Tempérance Chrétienne

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CHAPITRE 10—LE VÊTEMENT.

La mode gouverne le monde; et elle est une maîtresse tyrannique, qui contraint souvent ses sectateurs à se soumettre aux plus grands inconvénients et à renoncer à tout confort. La mode impose sans raison et opère ses recouvrements sans miséricorde. Elle possède une puissance fascinatrice, et elle est toujours prête à critiquer et à ridiculiser tous ceux qui ne veulent pas la suivre. TC 120.1

Satan, l'instigateur et le principal acteur des décrets de la mode qui varient chaque jour, et qui ne sont jamais satisfaisants, est toujours à combiner quelque chose de nuisible à la santé physique et morale; et il jubile de voir que ses entreprises sont couronnées d'un tel succès. La mort rit de voir que la frénésie d'un suicide lent de la santé et le zèle aveugle des adorateurs de l'idole de la mode les conduit si facilement sous son empire. Le bonheur et la faveur de Dieu sont sacrifiés sur son autel. TC 120.2

Le monde est absorbé par de vains amusements. Les premières et les meilleures pensées d'une grande proportion de nos femmes sont consacrées aux vêtements, et la culture de l'intelligence et du cœur est négligée. Même parmi celles qui professent aimer et observer les commandements de Dieu, il en est qui suivent cette catégorie de gens d'aussi près que possible tout en conservant leur profession de christianisme. Il est des jeunes filles qui sont tellement dévorées par le désir de paraître qu'elles seraient même disposées à abandonner leur profession de christianisme si cela est nécessaire pour satisfaire leur vanité dans le vêtement. TC 120.3

Le dimanche, nombre d'églises populaires ressemblent davantage à des théâtres qu'à des lieux consacrés au culte du vrai Dieu. Toutes les variétés de la mode y sont étalées. Nombre de pauvres n'ont pas le courage d'entrer dans de tels lieux de culte. Leur robe simple, bien qu'elle soit propre, présente un tel contraste avec celles de leurs sœurs plus opulentes, qu'elles se sentent mal à l'aise au milieu d'elles. Quelques-unes tentent d'imiter leurs sœurs riches en choisissant des étoffes d'une qualité inférieure qui imitent celles qui sont plus chères. Pauvres filles! avec les petits gages qu'elles peuvent gagner, elles dépensent souvent leur dernier centime pour .être vêtues comme celles qui ne sont pas obligées de travailler pour gagner leur vie. En conséquence de cela, elles n'ont fait aucune économie en prévision de la maladie, n'ont rien eu à mettre dans le trésor de la maison de l'Eternel, n'ont pas trouvé le temps de cultiver leur esprit par l'étude et la méditation de la Parole de Dieu; elles n'ont pas trouvé de temps pour la prière secrète, ni pour les réunions de prière. TC 121.1

C'est un fait déplorable que beaucoup de femmes chrétiennes sont parmi les premières à suivre la mode; et celles qui ne font aucune profession de piété emboîtent le pas derrière elles. Certaines personnes, qui ont une situation de fortune des plus modestes, dans leurs efforts pour suivre les variations incessantes de la mode, s'imposent des privations, et travaillent au-delà de leurs forces afin de conserver leur place dans la bonne société. Cette tentation est si forte que quelques-unes, pour atteindre leur but, ne reculent même pas devant les procédés déshonnêtes et le vol. Plusieurs sont entraînées à la ruine par leur désir de suivre la mode. Des chrétiennes de profession qui ont, par leur exemple, induit en tentation leurs sœurs plus faibles, auront un terrible compte à rendre au jour des rétributions finales. De pauvres filles inexpérimentées, électrisées par les honneurs rendus à celles qui sont mises à la mode, s'en infatuent à tel point qu'aucun sacrifice ne leur coûte en échange de quelques décorations artificielles. TC 122.1

