Le Grand Espoir- 3e édition

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18 - Un réformateur américain

Un fermier au cœur honnête et droit, qui avait été amené à douter de l’autorité divine des Écritures, mais qui désirait sincèrement connaître la vérité, fut l’homme que Dieu choisit spécialement pour jouer un rôle de premier plan dans la proclamation du retour du Christ. Comme beaucoup d’autres réformateurs, William Miller avait dû lutter contre la pauvreté dans sa jeunesse et avait ainsi appris les grandes leçons de vie dans l’abnégation. Les membres de la famille dont il était originaire étaient caractérisés par un esprit d’indépendance et d’amour de la liberté, par une grande capacité d’endurance et par un ardent patriotisme, traits qui étaient aussi les siens. Son père avait été capitaine dans l’armée de la révolution, et c’est aux sacrifices qu’il avait dû consentir au milieu des luttes et des souffrances de cette période agitée qu’il faut attribuer les circonstances difficiles des premières années de sa vie. GE3 233.1

William Miller était solidement bâti. Dès son enfance, il fit preuve d’une intelligence au-dessus de la moyenne, qui se développa davantage au fur et à mesure qu’il grandissait. Doté d’un esprit vif et bien structuré, il avait une soif ardente de connaissance. Bien qu’il n’ait pas eu le privilège d’aller à l’université, son amour de l’étude et ses habitudes de réflexion et de critique minutieuses firent de lui un homme d’une grande capacité de jugement et d’opinion. D’une moralité irréprochable et d’une bonne réputation, il était estimé partout pour son intégrité, ses compétences en matière de gestion et sa générosité. Très tôt, à force de courage et d’application, il acquit une certaine aisance, tout en conservant ses habitudes studieuses. Il remplit honorablement diverses fonctions civiles et militaires, et les avenues de la richesse et des honneurs semblaient lui être largement ouvertes. GE3 233.2

Sa mère était une femme d’une profonde piété. Pendant son enfance, il avait reçu une éducation religieuse. Dès son plus jeune âge, il fut entouré de déistes. C’étaient pour la plupart de bons citoyens et des hommes portés vers les actions humanitaires et généreuses, et leur influence fut d’autant plus forte. Comme ces hommes vivaient au milieu d’institutions chrétiennes, leur caractère avait, dans une certaine mesure, été modelé par leur entourage. C’est à la Bible qu’ils devaient les qualités dont ils jouissaient et qui leur avaient gagné respect et confiance. Cependant, ces dons excellents avaient été pervertis au point de se retourner contre la Parole de Dieu. En fréquentant ces hommes, William Miller fut amené à adopter leurs points de vue. Les interprétations de la Bible courantes à cette époque présentaient des difficultés qui lui semblaient insurmontables. D’autre part, sa nouvelle croyance, tout en écartant la Bible, ne lui offrait rien de mieux pour la remplacer, et il restait insatisfait. Il continua cependant à professer ces opinions pendant une douzaine d’années. Mais, à l’âge de trente-quatre ans, le Saint-Esprit le convainquit de son état de pécheur. Ses croyances antérieures ne lui donnaient aucune assurance d’un bonheur au-delà de la tombe. L’avenir lui paraissait sombre et sinistre. Se rappelant plus tard les sentiments qu’il éprouvait à cette époque, il raconte: GE3 233.3

« La perspective de l’anéantissement était pour moi une pensée froide et glaciale, et celle d’un jugement signifiait la destruction certaine pour tous. Les cieux étaient comme de l’airain au-dessus de ma tête, et la terre comme du fer sous mes pieds. L’éternité: qu’était-ce? Et la mort: pourquoi? Plus je raisonnais, plus je me trouvais éloigné d’une solution. Plus je réfléchissais, plus mes conclusions étaient confuses. J’essayais de ne plus y penser, mais je ne pouvais pas contrôler mes pensées. J’étais vraiment malheureux, mais je n’en comprenais pas la cause. Je murmurais et je me plaignais, mais je ne savais pas de qui. J’avais conscience de l’existence du mal, mais je ne savais ni comment, ni où trouver le bien. Je me lamentais, sans espoir. ” GE3 234.1

C’est dans cet état d’esprit qu’il demeura pendant quelques mois. «Soudain, raconte-t-il, le personnage d’un Sauveur s’imposa profondément à mon esprit. Il me sembla qu’il pouvait exister un être si bon et si compatissant pour faire lui-même l’expiation de nos transgressions afin de nous éviter de subir les pénalités du péché. Je sentis immédiatement combien un tel être serait aimable, et m’imaginai que je pourrais me jeter dans ses bras et me confier en sa miséricorde. Mais la question se posa à moi : comment peut-on prouver qu’un tel être existe vraiment ? Je découvris que, en dehors de la Bible, je ne pourrais jamais trouver aucune preuve de l’existence d’un tel Sauveur, ou même d’une vie à venir. [...] GE3 234.2

« Je me rendis compte que la Bible révèle précisément le genre de Sauveur dont j’avais besoin; et je me demandai, avec perplexité, comment un livre non inspiré pouvait présenter des principes si parfaitement adaptés aux besoins d’un monde déchu. Je fus forcé d’admettre que les Écritures devaient être une révélation de Dieu. Elles devinrent mes délices ; et, en Jésus, je trouvai un ami. Le Sauveur devint pour moi celui qui “se signale entre dix mille 1 ”. Les Écritures, qui auparavant me paraissaient obscures et contradictoires, devinrent maintenant “une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier 2 ”. Mon esprit s’apaisa et se sentit satisfait. Je découvris que le Seigneur Dieu était un Rocher au milieu de l’océan de la vie. La Bible devint alors mon principal sujet d’étude, et je peux vraiment dire que je la sondai avec délices. Je découvris qu’ “on ne m’en avait pas dit la moitié 3 ”. Je me demandai pourquoi je n’avais pas perçu plus tôt sa beauté et sa gloire et m’étonnai d’avoir pu la rejeter. J’y trouvai la révélation de tout ce que mon cœur pouvait désirer, et un remède pour toutes les maladies de mon âme. Je perdis tout goût pour les autres lectures et “décidai de rechercher et de connaître la sagesse 4 ” auprès de Dieu 5. ” GE3 234.3

William Miller fit une profession publique de sa foi dans la religion qu’il avait autrefois méprisée. Mais ses amis incrédules ne perdirent pas de temps pour lui présenter tous les arguments qu’il avait lui-même souvent avancés contre l’autorité divine des Écritures. Il n’était pas alors préparé à y répondre. Cependant, il se dit que si la Bible est une révélation de Dieu, elle doit être en harmonie avec elle-même; et, puisqu’elle a été donnée pour l’instruction de l’homme, elle doit être adaptée à sa compréhension. Il décida d’étudier les Écritures par lui-même et de découvrir s’il était possible de clarifier toutes ses contradictions apparentes. GE3 234.4

