Tempérance Chrétienne

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CHAPITRE 6—ÉDUCATION DANS LA FAMILLE.

La tâche d'une mère est des plus importantes. Elle doit exercer une influence salutaire sur sa famille au milieu des travaux du ménage et des soucis de la vie journalière. En confiant des enfants à une mère, le Père céleste lui impose un devoir sacré. C'est à elle qu'appartient le privilège, par la grâce de Christ, de mouler ces jeunes caractères suivant le divin modèle; c'est elle qui les entoure d'une influence qui les attire vers Dieu et vers le ciel. Si les mères avaient toujours le sentiment de leur responsa-bilité, si elles se proposaient toujours comme premier but de la vie de préparer leurs enfants pour les devoirs de cette vie et les honneurs de la vie future et de l'immortalité, on ne verrait pas la misère qui existe dans tant de foyers chrétiens. La vie d'une mère doit être une vie de progrès, car elle doit conduire ses enfants toujours plus haut. Mais l'adversaire ne som-meille point; il tend ses pièges pour s'assurer des âmes des parents et des enfants. Il éloigne les mères de leurs devoirs de famille et des soins de l'éducation de leurs enfants par le service du moi et du monde. La vanité, la mode et des détails secondaires absorbent la plus grande partie d'un temps qui devrait être consacré à l'éducation physique et morale des enfants. TC 78.1

La mère qui se conforme aux coutumes et aux pratiques mondaines sera incapable de rem-plir dignement sa tâche. Si elle est esclave de la mode, sa santé en sera altérée à tel point que la vie lui sera à charge. Son état maladif ne lui permettra pas de profiter des occasions; ses enfants grandiront sans jouir de sa pensée, de ses prières et de son enseignement diligent. Si elles voulaient considérer un peu les privi-lèges admirables que Dieu leur a conférés, les mères ne se laisseraient pas si facilement dé-tourner de leurs devoirs sacrés par les futilités de ce monde. TC 79.1

L'œuvre d'une mère commence avec le nour-risson qu'elle porte dans ses bras. J'ai souvent vu le petit être se rouler et se lamenter pour la moindre contrariété. C'est le moment de re-pousser le mauvais esprit. L'ennemi cherchera à s'emparer de l'esprit de nos enfants, mais ne lui permettons pas de les façonner à sa guise. Ces petits êtres ne savent pas discerner l'esprit qui les anime, c'est pourquoi leurs parents doivent le faire pour. eux. Il s'agit de surveiller leurs habitudes de près et de combattre les mauvaises inclinations aussitôt qu'elles paraissent. Il faut stimuler l'enfant au bien et encourager tous ses efforts dans cette direction. TC 79.2

Les habitudes des enfants doivent être bien réglées. Les mères commettent une grande erreur en leur permettant de manger à chaque instant, entre les repas. Cette habitude dérange l'estomac et cultive le germe de maladies futures. Très souvent les enfants sont grincheux et agités par une digestion laborieuse; la mère qui ne prend pas le temps de réfléchir administrera alors une correction à son enfant, ou lui fermera la bouche avec une friandise quelconque; mais ces expédients ne font qu'aggraver le mal. Certaines mères anxieuses de faire le plus de travail possible deviennent énervées et plus irritables que leurs enfants; elles les grondent et les frappent même pour les tranquilliser par la crainte. TC 80.1

