Tempérance Chrétienne

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CHAPITRE 3—EFFETS DES STIMULANTS.

«Ne savez-vous pas que quand on court dans la lice, tous courent, mais qu'il n'y en a qu'un qui remporte le prix? Courez de manière que vous le remportiez. Tout homme qui combat s'abstient de tout; et ces gens-là le font pour avoir une couronne corruptible, mais nous le faisons pour en avoir une incorruptible».1 TC 25.1

Nous avons ici les effets de la sobriété et de la tempérance. L'apôtre se sert des jeux que les anciens organisaient en l'honneur de leurs dieux pour illustrer le combat spirituel du chrétien et sa récompense. Ceux qui participaient à ces jeux devaient s'imposer une discipline sévère et s'abstenir de tout ce qui pouvait diminuer leurs forces physiques. Ils devaient mettre de côté le vin et les mets recherchés afin de conserver intacts leur vigueur, leur courage et leur endurance. TC 25.2

La couronne corruptible décernée aux acclamations de la multitude était considérée comme le plus grand des honneurs. Si l'on pouvait se donner autant de peine pour un prix d'aussi peu de valeur, et qu'un seul coureur pouvait obtenir, combien plus grands ne devrait pas être l'esprit de sacrifice et de renoncement de ceux qui ont en vue une couronne incorruptible et la vie éternelle? TC 25.3

La tâche qui nous incombe est solennelle. Nous devrions conformer nos habitudes, nos goûts et nos inclinations aux lois de la vie et de la santé; nous jouirions ainsi de la somme de santé la plus élevée, et notre esprit saurait discerner clairement entre le bien et le mal. TC 26.1

Pour être bien comprise, la question de la tempérance doit être étudiée au point de vue biblique; or, comme on ne saurait trouver de meilleur exemple de la véritable tempérance et des bénédictions qui en découlent que dans la simple biographie de Daniel et de ses compagnons à la cour de Babylone, le lecteur voudra bien nous permettre d'y revenir. TC 26.2

Lorsque ces jeunes gens furent choisis pour être instruits «dans la science et la langue des Chaldéens», afin qu'ils fussent «capables de se tenir au palais du roi» on leur assigna une portion de la table du roi, des mets et du vin.» Or Daniel résolut en son cœur de ne pas se souiller par les mets du roi, ni par le vin qu'il buvait.» 1 Ces jeunes gens prévoyaient sans doute qu'on leur présenterait des viandes déclarées impures par la loi de Moïse. En conséquence ils prièrent l'intendant de leur donner une nourriture plus simple. L'intendant hésitait, car il craignait que le régime par trop sévère auquel ces jeunes gens voulaient s'astreindre ne nuisît à leur bonne mine, lui faisant ainsi encourir la disgrâce du roi. Alors Daniel lui proposa une épreuve de dix jours. L'intendant accéda à sa demande. Or il arriva qu'au bout des dix jours les jeunes Hébreux avaient meilleur visage que ceux qui avaient mangé les mets du roi. Dès lors on les laissa au régime de légumes et d'eau qu'ils avaient demandé. TC 26.3

Ce n'étaient certes pas l'orgueil, ni l'ambition qui avaient conduit ces jeunes gens à la cour de Babylone pour vivre avec ceux qui ne connaissaient et ne craignaient point Dieu. L'infinie sagesse avait permis qu'ils fussent emmenés captifs dans un pays étranger. TC 27.1

Lorsque leur fidélité fut mise à l'épreuve, ils envisagèrent leur position et ses dangers et prirent leur détermination dans la crainte de Dieu. Ils allaient rester fidèles à la religion de leurs pères au risque d'encourir le déplaisir du roi. Ils obéirent à la loi divine physique et morale, et Dieu les bénit en leur accordant de la vigueur, une bonne mine et de l'intelligence. TC 27.2

Ces jeunes gens avaient reçu une bonne éducation dès leur jeune âge; et maintenant qu'ils avaient été enlevés à leurs pieuses familles ils honoraient leurs éducateurs. Ils avaient non seulement du renoncement mais aussi de l'en-durance et de la diligence. Leur mobile n'était point l'ambition, mais ils cherchaient à s'acquitter consciencieusement de leur tâche pour l'honneur de leur peuple opprimé et pour la gloire du Dieu qu'ils servaient. TC 28.1

