Jésus-Christ

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Chapitre 15 — Au repas de noces

Ce chapitre est basé sur Jean 2:1-11.

Ce n’est pas en accomplissant quelque grand exploit, à Jérusalem, en présence du sanhédrin, que Jésus commença son ministère. Il manifesta sa puissance dans un petit village galiléen, pour accroître la joie d’une fête de noces. Par là il montrait sa sympathie pour les hommes, et son désir de les rendre heureux. Au désert, il avait bu à la coupe de douleur de la tentation. Il tendait aux hommes la coupe de bénédiction, sanctifiant par sa présence les relations de la vie humaine. JC 127.1

Après avoir quitté le Jourdain, Jésus était retourné en Galilée. Un mariage devait avoir lieu à Cana, petite ville voisine de Nazareth; Jésus, étant informé de cette réunion de famille, se rendit près des fiancés, parents de Joseph et de Marie, et fut invité ainsi que ses disciples, aux noces. JC 127.2

Il revit ainsi sa mère, dont il avait été séparé pendant quelque temps. La nouvelle de la manifestation qui s’était produite au Jourdain, à l’occasion du baptême de Jésus, avait été apportée à Nazareth, et avait ravivé en elle le souvenir des scènes qu’elle conservait dans son cœur, depuis tant d’années. Très profondément impressionnée aussi par la mission de Jean-Baptiste, qui avait remué tout Israël, elle se rappelait la prophétie prononcée à sa naissance. Les relations de Jésus avec le Baptiste ranimaient ses espérances. Mais elle n’avait pu se défendre contre de sombres pressentiments en apprenant le séjour mystérieux de son fils au désert. JC 127.3

Depuis le jour où elle avait reçu la visite de l’ange dans sa maison à Nazareth, Marie avait recueilli précieusement dans sa pensée tout ce qui lui prouvait que Jésus était le Messie. Sa vie pleine de douceur, absolument exempte d’égoïsme, lui donnait la certitude qu’il ne pouvait être que l’Envoyé de Dieu. Cependant elle connaissait, elle aussi, les doutes et les déceptions, et elle soupirait après le moment où il manifesterait sa gloire. La mort lui avait enlevé Joseph, qui partageait son secret au sujet de la naissance de Jésus. Il ne lui restait personne à qui confier ses espoirs et ses craintes. Les deux derniers mois avaient été pour elle des mois de souffrance. Privée de la présence de Jésus, dont la tendresse était son seul réconfort, elle méditait les paroles de Siméon: “Une épée te transpercera l’âme”;1 elle se souvenait des trois jours passés dans l’angoisse lorsqu’elle avait cru son fils perdu à jamais, et, anxieuse, elle attendait son retour. JC 127.4

Elle le revoit à la fête des noces. Il est toujours le fils tendre et soumis. Pourtant ce n’est plus le même homme. Son visage, transformé, porte les traces de la lutte soutenue au désert; une expression de dignité et de puissance révèle sa mission céleste. Il est accompagné d’un groupe de jeunes hommes qui le suivent du regard, avec respect, en l’appelant: Maître. Ces compagnons de Jésus racontent à Marie ce qu’ils ont vu et entendu au moment du baptême et à d’autres occasions. Et ils concluent en disant: “Nous avons trouvé celui dont il est question dans la loi de Moïse et dans les prophètes.”2 JC 128.1

Certains hôtes, dès leur arrivée, semblent préoccupés par quelque question d’un intérêt supérieur. Une sorte d’excitation contenue règne bientôt dans toute la société. De petits groupes s’entretiennent à voix basse, et des regards curieux se portent vers le fils de Marie. En entendant le témoignage que les disciples rendent à Jésus, Marie constate que ses espérances, longuement entretenues, ne sont pas vaines. Elle eût été au-dessus de l’humanité si un peu de fierté maternelle ne s’était mêlée à sa sainte joie. Voyant tant de regards dirigés sur Jésus, elle désirait vivement qu’il donnât une preuve du choix dont Dieu l’honorait. Elle espérait qu’une occasion lui serait donnée d’accomplir un miracle en leur présence. JC 128.2