Bien qu'il faille éviter toute ornementation superflue et inutile comme opposée à notre profession, comme disciples de l'humble et doux Jésus, nous ne pouvons qu'encourager le bon goût, la propreté, et l'ordre dans le vêtement. Il est des personnes qui négligent leur toilette, et qui sont sans cesse à discourir contre l'orgueil dans le vêtement. Elles croient que c'est une vertu d'être sans ordre ni goût dans sa mise. Elles confondent la décence et la propreté avec l'orgueil, et excusent le désordre de leur tenue, même le Sabbat, sous prétexte que la Parole de Dieu exige que son peuple se sépare du monde. Si ces personnes devaient se rendre à un rendez-vous d'un ami que le monde honore, et si elles désiraient spécialement entrer en faveur auprès de lui, elles s'efforceraient de se présenter devant lui aussi bien vêtues que possible. Et néanmoins, quand elles se réunissent au jour du Sabbat pour adorer le grand Dieu, elles n'attachent aucune importance au vêtement dans lequel elles se présentent devant lui, ou à l'état de propreté de leur personne. Elles vont dans Sa maison, qui est le cabinet d'audience du Très-Haut, le lieu que les anges célestes honorent de leur présence, sans crainte ni respect. Tous ceux qui se réunissent pour le culte au jour du Sabbat devraient, autant due faire se peut, avoir des vêtements propres, bien confectionnés et convenables. Porter le jour du Sabbat, pour se rendre au culte, des vêtements sales qu'on a portés pendant toute la semaine, alors qu'on pourrait faire autrement, c'est déshonorer le Sabbat, déshonorer Dieu, déshonorer sa maison. TC 123.1

Christ représente ses disciples comme le sel de la terre et la lumière du monde. Privé de l'influence salutaire des chrétiens, le monde périrait dans sa corruption. Considérez les chrétiens de profession décrits, qui sont négligents au sujet de leur vêtement et de leur personne, et peu scrupuleux dans leurs relations commerciales. Pensez-vous que si le Sauveur était sur la terre, il les désignerait comme le sel de la terre et la lumière du monde?—Non, jamais. Les vrais chrétiens ont une conversation élevée; et tout en considérant comme un péché de s'abaisser à une vaine flatterie, ils sont courtois, aimables et généreux. Leurs discours sont tout faits de sincérité et de vérité. Ils sont fidèles dans leurs rapports avec leurs frères et avec le monde. Ils évitent dans leur vêtement l'éclat et le superflu; mais leur vêtement est modeste, adapté à leur personne avec ordre et avec goût. Ils ont plus de souci de garder leur corps dans un état où il puisse glorifier Dieu que de se conformer aux derniers décrets de la mode. TC 124.1

Il est impossible d'évaluer les souffrances occasionnées chez les femmes par des vêtements contraires aux lois de l'hygiène. Nombre d'entre elles se sont rendues invalides pour la vie pour avoir voulu répondre aux exigences de la mode. La santé et la vie sont sacrifiées sur l'autel de cette déesse insatiable. Plusieurs croient avoir le droit de traiter leur corps comme bon leur semble; mais elles oublient que leur corps ne leur appartient pas. Le Créateur qui les a formées a sur elles des droits qu'elles ne sauraient méconnaître. Toute transgression inutile des lois de notre être est une transgression virtuelle de la loi de Dieu, et constitue un péché aux yeux du ciel. Le Créateur savait ce qu'il faisait lorsqu'il créait le corps humain. Il n'a pas eu besoin de consulter la couturière pour connaître ses idées au sujet de la beauté. Dieu, qui a créé tout ce qui est glorieux et aimable dans la nature, a certainement su comment il devait s'y prendre pour donner au corps humain la beauté et la santé. Les améliorations que l'on tente aujourd'hui d'apporter à son plan constituent une injure pour le Créateur. On ne fait que de déformer ce qu'Il avait fait parfait. TC 125.1

Le dessein de Satan est de pervertir chacune des fonctions de notre être de manière à rendre notre existence misérable, afin que Dieu soit déshonoré dans les créatures de ses mains. TC 125.2