Lorsque, au bout de trois ans, les capacités et les connaissances de ces jeunes gens furent éprouvées par le roi, il ne s'en trouva point de tels que Daniel, Hanania, Misçaël et Hazaria. Leur perspicacité, la pureté et la correction de leur langage, leurs connaissances étendues et va-riées dénotaient chez eux une remarquable vigueur d'esprit. C'est pourquoi ils furent admis au service du roi. «Et dans toutes les affaires de sagesse et d'intelligence que le roi leur demandait, il en trouva en eux dix fois plus que dans tous les devins et les astrologues qu'il y avait dans tout son royaume «1 TC 28.2

Dieu honore toujours le juste. On avait rassemblé à Babylone les jeunes gens les mieux doués de tous les pays subjugués par le grand conquérant; mais les captifs hébreux les surpas-saient tous. Leur belle stature, leur démarche ferme et aisée, leur bonne mine, la pureté de leur haleine et leur haute intelligence — autant de certificats de leurs bonnes habitudes — étaient des insignes de noblesse que la nature accorde à ceux qui respectent ses lois. TC 28.3

L'histoire de Daniel et de ses compagnons a été rapportée par le récit sacré pour le bien de la jeunesse de tous les temps. Ce que ces jeunes gens on fait, d'autres peuvent le faire. Si ces jeunes Hébreux sont demeurés inébran-lables au milieu des grandes tentations, et s'ils ont rendu un noble témoignage en faveur de la véritable tempérance, la jeunesse d'aujour-d'hui peut en faire autant. TC 29.1

Cette leçon vaut la peine d'être méditée. Notre danger n'est pas la disette, mais l'abon-dance; nous sommes constamment portés aux excès. Ceux qui désirent maintenir leur vigueur intacte pour le service de Dieu, doivent user sobrement des biens dont il nous comble et s'abstenir complètement de tout ce qui est nuisible ou avilissant. TC 29.2

La jeune génération est environnée de sé-ductions qui la poussent à la bonne chère, sur-tout dans les grands centres, où tout est com-biné pour rendre les jouissances faciles et attrayantes. Ceux qui, à l'exemple de Daniel, refusent de se souiller moissonneront la récom-pense de leur sobriété. La force physique et la puissance d'endurance qu'ils auront ainsi acquises seront comme un fonds de réserve auquel ils pourront puiser en cas de nécessité. TC 29.3

Des habitudes physiques correctes contribuent à la supériorité intellectuelle. La puissance intellectuelle, la force physique et la longévité reposent sur des lois immuables. Ce n'est pas une affaire du hasard. La puissance de Dieu n'interviendra pas pour faire éviter aux hommes les conséquences de la transgression de ses lois. Si les parents sont responsables pour la formation du caractère et l'éducation de leurs enfants, il n'en n'est pas moins vrai que notre position et notre utilité dans la vie dépendent, dans une grande mesure, de notre propre conduite. Daniel et ses compagnons avaient eu le privilège d'une bonne et saine éducation dès leur enfance; mais ces seuls avantages ne les auraient pas rendus ce qu'ils étaient. Le moment vint où ils durent agir de leur propre initiative, où leur avenir dépendit de leur propre conduite. C'est alors qu'ils décidèrent de demeurer fidèles aux leçons reçues dans leur enfance. La crainte de Dieu qui est le commencement de la sagesse fut le fondement de leur grandeur. L'Esprit de Dieu fortifia toutes leurs bonnes intentions et toutes leurs saintes résolutions. TC 30.1

L'intempérance a été la malédiction de notre monde presque dès son berceau. Le fils de Noé se laissa avilir à un tel point par les excès du vin qu'il en perdit tout sens moral, et la malédiction qui suivit son péché pèse encore sur ses descendants. TC 31.1

Nadab et Abihu occupaient une position sacrée, mais l'usage du vin troubla leur esprit à un tel point qu'ils ne purent discerner les choses sacrées des choses communes. Ils méconnurent le commandement de Dieu en offrant un feu étranger et furent frappés par ses jugements. TC 31.2