Les fêtes de noces duraient ordinairement plusieurs jours. Il se trouva que la provision de vin fut épuisée avant la fin de la fête. Cette découverte occasionna de la perplexité et du regret car on n’avait pas l’habitude de se priver de vin les jours de fête, et c’était manquer d’hospitalité que de n’en point donner. En tant que parente des fiancés, Marie avait participé à l’organisation de la fête; elle confia son souci à Jésus: “Ils n’ont pas de vin.” C’était lui suggérer de pourvoir aux besoins. Mais Jésus répondit: “Femme, que veux-tu de moi? Mon heure n’est pas encore venue.” JC 128.3

Cette réponse, qui peut nous paraître un peu rude, n’exprimait ni froideur, ni manque de courtoisie. Le langage que le Sauveur tint à sa mère était parfaitement en accord avec les coutumes orientales. On se servait des mêmes expressions pour s’adresser à des personnes auxquelles on témoignait le plus grand respect. Tous les actes de la vie terrestre du Christ ont d’ailleurs été en harmonie avec le précepte qu’il avait donné lui-même: “Honore ton père et ta mère.”3 Sur la croix, accomplissant un dernier acte de tendresse envers sa mère, Jésus s’adressa à elle dans les mêmes termes en la remettant aux soins de son disciple bien-aimé. A la fête de noces et plus tard, sur la croix, l’affection, que Jésus exprimait par le ton, le regard et le geste, servait à interpréter ses paroles. JC 129.1

Au temps de son enfance, lors de sa visite au temple, à l’heure où le mystère de sa carrière s’ouvrit devant lui, Jésus avait dit à ses parents: “Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père?”4 Ces paroles étaient le programme de sa vie entière et de son ministère. Tout était subordonné à son œuvre, cette grande œuvre de rédemption qu’il venait accomplir dans le monde. Il répétait aujourd’hui cette leçon. Marie était en danger de croire que sa maternité lui donnait un droit particulier sur Jésus, celui de le diriger, jusqu’à un certain point, dans sa mission. Jusqu’à l’âge de trente ans il était resté, pour elle, un fils aimant et obéissant. Son amour n’a pas changé, mais il doit maintenant s’occuper des affaires de son Père. Aucun lien terrestre ne peut distraire de sa mission le Fils du Très-Haut ou influencer la conduite du Sauveur du monde. Il lui faut toute sa liberté pour accomplir la volonté de Dieu. C’est un enseignement pour nous: les droits de Dieu priment même les liens de la parenté. Aucun attrait humain ne doit nous détourner du sentier dans lequel il nous invite à marcher. JC 129.2

L’unique espoir de rédemption pour la race déchue réside en Christ; Marie elle-même ne pouvait trouver le salut qu’en l’Agneau de Dieu. Elle n’avait aucun mérite à faire valoir. Sa parenté avec Jésus n’affectait pas plus sa relation spirituelle avec lui qu’avec tout autre être humain. C’est là ce que signifient les paroles du Sauveur. Il veut établir une distinction nette entre ce qui l’attache à elle en tant que Fils de l’homme, et sa qualité de Fils de Dieu. Le lien familial qui les unissait ne la plaçait pas sur un pied d’égalité avec lui. JC 130.1

Les paroles: “Mon heure n’est pas encore venue” montrent que tous les actes de la vie terrestre du Christ ont été accomplis conformément à un plan existant de toute éternité. Avant même qu’il vînt sur la terre, le plan était présent à son esprit, achevé dans tous ses détails. A mesure qu’il s’avançait au milieu des hommes, il était conduit, pas à pas, par la volonté de son Père. Au moment fixé, il n’hésitait pas à agir. Il attendait avec la même soumission que le temps fût venu. JC 130.2

