes, avec leurs cultures. Il y a de grands cris avec des pleurs et des larmes, et une consécration de tous à Dieu, tels que je n’en ai jamais été témoin. Il y a une confiance dans cette vérité jamais ressentie à ce degré dans le cri précédent, et une gloire à pleurer ou à fondre en larmes qui dépasse toute compréhension, sauf pour ceux qui l’ont ressentie. GMA 122.4

Sur cette vérité présente, par la grâce, j’ai osé tout risquer, et je sens que douter à ce sujet serait offenser Dieu et me condamner à une “destruction rapide”. Je suis maintenant convaincu que, partout où ce cri a été assez entendu, “quiconque cherchera à sauver sa vie”, en se laissant aller à un “s’il ne vient pas”, ou par crainte de s’aventurer dans cette vérité, “perdra sa vie”. C’est la même foi qui conduisit Abraham à offrir Isaac, ou Noé à construire l’arche, ou Lot à quitter Sodome, ou les enfants d’Israël à se tenir debout toute la nuit en attente de leur départ d’Égypte, ou Daniel à aller dans la fosse aux lions, ou les trois Hébreux dans la fournaise ardente. Nous nous sommes imaginé que nous irions dans le royaume sans un tel test de notre foi, mais je suis satisfait que ce ne soit pas le cas. Cette dernière vérité apporte un tel test, et nul ne s’y osera s’il a peur d’être considéré comme insensé, fou, ou par toute autre insulte que les sodomites antédiluviens, une église tiède, ou des vierges endormies sont prêts à lui lancer. Une fois de plus, je crie, “Sauve-toi pour ta vie ; ne regarde pas en arrière” ; “Souvenez-vous de la femme de Lot”. » GMA 123.1

LE ROCHER PLAT DE GEORGE STORRS

Dans le Midnight Cry du 10 octobre 1844, fut imprimé, sous la plume de George Storrs, l’article qui suit, sous le titre, « La fin », mais appelé par les adventistes, « le rocher plat de George Storrs » : GMA 123.2

« Comment serons-nous prêts pour ce jour-là ? Croyez à la vérité de Dieu, et embarquez-vous dans cette aventure, avec une foi solide qui rend gloire à Dieu. Nous devons avoir le même état d’esprit que nous aurions si nous savions que nous devions mourir en ce jour, la même entière consécration à Dieu et être morts au monde. GMA 123.3

Je ne peux pas mieux illustrer ce que je veux dire que de supposer un grand rocher plat au milieu de l’océan. Une promesse est faite par un prince puissant et glorieux qu’à un moment donné il va envoyer un magnifique bateau à vapeur pour transporter dans un glorieux pays toutes les personnes qu’il trouvera là avec les preuves qu’ils ont totalement eu confiance à sa parole. Beaucoup s’aventurent sur le rocher. Certains, lorsqu’ils sont en sécurité sur le rocher, coupent la corde, et leur barque avec laquelle ils sont venus s’en va à la dérive loin d’eux, et ils ne s’en occupent plus, mais attendent l’arrivée du bateau à vapeur. Ils n’ont aucun doute de la vérité de la promesse, et risquent tout sur elle. D’autres qui viennent là pensent qu’il suffit d’être sur le rocher. Mais ils veulent être “sages” et ne veulent pas courir un trop grand risque. GMA 123.4

“Il sera fait selon votre foi” a-t-il été déclaré avant le moment où le bateau à vapeur devait arriver. Le jour arrive. Les prudents, peut-être, ont l’intention d’abandonner leurs barques, et de les laisser flotter, s’ils voient venir le bateau à vapeur. Il apparaît à l’horizon ; mais maintenant il est trop tard pour laisser aller sa barque sans être découvert ; et d’ailleurs, la même prudence dicterait maintenant de ne pas laisser flotter leurs bateaux jusqu’à ce qu’ils soient certains de ne pas être dans l’erreur concernant l’approche du navire. Maintenant, il est tellement près qu’ils ne peuvent couper la corde sans être découverts. GMA 124.1

Le bateau à vapeur arrive au rocher. “Quelle est la preuve que vous avez eu une confiance implicite dans la promesse de l’arrivée du bateau à vapeur ?” “Nous avons lâché nos bateaux, et ils flottent loin de nous, nous ne pouvons pas retourner à terre, et nous aurions péri si le bateau à vapeur n’était pas arrivé, car aucun autre navire ne passe jamais par ce rocher.” “C’est assez”, crie le commandant du bateau à vapeur ; “montez à bord ; une telle confiance ne doit pas être désappointée.” GMA 124.2