Alexandre-le-Grand fit l'expérience qu'il est plus aisé de conquérir des royaumes que de maîtriser ses passions. Après avoir subjugué des nations, ce soi-disant grand homme fut victime de son intempérance. TC 31.3

Malgré des milliers d'années d'expériences et de progrès, la même tache noire qui a souillé les premières pages de l'histoire, demeure et défigure notre civilisation moderne. Nous rencontrons partout l'ivrognerie avec ses maux. Le mal gagne du terrain en dépit des nobles efforts des amis de la tempérance. La législation s'en est mêlée; mais elle n'a pas réussi à enrayer le mal, sauf peut-être dans certaines régions relativement restreintes. On a établi des maisons de relèvement pour les victimes de l'intempérance. C'est une belle œuvre; mais combien n'eût-il pas mieux valu attaquer le mal à sa racine. Au point de vue économique c'est un non-sens que de tolérer une industrie qui fait des pauvres par milliers. Le pays fait des lois pour réglementer le trafic qui fait des ivrognes, puis il établit à grands frais des asiles qui doivent les transformer en hommes sobres! Nos gouvernants ne trouveront-ils pas de meilleure solution à la question de l'alcoolisme? TC 31.4

Aussi longtemps que la vente des liqueurs sera sanctionnée par la loi, les victimes de la boisson ne tireront que peu de profit des asiles pour ivrognes. Ils ne pourront pas y demeurer toujours; ils devront être réintégrés dans la société. Mais le goût des boissons fortes n'a été que soumis, il n'a pas été détruit; c'est pourquoi il n'arrive que trop souvent qu'ils succombent de nouveau à la tentation qui les assaille partout. TC 32.1

Que pourrait-on faire pour refouler le flot montant du fléau? La vente des liqueurs fortes pour la boisson devrait être interdite et la loi rigoureusement appliquée. On devrait encourager et seconder tous les efforts qui sont faits pour ramener les ivrognes à la tempérance et à la vertu. Mais il faut même plus que cela pour extirper l'ivrognerie du pays: supprimez le besoin des boissons enivrantes et la demande cessera. TC 32.2

Nos magistrats et nos juges devraient tous être des hommes sobres et intègres. La propriété, la réputation et même la vie ne sont pas en sûreté lorsqu'ils sont abandonnés au jugement d'hommes intempérants et immoraux. Qui connaîtra jamais toutes les injustices perpétrées par des jurés, des avocats, des témoins, par même des juges adonnés à la boisson? TC 33.1

Il nous faudrait maintenant des hommes de la trempe de Daniel, qui osent et qui agissent. Notre époque a besoin d'hommes au cœur pur et à la main ferme. Dieu veut que l'homme progresse, qu'il gravisse chaque jour un échelon de l'échelle de la perfection. Il nous aidera si nous nous aidons nous-mêmes. Tout chrétien doit mettre son exemple et son influence du côté de la réforme. Les ministres de l'Evangile doivent élever leur voix comme une trompette pour montrer au peuple ses transgressions et à la maison d'Israël ses péchés. La jeunesse a besoin d'être instruite. Notre espérance de bonheur dans la vie présente et dans la vie à venir dépend du bon usage que nous faisons de la première. Soyons sur nos gardes contre tout ce qui touche à l'intempérance. Si nous désirons préserver nos enfants du mal, nous devons commencer par leur donner le bon exemple, et leur apprendre à puiser leur sagesse et leur forces dans la crainte de Dieu. TC 33.2

L'usage des boissons enivrantes détrône la raison et ferme le cœur à toute influence pure et sainte. Les rochers inanimés entendraient plutôt les appels de la vérité et de la justice que l'homme dont les facultés sont paralysées par l'intempérance. Ceux qui s'aventurent dans le chemin défendu sont entraînés graduellement et inconsciemment jusqu'à ce qu'ils deviennent démoralisés, corrompus et abrutis. Et dire que les chrétiens dorment! Pendant que le mal s'étend et fait de nouvelles victimes. Si les chrétiens savaient ce que c'est que la tempérance en toutes choses; s'ils savaient que la destinée finale de tout homme dépend des habitudes qu'il contracte, ils pourraient aider par leur exemple ceux qui n'ont pas la force de résister aux exigences d'un appétit perverti. TC 34.1