En disant que son heure n’était pas encore venue, Jésus répondait à la pensée non exprimée par Marie, au sujet de l’attente qu’elle chérissait en commun avec son peuple. Elle espérait qu’il allait se manifester en qualité de Messie et monter sur le trône d’Israël. Mais le moment n’était pas arrivé. Jésus avait accepté de partager le lot de l’humanité non en tant que Roi, mais en tant qu’Homme de douleurs, connaissant la souffrance. JC 130.3

Bien que Marie n’eût pas une juste conception de la mission du Christ, elle avait en lui une foi implicite. Aussi Jésus répondit-il à cette foi. Ce fut pour honorer la confiance de Marie et pour affermir la foi des disciples, que le premier miracle fut accompli. Nombreuses et fortes allaient être les tentations que l’incrédulité présenterait aux disciples. A leurs yeux, les prophéties montraient que Jésus était le Messie, et cela avec une clarté invincible. Ils pensaient que les conducteurs religieux le recevraient avec une confiance encore plus grande que celle qu’eux-mêmes nourrissaient. Ils faisaient part au peuple de ses œuvres merveilleuses et de la confiance avec laquelle ils considéraient sa mission, mais ils étaient stupéfaits et amèrement déçus en constatant l’incrédulité, les préjugés fortement enracinés, la haine manifestée contre Jésus par les prêtres et les rabbins. Les premiers miracles du Sauveur avaient pour but de fortifier les disciples en face de cette opposition. JC 130.4

Nullement déconcertée par les paroles de Jésus, Marie dit aux serviteurs chargés de servir le repas: “Tout ce qu’il vous dira, faites-le.” Elle fit ainsi ce qui dépendait d’elle pour préparer la voie à l’œuvre du Christ. JC 131.1

Il y avait, à l’entrée de la porte, six grands vases de pierre: Jésus ordonna aux serviteurs de les remplir d’eau, ce qui fut fait. Quand il fallut du vin, il leur dit: “Puisez maintenant, et portez-en à l’organisateur du repas.” On avait versé de l’eau dans les vases, on en retira du vin. Ni le maître d’hôtel ni la plupart des hôtes ne s’étaient rendu compte que le vin avait manqué. Ayant goûté ce vin que lui apportaient les serviteurs, le maître d’hôtel le trouva meilleur que tout ce qu’il avait jamais bu, et très différent du vin qu’on avait servi au commencement de la fête. S’adressant à l’époux, il lui dit: “Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon. ... Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent.” JC 131.2

On offre d’abord le bon vin, puis le moins bon; c’est ainsi qu’agit le monde avec ses dons. Ce qu’il offre peut plaire aux yeux et fasciner les sens, mais pour finir il ne donne pas une entière satisfaction. Le vin devient amer, la gaieté s’assombrit. Ce qui avait débuté au milieu des chansons et de la bonne humeur s’achève dans la lassitude et le dégoût. Au contraire, les dons de Jésus gardent toujours leur fraîcheur et leur nouveauté. La fête qu’il offre à l’âme ne manque jamais de donner satisfaction et joie. Chaque nouveau don fait mieux apprécier à celui qui le reçoit les bienfaits du Seigneur. Il accorde grâce pour grâce. Les approvisionnements ne font jamais défaut. Si vous demeurez en lui, le fait de recevoir un riche don aujourd’hui vous prépare à en recevoir un plus riche encore demain. La loi qui est à la base des agissements de Dieu à l’égard de ses enfants se trouve exprimée dans les paroles adressées à Nathanaël par Jésus: “Tu crois; tu verras de plus grandes choses que celles-ci!”5 JC 131.3