S’efforçant de laisser de côté toute opinion préconçue et se passant de commentaires bibliques, il compara les textes entre eux à l’aide des références marginales de sa Bible et d’une concordance biblique. Il poursuivit cette étude d’une manière régulière et méthodique : commençant par la Genèse et lisant un verset après l’autre, il n’avançait que si le sens des passages lus lui paraissait clair, de manière à le libérer de tout embarras. Lorsqu’il rencontrait un point obscur, c’était sa coutume de le comparer avec tous les autres textes qui semblaient avoir un rapport avec le sujet étudié, en laissant à chaque mot la révélation de son sens propre. Si ce qu’il en comprenait s’harmonisait avec tous les passages parallèles, la difficulté disparaissait. Ainsi, chaque fois qu’il se trouvait devant un passage difficile à comprendre, son explication lui était donnée dans un autre. En étudiant avec ferveur et dans un esprit de prière pour recevoir la lumière divine, ce qui était d’abord apparu à son esprit comme obscur devenait clair. Il fit ainsi l’expérience de la véracité des paroles du psalmiste: « La révélation de tes paroles éclaire, elle donne de l’intelligence aux naïfs 6. » GE3 235.1

Il étudia avec un profond intérêt les livres de Daniel et de l’Apocalypse en employant les mêmes principes d’interprétation que pour les autres textes et découvrit, à sa grande joie, qu’il était possible de comprendre les symboles prophétiques. Il se rendit compte que les prophéties, dans la mesure où elles s’étaient accomplies, l’avaient été littéralement; que toutes les figures, métaphores, paraboles, similitudes, etc., étaient explicitées dans leur contexte immédiat, que les termes qui les exprimaient étaient définis dans d’autres textes, et, une fois clarifiés ainsi, devaient être compris littéralement. «Je fus convaincu, raconte-t-il, que la Bible est un système de vérités révélées, données d’une manière si claire et si simple que même “les ignorants ne s’y égareront pas 7. » Maillon après maillon, la vérité récompensa ses efforts au fur et à mesure qu’il découvrait, étape par étape, les grandes lignes de la prophétie. Des anges du ciel guidaient son esprit et ouvraient le sens des Écritures à sa compréhension. GE3 235.2

En prenant le déroulement de l’accomplissement des prophéties dans le passé comme critère permettant de juger celles qui restaient encore à se réaliser, il arriva à la conviction que l’opinion populaire concernant un règne spirituel du Christ, un millénium temporel précédant la fin du monde, n’avait pas de fondement biblique. Cette doctrine, annonçant mille ans de justice et de paix précédant l’avènement personnel du Seigneur, repoussait dans un lointain avenir les terreurs du jour de Dieu. Mais, aussi séduisante qu’elle ait pu être, elle était contraire aux enseignements du Christ et de ses apôtres, qui ont déclaré que le blé et la mauvaise herbe doivent « croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson 8 », c’est-à-dire jusqu’à la fin du monde; que « les mauvais et les imposteurs progresseront toujours plus dans le mal 9 »; que « dans les derniers jours surgiront des temps difficiles 10 »; et que le royaume des ténèbres persistera jusqu’à l’avènement du Seigneur, qui le « détruira par le souffle de sa bouche » et le « réduira à rien par la manifestation de son avènement 11 GE3 235.3

L’Église apostolique ne professait pas la doctrine de la conversion du monde et d’un règne spirituel du Christ. Cette doctrine ne fut généralement acceptée par les chrétiens que vers le début du XVIIIe siècle. Comme toute autre erreur, elle eut des conséquences néfastes. Elle enseignait aux hommes à attendre l’avènement du Seigneur dans un avenir lointain et les empêchait de prendre garde aux signes qui annonçaient son approche. Elle produisait un sentiment de confiance et de sécurité illusoire et amenait de nombreuses personnes à négliger la préparation nécessaire pour rencontrer leur Seigneur. GE3 236.1

William Miller découvrit que les Écritures enseignaient clairement l’avènement littéral et personnel du Christ. L’apôtre Paul disait: « Le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec la voix d’un archange, avec le son de la trompette de Dieu, descendra du ciel 12. » Et le Sauveur avait déclaré : « Toutes les tribus de la terre [...] verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire 13. » « En effet, comme l’éclair qui jaillit au levant se voit jusqu’au couchant, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme 14.” Il sera accompagné de toutes les armées célestes: « Le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges 15. » « Il enverra ses anges avec une grande trompette, et ils rassembleront [...] ceux qu’il a choisis 16. ” GE3 236.2

C’est lors de son avènement que les justes morts ressusciteront et que les justes vivants seront changés. L’apôtre Paul déclare: « Nous ne nous endormirons pas tous ; mais tous, nous serons changés, en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette. Car elle sonnera, et les morts se réveilleront impérissables, et nous, nous serons changés. Il faut en effet que le périssable revête l’impérissable, et que le mortel revête l’immortalité 17. » Dans sa première épître aux Thessaloniciens, après avoir décrit l’avènement du Seigneur, il ajoute : « Ceux qui sont morts dans le Christ se relèveront d’abord. Ensuite, nous les vivants qui restons, nous serons enlevés ensemble avec eux, dans les nuées, à la rencontre du Seigneur, dans les air; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur 18. » GE3 236.3

Ce n’est qu’au moment de l’avènement personnel du Christ que son peuple pourra recevoir le royaume. Le Sauveur a dit : « Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s’assiéra sur son trône glorieux. Toutes les nations seront rassemblées devant lui. Il séparera les uns des autres comme le berger sépare les moutons des chèvres : il mettra les moutons à sa droite et les chèvres à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; héritez le royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde 19. » Nous avons vu, par les textes qui viennent d’être cités, que, lorsque le Fils de l’homme viendra, les morts ressusciteront impérissables et les vivants seront changés. Ce grand changement les préparera à recevoir le royaume; car l’apôtre Paul a dit «que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que le périssable n’hérite pas l’impérissable 20. » L’homme, dans son état présent, est mortel et périssable ; mais le royaume de Dieu sera impérissable et éternel. C’est pourquoi l’homme ne peut entrer dans le royaume de Dieu en conservant son état présent. Mais, lorsque Jésus viendra, il accordera l’immortalité à son peuple. C’est alors qu’il l’appellera à prendre possession du royaume dont lui-même n’a été qu’héritier. GE3 236.4

Ces textes, ainsi que d’autres semblables, prouvèrent clairement à William Miller que les événements généralement attendus avant le retour du Christ, tels qu’un règne universel de paix et l’instauration du royaume de Dieu sur la terre sont postérieurs à la seconde venue. De plus, tous les signes des temps et l’état présent du monde correspondaient à la description prophétique des derniers jours. Il fut amené à la conclusion, uniquement par l’étude des Écritures, que la période assignée à la terre pour continuer à vivre dans son état actuel était sur le point de prendre fin. GE3 237.1

« Une autre preuve qui frappa profondément mon esprit, écrit-il, c’est la chronologie des Écritures. [...] Je découvris que des événements prédits, et accomplis dans le passé, avaient souvent eu lieu dans un temps bien déterminé. Par exemple, les cent vingt années avant le déluge 21 ; les sept jours qui devaient le précéder, avec l’annonce de quarante jours de pluie 22; les quatre cents années du séjour des descendants d’Abraham en Égypte 23; les trois jours des rêves de l’échanson et du panetier du Pharaon 24 ; les sept années des rêves du Pharaon 25 ; les quarante années du peuple d’Israël dans le désert 26 ; les trois ans et demi de famine 27 ; [... ] les soixante-dix ans de captivité à Babylone 28 ; les sept temps de Nabuchodonosor 29 ; et les sept semaines, soixante-deux semaines et une semaine, qui font en tout soixante-dix semaines, assignées aux Juifs 30. Ces événements, délimités par ces périodes de temps, n’ont été d’abord qu’une prophétie; mais ils se sont accomplis conformément aux prédictions faites 31. » GE3 237.2