Vous entendrez des mères se plaindre de la santé délicate de leurs enfants; elles courent au médecin pour le moindre bobo, tandis que avec un peu de réflexion elles auraient pu voir que le mal provenait d'erreurs d'alimentation. Nous vivons dans un âge de gloutonnerie, et la jeunesse est élevée, même parmi les chrétiens, dans des habitudes diamétralement opposées aux lois naturelles. Je me trouvais un jour dans une famille à table avec des enfants âgés de moins de douze ans. On servit de la viande en abondance, puis une frêle et nerveuse fillette demanda des cornichons au vinaigre; on la laissa se servir à sa guise de cet entremets fortement épicé. Je ne surprendrai personne en disant que cette enfant était connue pour son tempérament nerveux et irritable; pouvait-il en être autrement avec un pareil régime? L'aîné des enfants voulait sa viande à chaque repas, et il se montrait fort mécontent et même malhonnête si on ne lui en donnait pas. Sa mère satisfaisait tous ses caprices à tel point qu'elle en était devenue l'esclave … Ce garçon passait tout son temps dans l'oisiveté ou à des lectures inutiles sinon mauvaises. Il se plaignait constamment de maux de tête et n'avait pas d'appétit pour la nourriture ordinaire. TC 80.2

Les parents devraient faire travailler leurs enfants, car rien ne favorise autant le vice que l'oisiveté. Le travail manuel produit une fatigue salutaire et donne de l'appétit pour une nourriture simple et frugale. L'enfant qui travaille ne quittera pas la table en murmurant parce qu'il ne verra pas devant soi un plat de viande ou des friandises appétissantes. Jésus, le fils de Dieu, a donné un exemple à la jeunesse en travaillant du métier de charpentier. Que ceux auxquels les devoirs ordinaires répugnent se souviennent que Jésus était soumis à ses parents, et qu'il contribuait par son travail à pourvoir à la subsistance de sa famille. La table de Joseph et de Marie était toute simple, car ils étaient pauvres. TC 81.1

Les parents devraient prêcher d'exemple à leurs enfants quant à l'emploi de l'argent. Il est des gens qui aussitôt qu'ils ont quelque argent le dépensent en friandises ou en colifichets, quittes à être ensuite dans la gêne. Si leur gain est élevé, ils le dépensent jusqu'au dernier centime; s'il est petit il ne suffit pas à leurs habitudes dépensières et ils empruntent pour combler le déficit. De là au mensonge et à l'indélicatesse il n'y a qu'un pas. On préfère vivre dans la gêne quand on pourrait faire autrement parce que qu'on ne sait rien se refuser. C'est là un grand écueil pour la jeunesse qui n'est que trop portée à mépriser les habitudes d'économie par orgueil et par crainte de paraître ordinaire. Que dira à de telles personnes, Jésus, la Majesté du ciel, qui leur a donné un exemple d'industrie patiente et d'économie? TC 82.1

Il n'est pas nécessaire d'entrer ici dans les détails de l'économie. Ceux qui ont complètement donné leur cœur à Dieu et qui prennent sa Parole pour guide sauront bien se conduire dans tous les devoirs de la vie. Ils apprendront la douceur et l'humilité à l'école de Jésus et seront ainsi préservés d'un nombre infini de tentations. Ils ne s'étudieront pas pour savoir comment ils pourraient satisfaire leurs appétits et leurs passions, pendant que tant de personnes endurent des privations. TC 82.2

Le franc ou le centime dépensé journellement pour des bagatelles semble bien peu de chose; mais multipliez ces petites sommes par les jours de l'année et récapitulez année après année, et vous obtiendrez des chiffres presque incroyables. Le Seigneur nous met en garde contre la prodigalité; il demande des parents qu'ils inculquent à leurs enfants des habitudes d'économie. Il faut apprendre aux enfants que ce qui est dépensé inutilement est détourné de sa véritable destination; que celui qui est infidèle dans les petites choses le sera aussi dans les grandes. Comment celui qui ne fait pas un bon usage des biens de ce monde, pourrait-il s'attendre à ce que des biens éternels lui soient confiés? Veillez sur l'appétit et apprenez à vos enfants par votre exemple à se contenter d'une nourriture frugale. Apprenez-leur à bien travailler et favorisez le développement de leurs facultés morales. Faites-leur comprendre que Dieu a des droits sur eux, même dans leur première jeunesse. Prévenez-les qu'ils auront à rencontrer la corruption morale à chaque pas, et qu'ils doivent se donner à Jésus, corps, âme et esprit afin de trouver en lui la force de résister à toutes les tentations. Ils doivent apprendre qu'ils n'ont pas été créés pour leur bon plaisir, mais pour être des instruments du Seigneur. Dites-leur que lorsque les tentations les poussent dans le sentier de l'égoïsme, lorsque Satan cherche à détourner leurs regards de Dieu, ils doivent regarder à Jésus en lui disant: «Seigneur, aide-moi, afin que je ne succombe point.» Les anges les entoureront de leur protection, en réponse à leurs prières, et les conduiront sur un chemin sûr. TC 83.1