Le don du Christ, à la fête de noces, avait une signification symbolique. L’eau représentait le baptême annonçant sa mort; le vin, l’effusion de son sang pour les péchés du monde. Ce furent des mains humaines qui apportèrent l’eau et qui remplirent les vases; mais il fallut la parole du Christ pour communiquer une vertu vivifiante. Il en est de même des rites commémorant la mort du Sauveur. Ils ne peuvent rassasier l’âme que grâce à la puissance du Christ agissant par la foi. JC 132.1

La parole du Christ pourvut abondamment aux besoins de la fête. De même, sa grâce est suffisante pour effacer les iniquités humaines, pour renouveler et nourrir l’âme. JC 132.2

A cette première fête, Jésus donna à ses disciples la coupe symbolisant son œuvre de salut en leur faveur. Lors du dernier souper, il la leur donna, à nouveau, en instituant le rite sacré destiné à commémorer sa mort “jusqu’à ce qu’il vienne.”6 La douleur que les disciples éprouvaient à cause du départ de leur Seigneur, fut atténuée par la promesse du revoir. Il leur dit, en effet: “Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai avec vous du nouveau dans le royaume de mon Père”.7 JC 132.3

Le vin que le Christ procura, à l’occasion de la fête, ainsi que celui qu’il donna plus tard à ses disciples pour symboliser son propre sang, c’était le pur jus de raisin. C’est à ce vin que le prophète Esaïe faisait allusion en parlant de la grappe, dont on dit: “Ne la détruis pas; car ce qui reste de ce fruit est précieux.”8 JC 132.4

C’est le Christ lui-même qui dans l’Ancien Testament avait donné cette mise en garde: “Moqueur est le vin, bruyante la boisson fermentée: qui s’en laisse troubler manque de sens.”9 Ce n’est donc pas lui qui pouvait offrir une telle boisson. Satan s’efforce d’asservir les hommes à des vices qui obscurcissent la raison et engourdissent les perceptions spirituelles; le Christ, lui, nous apprend à assujettir la nature inférieure. Toute sa vie a été un exemple de renoncement à soi-même. Afin de briser le pouvoir de l’appétit, il a supporté pour nous les épreuves les plus dures que l’humanité puisse endurer. C’est le Christ qui avait ordonné que Jean-Baptiste ne bût ni vin ni boisson forte. C’est lui aussi qui avait commandé une abstinence semblable à la femme de Manoah. Une malédiction a été prononcée sur celui qui porterait une bouteille aux lèvres de son prochain. Le Christ ne s’est jamais contredit. Le vin non fermenté qu’il a offert aux hôtes participant à la fête de noces était une boisson saine et rafraîchissante, qui visait à mettre le goût en accord avec un appétit normal. JC 132.5

Les remarques sur la qualité du vin faites par les hôtes du festin firent naître des questions qui décidèrent les serviteurs à raconter le miracle. On fut d’abord trop surpris pour penser à celui qui avait accompli cette œuvre merveilleuse. Quand enfin on le chercha on constata qu’il s’était retiré si tranquillement que ses disciples eux-mêmes ne s’en étaient pas rendu compte. JC 133.1

L’attention se tourna alors vers les disciples. Pour la première fois ils eurent l’occasion de témoigner de leur foi en Jésus. Ils racontèrent ce qu’ils avaient vu et entendu au Jourdain, et bien des cœurs s’éveillèrent à l’espoir que Dieu avait suscité un libérateur à son peuple. La nouvelle du miracle se répandit dans toute la contrée et parvint à Jérusalem. Alors les prêtres et les anciens sondèrent avec un nouvel intérêt les prophéties relatives à la venue du Christ. On désira vivement connaître la mission de ce nouveau maître qui se montrait si humblement au sein du peuple. JC 133.2