Les femmes qui prennent pour critère les coutumes du monde se disqualifient au double point de vue physique et intellectuel pour les devoirs de la vie. Plusieurs se sont fait un tort incalculable en se comprimant la taille. Leurs facultés pour faire du bien dans la famille et dans la société en sont grandement diminuées; et si elles deviennent mères, elles privent leurs enfants de vitalité. Quand la taille est comprimée, la circulation du sang est entravée, et les organes internes, gênés et repoussés de leur place, ne peuvent pas fonctionner convenablement. Il est impossible, dans de telles circonstances, de prendre une inspiration complète. C'est ainsi que se forme la pernicieuse pratique de n'utiliser que la partie supérieure des poumons. Un affaiblissement et la maladie en sont souvent la conséquence. TC 126.1

Bien que des plumes compétentes se soient déjà employées à signaler les dangers résultant de la compression de la taille, la grande majorité des femmes ne s'en rendent pas encore compte. Plusieurs prétendent qu'on ne se serre presque plus la taille aujourd'hui, et que par conséquent les remarques qui précèdent sont des coups d'épée dans l'eau; mais il n'en est pas moins vrai que les vêtements que portent encore aujourd'hui la plupart des femmes sont trop étroits pour permettre le libre fonctionnement des or- ganes vitaux. Toutes les pièces du vêtement devraient être assez amples pour que, lorsqu'on lève le bras, les parties correspondantes du vêtement soient toutes relevées. TC 126.2

Une autre erreur du vêtement des femmes de nos jours, c'est celle de porter des jupes dont le poids repose exclusivement sur les hanches. En reposant sur les intestins, ce poids lourd les fait descendre et occasionne un affaiblissement de l'estomac, et une sensation de lassitude qui porte la personne qui en souffre â s'incliner en avant. Cette charge tend aussi à entraver le libre fonctionnement des poumons, et à en empêcher le jeu normal. Le sang se charge d'impuretés, le fonctionnement de la peau se ralentit, et bientôt viennent la pâleur et la maladie; c'en est fait alors de la beauté et de la santé. Les dames peuvent avoir recours aux cosmétiques pour rendre à la peau sa couleur naturelle, mais ce n'est pas ainsi qu'elles peuvent ramener l'incarnat de la santé. Ce qui assombrit le teint assombrit aussi le caractère, et détruit la gaieté et la paix. Toute femme qui apprécie la santé doit éviter de faire reposer sur les hanches le poids de lourdes jupes. C'est sur les épaules que doit reposer le poids de tout le vêtement. Cette simple mesure contribuera grandement à combattre l'état de faiblesse qui afflige les femmes à un degré si alarmant. TC 127.1

Les jambes, qui devraient être même plus chaudement vêtues que toutes les autres parties du corps, parce qu'elles sont plus éloignées du grand centre de la circulation, sont souvent insuffisamment protégées; tandis que sur les organes vitaux, où il y a naturellement plus de chaleur que dans les autres parties du corps, il y a superfluité de vêtements. Les châles lourds dont on se recouvre généralement le dos tendent à congestionner les organes sensibles qu'ils recouvrent. Cette pièce de vêtement à la mode est une des causes les plus fréquentes de maladie chez les femmes. La santé dépend de la régularité de la circulation. Si les jambes sont bien habillées, il n'est pas nécessaire de porter autant de jupes. De plus, le poids de celles-ci ne devrait pas être tel que le mouvement des jambes en soit entravé., elles ne devraient pas non plus être assez longues pour prendre l'humidité et les ordures de la rue; il faut qu'elles soient supportées par les épaules. La robe devrait être assez ample pour ne gêner ni la circulation du sang, ni une respiration naturelle. Les pieds devraient être convenablement protégés contre le froid et l'humidité. Ainsi vêtus on peut prendre de l'exercice au grand air, même par la rosée du matin et du soir, ou après la neige ou la pluie, sans crainte de prendre un refroidissement. L'exercice à l'air vivifiant du ciel est nécessaire à la circulation normale du sang; il est la meilleure sauvegarde contre les refroidissements, les rhumes, et les congestions internes, qui sont la source de tant de maladies. Une réforme véritable du vêtement en règle tous les détails. Si les dames dont la santé périclite voulaient seulement mettre de côté les robes à la mode, se vêtir convenablement pour pouvoir prendre de l'exercice au grand air, si elles commençaient par un exercice modéré d'abord, et si elles en prolongeaient la durée à mesure que les forces le leur permettraient, plusieurs d'entre elles pourraient recouvrer la santé, et vivre pour être en bénédiction au monde, tant par leur exemple que par le travail de leurs mains. TC 128.1