Lorsqu’il découvrit, en étudiant la Bible, diverses périodes chronologiques qui, selon ce qu’il en comprenait, s’étendaient jusqu’au second avènement du Christ, il ne put donc pas les considérer autrement que comme « le temps fixé 32 » que Dieu avait révélé à ses serviteurs. Moïse avait dit : « Les choses cachées appartiennent au Seigneur, notre Dieu; les choses révélées nous appartiennent, à nous et à nos fils, pour toujours 33 ”; et le Seigneur avait déclaré par la bouche du prophète Amos qu’” il ne fait rien sans avoir révélé ses secrets à ses serviteurs les prophètes 34 » Ceux qui étudient la Parole de Dieu peuvent donc s’attendre avec confiance à trouver le plus prodigieux événement de l’Histoire humaine clairement annoncé dans les Écritures de vérité. GE3 237.3

« Pleinement convaincu comme je l’étais, raconte William Miller, que “toute Écriture ... inspirée de Dieu [est] utile 35 ”, qu’elle “n’a jamais été apporté[e] par une volonté humaine : c’est portés par l’Esprit saint que des humains ont parlé de la part de Dieu 36 ”, et qu’elle “a été écrit[e] pour notre instruction, afin que, par GE3 238.1

37 ” la persévérance et par l’encouragement des Écritures, nous ayons l’espérance, je ne pouvais pas faire autrement que de considérer les prophéties chronologiques de la Bible comme faisant partie intégrante de la Parole de Dieu et ayant autant droit à ma sérieuse considération que toute autre partie des Écritures. J’eus donc le sentiment que, dans mes efforts pour comprendre ce que Dieu avait, dans sa miséricorde, jugé bon de me révéler, je n’avais aucun droit de les laisser de côté 38 GE3 238.2

La prophétie qui lui sembla révéler le plus clairement l’époque du second avènement était celle de Daniel 8.14: «Jusqu’à deux mille trois cents soirs et matins; après quoi le sanctuaire sera rétabli [purifié, d’après certaines traductions de la Bible]. » En suivant son principe de faire de l’Écriture son propre interprète, William Miller apprit qu’un jour, dans le symbolisme prophétique, représente une année 39. Il se rendit compte que la période de 2 300 jours prophétiques, ou années littérales, s’étendait bien au-delà de la fin de la dispensation juive, et ne pouvait donc pas concerner le sanctuaire de cette dispensation. GE3 238.3

William Miller acceptait l’opinion généralement professée prétendant que, dans la dispensation chrétienne, le sanctuaire représente la terre ; il comprit donc que la purification du sanctuaire prédite dans Daniel 8.14 représentait la purification de la terre par le feu au moment du second avènement du Christ. Si donc on pouvait déterminer le point de départ correct des 2 300 jours, l’époque du second avènement pourrait être facilement précisée. Ainsi serait révélé le temps du grand dénouement, l’heure où le présent état de choses, avec « tout son orgueil et toute sa puissance, toutes ses pompes et toute sa vanité, toute sa méchanceté et toutes ses oppressions, prendrait fin ”, l’heure où la malédiction serait « ôtée de la terre, la mort serait détruite, la récompense serait accordée aux serviteurs de Dieu, aux prophètes et aux saints et à ceux qui “craignent [son] nom”, et où le moment viendrait de “ruiner ceux qui ruinent la terre 40 ” ». GE3 238.4

Avec plus de ferveur que jamais, William Miller continua son étude des prophéties, consacrant des journées et des nuits entières à ce qui lui paraissait maintenant d’une importance si extraordinaire et d’un intérêt qui absorbait tout. Il constata que dans le chapitre 8 de Daniel aucune indication du point de départ des 2300 jours n’était dévoilée; l’ange Gabriel, bien qu’ayant reçu l’ordre « Fais comprendre la vision à celui-ci 41 », n’avait donné à Daniel qu’une explication partielle. Pendant que la terrible persécution qui devait fondre sur l’Église était révélée à la vision du prophète, il se sentit défaillir. Il ne put pas en supporter davantage, et l’ange le quitta pour un certain temps. Daniel nous dit: «Je fus plusieurs jours affaibli et malade. [...] J’étais atterré à cause de la vision; je ne la comprenais pas 42. » GE3 238.5

Cependant, Dieu avait ordonné à son messager: « Fais comprendre la vision à celui-ci 43. » Cette mission devait être accomplie. Obéissant à cet ordre, l’ange, quelque temps après, revint auprès de Daniel en lui disant : « Je suis sorti, maintenant, pour te communiquer l’intelligence. [...] Saisis la parole et comprends la vision 44. » Un point important de la vision du chapitre 8 était resté sans explication, à savoir celui qui concernait le temps : la période des 2 300 jours. C’est pourquoi l’ange, en reprenant son explication, insista surtout sur ce point: GE3 239.1

« Soixante-dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sacrée. [...] Sache-le donc et comprends ! Depuis qu’a été émise la parole disant de rétablir, de rebâtir Jérusalem, jusqu’à un chef ayant reçu l’onction, il y a sept semaines; pendant soixante-deux semaines, places et fossés seront rétablis, rebâtis, mais en des temps d’angoisse. Après les soixante-deux semaines, un homme ayant reçu l’onction sera retranché, et il n’aura personne pour lui. ... Il fera avec la multitude une solide alliance d’une semaine, et durant la moitié de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l’offrande 45. ” GE3 239.2

L’ange avait été envoyé auprès de Daniel dans le but précis de lui expliquer le point qu’il n’avait pas réussi à comprendre dans la vision du chapitre 8 : la déclaration concernant le temps : « Jusqu’à deux mille trois cents soirs et matins ; après quoi le sanctuaire sera rétabli [purifié, d’après certaines traductions de la Bible] 46 » Après avoir ordonné à Daniel « Saisis la parole et comprends la vision 47 », les toutes premières paroles de l’ange furent : « Soixante-dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sacrée 48. » Le mot traduit ici par « fixées » signifie littéralement « retranchées ». L’ange déclare que les soixante-dix semaines, représentant 490 années, sont « retranchées », parce qu’elles concernent spécialement les Juifs. Mais de quoi sont-elles retranchées ? Vu que les 2 300 jours sont la seule période mentionnée au chapitre 8, ce doit être de ce temps que sont retranchées les soixante-dix semaines, qui doivent donc faire partie des 2 300 jours. Ainsi, les deux périodes ont un point de départ commun. Lange déclara que les soixante-dix semaines doivent commencer « depuis qu’a été émise la parole disant de rétablir, de rebâtir Jérusalem 49. » S’il est possible de déterminer la date de cet ordre, on peut découvrir le point de départ de cette grande période de 2 300 jours. GE3 239.3