Ceux qui avaient gardé leur bateau amarré au rocher font maintenant foule et s’efforcent de monter à bord du bateau à vapeur. Le commandant leur demande : “Que signifient ces bateaux que je vois amarrés au rocher là-bas, ou dont les cordes ont été coupées seulement lorsque mon arrivée était en vue ?” Ils répondirent, “Nous avons pensé être prudents, de sorte que si le bateau à vapeur n’arrivait pas, nous aurions quelque chose pour retourner sur la terre ferme.” “Vous avez pris des dispositions pour la chair,” pleure le commandant, “Et vous avez ainsi mis en doute mes paroles ? Il vous sera fait selon votre foi. Les preuves sont contre vous. Vous avez pris des dispositions pour retourner, et maintenant vous devez récolter les fruits de votre incrédulité.” “Alors, ils ne purent y entrer à cause de leur incrédulité.” Oh, quel état de désespoir affreux ! GMA 124.3

Coupez vos cordes maintenant, frères ; laissez vos bateaux flotter à la dérive hors de la vue ; oui, faites vite avant que le signe du Fils de l’homme apparaisse. Alors il sera trop tard. Osez maintenant et osez tout. Ô, mon cœur souffre pour vous ; ne traînez pas ; poussez ce bateau ou vous êtes perdus ; car “quiconque s’efforce de sauver sa vie la perdra,” c’est ce que dit Jésus Christ, notre Seigneur et Juge. Faites vite, une fois de plus je vous en supplie, dépêchez-vous ! Laissez aller chaque bateau grâce auquel vous pensez maintenant retourner sur la terre ferme ; “s’il ne vient pas.” Ce “si” vous ruinera. C’est maintenant la dernière épreuve et tentation. Faites comme notre Seigneur a fait lors de la dernière tentation du diable : “Retire-toi, Satan,” dit-il. Alors le diable le laissa. Et “voici, des anges vinrent auprès de Jésus, et le servaient”. Il en sera de même pour vous quand vous aurez obtenu cette victoire. » GMA 124.4

L’ŒUVRE RAPIDE DU CRI DE MINUIT

Quant à la rapidité, la puissance, et l’effet du message du « cri de minuit », nous en avons une idée correcte dans les mots de N. Southard, rédacteur du journal que nous avons déjà cité, le Midnight Cry. Dans l’exemplaire en date du 31 octobre 1844, il dit : GMA 125.1

« D’abord les gens se sont généralement opposés à une date ; mais il semblait y avoir une puissance irrésistible qui accompagnait son annonce, tout se prosternait devant elle. Elle a balayé le pays à la vitesse d’une tornade, et elle atteignit les cœurs dans différents endroits lointains presque simultanément, et d’une manière explicable uniquement en supposant que Dieu était en elle. Elle produisit partout le plus profond examen du cœur et l’humiliation de l’âme devant le ciel. Elle provoqua un sevrage de l’amour des choses de ce monde, une guérison des controverses et des animosités, une confession des torts, une humiliation devant Dieu, et des supplications à Dieu pleines de remords, le cœur brisé, pour pardon et acceptation. Elle provoqua une humiliation et une prostration de l’âme telles que nous ne les avons jamais vues auparavant. Comme Dieu le commanda par Joël, quand le grand jour de Dieu serait proche, il produirait un déchirement du cœur et non pas des vêtements, et un repentir vers le Seigneur avec des jeûnes, des pleurs et des gémissements. Comme Dieu le dit par Zacharie, un esprit de grâce et de supplication fut répandu sur ses enfants ; ils se tournaient vers celui qu’ils avaient percé, et il y eut un grand deuil dans le pays, chaque famille à part, et leurs femmes à part ; et ceux qui étaient à la recherche de l’Éternel affligeaient leurs âmes devant lui. » GMA 125.2

LE PEUPLE POUSSÉ PAR UN POUVOIR SURNATUREL

Concernant encore cette proclamation excitante il dit : GMA 125.3

« Elle nous semblait avoir été si indépendante de l’homme que nous ne pouvions que la considérer être l’accomplissement du “cri de minuit”, après le retard de l’Époux, et l’assoupissement et le sommeil des vierges, lorsqu’elles allaient toutes se réveiller et préparer leurs lampes. Et le dernier travail semble avoir été fait ; car il n’y eut jamais une telle période auparavant où tous les groupes adventistes étaient si bien préparés pour la venue du Seigneur. » GMA 125.4

BIENS MATÉRIELS ABANDONNÉS

Sous l’effet de cette proclamation excitante de la doctrine adventiste, beaucoup abandonnèrent leurs biens matériels, utilisant leurs biens pour pourvoir aux besoins des orateurs dans leur travail, ou pour la diffusion de journaux et de tracts imprimés, ou pour pourvoir aux besoins des indigents, donnant ainsi au monde la meilleure preuve de leur sincérité et honnêteté ; tandis que ceux qui s’accrochaient à leurs biens terrestres, et ne firent aucun sacrifice spécial pour l’œuvre, furent marqués par les gens du monde comme ne croyant pas vraiment à ce qu’ils professaient. À titre d’illustration je donnerai deux exemples, un de chaque côté de la question. GMA 125.5