Le ministère du Christ offrait un contraste frappant avec celui des anciens juifs. Leur respect de la tradition et leur formalisme avaient supprimé toute liberté de pensée et d’action. Ils étaient obsédés par la crainte de contracter une souillure. Pour éviter ce qui était impur ils se tenaient à l’écart, non seulement des Gentils, mais aussi de la plupart des Juifs, ne cherchant ni à leur être utiles ni à gagner leur amitié. En s’occupant constamment de ces vétilles, ils avaient rapetissé leurs esprits et rétréci leur horizon mental. Par leur exemple ils encourageaient l’égotisme et l’intolérance dans toutes les classes de la société. JC 133.3

Pour commencer son œuvre de réforme, Jésus établit un contact sympathique avec l’humanité. Tout en témoignant le plus grand respect pour la loi de Dieu, il condamnait la piété prétentieuse des pharisiens et s’efforçait de libérer le peuple des règles absurdes qui l’enserraient. Il cherchait à renverser les barrières séparant les diverses classes de la société et à rassembler les hommes en une seule famille d’enfants de Dieu. Sa participation à la fête de noces était un pas dans cette direction. JC 134.1

Dieu avait confiné Jean-Baptiste au désert pour le soustraire à l’influence des prêtres et des rabbins, et le préparer à sa mission particulière. Mais l’austérité et l’isolement de sa vie ne devaient pas constituer un exemple à suivre. Jean lui-même n’avait pas invité ses auditeurs à renoncer à leurs occupations. Il les exhortait à donner des preuves de repentance en étant fidèles à Dieu là où l’appel les avait trouvés. JC 134.2

Jésus condamnait l’égoïsme sous toutes ses formes, cependant il possédait une grande sociabilité. Il acceptait l’hospitalité de toutes les classes, entrant dans les demeures des riches et des pauvres, des savants et des ignorants, cherchant à détacher leurs pensées des choses vulgaires pour les fixer sur ce qui est spirituel et éternel. Il n’encourageait en aucune façon la dissipation, et sa conduite ne fut entachée d’aucune ombre de légèreté mondaine; il trouvait son plaisir dans des scènes de bonheur innocent, et il sanctifiait, par sa présence, les réunions sociales. Un mariage juif était un fait important, et les joies qu’il occasionnait ne déplaisaient point au Fils de l’homme. En assistant à cette fête, Jésus a honoré la divine institution du mariage. JC 134.3

Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, la relation conjugale sert à représenter l’union tendre et sacrée qui existe entre le Christ et son peuple. La joie d’un festin de noces évoquait à l’esprit de Jésus la joie de ce jour où il introduira son Epouse dans la maison du Père, où les rachetés s’assiéront avec le Rédempteur pour le souper des noces de l’Agneau. Il dit: “Comme la fiancée fait la joie de son époux, tu feras la joie de ton Dieu.” “On ne te nommera plus la Délaissée; ... mais on t’appellera: Celle en qui j’ai mis mon plaisir ... car l’Eternel mettra son plaisir en toi.” “Il éprouvera à ton sujet une grande joie; dans son amour pour toi, il gardera le silence; il sera plein d’allégresse à cause de toi!”10 Quand la vision des choses célestes lui fut accordée, l’apôtre Jean écrivit: “J’entendis comme la voix d’une foule nombreuse, comme la voix de grandes eaux, et comme la voix de forts tonnerres, disant: Alléluia! Car le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, a établi son règne. Réjouissons-nous, soyons dans l’allégresse et donnons-lui gloire, car les noces de l’Agneau sont venues, et son épouse s’est préparée.” “Heureux ceux qui sont appelés au festin de noces de l’Agneau”.11 JC 134.4

Jésus voyait en tout homme une âme appelée à son royaume. Il atteignait les cœurs en se mêlant à la foule comme un bienfaiteur. Il s’approchait d’eux alors qu’ils étaient occupés à leurs tâches quotidiennes et s’intéressait à leurs affaires. Il entrait dans les maisons pour y enseigner et plaçait les familles, dans leurs propres foyers, sous l’influence de sa divine présence. La sympathie personnelle qu’il savait manifester intensément lui gagnait les cœurs. S’il lui arrivait de se retirer sur une montagne pour prier dans la solitude, ce n’était là qu’une préparation pour les travaux de la vie active au milieu des hommes. Après ces occasions il sortait pour soulager les malades, instruire les ignorants, briser les chaînes dont Satan liait ses captifs. JC 135.1