Lorsque Christ pria pour ses disciples, il ne demanda pas qu'ils fussent retirés du monde, mais préservés du mal, c'est-à-dire de tomber dans les tentations qui les environnaient de toutes parts. Ce devrait être la prière de tous les parents. Mais en priant Dieu pour leurs enfants, doivent-ils les laisser agir à leur guise? Flatteront-ils leur appétit jusqu'à ce qu'il ait le dessus pour restreindre ensuite leurs désirs? Non, la tempérance et la force morale doivent leur être inculqués dès le berceau. C'est à la mère qu'incombe la plus grande partie de cette tâche. Le lien terrestre le plus tendre est celui qui unit la mère, à l'enfant. C'est pourquoi l'exemple et la vie de la mère produira une impression beaucoup plus profonde sur l'enfant que l'exemple du père. Et c'est précisément parce que la responsabilité de la mère est plus grande que celle du père, que celui-ci doit lui prêter tout son concours. TC 84.1

Il n'y a pas que l'intempérance dans le manger et le boire, il y a aussi l'intempérance dans le travail. Il arrive que, par amour-propre ou par amour du gain, on persiste à vouloir accomplir telle somme de travail dans un temps donné, malgré que le corps réclame impérieusement du repos. On vit ainsi sur un capital d'emprunt en dépensant les forces dont on aura besoin demain. Lorsque cette énergie qu'on a dépensée avec tant d'insouciance devient nécessaire, elle n'est plus là. On est conscient du déficit, mais on ne sait d'où il provient. Le transgresseur des lois naturelles subira tôt ou tard les conséquences de sa folie. Dieu a pourvu l'homme de la force constitutionnelle dont il a besoin dans les différentes phases de son existence. S'il gaspille ce fonds d'énergie de réserve, le moment viendra où les forces lui manqueront. A supposer que cela ne lui coûte pas la vie, l'utilité d'un tel homme sera presque nulle pour la société. TC 85.1

En règle générale on ne devrait pas travailler le soir. Si les heures de la journée ont été bien employées, le travail du soir est de trop. Le système surmené en souffrira. Ceux qui agissent ainsi y perdent plus qu'ils n'y gagnent. Leurs forces étant épuisées ils .sont soutenus par une surexcitation nerveuse qui minera sûrement leur constitution, lors même qu'ils ne s'en aperçoivent pas tout de suite. TC 85.2

Les parents devraient consacrer leurs soirées à la famille en mettant de côté tous les soucis et les tracas de la journée. Le père gagnera beaucoup en ne venant pas assombrir le bonheur des siens par ses préoccupations matérielles. Il peut, il est vrai, avoir recours aux conseils de sa femme dans des circonstances difficiles, et tous deux obtiendront le repos s'ils exposent ensemble leurs préoccupations au Seigneur; mais ils ne doivent pas constamment penser aux affaires, car toute la famille en souffrirait. TC 86.1

Le foyer doit être un centre d'attraction pour les membres de la famille, il le sera certainement s'il y règne une saine gaieté, si l'on y respire une atmosphère de courtoisie et d'affection. Mais si les parents sont soucieux, grincheux et irritables, les enfants ne tarderont pas à contracter les mêmes dispositions. Le foyer deviendra alors un endroit fort désagréable: les enfants trouveront plus de plaisir chez des étrangers, dans une société frivole ou sur la rue qu'à la maison. Tout cela peut être évité en pratiquant la tempérance en toutes choses et en cultivant la patience. Un tel foyer deviendra presque un paradis. Le logis devrait être rendu aussi agréable que possible; il faut s'occuper des enfants, leur procurer de saines distractions. Alors le foyer sera pour eux l'endroit le plus gai de la terre; la société des enfants de la rue n'aura aucun attrait pour eux. Si la vie de famille est telle qu'elle doit être, les habitudes contractées dans un pareil milieu seront une sauvegarde pour ces enfants lorsqu'ils devront quitter le refuge du foyer domestique pour aller dans le monde. TC 86.2