Une lutte gigantesque est engagée contre l'intempérance; mais il est difficile de vaincre et de mater un lion dans la force de l'âge. Si la moitié des efforts qu'on fait pour enrayer le mal avaient été consacrés à éclairer les parents sur leur responsabilité dans la formation des habitudes et du caractère de leurs enfants, il en serait résulté mille fois plus de bien. Le besoin contre nature des boissons fortes est souvent créé à la maison, même chez ceux qui sont de zélés promoteurs de la cause de la tempérance. Nous nous associons volontiers à tous ceux qui travaillent pour cette bonne cause; mais nous les invitons en même temps à aller plus avant dans les causes du mal qu'ils combattent, et à être plus radicaux et plus conséquents dans la réforme. TC 34.2

Les excès de table commencent par affaiblir les organes de la digestion. Il en résulte un état anormal qui fait que la nourriture ordinaire devient insipide; le corps demande quelque chose de plus fort. Le thé et le café produisent une excitation immédiate. Ces poisons fouettent le système et paraissent rendre, chez quelques-uns, l'intelligence momentanément plus lucide. C'est pour cette raison que bien des personnes s'imaginent qu'elles ont besoin de ces stimulants; mais il se produit toujours une réaction: le système nerveux ainsi fouetté a dû emprunter des forces à son fonds de réserve pour les besoins immédiats, de sorte que ce coup de fouet temporaire est toujours suivi d'une dépression correspondante. La promptitude des effets du thé et du café prouve que ce qu'on a pris pour de la force n'était qu'une excitation. nerveuse. Par conséquent, le corps en a souffert. TC 35.1

Ce penchant pour les choses fortes une fois formé devient de plus en plus insatiable et impérieux. Plus le système est affaibli, moins il peut se passer de ces stimulants contre nature et plus la passion devient forte, jusqu'à ce que la volonté soit supplantée et qu'elle paraisse incapable de surmonter ce penchant dénaturé. TC 35.2

Lorsqu'on s'est écarté du droit chemin, il est difficile d'y revenir. Une fois les barrières enlevées, un pas dans la mauvaise direction en amène un autre. La moindre déviation des bons principes peut nous séparer de Dieu et nous mener à la ruine. Ce que nous avons fait une première fois, nous le ferons d'autant plus facilement une seconde fois; il est plus aisé de suivre un certain chemin, qu'il soit bon ou mauvais, que de s'y engager. Il nous est très facile de corrompre nos voies devant le Seigneur, mais il faut du temps et des efforts persévérants pour acquérir des habitudes de justice et de vérité. TC 36.1

Bien des personnes qui se feraient un scrupule d'offrir un verre de liqueur à leur prochain se livrent à la culture du houblon, donnant ainsi la main à l'ennemi contre la cause de la tempérance. Je ne comprends pas que des chrétiens puissent, à la lumière de la loi divine, se livrer consciencieusement à la culture du houblon ou au commerce de vins et de liqueurs. TC 36.2

J'ai souvent entendu des personnes dire en parlant du cidre: «Oh! ce n'est que du moût absolument inoffensif et même hygiénique». On en fait donc une ample provision. Au début c'est bien du moût, mais la fermentation s'y met et communique au moût un goût piquant qui le rend encore plus agréable à certains palais, et l'amateur de moût aura de la peine à convenir que sa boisson préférée s'est transformée en cidre. TC 36.3

Le vin et le cidre enivrent tout aussi sûrement que les boissons fortes, et c'est même la pire des ivresses. Rien ne rend l'homme aussi pervers et ne modifie aussi profondément son caractère que ce genre d'ivresse. Quelques bouteilles de vin ou de cidre suffisent souvent pour créer le goût des boissons fortes; c'est ainsi que bien des ivrognes invétérés ont débuté dans ce vice. TC 37.1