C’est par des contacts et des rapports personnels que Jésus formait ses disciples. Il les enseignait, tantôt assis au milieu d’eux au flanc d’une montagne, tantôt au bord de la mer, ou en marchant avec eux sur la route, leur révélant les mystères du royaume de Dieu. Il ne sermonnait pas selon l’usage courant aujourd’hui. Partout où des cœurs s’ouvraient au message divin, il dévoilait les vérités qui touchent au chemin du salut. Au lieu de distribuer des ordres à ses disciples il leur disait: “Suivez-moi.” Il se faisait accompagner d’eux dans ses voyages à travers les campagnes et les cités, leur montrant comment il enseignait les foules. Il liait leurs intérêts aux siens et se les associait dans son œuvre. JC 135.2

Tous ceux qui prêchent la Parole, tous ceux qui ont reçu l’Evangile de la grâce, devraient suivre l’exemple du Christ: l’exemple qu’il leur a laissé en associant ses intérêts à ceux de l’humanité. Nous ne devons pas renoncer à la vie sociale. Nous ne devons pas nous isoler. Pour atteindre toutes les classes, il faut aller à leur rencontre. La plupart du temps les hommes ne viendront pas, d’eux-mêmes, à nous. Ce n’est pas seulement du haut de la chaire que la vérité divine peut toucher les cœurs. Un autre champ d’activité, quoique plus humble, est plein de promesses: c’est celui qu’offrent le logis du pauvre et le palais du riche, la table hospitalière et les réunions ayant pour but un divertissement légitime. JC 136.1

Si nous sommes disciples du Christ, l’amour des plaisirs ne nous fera pas nous mêler au monde pour participer à ses folies. De cela il ne résulterait que du mal. Nous ne devons jamais sanctionner le péché soit par nos paroles ou nos actions, soit par notre silence ou notre présence. Que Jésus nous accompagne partout; montrons à tous combien il nous est précieux. Ceux qui enferment leur religion derrière des murailles de pierre perdent de précieuses occasions de faire le bien. C’est par les relations sociales que le christianisme entre en contact avec le monde. Quiconque a reçu l’illumination divine doit éclairer le sentier de ceux qui ne connaissent pas la Lumière de la vie. JC 136.2

Nous devrions tous devenir des témoins de Jésus. Les influences sociales, sanctifiées par la grâce du Christ, doivent servir à gagner des âmes au Sauveur. Montrons au monde que nous ne sommes pas absorbés égoïstement par nos propres intérêts, que nous désirons que d’autres partagent nos bénédictions et nos privilèges. Qu’ils voient que notre religion ne nous rend pas durs et autoritaires. Tous ceux qui affirment avoir trouvé le Christ doivent servir comme lui de manière à être utiles aux hommes. JC 136.3

Ne donnons jamais l’impression que les chrétiens sont des gens sombres et malheureux. Les yeux fixés sur Jésus, nous verrons un Rédempteur plein de compassion, et nous serons éclairés par la lumière de sa face. Où son esprit règne la paix abonde. Et il y aura aussi de la joie, produit d’une sereine et sainte confiance en Dieu. JC 137.1

Le Christ est heureux quand ses disciples montrent que, quoique humains, ils sont participants de la nature divine. Ils ne sont pas des statues, mais des hommes et des femmes pleins de vie. Leurs cœurs rafraîchis par la rosée de la grâce divine, s’épanouissent sous les rayons du Soleil de justice. La lumière qui brille sur eux ils la réfléchissent sur d’autres par des œuvres tout illuminées de l’amour du Christ. JC 137.2