La Vie de Jésus-Christ

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Chapitre 53 — Jésus en Galilée

Comme Prince victorieux, Jésus avait pour trophées les captifs qu'il avait ramenés du sépulcre. Il montra ainsi sa victoire sur la mort et le sépulcre; il donna ainsi un gage sûr de la résurrection de tous les justes qui passeront par la mort. Ceux qui étaient sortis de leurs tombeaux se rendirent dans Jérusalem, et apparurent à beaucoup dans leur corps glorieux; ils témoignèrent que Jésus était réellement ressuscité d'entre les morts, et qu'ils étaient ressuscités avec lui. La voix qui avait crié: “Tout est accompli” avait été entendue parmi les morts. Elle avait percé les murailles des sépulcres, et commandé aux morts de se lever. Il en sera ainsi lorsque la voix de Dieu se fera entendre, ébranlant les cieux et la terre. Cette voix pénétrera jusque dans les tombeaux, et ouvrira les sépulcres. Un grand tremblement de terre fera chanceler la terre comme un homme ivre; alors apparaîtra Christ, le Roi de Gloire, suivi de tous les saints anges. La trompette sonnera, et celui qui donne la vie appellera les justes morts pour les revêtir de l'immortalité. VJC 549.1

Les sacrificateurs et les principaux surent très bien que certaines personnes mortes étaient ressuscitées lors de la résurrection de Jésus. Des rapports authentiques leur furent apportés de diverses personnes qui avaient vu ceux qui étaient ressuscités, qui leur avaient parlé, et leur avaient entendu dire que Jésus, le Prince de la vie que les sacrificateurs et les principaux avaient fait mourir, était ressuscité des morts. Le faux rapport qui prétendait que les disciples avaient enlevé du sépulcre le corps de leur Maître, fut si diligemment répandu, que plusieurs le crurent. Mais les sacrificateurs, en forgeant ce faux rapport, se trompèrent; et toute personne intelligente que n'aveuglait pas la bigoterie, en découvrit la fourberie. VJC 549.2

Si les soldats avaient dormi, ils n'auraient pu savoir comment le sépulcre s'était trouvé vide. Si une sentinelle avait été éveillée, elle aurait certainement réveillé les autres. Si les soldats avaient réellement dormi, comme ils l'affirmaient, chacun en connaissait les conséquences. La négligence d'un tel devoir était suivie de la peine de mort; il ne pouvait y avoir pour cela aucun espoir de pardon; de sorte que les coupables n'auraient guère été disposés à divulguer leur faute. Si les sacrificateurs et les principaux avaient surpris les sentinelles dormant à leur poste, ils n'auraient point passé sur la chose aussi facilement, mais auraient demandé qu'on s'enquît des circonstances, et qu'on infligeât toute la peine de la loi aux soldats infidèles. Si les principaux du peuple avaient eu la moindre foi dans la véracité de ce qu'ils disaient, ils auraient demandé qu'on arrêtât les disciples pour leur infliger la punition la plus sévère. Le fait qu'ils ne le firent point prouve suffisamment l'innocence des disciples, et prouve de plus que les sacrificateurs en étaient réduits à la triste nécessité de forger et de faire circuler un mensonge pour repousser les preuves accumulées contre eux, lesquelles établissaient réellement la résurrection de Jésus et ses droits au titre de Fils de Dieu. Les apparitions si souvent répétées de Jésus à ses disciples, et les personnes qui étaient ressuscitées avec lui, implantèrent la vérité dans l'esprit de ceux qui étaient désireux de croire. VJC 550.1

Cette fourberie forgée par les Juifs a son parallèle de notre temps. Les fiers persécuteurs de la justice emploient leur temps, leur influence et leur argent pour faire taire ou affaiblir les preuves de la vérité; et dans ce but, ils prennent les mesures les plus contradictoires. Il ne manque pas de personnes intelligentes qui adopteront avidement les faussetés les plus ridicules parce qu'elles s'accordent avec les sentiments de leur cœur. Ceci révèle le triste fait que Dieu les a abandonnées à l'aveuglement de leurs pensées et à la dureté de leur cœur. Il est des personnes de bonne foi qui peuvent se laisser tromper pour un moment à cause de la confiance qu'elles accordent à ceux qui les induisent en erreur; mais si elles se laissent instruire, et si elles aspirent à connaître la vérité, elles auront l'occasion de la reconnaître. Leurs doutes et leurs perplexités s'évanouiront; elles verront l'inconséquence de leurs faux conducteurs; car l'erreur elle-même rend malgré elle témoignage à la vérité. VJC 550.2