En construisant une maison, il faut avoir en vue, non pas l'apparence, mais le bien-être de la famille qui doit l'habiter. Donnera-t-on des chambres gaies et ensoleillées à ses enfants, ou bien les reléguera-t-on dans des chambres obscures, maussades, pour réserver ce qu'on a de mieux pour des étrangers qui n'ont pas besoin de nous pour être heureux? Nous ne pourrions pas accomplir de plus belle œuvre et rendre un plus grand service à la société qu'en donnant une bonne éducation à nos enfants: en leur inculquant par l'exemple et les préceptes ce grand principe que la pureté de la vie et la sincérité des mobiles sont les choses qui les qualifieront le mieux pour remplir utilement leur place dans le monde. TC 87.1

Nos habitudes anormales nous privent de bien des privilèges et de bien des jouissances, et nous disqualifient pour remplir noblement notre devoir. La vie de bon ton, le grand genre, est une vie dure et aride. On sacrifie argent et santé pour paraître. Si les parents savaient mener une vie simple, s'ils avaient assez de fermeté pour ne pas se laisser émouvoir par les sarcasmes de ceux qui, tout en professant être des disciples du Christ, se refusent à porter la croix du renoncement, ces parents-là donneraient par leur exemple même une éducation d'un prix inestimable à leurs enfants. Ils en feraient des hommes et des femmes d'une grande valeur morale, qui auraient à leur tour le courage de tenir ferme pour le bien, même contre le courant de la mode et du qu'en dira-t-on. TC 87.2

Toutes les actions des parents exercent une influence sur l'avenir des enfants. Les parents qui consacrent leur temps et leur argent à la parure et à satisfaire leurs inclinations cultivent sûrement la vanité, l'égoïsme et les passions chez leurs enfants. Les mères se plaignent qu'elles n'ont pas le temps d'instruire leurs enfants et de sympathiser avec eux dans leurs petites épreuves. Ces petits cœurs sont avides de sympathie et de tendresse; s'ils ne les trouvent pas chez leurs parents ils iront les chercher ailleurs, mais pas toujours au bon endroit. J'ai vu des mères refuser à leurs enfants quelque plaisir innocent, absorbées qu'elles étaient par la confection de quelque colifichet. Avec le temps, ces leçons portent leurs fruits d'orgueil et d'incapacité. Les parents déplorent alors les fautes de leurs enfants, mais ils ne comprennent pas qu'ils récoltent ce qu'ils ont semé. TC 88.1

Parents chrétiens, ne vous dérobez pas aux devoirs de la vie; pensez aux obligations sacrées qui reposent sur vous! Conformez--vous à la parole de Dieu plutôt qu'aux exigences de la mode et aux coutumes mondaines. Renoncez aux convoitises des yeux et à l'orgueil de la vie. Le bonheur de vos familles et le bien de la société dépendent dans une grande mesure de l'éducation morale et physique que vous donnez à vos enfants dans les premières années de leur existence. Si l'on savait être simple dans ses goûts et ses habitudes, tant dans le manger que dans le vêtement, les mères auraient plus de temps à consacrer à l'éducation de leurs enfants; elles les rendraient heureux en leur apprenant une obéissance affectueuse. TC 89.1