Les personnes qui ont hérité d'un penchant pour la boisson devraient bien se garder d'avoir du vin ou du cidre chez elles; car l'ennemi les incitera continuellement à s'adonner à leur penchant. Cédant à ses tentations, ces personnes ne sauront plus où s'arrêter; la passion, toujours plus insatiable; les conduira à la ruine; car une fois le cerveau obscurci par la boisson, la raison abandonne les rênes à la convoitise. La licence et les vices de toutes sortes abondent chez ceux qui s'adonnent au vin et au cidre. Celui qui aime ces choses ne peut pas croître en grâce: il devient grossier et sensuel; les passions animales remplacent les aspirations nobles et élevées, de sorte que la vertu n'a plus d'attrait pour lui. TC 37.2

Les buveurs modérés sont une pépinière d'ivrognes. Satan sait si bien faciliter le pre-mier pas hors de la forteresse de la tem-pérance; le vin et le cidre agissent si per-fidement sur le goût qu'on se trouve sur la grande route de l'ivrognerie sans s'en douter. On développe le penchant pour les stimulants; le système nerveux se détraque; Satan maintient l'esprit dans une agitation fébrile jusqu'à ce que la malheureuse victime, inconsciente de ses dangers, se soit débarrassée de toutes les barrières qui la protégeaient et qu'elle ait ab-diqué tout principe. Les plus fermes résolutions sont vite oubliées et les intérêts éternels ont trop peu de racines dans le cœur pour per-mettre à la raison de reprendre le contrôle d'un appétit dépravé. Certaines personnes ne sont jamais réellement ivres, mais elles sont toujours sous l'influence de narcotiques plus ou moins faibles qui les agitent et troublent leur esprit. Ces personnes n'ont pas le délire, mais elles n'en sont pas moins déséquilibrées; car les fa-cultés les plus nobles de leur esprit sont per-verties. TC 38.1

Que dire du culte du tabac que nous cons-tatons partout? Le tabac affaiblit le corps et l'in- telligence. De quel droit prive-t-on son Créa-teur et la société du service qu'on leur doit? Le tabac est un poison lent et perfide. Il est plus difficile de faire disparaître ses traces de l'organisme que celles des liqueurs. Il en-serre sa victime dans des liens plus durs que ceux de la coupe enivrante. C'est une habi-tude malpropre qui souille celui qui s'y adonne et qui est désagréable à son entourage. Il nous arrive rarement de traverser une foule sans recevoir au visage des bouffées empoisonnées. Il est désagréable sinon dangereux, de séjour-ner dans un wagon de chemin de fer rempli de fumée. Est-il convenable d'empoisonner ainsi l'air que d'autres doivent respirer? TC 38.2

Quel pouvoir l'esclave du tabac peut-il bien avoir contre l'intempérance? Il faut d'abord qu'il se réforme avant de pouvoir mettre la cognée aux racines de l'arbre. Le thé, le café, le tabac et les boissons alcooliques sont tous des stimulants plus ou moins forts. TC 39.1

En effet, l'usage du thé et du café produit les mêmes résultats que celui des boissons alcooliques et du tabac. TC 39.2

Le thé est un stimulant qui est capable de produire une certaine ébriété. Il paralyse gra-duellement l'énergie du corps et de l'esprit. Le thé égaie d'abord, parce qu'il accélère les mouvements de la machine vitale; c'est pour- quoi le buveur de thé s'imagine qu'il lui est très salutaire. Mais c'est une erreur. Une fois l'influence du thé passée, cette énergie factice disparaît ne laissant qu'une impression de langueur et de lassitude d'autant plus grande que l'excitation factice du thé a été plus forte. Les effets du thé sont ensuite: maux de tête, insomnies, palpitations du cœur, indigestions, tremblements et bien d'autres maux. TC 39.3

Le café n'est pas moins nuisible que le thé. Il provoque d'abord une excitation anormale de l'esprit qui est suivie de l'épuisement, de la prostration et d'une certaine paralysie des facultés morales, mentales et physiques. L'esprit s'énerve, et si l'on ne rompt pas résolument avec cette habitude il en résultera une diminution permanente de l'activité du cerveau. TC 40.1