Les sacrificateurs et les principaux étaient dans une crainte continuelle, soit qu'ils parcourussent les rues, soit qu'ils fussent chez eux, de se trouver face à face avec Christ ressuscité. Ils étaient sous l'impression qu'il n'y avait point de sécurité pour eux; les serrures et les verroux leur paraissaient de bien faibles protecteurs contre le Fils de Dieu. VJC 551.1

Avant sa mort, Jésus avait dit à ses disciples, dans la chambre haute, qu'après qu'il serait ressuscité, ils devaient aller devant lui en Galilée; et au matin de la résurrection, l'ange avait dit aux femmes près du sépulcre: “Mais allez: dites à ses disciples et à Pierre qu'il s'en va devant vous en Galilée; vous le verrez là, comme il vous l'a dit.”1 Les disciples furent retenus à Jérusalem pendant la semaine de Pâque, car leur absence eût été interprétée comme une séparation et une hérésie. Durant ce temps, ils s'assemblèrent le soir dans la chambre haute, où quelques-uns d'entre eux demeuraient, et c'est là que Jésus se révéla deux fois à eux, et leur commanda de demeurer encore un peu de temps à Jérusalem. VJC 551.2

Aussitôt que la Pâque fut passée, les frères quittèrent Jérusalem, et se rendirent en Galilée, comme il leur avait été commandé.2 Sept disciples se trouvaient ensemble; ils étaient vêtus de l'humble costume du pêcheur; pauvres en biens terrestres, ils étaient riches dans la connaissance et dans la pratique de la vérité, ce qui leur donnait aux yeux de Dieu le plus haut rang parmi les hommes chargés d'enseigner leurs semblables. Ils n'avaient point étudié dans les écoles des prophètes; mais durant près de trois ans, ils avaient pris des leçons auprès du plus grand Educateur que le monde eût jamais. Sous sa direction, ils avaient grandi, ils s'étaient ennoblis, et étaient devenus ses intermédiaires les plus convenables pour communiquer aux hommes la connaissance de la vérité. VJC 551.3

Le Sauveur avait passé la plus grande partie du temps de son ministère sur les bords du lac de Galilée, et c'est là qu'il accomplit beaucoup de ses étonnants miracles. Les disciples se réunirent dans un endroit écarté où rien ne pût venir les distraire. Tout, dans ces lieux, leur rappelait avec force Jésus et ses miracles. C'est sur ce lac que, le cœur terrifié, alors que la tempête menaçait de les engloutir, ils avaient vu venir à leur secours Jésus, marchant sur les vagues agitées. C'est sur ce même lac aussi que la tempête la plus furieuse fut calmée par la voix qui dit à la mer profonde: “Tais-toi, sois tranquille.” On apercevait la côte où, par un grand miracle, il avait nourri plus de dix mille personnes avec quelques pains et quelques poissons. A peu de distance, était Capernaüm où Jésus s'était manifesté par ses œuvres miraculeuses, en guérissant les malades et en ressuscitant les morts. Comme les disciples contemplaient de nouveau la mer de Galilée, leur esprit était plein des paroles et des actes du Sauveur. VJC 552.1

La soirée était belle, et Pierre, qui avait gardé son ancien goût de la mer et de la pêche, proposa de se rendre sur le lac pour y jeter les filets. Tous approuvèrent le conseil de Pierre, car ils étaient pauvres, et avaient besoin de se procurer de la nourriture et des vêtements, ce qu'il leur était possible d'obtenir avec le produit d'une bonne nuit de pêche. Ils montèrent donc sur leur bateau pour se livrer à leur ancienne occupation. Mais ils pêchèrent toute là nuit sans succès. Pendant ces longues et fatigantes heures de la nuit, ils parlèrent de leur Seigneur absent; ils rappelèrent les scènes et les événements qui s'étaient passés dans ce voisinage, et dont ils avaient été témoins. Ils considérèrent ensuite ce que leur réservait l'avenir, et s'attristèrent à cette pensée. VJC 552.2