Il vaut mieux ne pas envoyer les enfants trop tôt à l'école. Une mère doit bien considérer à qui elle confie le développement de l'esprit de son enfant. Les meilleurs instituteurs des enfants âgés de moins de huit ans sont leurs parents. Leur salle d'école doit être la campagne, parmi les fleurs et les oiseaux; leur manuel, le grand livre de la nature. Les leçons données dans un tel milieu ne s'effaceront pas de si tôt. Il s'agit de préparer avec beaucoup de soin le terrain du cœur pour que le «semeur» puisse y répandre la bonne semence. Si la moitié du temps dépensé pour des futilités mondaines était consacré à la culture intellectuelle des enfants, à leur inculquer des habitudes correctes, une transformation bien marquée ne tarderait pas à s'opérer dans les familles. TC 89.2

J'entendais dernièrement une mère dire qu'elle aimait voir une maison bien construite; une mauvaise distribution intérieure, des boiseries mal jointes l'agaçaient. Tout en admettant son bon goût je regrettai qu'elle n'en eût pas mis davantage dans l'éducation de ses enfants. Ces derniers étaient des édifices pour la structure desquels elle était la plus responsable, et pourtant leurs manières rudes et grossières, leur tempérament colérique, égoïste et volontaire affectaient péniblement ceux qui les connaissaient. C'étaient vraiment des caractères mal formés, du mauvais travail, et la mère n'y voyait rien. La symétrie de la maison avait pour elle plus d'importance que celle du caractère de ses enfants. TC 90.1

L'ordre et la propreté sont des devoirs chrétiens, mais ils peuvent être poussés trop loin; on en fait la chose essentielle tandis qu'on néglige des devoirs plus importants... Ceux qui sacrifient ainsi les intérêts de leurs enfants à des détails secondaires sont comme ceux qui payaient la dîme de la menthe et du cumin, tandis qu'ils négligeaient les grands commandements de la loi: la justice, la miséricorde et l'amour de Dieu. TC 90.2

Les enfants les plus gâtés deviennent volontaires, colériques et désagréables. Il serait fort à désirer que les parents comprennent que leur propre bonheur, aussi bien que celui de leurs enfants, dépend d'une éducation première judicieuse. Que sont ces tendres êtres qui sont confiés à nos soins? Ce sont les plus jeunes membres de la famille du Seigneur. «Je vous confie ce fils, cette fille,» dit-il, «prenez-en soin et préparez-les afin qu'ils puissent être façonnés et polis pour former un palais qui servira à orner les cours de l'Eternel.» œuvre précieuse! œuvre importante! Et pourtant, on voit encore des mères qui soupirent après un champ d'activité plus vaste, après quelque travail missionnaire. Si seulement elles pouvaient se rendre aux Indes ou en Afrique, elles auraient le sentiment de faire quelque chose. Mais s'acquitter des petits devoirs de la vie avec fidélité et persévérance, leur semble bien peu de chose. Pourquoi cela? N'est-ce pas parce que le travail de la mère est si rarement apprécié? Elle porte mille soucis et mille fardeaux dont le père se fait rarement une juste idée. Trop souvent, il rentre à la maison avec ses soucis et les tracas de ses affaires pour jeter un voile de tristesse sur la famille, et s'il ne trouve pas à la maison toutes choses comme il entend, il se laisse aller à l'impatience et à la gronderie. Il peut se vanter de ce qu'il a fait dans le courant de la journée; mais, à son sens, le travail de la mère n'est que peu de chose, ou il n'est tout au moins pas apprécié à sa juste valeur. A ses yeux, les soucis de la mère sont insignifiants. Elle n'a pas autre chose à faire qu'à apprêter les repas, à veiller sur ses enfants, qui sont parfois nombreux, et à maintenir la maison en ordre. Elle s'est efforcée, toute la journée durant, de faire marcher sans bruit le mécanisme domestique. Bien que fatiguée et préoccupée, elle s'est efforcée de faire entendre des paroles aimables et réjouissantes, d'instruire ses enfants et de les garder dans la bonne voie. Tout cela a exigé de sa part des efforts et une grande somme de patience. Elle ne peut pourtant pas se vanter du travail qu'elle a fait. Il lui semble qu'elle n'a rien fait. Mais ce n'est pas le cas. Bien que les résultats de son travail ne soient pas visibles, les anges de Dieu veillent avec sollicitude sur la mère épuisée par les soins domestiques que chaque jour lui apporte, et prennent soigneusement note de tous les soucis qu'elle porte jour après jour. Son nom peut n'être jamais inscrit dans l'histoire et elle peut ne jamais jouir des honneurs et des applaudissements du monde, comme le mari et père; mais il est immortalisé dans le livre de Dieu. Elle fait son possible, et elle occupe aux yeux de Dieu une position plus élevée que le roi sur son trône; car elle agit sur des caractères: elle façonne des intelligences. Ce sont les mères d'aujourd'hui qui forment la société de demain. Combien n'est-il pas important qu'elles élèvent leurs enfants de telle façon que ceux-ci puissent résister aux tentations qui les assailliront de toutes parts par la suite! TC 91.1