Tous ces irritants nerveux usent les forces vitales, et l'état d'anxiété, d'impatience et de faiblesse mentale causé par les nerfs ébranlés est un obstacle sérieux au progrès spirituel. Les partisans de la tempérance et de la réforme ne devraient-ils donc pas réagir contre ces boissons nuisibles? Certaines personnes ont autant de peine à renoncer à l'usage du thé et du café que les ivrognes à abandonner l'usage des liqueurs. L'argent dépensé pour le thé et le café est plus que gaspillé, car ces breuvages ne font que du mal à ceux qui en font usage. Il arrive quelquefois que des personnes qui font usage de thé, de café, d'alcool etc, parviennent à un âge avancé; mais ce n'est pas un argument en faveur de ces stimulants. il faudrait savoir ce que ces personnes auraient pu faire et n'ont pas fait à cause de leurs mauvaises habitudes; c'est ce que le grand jour de Dieu révélera. TC 40.2

Ceux qui ont recours au thé et au café pour se stimuler au travail reconnaîtront les mauvais effets de leur manière d'agir à leur tremblement nerveux et à leur manque de résolution. Les nerfs fatigués réclament du calme et du repos. La nature demande du temps pour récupérer l'énergie dépensée. Mais si elle est continuellement fouettée par les stimulants, il y a déperdition des forces réelles à chaque répétition du procédé. Cette énergie factice permettra d'accomplir une plus grande somme de travail, pendant un certain temps, mais il deviendra graduellement plus difficile de ramener l'énergie au point désiré jusqu'à ce qu'enfin la nature épuisée rendre les armes. TC 41.1

L'habitude du thé et du café est plus nuisible qu'on se le figure généralement. Ceux qui se sont accoutumés à ces boissons stimulantes souffrent de maux de tête et de prostration nerveuse; ils perdent beaucoup de temps par maladie. Ils pensent ne pas pouvoir vivre sans leurs stimulants, parce qu'ils en ignorent les effets sur la santé. Ce qui aggrave encore le mal c'est qu'on en attribue les effets à d'autres causes. TC 41.2

L'usage des stimulants affecte l'organisme tout entier : le foie ne fonctionnant plus normalement, la qualité et la circulation du sang en sont affectées; la peau devient inactive et livide; l'esprit en souffre également, car les stimulants produisent tout d'abord une activité anormale du cerveau suivie d'un état de faiblesse et d'incapacité plus grandes qu'auparavant. La réaction est donc non seulement une prostration physique et mentale, mais aussi morale. Voilà pourquoi il y a tant d'hommes et de femmes `nerveux, au jugement malsain et à l'esprit faussé; ils sont emportés, impatients, médisants et voient les fautes d'autrui à travers un verre grossissant tandis qu'ils sont incapables de discerner les leurs. TC 42.1

Cela ne se remarque que trop lorsque de telles personnes se réunissent en société. Leur breuvage favori ne tarde pas à délier les langues et les commérages vont leur train. Leurs paroles sont d'autant moins sages qu'elles abondent; les «bons mots «font le tour de la table accompagnés souvent du venin du scandale. Ces bavards étourdis oublient qu'ils ont un témoin qui prend note de leurs propos. Toutes ces critiques mordantes, ces rapports exagérés, ces sentiments d'envie proférés sous l'influence de la tasse de thé, Jésus les prend à son adresse: «Je vous dis en vérité qu'en tant que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, vous me les avez faites.» TC 42.2

Nous souffrons tous des mauvaises habitudes de nos pères et nous faisons pis qu'eux. Les boissons fortes, l'opium, le tabac, le thé et le café détruisent le reste de l'énergie vitale de l'humanité. Il se boit chaque année des millions d'hectolitres de boissons enivrantes et il se dépense des millions de francs en tabac. Les esclaves de ces passions préfèrent priver leurs enfants de la nourriture, du vêtement et de l'instruction qu'ils leur doivent pour assouvir leurs passions charnelles. Aussi longtemps que cet état de choses subsistera la société ne s'améliorera pas. TC 43.1