Pendant tout ce temps, Jésus, invisible pour eux, les suivait du regard depuis le bord du lac. Enfin, le jour parut. Le bateau n'était qu'à une petite distance de la côte, et les disciples aperçurent un étranger qui se tenait sur le bord du lac, et qui les aborda en disant: “Enfants, n'avez-vous rien à manger?” Ne reconnaissant pas Jésus, ils répondirent: “Non. Et il leur dit: Jetez le filet du côté droit de la barque, et vous en trouverez. Ils le jetèrent donc; mais ils ne pouvaient plus le tirer, à cause de la grande quantité de poissons.” Les disciples furent émerveillés du résultat de leur essai; mais alors Jean discerna qui était cet étranger, et il dit à Pierre: “C'est le Seigneur.” Leur découragement fut alors changé en joie. Pierre se ceignit immédiatement de sa robe de pêcheur, et, se jetant dans l'eau, il fut bientôt auprès de son Seigneur. Les autres disciples approchèrent avec le bateau, traînant le filet plein de poisons. Quand ils furent descendus à terre, ils virent de la braise qui était là, et du poisson mis dessus, et du pain. VJC 553.1

Ils étaient trop surpris pour demander d'où provenait ce feu et ce repas. “Jésus leur dit: Apportez de ces poissons que vous venez de prendre.” Pierre, obéissant au commandement, courut reprendre le filet qu'il avait brusquement abandonné, et aida à ses compagnons à le traîner sur le rivage. Après que le travail eut été fait, et que tout fut préparé, Jésus commanda à ses disciples de venir manger. Il rompit le pain et le poisson, et le leur distribua; et comme il faisait cela, tous les sept le reconnurent. Ils se rappelèrent distinctement le miracle de la multiplication des pains sur le penchant de la montagne, alors que cinq mille personnes avaient été rassasiées; mais une crainte mystérieuse les avait saisis, et ils considéraient en silence leur Sauveur ressuscité. VJC 553.2

Ils se souvenaient qu'au commencement de son ministère, une scène pareille à celle dont ils venaient d'être témoins, avait eu lieu. Jésus leur avait alors commandé de jeter le filet au large, et le filet avait été près de se rompre à cause de la grande quantité de poissons qu'il contenait. Puis il leur avait commandé de laisser leurs filets et de le suivre, et qu'il les ferait pêcheurs d'hommes. Ce dernier miracle, que Jésus venait d'accomplir, avait pour but de rendre le premier plus impressif; il fallait que les disciples s'aperçussent que quoiqu'ils dussent être privés de la présence personnelle de leur Maître et des moyens de pourvoir à leurs besoins par la poursuite de leur occupation favorite, un Sauveur ressuscité aurait pourtant soin d'eux, et pourvoirait à leurs besoins tandis qu'ils accompliraient son œuvre. Jésus avait également un but en leur commandant de jeter le filet du côté droit de la barque, c'est de ce côté que se tenait Christ, sur le bord. S'ils travaillaient avec lui, sa puissance divine s'unissant à leurs efforts humains, ils seraient sûrs du succès. VJC 553.3

Cette pêche miraculeuse répétée était un renouvellement de la mission que Christ donnait à ses disciples. Elle leur montrait que la mort de leur Maître n'abolissait pas l'obligation de faire l'œuvre qu'il leur avait assignée. Pierre, qui avait en maintes occasions agi comme représentant des douze, reçut une leçon spéciale. Il avait agi d'une manière si honteuse et si peu conséquente avec ses protestations de loyauté et de dévouement à son Maître, la nuit où il avait renié son Seigneur, qu'il fallait qu'il donnât une preuve de sa sincérité et de sa repentance devant tous les disciples, avant de pouvoir reprendre son œuvre apostolique. Le Sauveur voulait lui faire regagner l'entière confiance de ses frères, afin que, dans un moment critique, leurs défiances, basées sur sa précédente chute, ne paralysassent point son utilité. VJC 554.1