C’est au chapitre 7 du livre Esdras que ce décret nous est rapporté 50. Il fut promulgué sous sa forme la plus complète par Artaxerxès, roi de Perse, en 457 av. J.-C. Mais, au chapitre 6, il nous est dit que la Maison du Seigneur à Jérusalem fut rebâtie « d’après l’ordre de Cyrus, de Darius et d’Artaxerxès, roi de Perse 51 ». Ces trois rois, en publiant, confirmant et complétant ce décret, l’amenèrent à la perfection requise par la prophétie pour lui permettre de marquer le commencement des 2 300 années. En prenant comme date de la promulgation de cet ordre l’année 457 avant Jésus Christ, moment où ce décret fut complet, on se rendit compte que chaque détail de la prophétie concernant les soixante-dix semaines avait été accompli. GE3 239.4

« Depuis qu’a été émise la parole disant de rétablir, de rebâtir Jérusalem, jusqu’à un chef ayant reçu l’onction, il y a sept semaines ; et soixante-deux semaines 52 ”, soit, en tout, soixante-neuf semaines ou 483 années. Le décret d’Artaxerxès entra en vigueur en automne de l’année 457 avant Jésus-Christ. En partant de cette date, 483 années nous amènent jusqu’à l’automne de l’année 27 de notre ère 53. C’est à ce moment que s’accomplit cette prophétie. Le mot « Messie » signifie « celui qui a reçu l’onction ». Or en automne de l’année 27 de notre ère Jésus fut baptisé par Jean-Baptiste et reçut l’onction de l’Esprit. L’apôtre Pierre témoigna que « Dieu a conféré une onction d’Esprit saint et de puissance à Jésus de Nazareth 54 ». Le Sauveur lui-même avait déclaré: «L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres 55. » Après son baptême, il se rendit en Galilée. « Il proclamait la bonne nouvelle de Dieu et disait : Le temps est accompli 56 » GE3 240.1

« Il fera avec la multitude une solide alliance d’une semaine 57.” La «semaine» présentée ici est la dernière des soixante-dix; ce sont les sept dernières années de la période accordée spécialement aux Juifs. Au cours de cette période, qui s’étend de l’an 27 à l’an 34 de notre ère, le Christ, d’abord en personne, puis par l’intermédiaire de ses disciples, adressa l’invitation à l’étude de l’Évangile tout spécialement aux Juifs. Lorsque les apôtres partirent pour apporter la bonne nouvelle du royaume, le Sauveur leur fit cette recommandation : « Ne partez pas sur le chemin des non-Juifs, et n’entrez pas dans une ville des Samaritains ; allez plutôt vers les moutons perdus de la maison d’Israël 58. ” GE3 240.2

« Durant la moitié de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l’offrande 59. » En l’an 31 de notre ère, trois ans et demi après son baptême, notre Seigneur fut crucifié. Sa mort sacrificielle sur le Calvaire mit fin au système d’offrandes qui, pendant quatre mille ans, avait annoncé l’” agneau de Dieu 60 ». Le type avait rencontré l’antitype, et tous les sacrifices et offrandes du système cérémoniel devaient cesser à ce moment. GE3 240.3

Les soixante-dix semaines, ou 490 ans, spécialement accordées aux Juifs, prirent fin, comme nous l’avons vu, en l’an 34 de notre ère. C’est à cette époque que, sous l’instigation du Sanhédrin juif, cette nation scella son rejet de l’Évangile par le martyre d’Étienne et par la persécution des disciples du Christ. Le message du salut, cessant de se limiter au peuple élu, fut alors donné au monde entier. Les disciples, forcés par la persécution de fuir Jérusalem, « s’en allèrent proclamer partout le message 61. » « Philippe, qui était descendu dans la ville de Samarie, y proclama le Christ 62. » Pierre, divinement averti, présenta l’Évangile au centurion de Césarée, le pieux Corneille. Et l’ardent Paul, gagné à la foi en Christ, reçut la mission de porter la Bonne Nouvelle « au loin, vers les non-juifs 63 ». GE3 240.4

Jusqu’ici, chaque détail des prophéties s’est accompli de manière frappante: le commencement des soixante-dix semaines se trouve fixé sans conteste en 457 avant Jésus-Christ, et leur aboutissement en l’an 34 de notre ère. En partant de ces données, il n’y a aucune difficulté à découvrir la fin des 2 300 jours. Les soixante-dix semaines, ou 490 jours, ayant été « retranchées » des 2300 jours, il restait 1810 jours. Ces 1810 jours devaient encore s’accomplir après la fin des 490 jours. En partant de l’an 34 de notre ère, les 1810 jours s’étendent jusqu’en 1844. Les 2300 jours de Daniel 8.14 se terminent donc en 1844. Au moment de l’expiration de cette grande période prophétique, d’après le témoignage de l’ange de Dieu, le sanctuaire devait être «rétabli» (ou «purifié», selon certaines versions bibliques). C’est ainsi que fut déterminée avec précision l’époque de la purification du sanctuaire, qui, selon la croyance presque universelle, devait avoir lieu au moment du second avènement. GE3 241.1

William Miller et ses collaborateurs crurent d’abord que les 2300 jours se termineraient au printemps de 1844, alors que la prophétie attire l’attention sur l’automne de cette même année 64. La compréhension erronée de ce point produisit la déception et la perplexité dans le cœur de ceux qui avaient fixé la première date pour l’avènement du Seigneur. Mais cela n’affecta en rien la force de l’argument montrant que les 2300 jours se terminaient en 1844 et que le grand événement représenté par la purification du sanctuaire devait avoir lieu à ce moment. GE3 241.2

Au début, lorsqu’il avait entrepris l’étude des Écritures pour prouver que c’était une révélation de Dieu, William Miller ne s’était absolument pas attendu à atteindre cette conclusion. Il avait lui-même du mal à croire aux résultats de ses recherches. Mais les preuves bibliques étaient trop claires et trop puissantes pour être mises de côté. GE3 241.3

Il avait consacré deux années à l’étude de la Bible, lorsque, en 1818, il arriva à la conviction solennelle que, dans environ vingt-cinq ans, le Christ apparaîtrait pour la rédemption de son peuple. « Inutile de dire, raconte William Miller, la joie qui remplit mon cœur à cette délicieuse perspective, et l’aspiration ardente de mon âme à participer à la félicité des rachetés. La Bible était devenue pour moi un livre nouveau. C’était, en fait, un festin de l’esprit: tout ce qui était sombre, mystique ou obscur à mes yeux dans ses enseignements s’était dissipé de mon esprit devant la lumière éblouissante qui émanait de ses pages sacrées. Comme la vérité m’apparaissait brillante et glorieuse! Toutes les contradictions et les inconséquences que j’avais autrefois trouvées dans la Parole avaient disparu ; et, bien qu’il restât de nombreuses parties dont la compréhension ne me satisfaisait pas encore pleinement, tant de lumière en avait jailli pour illuminer mon esprit autrefois enténébré que j’éprouvais, en étudiant les Écritures, des délices que je n’aurais jamais supposé trouver 65.” GE3 241.4