Il n'entre pas dans les desseins de Dieu que des hommes et des femmes descendent prématurément dans la tombe en laissant leur œuvre inachevée. Son bon plaisir est que nous remplissions la mesure de nos jours avec des organes qui remplissent chacun la fonction qui lui est dévolue. Plusieurs se plaignent des dispensations divines lorsque la maladie et la mort s'abattent sur la famille; mais ils sont injustes, parce qu'ils imputent à Dieu les conséquences fatales de leurs transgressions des lois naturelles. TC 129.1

Les mères élégantes habillent leurs fillettes d'une manière aussi antihygiénique qu'elles-mêmes. Elles commencent de bonne heure à leur comprimer la taille, et leur habillent fort peu les jambes, à un moment où la nature a besoin de réquisitionner toutes les ressources dont elle dispose pour réussir à former un corps parfait. Les jambes n'ont pas été faites pour braver les intempéries comme le visage. Les enfants vêtus d'après les exigences de la mode ne peuvent guère stationner au grand air que quand la température est douce. Aussi les tient-on enfermés dans des chambres mal aérées, de crainte du froid,—et ce n'est pas sans raison qu'on redoute le froid avec les vêtements à la mode. Mais s'ils étaient confortablement vêtus, ils pourraient sans dommage prendre librement de l'exercice au grand air, hiver et été. Des vêtements antihygiéniques font de nombre d'enfants des invalides, ou, ce qui est préférable dans bien des cas, amènent une mort prématurée. C'est ainsi que la mode remplit d'invalides les maisons de ses esclaves, et nos cimetières de petites tombes. TC 129.2

Mère, voulez-vous que votre enfant vive et porte l'incarnat de la santé? Apprenez-lui à se vêtir hygiéniquement. Si vous l'aimez et si vous voulez son bien, pourquoi lui enseignez-vous par votre exemple que ce n'est pas un péché de déformer un corps fait à l'image de Dieu? Quelle est la raison que vous pourrez donner au Créateur pour gâter son œuvre? Détournez-vous des journaux de mode et étudiez l'organisme humain. Nous avons été faits d'une manière étonnante et merveilleuse, et notre devoir est de présenter notre corps à Dieu en sacrifice vivant. Comment des mères chrétiennes pourraient-elles s'incliner devant l'autel de la mode et conserver leur fidélité au Dieu du ciel? C'est une impossibilité; «vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.» (Lu.16:13) Vous ne pouvez pas consacrer au monde votre temps et vos talents, et en même temps vous acquitter de la tâche que le Seigneur vous a assignée: élever vos enfants pour Dieu, et veiller sur leur développement physique, ce qui leur sera en bénédiction jusqu'à la fin de leurs jours. TC 130.1

Les petits garçons sont aussi vêtus de telle manière que les jambes sont moins bien recouvertes que le reste du corps. Les jambes, éloignées comme elles le sont du grand centre de la circulation, ont besoin d'être plus chaudement vêtues que les autres parties du corps. Les vaisseaux qui transportent le sang aux extrémités sont grands; ils transportent suffisamment de sang pour alimenter et réchauffer les extrémités. Mais quand le sang se glace dans ces extrémités, les vaisseaux se contractent, et la circulation est ralentie. Non seulement les enfants souffrent alors du froid des jambes; mais privée d'une nutrition suffisante, celles-ci ne parviennent pas à un degré naturel de développement. Une bonne circulation purifie le sang et assure la santé; tandis qu'une mauvaise circulation charge le sang d'impuretés, et prédispose les organes vitaux au congestionnement. TC 131.1

Mères, pourquoi ne pas vêtir convenablement vos garçons et vos filles? Faites-leur des vêtements simples, amples et confortables; habillez chaudement et également les jambes, surtout les chevilles; puis permettez-leur de prendre de l'exercice au grand air: ce sera leur santé et leur bonheur. Il faut du courage moral pour secouer le joug de la mode, se vêtir et vêtir ses enfants selon les exigences de l'hygiène; mais les résultats seront de nature à vous dédommager de tous les renoncements et de tous les désagréments que cela peut occasionner. TC 132.1