Quels que soient sa vocation et ses soucis, que le père conserve à la maison le même sourire et le même ton avenant avec lesquels il a accueilli les étrangers et les visites toute la journée durant. Que la femme sache qu'elle peut se reposer sur l'affection profonde de son mari,—que ses bras la fortifieront et la soutiendront dans tous ses travaux et ses soucis, que son influence soutiendra celle de son épouse, et les fardeaux de celle-ci seront allégés de moitié. Les enfants ne sont-ils pas ceux du père aussi bien que ceux de la mère? TC 93.1

Père, efforcez-vous d'alléger la tâche de la mère. Dans les moments que vous seriez enclin à consacrer à des plaisirs égoïstes, tâchez d'apprendre à connaître vos enfants. Associez-vous à leurs jeux et à leurs travaux. Appelez leur attention sur les belles fleurs, les arbres majes- tueux et les feuilles desquelles vous pouvez leur apprendre à lire l'œuvre et l'amour de Dieu. Enseignez-leur que le Dieu qui a créé toutes ces choses aime ce qui est beau et bon. Christ appelait l'attention de ses disciples sur les lis des champs et les oiseaux de l'air; il leur montrait comment Dieu en prenait soin, et il leur faisait voir là la preuve qu'il prendrait aussi soin de l'homme qui vaut beaucoup plus que les oiseaux et les fleurs. Apprenez aux enfants que quelque peine qu'ils puissent se donner pour s'orner en vue de paraître aussi avantageusement que possible, jamais ils ne pourront se comparer, pour la grâce et la beauté, avec la plus simple des fleurs des champs. Leurs affections seront ainsi détournées de ce qui est artificiel pour se reporter sur ce qui est naturel. Ils peuvent apprendre que Dieu leur a donné toutes ces beautés naturelles pour leur jouissance, et qu'il désire posséder en retour leurs affections les plus chaudes et les plus saintes. TC 93.2

Les parents devraient d'efforcer d'intéresser leurs enfants à l'étude de la physiologie. Jeunes gens et jeunes filles doivent apprendre à connaître leur corps. Ils sont rares, les jeunes gens et les jeunes filles qui possèdent quelques connaissances précises des mystères de la vie. Il est rare qu'une mère s'intéresse à l'étude du merveilleux organisme humain et aux rapports mutuels de ses organes si divers et si compliqués. Elles ne comprennent pas l'influence du corps sur l'esprit et de l'esprit sur le corps. Elles consacrent leur temps à des bagatelles, puis elles prétendent ne pas pouvoir trouver le temps nécessaire pour acquérir les connaissances qui leur seraient nécessaires pour veiller sur la santé de leurs enfants. Cela leur occasionne moins de dérangement de les remettre entre les mains des docteurs. Des milliers d'enfants meurent à cause de l'ignorance de leurs mères au sujet des lois de leur être. TC 94.1