« Avec la solennelle conviction que des événements aussi importants avaient été prédits dans les Écritures et devaient s’accomplir dans un laps de temps aussi court, la question se posa à moi avec une grande force sur mes devoirs envers le monde, vu les preuves qui avaient affecté mon propre esprit 66.” Il ne pouvait s’empêcher de penser que c’était son devoir de transmettre aux autres la lumière qu’il avait reçue. Il s’attendait à rencontrer de l’opposition de la part des impies, mais croyait avec confiance que tous les chrétiens se réjouiraient dans l’espérance de rencontrer le Sauveur qu’ils professaient aimer. Dans sa grande joie devant la perspective de cette glorieuse délivrance, destinée à se réaliser très bientôt, sa seule crainte était que beaucoup d’entre eux reçoivent cette doctrine sans examiner suffisamment les Écritures pour y trouver la démonstration de la vérité. Il hésitait donc à la présenter, de peur d’être dans l’erreur et de devenir un instrument d’égarement pour les autres. Il fut donc amené à revoir les arguments qui soutenaient les conclusions auxquelles il était arrivé et à examiner soigneusement toutes les difficultés qui s’of-fraient à son esprit. Il découvrit que ces objections s’évanouissaient devant la lumière de la Parole de Dieu comme la brume devant les rayons du soleil. Cinq années consacrées à cette étude le laissèrent pleinement convaincu que sa position était juste. GE3 241.5

Maintenant, le devoir de faire connaître aux autres ce qu’il considérait comme si clairement enseigné dans les Écritures s’imposa à lui avec une force nouvelle. « Lorsque je vaquais à mes affaires, raconte-t-il, une voix résonnait continuellement dans mes oreilles : “Va et dis au monde le danger qui le menace.” Ce texte biblique me revenait sans cesse : “Quand je dirai au méchant : Méchant, tu mourras !, si tu ne parles pas pour avertir le méchant au sujet de sa voie, ce méchant mourra dans sa faute; mais son sang, je te le réclamerai. Mais si, toi, tu avertis le méchant au sujet de sa voie, et qu’il ne revienne pas de sa voie, il mourra dans sa faute, et toi, tu sauveras ta vie 67.” J’avais le sentiment que, si les pécheurs pouvaient effectivement être avertis, des multitudes d’entre eux se repentiraient; mais s’ils n’étaient pas avertis, leur sang pourrait m’être réclamé 68 GE3 242.1

Il commença à parler de ses opinions en privé en profitant des occasions qui se présentaient, en priant pour qu’un prédicateur ressente leur force et se consacre à leur prédication. Mais il ne pouvait bannir de son cœur la conviction d’un devoir personnel à accomplir en donnant cet avertissement. Ces paroles revenaient constamment à son esprit: «Va et dis-le au monde; je te réclamerai son sang. » Il attendit pendant neuf ans, le fardeau pesant encore sur son âme, jusqu’à ce que, en 1831, il expose publiquement pour la première fois les raisons de sa foi. GE3 242.2

De même qu’Élisée fut appelé pendant qu’il labourait son champ avec ses bœufs pour recevoir le manteau de consécration à la fonction prophétique, de même William Miller fut appelé à abandonner sa charrue et à présenter au monde les mystères du royaume de Dieu. C’est en tremblant qu’il entreprit cette œuvre, en guidant ses auditeurs, pas à pas, au travers de l’accomplissement des périodes prophétiques s’étendant jusqu’au second avènement du Christ. A chaque tentative, ses forces et son courage augmentaient à la vue du vif intérêt suscité par ses paroles. GE3 242.3

Ce ne fut qu’à la demande de ses frères, dont les paroles lui parurent être l’appel de Dieu, que William Miller consentit à présenter ses convictions ouvertement. Il avait alors cinquante ans. Il n’avait pas l’habitude de parler en public, et il était affligé du sentiment de ne pas être fait pour l’œuvre qui l’attendait. Cependant, dès le début, ses travaux furent bénis d’une manière remarquable en amenant des âmes au salut. Sa première présentation fut suivie d’un réveil religieux, au cours duquel treize familles, à l’exception de deux personnes, se convertirent. On le pressa immédiatement de prêcher dans d’autres endroits, et, presque partout, ses travaux produisirent un réveil de l’œuvre de Dieu. Des pécheurs se donnèrent à Dieu. Des chrétiens se sentirent appelés à une consécration plus profonde. Des déistes et des incrédules furent amenés à reconnaître la véracité de la Bible et du christianisme. Voici le témoignage de ceux parmi lesquels il travaillait : « Il touche une catégorie de personnes que d’autres ne peuvent pas atteindre 69. » Sa prédication était conçue pour éveiller l’esprit de ses auditeurs aux grandes choses de la religion et pour tenir en échec la vague croissante de mondanité et de sensualité de son époque. GE3 242.4

Dans presque chaque ville, des vingtaines de personnes, et parfois des centaines, se convertirent suite à ses prédications. Dans de nombreux endroits, les Églises protestantes de presque toutes les dénominations lui ouvrirent leurs portes, et leurs prédicateurs l’invitèrent à œuvrer parmi eux. Sa règle invariable était de ne pas travailler dans un endroit où il n’avait pas été invité. Cependant, il se trouva bientôt dans l’impossibilité d’honorer la moitié des demandes qui affluaient. Beaucoup de ceux qui n’acceptaient pas ses opinions sur le moment exact du second avènement étaient cependant persuadés de la certitude et de la proximité de la venue du Christ et de la nécessité de s’y préparer. GE3 243.1

Dans certaines grandes villes, son travail produisit une profonde impression. Des cabaretiers abandonnèrent leur commerce et transformèrent leur débit de boissons en salle de réunions. Des maisons de jeux furent fermées. Des incrédules, des déistes, des universalistes, et même quelques-uns des débauchés les plus pervertis réformèrent leur vie. Certains d’entre eux n’avaient pas mis les pieds dans une église depuis des années. Les différentes dénominations organisèrent des réunions de prière dans divers quartiers et presque à toute heure du jour. Des hommes d’affaires se réunissaient à l’heure de midi pour prier et louer Dieu. On ne constatait aucune excitation fanatique, mais au contraire une solennité presque générale dans le cœur des gens. L’œuvre de William Miller, comme celle des premiers réformateurs, tendait plutôt à convaincre l’intelligence et à éveiller la conscience qu’à exciter seulement les émotions. GE3 243.2

En 1833, l’Église baptiste, dont William Miller était membre, lui accorda une licence de prédicateur. Un grand nombre de pasteurs de sa dénomination approuvaient aussi son œuvre, et c’est avec leur accord officiel qu’il la continua. Il voyageait et prêchait sans cesse, bien que ses travaux personnels se soient limités surtout aux États de la Nouvelle-Angleterre et du centre. Pendant plusieurs années, il paya toutes les dépenses de ses déplacements de sa propre bourse, et, par la suite, il ne reçut jamais suffisamment pour couvrir ses frais lorsqu’il se rendait là où on l’avait invité. De sorte que ses conférences publiques, bien loin de lui apporter un bénéfice financier, constituèrent un lourd fardeau pour sa fortune, laquelle alla en diminuant pendant cette partie de sa vie. C’était un père de famille nombreuse, mais, comme celle-ci était sobre et industrieuse, sa ferme suffisait à subvenir aux besoins des siens. GE3 243.3

En 1833, deux ans après que William Miller eut commencé publiquement ses prédications concernant le proche avènement du Christ, le dernier des signes promis par le Sauveur pour annoncer son retour apparut. Jésus avait dit: « Les étoiles tomberont du ciel 70. » Jean, dans l’Apocalypse, avait déclaré, en contemplant, dans une vision, les scènes qui annonçaient le jour de Dieu: « Les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme lorsqu’un figuier secoué par un grand vent laisse tomber ses figues 71. ” GE3 243.4