Les disciples pensaient que Pierre n'occuperait plus dès lors la place importante qu'il avait occupée jusque-là parmi ses frères, et lui-même avait perdu son assurance ordinaire. Mais après avoir mangé sur le bord du lac, Jésus dit à Pierre: “Simon, fils de Jona, m'aimes-tu plus que ne font ceux-ci?” faisant allusion à ses frères. Pierre avait dit un jour: “Quand tous les autres seraient scandalisés, je ne le serai pourtant pas”, et il avait déclaré qu'il était prêt à aller à la prison et à la mort avec son Maître. Mais ici, il s'estima à sa juste valeur devant les disciples: “Oui, Seigneur! tu sais que je t'aime.” Il n'y a pas dans cette réponse une véhémente assurance qu'il l'aimât plus que ses compagnons; il n'exprime pas même sa propre opinion sur son dévouement à son Sauveur, mais il en appelle à ce Sauveur qui peut lire tous les motifs du cœur humain, afin qu'il juge de sa sincérité: “Tu sais que je t'aime.” VJC 554.2

La réponse de Jésus fut positivement favorable au disciple repentant, et elle le plaça dans un poste de confiance. Jésus lui dit: “Pais mes agneaux.” De nouveau, Jésus éprouve Pierre en lui répétant ce qu'il venait de lui dire: “Simon, fils de Jona, m'aimes-tu?” Cette fois il ne lui demanda point s'il l'aimait plus que ne le faisaient ses frères. La seconde réponse de Pierre fut semblable à la première, dégagée de toute assurance extravagante: “Oui, Seigneur! tu sais que je t'aime.” Alors Jésus lui dit: “Pais mes brebis.” Le Sauveur l'éprouve encore une troisième fois, en lui répétant: “Simon, fils de Jona, m'aimes-tu?” Simon fut attristé; car il pensait que la répétition de cette question montrait que Jésus n'avait pas foi à ses paroles. Il savait que son Seigneur avait raison de douter de lui, et il répondit le cœur brisé: “Seigneur! tu connais toutes choses, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis.” VJC 555.1

Pierre avait ouvertement renié son Maître par trois fois, et Jésus lui fait répéter par trois fois l'assurance de son amour et de sa droiture, en lui faisant cette question qui, semblable à une flèche, lui transperce le cœur. C'est ainsi que Jésus, devant les disciples assemblés, fit paraître la profondeur de la repentance de Pierre, et montra combien humble était le disciple autrefois si plein de confiance en lui-même. Il lui fut alors confié l'importante mission de prendre soin du troupeau de Christ. Quoiqu'il pùt être doué de toutes les autres qualités, il ne pouvait toutefois être un fidèle pasteur du troupeau, sans posséder l'amour de Christ. La connaissance, l'éloquence, la bienveillance, la grâce et le zèle peuvent être tout autant d'aides dans l'œuvre du ministère évangélique; mais si le ministre chrétien n'a pas dans le cœur l'influence toujours renouvelée de l'amour de Jésus, son travail sera en pure perte. VJC 555.2

Pierre était naturellement courageux et impétueux; et Satan avait profité de ce tempérament pour le faire tomber. Lorsque Jésus avait annoncé à ses disciples qu'il devait aller à Jérusalem pour y souffrir de la main des principaux sacrificateurs, des gouverneurs et des scribes, Pierre avait contredit son Maître, en disant: “A Dieu ne plaise, Seigneur! cela ne t'arrivera point.” Il ne pouvait concevoir la possibilité que le Fils de Dieu fût mis à mort. Satan lui suggéra que si Jésus était le Fils de Dieu, il ne pouvait mourir. Avant le reniement de Pierre, Jésus lui avait dit: “Satan a demandé à vous cribler comme on crible le blé; mais j'ai prié pour toi que ta foi ne défaille point. Toi donc, quand tu seras converti, affermis tes frères.”1 Le moment était alors venu, et la transformation accomplie en Pierre était évidente. Les questions sérieuses par lesquelles le Seigneur voulut éprouver Pierre n'avaient provoqué chez ce dernier aucune de ces réponses hardies qui décèlent la propre suffisance; aussi son humiliation et sa repentance le rendaient-elles plus propre qu'auparavant à remplir les fonctions de pasteur du troupeau. VJC 556.1