Si les parents consentaient à se donner la peine d'acquérir des connaissances sur ce sujet, et s'ils voyaient la nécessité de les mettre en pratique, les choses iraient beaucoup mieux. Enseignez à vos enfants à aller de la cause aux effets. Apprenez-leur que s'ils transgressent les lois de leur être, ils devront en payer la pénalité par des souffrances. Si vous ne voyez pas des progrès aussi rapides que vous pourriez le désirer, ne vous laissez pas aller au découragement, mais instruisez-les patiemment, et persévérez jusqu'à ce que vous ayez remporté la victoire. Apprenez-leur à connaître leur corps et la manière de le traiter. L'indifférence au sujet de la santé physique tend à produire l'indifférence au sujet de la santé morale. TC 95.1

Ne négligez pas d'enseigner à vos enfants l'art d'apprêter les aliments d'une manière hygiénique. En les initiant à la physiologie et aux mystères de la cuisine vous leur donnez les premiers principes de l'une des branches les plus utiles des connaissances humaines, et vous leur inculquez des principes qui sont des éléments obligés de l'instruction religieuse. TC 95.2

Tous les enseignements dont je viens de parler sont nécessaires. Pris au sérieux, ils seront un rempart qui protégera nos enfants de la corruption qui inonde le monde. Il faut que la tempérance préside à nos tables. Il nous faut des maisons où la lumière de Dieu et l'air pur du ciel puissent se jouer librement. Il nous faut des foyers où l'on respire la joie, et dont l'influence soit heureuse. Il faut apprendre aux enfants à se rendre utiles, et les instruire dans les choses de Dieu. Tout cela ne se fait pas sans peine. On n'y arrive que par des prières, des larmes, et des instructions souvent répétées. Il arrivera souvent qu'on sera aux abois, ne sachant que faire; mais nous pouvons présenter à Dieu nos enfants par la prière pour le supplier de les préserver du mal. Nous pouvons dire: Maintenant, Seigneur, fais ton œuvre; touche et attire le cœur de nos enfants.«Et il nous exaucera. Il entend les prières des mères anxieuses qui prient et qui pleurent. Aux jours de la chair de Christ, les mères sou- cieuses de l'avenir de leurs enfants les lui apportaient; elles pensaient que s'il daignait leur imposer les mains, elles auraient plus de courage pour les élever dans la voie qu'ils devaient suivre. Le Sauveur savait pourquoi ces mères lui apportaient leurs enfants, aussi censura-t-il ses disciples qui voulaient les empêcher de parvenir jusqu'à lui en ces termes: «Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas; car le royaume de Dieu est pour ceux, qui leur ressemblent.» (Mr.10:14) Jésus aime les petits enfants, et ses yeux sont sur les parents pour voir comment ils s'acquittent de leur tâche. TC 96.1

L'iniquité abonde de tous côtés, et ce n'est que par des efforts énergiques et persévérants.que l'on réussira à assurer le salut de ses en-fants. Christ a dit: «Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité.» (Jn.17:19) Il désirait que ses disciples fussent sanctifiés, et il marchait devant eux pour leur donner un exemple qu'ils pussent imiter. Ne serait-ce pas rationnel que les pères et mères suivissent cet exemple et raisonnassent ainsi: «Je désire que mes enfants aient des principes fermes: je leur en donnerai l'exemple dans ma vie?» Que la mère ne considère comme trop grand aucun des sacrifices appelée à faire en vue d'assurer le salut des siens. Souvenez-vous que Jésus a donné sa vie pour sauver de la ruine vous et les vôtres. Dans cette œuvre bénie, vous êtes assurée de sa sympathie et de son concours, et vous êtes ouvrière avec Dieu. TC 97.1

Il est possible que nous soyons en défaut sur bien des points; mais acquittons-nous avec soin de nos devoirs envers nos enfants. S'ils sont purs et vertueux en quittant la maison; s'ils remplissent la place la plus humble dans la grande œuvre qui a pour but de réaliser à l'égard du monde les desseins d'amour de Dieu, notre vie ne pourra pas être considérée comme perdue. TC 98.1