Cette prophétie trouva un accomplissement frappant et impressionnant dans la grande pluie de météorites du 13 novembre 1833. Ce fut le spectacle d’étoiles filantes le plus étendu et le plus merveilleux qui ait jamais été rapporté : «Tout le firmament au-dessus de l’ensemble des États-Unis était en mouvement et embrasé pendant des heures! Aucun phénomène céleste ne s’est jamais produit dans ce pays, depuis le début de la colonisation, qui ait été observé avec une admiration si intense par une partie de la communauté, et avec autant de crainte et de frayeur par l’autre. [...] Sa sublimité et sa beauté impressionnante sont encore présentes dans bien des mémoires. [...] Jamais pluie ne tomba plus serrée que ces météorites en direction de la terre; à l’est, à l’ouest, au nord et au sud, il en était de même. En un mot, le ciel tout entier semblait en mouvement. [...] Ce spectacle, tel qu’il est décrit dans le Journal du Professeur Silliman, fut observé dans toute l’Amérique du Nord. [...] De deux heures du matin jusqu’au grand jour, le firmament étant parfaitement serein et dégagé, un déploiement de luminaires brillants et étincelants se manifesta sans interruption dans le ciel tout entier 72. ” GE3 244.1

« En vérité, aucun langage humain ne peut rendre justice à la splendeur de ce magnifique spectacle; [...] quiconque ne l’a pas observé ne peut se faire une idée exacte de sa gloire. On aurait dit que toutes les étoiles du ciel s’étaient rassemblées en un seul point proche du zénith et s’élançaient simultanément, à la vitesse de l’éclair, vers chaque coin de l’horizon. Cependant, ces météores ne s’épuisaient pas: des milliers d’entre eux étaient suivis rapidement par des milliers d’autres, comme s’ils avaient été créés spécialement pour cette occasion 73. » « Il était impossible de contempler ce phénomène sans le comparer à l’image d’un figuier secoué par un grand vent et qui laisse tomber ses figues 74. » GE3 244.2

Un journal de New York publia sur ce merveilleux phénomène un long article contenant cette déclaration : « Je suppose que jamais aucun philosophe ni érudit n’a raconté ou rapporté un événement comparable à celui d’hier matin. Un prophète d’il y a dix-huit siècles l’avait prédit avec exactitude, si nous prenons la peine de comprendre que les étoiles qui tombent du ciel signifient des étoiles filantes, [...] dans le seul sens où l’événement puisse être littéralement vrai 75 GE3 244.3

Ainsi apparut le dernier des signes annonçant l’avènement de Jésus, au sujet duquel il avait ordonné à ses disciples: « Quand vous verrez tout cela, sachez [que le Fils de l’homme] est proche, aux portes 76. » Après ces signes, Jean contempla la grande manifestation qui devait avoir lieu par la suite : « Le ciel se retira tel un livre qu’on roule, et toutes les montagnes et les îles furent enlevées de leur place 77 », pendant que les méchants cherchaient à fuir devant la présence du Fils de l’homme 7878. GE3 244.4

De nombreuses personnes qui observèrent cette chute d’étoiles la considérèrent comme une annonce du jugement à venir, « un type effrayant, un signe avant-coureur certain, un signe miséricordieux de ce “jour grand et redoutable 79 ». L’attention des populations fut ainsi dirigée vers l’accomplissement de la prophétie, et beaucoup d’entre elles furent amenées à prendre garde à l’avertissement de l’approche du retour de Jésus. GE3 245.1

En 1840, un autre accomplissement remarquable de la prophétie éveilla un profond intérêt. Deux ans auparavant, Josiah Litch, l’un des principaux prédicateurs qui prêchait le second avènement, avait publié une explication du chapitre 9 de l’Apocalypse, prédisant la chute de l’Empire ottoman. D’après ses calculs, cette puissance devait être renversée « en 1840, aux environs du mois d’août». Quelques jours seulement avant cette date, il écrivit: « En admettant que la première période de 150 années se soit exactement accomplie avant que Deacozes monte sur le trône avec l’assentiment des Turcs, et que les 391 ans et 15 jours aient commencé à la fin de cette première période, celle-ci se terminerait le 11 août 1840, date à laquelle on peut s’attendre à ce que l’Empire ottoman de Constantinople soit brisé. Ceci, je le crois, se révélera être le cas 80. » GE3 245.2

Au moment spécifié, la Turquie, par l’intermédiaire de ses ambassadeurs, accepta la protection des puissances européennes alliées et se plaça ainsi sous la tutelle des nations chrétiennes. Cet événement réalisait exactement la prédiction 8181. Lorsque la chose fut connue, des multitudes furent convaincues de l’exactitude des principes d’interprétation prophétique adoptés par William Miller et par ses collaborateurs. Cela apporta un puissant élan au Mouvement du second avènement. Des hommes instruits et haut placés s’unirent à William Miller, aussi bien dans la prédication que dans la publication de ses opinions, et, de 1840 à 1844, cette œuvre s’étendit rapidement. GE3 245.3

William Miller possédait de remarquables facultés intellectuelles, disciplinées par la réflexion et par l’étude. À celles-ci s’ajoutait la sagesse du ciel à la source de laquelle il se connectait. C’était un homme de valeur, qui ne pouvait qu’attirer le respect et l’estime partout où l’on savait apprécier l’intégrité du caractère et l’excellence de la morale. Joignant une véritable bonté de cœur à l’humilité chrétienne et à la maîtrise de soi, il était prévenant et affable envers tous, prêt à écouter les opinions des autres et à soupeser leurs arguments. Sans manifester de colère ni d’excitation, il éprouvait toutes les théories et toutes les doctrines à la lumière de la Parole de Dieu; son raisonnement sain et sa connaissance approfondie des Écritures lui permettaient de réfuter l’erreur et de démasquer la fausseté. GE3 245.4

Cependant, il ne poursuivit pas son œuvre sans rencontrer une violente opposition. Comme pour les premiers réformateurs, les professeurs de religion populaires ne reçurent pas favorablement les vérités qu’il présentait. Comme des derniers ne pouvaient pas soutenir leur position par les Écritures, ils furent amenés à avoir recours aux déclarations et aux doctrines humaines et également aux traditions des Pères. Mais les prédicateurs de la vérité du second avènement ne reconnaissaient pas d’autre témoignage que la Parole de Dieu. « La Bible, et la Bible seule » était leur mot d’ordre. Leurs adversaires compensaient leur manque d’arguments bibliques en utilisant le ridicule et la moquerie. Ils consacrèrent temps, moyens financiers et talents à dénigrer ceux dont le seul crime était d’attendre avec joie le retour de leur Seigneur, en s’efforçant de vivre une vie sainte et en exhortant les autres à se préparer à cet avènement. GE3 245.5

Leurs adversaires firent de gros efforts pour détourner l’esprit du public du sujet du retour du Christ. On présenta comme un péché et comme quelque chose dont on devrait avoir honte l’étude des prophéties qui se rapportent au retour du Christ et à la fin du monde. C’est ainsi que les prédicateurs populaires sapèrent la foi en la Parole de Dieu. Leur enseignement rendit les hommes incrédules, et beaucoup d’entre eux en profitèrent pour marcher selon leurs propres convoitises impies. A la suite de quoi, les auteurs de ces maux en attribuèrent la responsabilité aux adventistes. GE3 246.1