La leçon personnelle qu'il avait reçue du Pasteur en chef fut des plus importantes pour Pierre et pour les autres disciples également. Cela leur enseigna à agir avec patience, avec sympathie et avec un amour compatissant envers les pécheurs. L'amour de Jésus ne changea point durant le temps où Pierre renia son Maître; et le pasteur inférieur doit éprouver précisément le même amour pour les brebis et les agneaux remis à ses soins. Se rappellant sa propre faiblesse et sa faute, Pierre devait agir envers le troupeau avec la même tendresse avec laquelle Christ avait agi avec lui. VJC 556.2

Jésus fit quelques pas seul avec Pierre, car il désirait lui communiquer quelque chose en particulier. Dans cette mémorable chambre haute, Jésus avait dit à son disciple, peu avant sa mort: “Tu ne saurais maintenant me suivre où je vais; mais tu me suivras ci-après.” Pierre avait répondu à cela: “Seigneur! pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant? Je mettrai ma vie pour toi.”1 Maintenant, Jésus, plein de sympathie pour son disciple, et afin qu'il fût fortifié dans son épreuve finale, lui dévoile l'avenir. Il lui dit qu'après avoir vécu utilement, lorsque l'âge l'aurait déjà affaibli, il le suivrait en effet. Jésus dit: “En vérité, en vérité je te le dis: Lorsque tu étais jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais; mais lorsque tu, seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudrais pas. Jésus dit cela pour marquer de quelle mort Pierre devait glorifier Dieu.” VJC 556.3

Jésus annonce explicitement par là le fait de sa mort, et la manière dont il devait mourir; il fait même allusion à ses mains étendues sur la croix; et après avoir ainsi parlé, il répéta l'ordre qu'il lui avait déjà donné: “Suis-moi.” Le disciple ne fut point déconcerté par la révélation de son Maître. Il était résolu à souffrir n'importe quelle mort pour son Seigneur. Pierre vit que Jean les suivait, et il lui vint le désir de connaître son avenir; il dit à Jésus: “Seigneur! et celui-ci que lui arrivera-t-il? Jésus lui dit: Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe? Toi, suis-moi.” Pierre aurait dû penser que son Seigneur lui révélerait tout ce qui lui était bon de savoir, sans qu'il eût besoin de l'interroger. Le devoir de chacun est de suivre Christ, sans s'inquiéter mal à propos du devoir qui incombe aux autres. En disant de Jean: “Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne,” Jésus n'assura point que ce disciple vivrait jusqu'à la seconde venue de Christ; il déclare simplement sa puissance suprême, lui montrant que s'il voulait qu'il en fût ainsi, cela n'affecterait aucunement l'œuvre de Pierre. L'avenir de Jean et de Pierre était entre les mains de leur Seigneur, et l'obéissance à le suivre était le devoir exigé de chacun d'eux. VJC 557.1

Jean vécut jusqu'à un âge très avancé; il fut témoin de l'accomplissement des paroles de Christ touchant la désolation de Jérusalem. Il vit en ruines l'imposant temple des Juifs, où il n'y eut pierre qui ne fût renversée. Pierre était maintenant un homme entièrement converti; mais l'honneur et l'autorité qu'il reçut de Christ ne lui donnèrent point de suprématie sur ses frères. Il fut vénéré, et jouit d'une grande influence dans l'Eglise, parce que Jésus l'avait favorisé de son pardon après son reniement, et qu'il lui avait confié le soin du troupeau, comme aussi parce qu'il demeura toute sa vie un des disciples de Christ les plus fidèles. VJC 557.2