UN CHAMP DE POMMES DE TERRE

Le premier est celui d’un croyant qui vivait à New Ipswich, N.H., du nom de Hastings, qui avait un grand champ de pommes de terre magnifiques qu’il laissa en terre. Ses voisins étaient anxieux de cela et vinrent lui offrir de les déterrer et les mettre dans la cave pour lui gratuitement, s’il les laissait faire, « car », ont-ils déclaré, « il se peut que vous en ayez besoin. » « Non ! » dit M. Hastings, « Je vais laisser ce champ de pommes de terre prêcher ma foi en la proche venue du Seigneur. » GMA 126.1

Cet automne-là, comme nous pouvons l’apprendre de l’Eagle de Claremont (N.H.), du True Sun de New York, et de divers autres journaux, la récolte de pommes de terre fut une perte presque totale à cause de la « pourriture de la pomme de terre. » Tel que cela fut exprimé dans le Sun, « combien il est douloureux d’apprendre que des récoltes entières de ce précieux comestible ont été détruites par la pourriture. Un correspondant d’un journal de Philadelphie dit que la récolte de pommes de terre de cet état était ruinée. Le seul endroit, dont peu de plaintes furent entendues, est le Maine, mais même là, la récolte n’a pas échappé à la maladie. » GMA 126.2

Comme l’automne fut doux, et que les pommes de terre de M. Hastings furent laissées dans le sol jusqu’en novembre, aucune d’elles n’a pourri. Par conséquent, il avait une provision abondante pour lui-même et pour ses infortunés voisins qui avaient été si soucieux de son bien-être au mois d’octobre précédent, et qui, au printemps, furent obligés de lui acheter des semences de pommes de terre, et furent heureux de payer un bon prix pour elles. Ce qu’ils supposaient être une telle calamité pour M. Hastings, Dieu l’a tourné en une bénédiction temporelle, et non seulement pour lui, mais aussi pour ses voisins. GMA 126.3

IL RENIA SA FOI

Le second cas s’est produit dans mon propre lieu de résidence. C’était celui d’un membre d’église qui avait beaucoup à dire dans les rencontres à propos de la venue du Seigneur en automne 1844. Cet homme avait une grande propriété, et, entre autres choses, avait beaucoup de porcs justes du bon âge pour les garder jusqu’au marché de printemps. Un de mes oncles, qui n’a pas de prétention religieuse, et dont l’activité était l’achat et la vente de stock, s’est rendu chez cet adventiste de profession pour lui acheter ses porcs, mais apprit de lui qu’il ne voulait pas les vendre, qu’il allait les garder jusqu’au printemps prochain pour « les boutiques de porcs. » L’oncle est venu voir mon grand-père, qui était un croyant adventiste, et dit : « Cet homme ne croit pas ce qu’il professe. » « Pourquoi ? » demanda grand-père. « Parce que, » répondit l’oncle, « il dit que le Seigneur va venir, et que le monde s’achèvera cet automne, mais il veut garder ses porcs jusqu’au printemps prochain. Il n’a pas besoin de me parler ; il n’en croit pas un mot. » GMA 126.4

MOYENS OFFERTS TROP TARD

Il y eut des hommes qui conservèrent leurs biens, tout en luttant contre la conviction qu’ils devaient les utiliser pour faire progresser l’œuvre, jusqu’à ce qu’il fût trop tard pour les investir. De telles personnes sont venues voir ceux qui imprimaient le message, les exhortant avec larmes d’accepter leur argent, mais la réponse était, « Vous venez trop tard ! Nous avons payé toute la matière imprimée que nous pouvons faire circuler avant la fin. Nous avons loué plusieurs presses mécaniques pour fonctionner nuit et jour ; nous ne voulons plus d’argent. » Un témoin oculaire m’a affirmé qu’il vit des hommes jeter des milliers de dollars sur le bureau de l’éditeur de la Voice of Truth, et l’esprit dans l’angoisse lui demandaient de les prendre et de les utiliser. La réponse était, « Vous venez trop tard ! Nous ne voulons pas votre argent maintenant ! Nous ne pouvons pas l’utiliser ! » Puis ils ont demandé, « Ne peut-il pas être donné aux pauvres ? » La réponse était la même, « Nous avons pris des dispositions pour les besoins immédiats de tous ceux que nous pouvons atteindre. » L’esprit angoissé, les hommes ont repris leur argent, déclarant que Dieu leur fronçait les sourcils pour leur manque de foi et leur convoitise qui les conduisirent à refuser des moyens à la cause de Dieu quand ils étaient nécessaires et auraient été utilisés avec joie. GMA 127.1