Des foules de personnes intelligentes et attentives se pressaient dans les chapelles pour écouter William Miller. Malgré cela, la presse religieuse mentionnait rarement son nom, sauf pour le ridiculiser ou pour le dénoncer. Les insouciants ou les impies, enhardis par l’attitude des professeurs de religion, avaient recours à des adjectifs injurieux, à des plaisanteries viles et blasphématoires dans leurs efforts pour attirer l’opprobre sur sa personne et sur son œuvre. L’homme aux cheveux gris, qui avait quitté sa confortable maison pour voyager de ville en ville à ses propres frais, et travaillé sans cesse pour apporter au monde l’avertissement solennel de l’approche du jugement, était dénoncé avec mépris comme un fanatique, un menteur et un coquin spéculateur. GE3 246.2

Le ridicule, les faussetés et les injures dont on l’accablait donnèrent lieu à des protestations indignées, même dans la presse séculière. Des hommes du monde déclarèrent: «Traiter un sujet d’une aussi grande majesté et aux conséquences si graves avec légèreté et grivoiserie n’est pas seulement mépriser les sentiments de ceux qui le propagent et le défendent, mais c’est tourner en ridicule le jour du jugement et se moquer de la Divinité elle-même en bravant les terreurs de son tribunal 82. » GE3 246.3

L’instigateur de tout mal cherchait non seulement à contrecarrer les effets du message du retour du Christ, mais également à détruire le messager lui-même. William Miller touchait le cœur de ses auditeurs en faisant une application pratique de la vérité biblique, réprimant leurs péchés et perturbant leur autosatisfaction. Ses paroles simples et tranchantes éveillaient leur inimitié. L’opposition manifestée par des membres d’Église à l’égard de ses prédications enhardit les classes populaires à aller plus loin. Ses ennemis complotèrent de lui ôter la vie à la sortie d’une salle de réunions. Mais de saints anges veillaient dans la foule, et l’un d’entre eux, sous forme humaine, prit par le bras ce serviteur du Seigneur et le conduisit en lieu sûr. Son œuvre n’était pas encore achevée ; Satan et ses émissaires furent frustrés dans leurs desseins. GE3 246.4

Malgré toute cette opposition, l’intérêt pour le mouvement du second avènement n’avait cessé de croître. Les auditoires, composés au début de vingtaines ou de centaines d’auditeurs, se comptaient maintenant par milliers. Les différentes Églises avaient vu une augmentation importante du nombre de leurs membres. Mais, au bout d’un certain temps, l’esprit d’opposition se manifesta même contre ces nouveaux convertis, et les Églises commencèrent à prendre des mesures disciplinaires envers ceux qui avaient adopté les opinions de William Miller. Il fut amené à répondre à ces actions par écrit. Dans un message adressé aux chrétiens de toutes les dénominations, il les mit en demeure, si ses doctrines étaient fausses, de le lui montrer d’après les Écritures. GE3 246.5

« Qu’avons-nous cru, disait-il, que nous n’ayons pas reçu l’ordre de croire par la Parole de Dieu, qui est, vous le reconnaissez vous-mêmes, la seule règle de notre foi et de notre pratique ? Qu’avons-nous fait qui ait pu susciter contre nous d’aussi virulentes dénonciations du haut de la chaire et dans la presse et vous donner raison de nous [les adventistes] exclure de vos Églises et de votre communion? [...] Si nous sommes dans l’erreur, veuillez nous montrer en quoi consiste notre tort. Prouvez-nous, d’après la Parole de Dieu, que nous sommes dans l’erreur. on nous a suffisamment tournés en ridicule, ce qui ne pourra jamais nous convaincre que nous sommes dans l’erreur. Seule la Parole de Dieu peut nous faire changer d’opinions. Nous avons formulé nos conclusions délibérément et dans un esprit de prière au fur et à mesure que nous en avons trouvé les justifications dans les Écritures 83. ” GE3 247.1

De siècle en siècle, les avertissements que Dieu a envoyés à son peuple par l’intermédiaire de ses serviteurs ont été reçus avec la même incrédulité. Lorsque l’iniquité des antédiluviens l’amena à faire venir le déluge sur la terre, il les avertit d’abord de ses desseins pour leur laisser l’occasion de se détourner de leurs mauvaises voies. Pendant cent vingt ans retentit à leurs oreilles l’invitation à se repentir, afin d’éviter que la colère divine n’amène sur eux la destruction. Mais le message leur parut être une vaine fable, et ils ne le crurent pas. Enhardis dans leur méchanceté, ils se moquèrent du messager de Dieu, traitèrent avec légèreté ses appels et l’accusèrent même de présomption. Comment un seul homme osait-il se dresser contre tous les grands de ce monde? Si le message de Noé était vrai, pourquoi le monde entier ne le voyait-il pas et ne l’accueillait-il pas ? Les affirmations d’un seul homme contre la sagesse de milliers de personnes ! Ils refusèrent de croire à cet avertissement et de chercher refuge dans l’arche. GE3 247.2

Les moqueurs attirèrent l’attention sur les choses de la nature: la succession invariable des saisons, le ciel bleu qui n’avait jamais produit de pluie, les champs verdoyants rafraîchis par les douces rosées nocturnes; et ils s’écrièrent: « Ne nous raconte-t-il pas des fables?” Avec mépris, ils déclarèrent que ce « héraut de la justice 84» était un fanatique; et ils continuèrent leur vie, plus ardents qu’auparavant dans leur recherche du plaisir et encore plus décidés à poursuivre leurs mauvaises voies. Cependant, leur incrédulité n’empêcha pas l’événement prédit de se produire. Dieu supporta longtemps leur méchanceté et leur accorda d’abondantes occasions de se repentir ; et au moment fixé, ses jugements s’abattirent sur ceux qui avaient rejeté sa miséricorde. GE3 247.3

Le Christ déclare qu’il existera une semblable incrédulité au sujet de son second avènement. De même que les habitants du monde à l’époque de Noé «ne se doutèrent de rien jusqu’à ce que le déluge vienne et les emporte tous », le Sauveur nous dit : « il en sera de même à l’avènement du Fils de l’homme 85. » Lorsque ceux qui professent être le peuple de Dieu s’uniront au monde, vivant comme lui et se joignant à lui dans les plaisirs défendus ; lorsque le luxe du monde deviendra le luxe de l’Église ; lorsque les cloches nuptiales carillonneront et que tous attendront de nombreuses années de prospérité mondaine, alors, aussi soudainement que l’éclair qui tombe du ciel, viendra la fin de leurs brillantes visions et de leurs espérances trompeuses. GE3 247.4

De même que Dieu avait envoyé son serviteur pour avertir le monde de la venue du Déluge, de même il envoya les messagers qu’il avait choisis pour faire connaître l’approche du jugement final. Et, comme les contemporains de Noé se moquèrent des prédictions de ce « héraut de la justice », à l’époque de William Miller, de nombreuses personnes, parmi ceux qui professaient être le peuple de Dieu, agirent de même à l’égard de ses paroles d’avertissement. GE3 248.1