Des mères consacrent à la mode le temps que Dieu leur a donné en vue de s'occuper de la formation du caractère de leurs enfants. On compromet sa santé en restant penchée sur un travail de couture toute la journée et en se privant ainsi de l'air pur et du soleil. Des occasions dont on devrait profiter pour former l'esprit et le meubler de connaissances utiles sont ainsi perdues. Des mères se disqualifient ainsi pour leur grande mission qui consiste à former leurs enfants en vue d'une carrière d'uti- lité dans ce monde, et d'une place dans un monde meilleur. Les femmes se chargent d'une lourde croix. Si Christ imposait à ses disciples un aussi lourd fardeau, elles trouveraient son joug trop blessant et sa croix trop lourde. Christ ne demande d'aucun de ses disciples de porter un joug aussi lourd que celui auquel se soumettent les esclaves de la mode. TC 132.2

Si les chrétiennes se mettaient à la tête d'une bonne réforme, si elles donnaient l'exemple de se vêtir proprement, mais simplement, et en tenant compte des besoins du corps, on verrait s'opérer une réforme universelle. Si elles considéraient les choses à un point de vue élevé, elles conformeraient leurs habitudes aux lois de leur être, et se conformeraient, dans toute leur conduite, aux lois physiques et morales que Dieu a établies. On dépenserait alors moins d'argent, moins d'énergie nerveuse, moins de force physique en vue de décorations artificielles, au grand détriment, pour ne pas dire au sacrifice, de la beauté naturelle. Il nous faudrait des femmes et mères plus pratiques, et un heureux changement se produirait dans bien des familles, maintenant misérables à cause des notions erronées qu'elles ont de la vie. TC 133.1

Jamais le cœur humain n'a été soumis à la volonté de Dieu. Le raisonnement humain s'est toujours efforcé d'éluder ou d'anéantir les ins- tructions les plus simples et les plus directes de la Parole de Dieu. Les préceptes qui enjoignent le renoncement et l'humilité, qui exigent la modestie et la simplicité dans la conversation, la conduite, et le vêtement, ont été méconnus de tout temps, même par la grande majorité de ceux qui professent être disciples de Christ. Le résultat de cette infidélité a toujours été le même: l'adoption des modes, des coutumes, et des principes du monde. TC 133.2

Ils sont peu nombreux ceux qui connaissent leur cœur. Les vaines et légères adoratrices de la mode peuvent se réclamer du nom de Christ, mais leurs vêtements et leurs discours montrent ce dont leur esprit est occupé, et ce sur quoi elles ont placé leurs affections. L'extérieur démontre ce qui est dans le cœur. Un esprit véritablement élevé ne saurait trouver son plaisir à s'occuper de l'ornement du corps en vue de paraître. Une femme modeste et pieuse se vêtira modestement. La simplicité dans le vêtement mettra toujours en relief les grâces d'une femme sensée. Un esprit distingué et cultivé se manifestera dans le choix de vêtements simples, mais bien assortis. Il n'y a pas de place, dans un cœur sanctifié, pour penser à des ornements inutiles. TC 134.1

Etudiez moins la mode et davantage le caractère de Christ. Le plus grand et le plus saint des hommes était aussi le plus doux et le plus humble. La majesté et l'humilité étaient unies dans son caractère. Les armées célestes étaient soumises à sa volonté; les mondes obéissaient à sa Parole puissante; néanmoins, par amour pour nous il est devenu pauvre afin que, par sa pauvreté, nous devinssions riches. Les attraits de ce monde, sa gloire et son orgueil, n'avaient pas de prix sur lui. Dans la gerbe des grâces chrétiennes, ce sont la douceur et l'humilité qui sont mises le plus fortement en relief. Christ a vu la place qu'occupait le vêtement dans les préoccupations de plusieurs, aussi conseille-t-il, que dis-je, ordonne-t-il à ses disciples de ne pas trop s'en préoccuper. «Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Considérez comment croissent les lis des champs: ils ne travaillent ni ne filent; cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux.» 1 TC 134.2