En s'adonnant au penchant de la boisson, l'homme porte volontairement à ses lèvres le liquide qui le mettra au-dessous du niveau de: la brute, lui qui avait pourtant été créé à l'image de Dieu. La boisson paralyse la raison, obscurcit l'intelligence, excite les passions et conduit aux crimes les plus honteux. Comment l'homme qui est adonné à la boisson et au tabac peut-il donner son cœur à Dieu? C'est impossible. Il lui est également impossible d'aimer son pro- chain comme soi-même. Son idole prend tout son cœur, il lui sacrifie sa raison et sa volonté. Il porte à ses lèvres ce qui l'hébète et fait de lui la honte et la malédiction de sa famille et la terreur de tous. Si les hommes étaient tempérants en toutes choses, ils mettraient de côté l'opium, le tabac, les liqueurs, le vin, le cidre, la bière, le thé et le café: en un mot tout stimulant artificiel. Alors la raison reprendrait ses droits sur les convoitises et les passions charnelles. TC 43.2

C'est par les affections charnelles que Satan domine sur l'homme tout entier. Des milliers de personnes qui pourraient être en vie aujourd'hui, sont descendues prématurément dans la tombe parce qu'elles ont sacrifié leurs forces à leurs convoitises, se ruinant ainsi corps, âme et esprit. Aujourd'hui plus que jamais on a besoin d'une énergie vivifiée par la grâce de Dieu pour résister aux séductions de Satan et à ses inclinations. Mais la génération présente possède moins de force que celles qui l'ont précédée. Les enfants subissant les. conséquences des fautes des parents, c'est bien eux qui auraient besoin d'une plus grande force morale pour résister à l'intempérance en toutes choses. Le seul moyen de demeurer ferme est d'observer une tempérance stricte, et de ne jamais mettre le pied sur le terrain défendu. TC 44.1

Qu'elle est solennelle la responsabilité qui repose sur les parents dans ces temps sérieux? Nous élevons des enfants qui seront gouvernés par l'influence de Christ ou par celle de Satan. Le moyen le plus sûr de ne pas tomber dans l'intempérance c'est de s'abstenir absolument de vin, de bière ou d'autres boissons fortes. Nous devons instruire nos enfants sur ce qui constitue la véritable virilité, car Dieu nous apprend que celui qui vaincra sera honoré et que son nom ne sera point effacé du livre de vie. TC 44.2

Lorsque Dieu suscita Samson pour délivrer Israël, la mère de celui-ci dut observer un régime sévère pendant sa grossesse. L'enfant de même fut élevé dans une stricte tempérance, car il devait être consacré à l'Eternel dès sa naissance. L'ange de l'Eternel apparut à la femme de Manoah et lui annonça qu'elle aurait un fils; puis il donna des instructions précises à Manoah : «Elle ne boira ni vin ni cervoise, et elle ne mangera rien d'impur.» (Juges 13 :14) Dieu ayant choisi l'enfant promis pour une œuvre spéciale, il fallut que la mère et l'enfant prissent garde à leurs habitudes afin d'assurer à ce dernier toutes les aptitudes nécessaires pour l'œuvre à laquelle il avait été appelé. Les habitudes de la mère exercent sur l'enfant une influence bonne ou mauvaise. Une mère qui veut le bien de son enfant saura s'observer; elle sera tempérante en toutes choses et aura du renoncement. TC 45.1

Le Nouveau Testament nous fournit aussi un bel exemple de l'importance d'une vie sobre. Jean-Baptiste fut un réformateur. Dieu lui avait confié une grande œuvre en faveur de son peuple. Mais pour s'y préparer il dut vivre sobrement dès sa naissance. L'ange avait été envoyé aux parents pour les instruire sur les principes de la santé. «Il ne boira ni vin ni cervoise ”, avait dit le saint messager, «et il sera rempli du Saint-Esprit.» 1 TC 46.1

Jean se sépara de ses amis et renonça aux commodités de la vie pour se retirer au désert. La simplicité de son vêtement, qui consistait en une robe de poil de chameau et en une ceinture de cuir, était une condamnation muette de l'amour de la parure qui caractérisait ses contemporains et surtout les sacrificateurs. Sa nourriture extrêmement frugale contrastait vivement avec les habitudes de bonne chère qui régnaient de son temps. TC 46.2