DES TUTEURS DÉSIGNÉS

Le caractère et les principes de ceux qui abandonnèrent leurs cultures non récoltées et leurs boutiques désolées, pour propager la page imprimée ou pour parler et prier avec les gens, ne mettent pas en doute que de tels hommes et femmes croyaient chaque mot qu’ils disaient, et un tel pouvoir les accompagnait que les cœurs honnêtes ne pouvaient pas résister ou contredire leurs paroles. Des milliers furent conduits par ce moyen à croire à la vérité, et recherchèrent et trouvèrent la miséricorde de Dieu. GMA 127.2

Le pécheur moqueur et le professeur de foi mondain, cependant, décidèrent que ce travail de diffusion de publications adventistes devait être arrêté. Ces hommes qui travaillaient dans une commune ou dans tout un comté et qui allaient de maison en maison avec cette doctrine adventiste, négligeant leurs affaires et leurs familles, doivent être hors d’eux-mêmes, dirent-ils, et doivent donc être placés sous des gardiens. La prétendue preuve de déficience mentale manifestée par les croyants (en travaillant simplement pour le salut de leurs semblables, sans aucune preuve que les familles souffraient qu’ils aient abandonné leur travail) était une preuve insuffisante de folie ; en conséquence peu de personnes furent placées sous tutelle. À en juger par la désinvolture avec laquelle les adversaires d’aujourd’hui parlent de ce fait, on pourrait penser qu’il y eut de nombreux cas ; pourtant, dans tous mes travaux de pasteur adventiste, couvrant une période de plus de cinquante-six ans, je n’ai rencontré que deux cas de « Millérites » qui furent placés sous des gardiens. Une brève mention de ceux-ci n’est pas hors de propos. GMA 127.3

SON PROPRE GARDIEN

Le premier cas eut lieu dans l’État de New York, à moins de cinquante kilomètres de l’endroit où je vivais. Un homme qui valait environ 100.000 $ accepta la doctrine adventiste. Il donna environ la moitié de cette somme à sa femme et ses enfants, qui n’étaient pas avec lui dans la foi. Il considéra le reste comme étant sien pour utiliser comme bon lui semblait, et comme une partie fut mise dans la cause adventiste, ses enfants soulevèrent des objections, et conseillés par un juge, plaidèrent pour qu’un tuteur fût nommé pour leur père. Après que le juge eut expliqué les fonctions et le pouvoir d’un tuteur dans la gestion de la propriété, il leur a demandé de dire celui qu’ils souhaitaient nommer. Après s’être consultés ensemble pendant un certain temps, ils décidèrent qu’ils ne connaissaient pas d’homme à qui ils oseraient confier la propriété, et rapportèrent au juge qu’ils avaient choisi leur père comme son propre gardien. Le juge se tourna vers l’homme et dit, « M. ____, vos enfants vous ont choisi comme la bonne personne pour gérer votre propre propriété. Vos affaires sont justes comme elles étaient avant que vous soyez traduit devant le tribunal. » 3 GMA 128.1

UNE SITUATION RIDICULE

L’autre cas est celui de Stockbridge Howland de Topsham, Maine. Il était l’un des meilleurs mécaniciens dans toute cette partie du pays, un excellent ouvrier dans la construction de moulins et de ponts. Dans ce mouvement du « cri de minuit », M. Howland alla à cheval dans plusieurs cantons, pour diffuser des documents et des tracts adventistes de maison en maison, à la grande contrariété d’opposants et de moqueurs, qui se plaignirent que par cette distribution de tracts il négligeait son entreprise. Aussi ils obtinrent aussitôt la nomination d’un tuteur, qui trouva plus de choses à faire qu’il n’avait anticipé, car M. Howland lui envoyait tous les collecteurs de taxes et, en fait, tous ceux qui venaient avec des comptes à payer ; « car, » disait-il, « Je ne suis pas considéré comme compétent pour faire des affaires. » Peu après, le comté voulut construire un pont sur le fleuve Kennebec, un pont qui devait supporter le torrent d’eaux furieuses et la glace flottante au temps des crues printanières. Les commissaires du comté et les membres du conseil d’administration de la ville décidèrent que Stockbridge Howland était l’homme pour le travail. Quand ils sont venus avec des spécifications et un contrat pour construire le pont, il dit, ironiquement, « Messieurs, vous devrez aller voir mon gardien. Vous savez que je ne suis pas considéré compétent pour m’occuper de mes propres affaires, et vous venez à moi pour construire un pont ! » La situation était un peu trop ridicule pour des hommes raisonnables, aussi la tutelle prit fin brusquement. Il suffit de dire qu’après cela ses persécuteurs reconnurent très humblement que ce qu’ils avaient fait était injuste et injustifié. GMA 128.2