L'apôtre décrit comme suit l'ornement des chrétiennes: «Ayez, non cette parure extérieure, qui consiste dans les cheveux tressés, les ornements d'or, ou les habits qu'on revêt, mais celle qui convient à la personne cachée dans le cœur, parure incorruptible d'un esprit doux et paisible, qui est d'un grand prix devant Dieu.» 2 «Je veux aussi que les femmes, vêtues d'une manière décente, avec pudeur et modestie, ne se parent ni de tresses, ni d'or, ni de perles, ni d'habits somptueux, mais qu'elles se parent de bonnes œuvres, comme il convient à des femmes qui font profession de servir Dieu.» 1 L'orgueil et l'extravagance dans les habits sont des péchés auxquels la femme est particulièrement sujette; c'est pourquoi c'est à elle que ces exhortations sont spécialement adressées. TC 135.1

Oh, combien insignifiante est la valeur de l'or, des perles, et des vêtements somptueux quand on les compare à la douceur, à l'humilité et à la beauté de Christ! C'est la symétrie de toutes les parties que constitue la beauté physique; mais c'est la conformité avec Christ qui constitue la beauté spirituelle. La grâce de Christ est sans contredit un ornement de grand prix. Elle élève et ennoblit celui qui la .possède; et elle exerce aussi une influence sur d'autres, et les attire vers la source de la lumière et des bénédictions. TC 136.1

Sœurs chrétiennes, travaillez beaucoup moins pour vous tenir au courant de la mode du jour. Etudiez plutôt le grand modèle, Jésus-Christ, afin de ne pas vous éloigner de lui. Prenez la détermination bien arrêtée de demeurer attachées au cep. Si vous demeurez en Christ, vous porterez beaucoup de fruit. Mais le sar- ment ne peut produire aucun fruit s'il ne demeure attaché au cep.» Ainsi, dit Christ, «vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi.» 1 TC 136.2

C'est petit à petit que l'âme croît en grâce, en pureté, en beauté—cette œuvre est progressive; mais elle doit se poursuivre constamment. Le fruit approche constamment de la perfection; le chrétien s'assimile sans cesse les voies et la volonté de Christ. Mais pour bon nombre de ceux qui se réclament du nom de Christ, on peut avoir une pénible certitude qu'ils ne progressent pas dans la direction du ciel, mais qu'ils sont entraînés par les coutumes et les pratiques du monde. Les modes les plus disgracieuses et les plus nuisibles, les plus opposées aux lois de la nature, sont adoptées par elles sans hésitation. Par la contemplation de ces modes, elles sont transformées à la ressemblance de ce qu'elles admirent tellement. Elles se hâtent ainsi d'adopter la règle du monde, où l'orgueil et la mode achèvent en elles la transformation qui fait les délices de Satan, et elles deviennent aussi instables que l'eau. L'action ferme et silencieuse de la véritable piété perd de sa vitalité et de sa force; «il en est ainsi de la foi: si elle n'a pas les œuvres, elle est avorte en elle-même.» 2 TC 137.1

Il est une parure que tout enfant, toute jeune personne, peut innocemment rechercher. C'est la justice des saints. S'ils la recherchent avec autant d'ardeur et de détermination qu'ils ne s'efforcent de façonner leurs vêtements sur l'idéal de la société mondaine, ils ne tarderont pas à être vêtus de la justice de Christ, et jamais leurs noms ne seront effacés du livre de vie. Du cœur des mères, aussi bien que de celui des enfants devrait monter cette prière: «O Dieu! crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé.» 1 Cette pureté du cœur et cet esprit aimable sont plus précieux que l'or, et pour le temps et pour l'éternité. Ceux-là seuls qui ont le cœur pur verront Dieu. TC 138.1

Mères, enseignez donc à vos enfants, ligne sur ligne, et précepte sur précepte, que la justice de Christ est le seul vêtement avec lequel ils pourront se présenter à la porte du ciel, et que lorsqu'ils seront couverts de ce vêtement, ils feront constamment dans cette vie des œuvres qui glorifieront Dieu. TC 138.2