L'œuvre de Jean avait été prédite par le prophète Malachie: «Voici je vais envoyer Elie, le prophète, avant que le jour grand et redoutable de l'Eternel vienne. Il ramènera le cœur des pères vers les enfants, et le cœur des en- fants vers leurs pères, de peur que je ne vienne et que je ne frappe la terre d'interdit.» 1 Jean-Baptiste agissait dans l'esprit et dans la force d'Elie, pour préparer la voie du Seigneur et pour convertir les incrédules à la sagesse des justes. Il représentait ceux qui vivraient dans les derniers temps, auxquels Dieu a confié des vérités importantes pour les faire connaître au monde afin de préparer la voie pour la seconde venue du Seigneur. Ceux qui participent à cette œuvre devraient observer les mêmes principes de tempérance que Jean. TC 46.3

Dieu a créé l'homme à son image, et il attend de lui qu'il ménage les forces qui lui ont été confiées pour le service du Seigneur. C'est pourquoi nous devons prendre garde à ses avertissements en veillant sur notre santé, afin de pouvoir le servir convenablement; car œ que nous pouvons lui offrir de meilleur est relativement de bien peu de valeur. TC 47.1

L'état lamentable dans lequel le monde se trouve plongé aujourd'hui est-il voulu de Dieu? Non certes, ce sont les hommes qui se sont affaiblis par leurs pratiques immorales. Nous déplorons la faute d'Adam; mais si c'était là la seule cause de nos maux, l'état du monde serait bien meilleur qu'il ne l'est. Le fait est qu'il y a eu une succession ininterrompue de chutes depuis les jours d'Adam. TC 47.2

La passion des boissons alcooliques remplit le monde de misère. On a beau répéter aux buveurs qu'ils abrègent leurs jours, ils persistent quand même dans leur péché. Pourquoi ne cesseraient-ils pas de fouler aux pieds les lois divines? Pourquoi ne ménageraient-ils pas leur santé? C'est pourtant ce que Dieu demande d'eux. Si les chrétiens savaient soumettre leurs inclinations et leurs passions au contrôle d'une conscience éclairée, s'ils comprenaient que leur devoir envers Dieu et envers les hommes exige qu'ils se conforment aux lois qui régissent la vie et la santé, ils jouiraient de la bénédiction de la santé physique et mentale. Ils posséderaient la force morale nécessaire pour lutter contre Satan, et ils pourraient être plus que vainqueurs en Celui qui a remporté la victoire pour eux. TC 48.1

Les victimes de l'intempérance abondent autour de nous. Qu'allons-nous faire pour elles? Leur aiderons-nous, par notre exemple, à rentrer dans le chemin de la tempérance? Comprenons-nous les tentations auxquelles la jeunesse est en butte? Ne l'avertirons-nous pas pour la sauver? Qui voudra se mettre du côté du Seigneur pour refouler cette marée montante d'immoralité, de maux et de misères qui envahit le monde? Nous vous supplions de vous souvenir que nous sommes appelés à vaincre. Ceux-là seuls qui gardent les commandements de Dieu auront droit à l'arbre de vie. TC 48.2

Ce n'est pas chose aisée que de vaincre l'habitude des stimulants narcotiques et spiritueux. Toutefois cette grande victoire petit être gagnée au nom de Jésus-Christ. Son amour envers l'humanité déchue est si grand qu'il a accompli un sacrifice infini en prenant sur lui sa misère pour l'élever sur le trône par sa force divine. C'est à l'homme de décider s'il laissera Christ accomplir son dessein en sa faveur. Dieu ne fait rien contre la volonté de l'homme pour l'arracher au pouvoir de Satan. Il nous faut à tout prix faire acte de volonté pour surmonter le mal et vaincre l'ennemi. Ce n'est qu'en nous unissant à Christ que nous pouvons devenir héritiers de Dieu et cohéritiers de la gloire de Christ, par la grâce qu'il nous accorde de pouvoir vaincre en lui. Aucun ivrogne n'entrera jamais dans le royaume de Dieu; mais «celui qui vaincra, je le ferai asseoir sur mon trône, comme moi-même j'ai vaincu et suis assis avec mon père sur son trône.» 1 TC 49.1