Pourquoi les Églises accueillirent-elles si mal la doctrine et la prédication adventistes ? Tandis que, pour les méchants, l’avènement du Seigneur apporte malheur et désolation, pour les justes il est facteur de joie et d’espérance. Cette grande vérité avait été la consolation des fidèles enfants de Dieu à travers tous les siècles. Pourquoi était-elle devenue, comme son auteur, « une pierre d’achoppement, un rocher qui cause la chute 86» de ceux qui prétendaient être son peuple ? C’est notre Seigneur lui-même qui a fait cette promesse à ses disciples : « Si donc je m’en vais vous préparer une place, je reviens vous prendre auprès de moi 87. » C’est le Sauveur compatissant qui, prévoyant la solitude et le chagrin de ses disciples, envoya des anges les réconforter en les assurant qu’il reviendrait en personne, de la même manière qu’il était monté au ciel. Pendant que les disciples regardaient fixement vers le ciel pour apercevoir une dernière fois celui qu’ils aimaient, ils entendirent ces paroles : « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à scruter le ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel 88 » Ce message de l’ange ranima l’espérance dans leur cœur. Les disciples « retournèrent à Jérusalem avec une grande joie; ils étaient constamment dans le temple et bénissaient Dieu 89.” Ils ne se réjouissaient pas de ce que Jésus avait été séparé d’eux ni de ce qu’ils étaient laissés seuls pour affronter les épreuves et les tentations de ce monde, mais à cause de la certitude, donnée par l’ange, qu’il reviendrait. GE3 248.2

La proclamation de l’avènement du Christ devrait être maintenant, comme lorsqu’elle fut faite par les anges aux bergers de Bethléem, « la bonne nouvelle d’une grande joie 90. » Ceux qui aiment vraiment le Sauveur ne peuvent que saluer avec joie l’annonce, reposant sur la Parole de Dieu, que celui en qui est centrée leur espérance de vie éternelle revient, non pour être insulté, méprisé et rejeté comme lors de son premier avènement, mais avec puissance et gloire, pour racheter son peuple. Ce sont ceux qui n’aiment pas le Sauveur qui ne désirent pas sa venue. L’irritation et l’animosité suscitées par ce message céleste sont la preuve la plus concluante que les Églises se sont éloignées de Dieu. GE3 248.3

Ceux qui acceptèrent la doctrine du retour de Jésus s’éveillèrent à leur besoin de repentance et d’humiliation devant Dieu. Beaucoup d’entre eux avaient longtemps hésité entre le Christ et le monde. Maintenant, ils avaient le sentiment qu’il était temps de prendre position. «Les valeurs éternelles revêtaient pour eux une réalité inhabituelle. Le ciel leur paraissait très proche, et ils se sentaient coupables devant Dieu 91. » Ces chrétiens naissaient à une nouvelle vie spirituelle. Ils avaient conscience que le temps était court et que ce qu’ils devaient faire pour leurs semblables devait être fait rapidement. Les choses de cette terre semblaient perdre de l’importance à leurs yeux. L’éternité semblait s’ouvrir devant eux. Le salut de leur âme, avec sa perspective de bonheur ou de malheur éternel, éclipsait tout objet temporel. L’Esprit de Dieu reposait sur eux et donnait de la puissance aux appels fervents qu’ils adressaient à leurs frères, ainsi qu’aux pécheurs, afin qu’ils se préparent pour le jour de Dieu. Le témoignage silencieux de leur vie quotidienne était une remontrance constante pour les membres d’Église formalistes non consacrés. Ceux-ci ne souhaitaient pas être perturbés dans leur recherche du plaisir, leur attachement au gain et leur ambition pour les honneurs mondains. D’où l’inimitié et l’opposition suscitées contre la foi au second avènement et contre ceux qui la proclamaient. GE3 248.4

Comme les arguments tirés des périodes prophétiques semblaient irréfutables, les adversaires s’efforcèrent de décourager l’étude de ce sujet en enseignant que les prophéties étaient scellées. Les protestants suivirent ainsi les traces de l’Église romaine. Tandis que l’Église papale ôtait la Bible aux gens du peuple 92, les Églises protestantes prétendaient qu’une partie importante de la Parole Sacrée, particulièrement celle qui présente les vérités spécialement applicables à notre époque, ne pouvait pas être comprise. GE3 249.1

Les prédicateurs, comme les gens du peuple, déclaraient que les prophéties de Daniel et de l’Apocalypse étaient des mystères incompréhensibles. Et pourtant, le Christ avait attiré l’attention de ses disciples sur les paroles du prophète Daniel concernant les événements qui devaient se dérouler à leur époque, et leur avait dit: « Que le lecteur comprenne 93.” L’affirmation que l’Apocalypse est un mystère qui n’est pas destiné à être compris se trouve contredit par le titre lui-même de ce livre : « Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses esclaves ce qui doit arriver bientôt. ... Heureux celui qui lit à haute voix les paroles de la prophétie, comme ceux qui les entendent et qui gardent ce qui y est écrit ! Car le temps est proche 94 GE3 249.2

Le prophète avait déclaré : « Heureux celui qui lit. » Certains refusent de lire ; la bénédiction n’est donc pas pour eux. « Comme ceux qui les entendent. » Certains refusent aussi d’entendre quoi que ce soit sur les prophéties; la bénédiction n’est donc pas pour eux non plus. « Et qui gardent ce qui y est écrit. » Beaucoup rejettent l’idée de prendre garde aux avertissements et aux instructions contenus dans l’Apocalypse. Aucun de ceux-ci ne peuvent donc bénéficier de la bénédiction promise. Tous ceux qui tournent en ridicule les sujets prophétiques et qui se moquent des symboles qui y sont solennellement donnés, tous ceux qui ne veulent pas réfor-mer leur vie et se préparer à l’avènement du Fils de l’homme resteront privés de cette bénédiction. GE3 249.3

Face au témoignage de la Parole inspirée, comment ose-t-on enseigner que l’Apocalypse est un mystère qui dépasse la compréhension humaine? C’est un mystère révélé, un livre ouvert. L’étude de l’Apocalypse dirige notre esprit vers les prophéties de Daniel. Ces deux livres présentent des instructions de la plus haute importance, que Dieu a données aux hommes, concernant les événements qui doivent se produire à la fin de l’histoire du monde. GE3 249.4

Le Seigneur montra à Jean des scènes d’un intérêt profond et palpitant dans l’expérience de l’Église. Jean vit la position, les dangers, les luttes et la délivrance finale du peuple de Dieu. Il transcrivit les messages finaux qui doivent faire mûrir la moisson de la terre, soit sous forme de gerbes destinées aux greniers célestes, soit sous forme de fagots destinés aux feux de la destruction. Des sujets d’une grande importance lui furent révélés concernant spécialement la dernière Église, afin que ceux qui se détourneraient de l’erreur pour se ranger du côté de la vérité puissent être instruits sur les périls et les luttes qui les attendent. Personne ne doit rester dans l’ignorance à propos de ce qui adviendra sur la terre. GE3 250.1

Pourquoi, alors, cette méconnaissance si répandue concernant une partie importante de l’Écriture Sainte? Pourquoi cette répugnance générale à étudier ses enseignements ? C’est le résultat d’un effort délibéré du prince des ténèbres pour cacher aux hommes ce qui révèle ses tromperies. C’est pour cette raison que le Christ, le Révélateur, prévoyant la guerre qui serait faite à l’étude de l’Apocalypse, a prononcé une bénédiction sur tous ceux qui liraient, entendraient et observeraient les paroles de cette prophétie. GE3 250.2