Jésus-Christ

35/88

Chapitre 34 — L’invitation

Ce chapitre est basé sur Matthieu 11:28-30.

“Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.” Ces paroles de réconfort s’adressaient à la foule qui suivait Jésus. Il avait dit que la connaissance de Dieu ne pouvait être obtenue que par son moyen et que celle des choses célestes avait été confiée à ses disciples. Mais personne ne devait se croire exclu de ses soins et de son amour. Tous ceux qui sont travaillés et chargés peuvent venir à lui. JC 319.1

Les scribes et les pharisiens, malgré le soin qu’ils apportaient à se conformer à des formes religieuses, éprouvaient des besoins que leurs rites pénitentiels ne pouvaient satisfaire. Les péagers et les pécheurs avaient dans leurs cœurs un sentiment de défiance et de crainte, même alors qu’ils paraissaient se contenter de plaisirs sensuels et terrestres. Jésus considérait avec pitié les âmes en détresse, les cœurs oppressés, ceux dont les espoirs avaient été déçus, et qui s’efforçaient d’apaiser les aspirations de leurs âmes par des jouissances terrestres: il les invitait tous à trouver en lui le repos. JC 319.2

Avec bonté il disait à ceux qui peinaient: “Prenez mon joug sur vous et soyez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes.” JC 319.3

Ces paroles s’adressent à tout être humain. Qu’ils en aient conscience ou non, tous les hommes sont fatigués et chargés, accablés par des fardeaux que le Christ seul peut enlever. Notre fardeau le plus lourd, c’est le péché. Si aucun secours n’arrive, nous en serons écrasés. Mais celui qui n’a pas connu le péché a pris notre place. “L’Eternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous.”1 Il a porté le fardeau de notre culpabilité. Il enlèvera ce poids de dessus nos épaules fatiguées. Il nous donnera du repos. Il se chargera également du fardeau de nos soucis et de nos douleurs. Il nous porte sur son cœur et nous invite à nous décharger sur lui de tous nos soucis. JC 319.4

Notre Frère aîné se tient près du trône éternel. Il abaisse un regard favorable sur toute âme qui cherche en lui son Sauveur. Il connaît par expérience les faiblesses de l’humanité; il sait aussi quels sont nos besoins et ce qui donne de la force à nos tentations; car il a été tenté en toutes choses comme nous, sans toutefois commettre de péché. Il veille sur toi, enfant craintif de Dieu. Es-tu tenté? Il te délivrera. Es-tu faible? Il te fortifiera. Es-tu ignorant? Il t’éclairera. Es-tu blessé? Il te guérira. “Il compte le nombre des étoiles”, et il est en même temps celui “qui guérit ceux qui ont le cœur brisé et qui bande leurs plaies”.2 Il vous invite: “Venez à moi.” Quels que soient vos sujets d’anxiété et vos épreuves, présentez-lui votre cas. Il communiquera à votre esprit la force de résister. Si vous êtes dans l’embarras et les difficultés, il vous donnera une issue. Plus grand est le sentiment de votre faiblesse, de votre impuissance, plus grande sera la force qu’il vous communiquera. Plus vos fardeaux vous semblent lourds, plus vous serez heureux de pouvoir les placer sur celui qui se charge de tous les fardeaux. Le repos que le Christ nous offre est soumis à des conditions, mais ces conditions sont formulées avec précision. Elles sont telles que chacun peut les remplir. Il nous indique clairement le chemin conduisant au repos. JC 320.1

“Prenez mon joug sur vous”, dit Jésus. Le joug est un instrument de service. Le bétail est soumis au joug afin de fournir un travail effectif. Cette image est employée par le Christ pour montrer que nous sommes appelés au service aussi longtemps que dure notre vie. Il nous faut nous charger de son joug et devenir ainsi ses collaborateurs. JC 320.2

C’est la loi de Dieu qui est le joug du service. La grande loi d’amour révélée en Eden, proclamée au Sinaï, inscrite dans les cœurs aux termes de la nouvelle alliance, c’est elle qui lie l’ouvrier humain à la volonté de Dieu. Si nous étions abandonnés à nos propres inclinations, libres d’aller où bon nous plaît, nous ne tarderions pas à rejoindre les rangs de Satan et à lui emprunter ses défauts. Raison pour laquelle Dieu nous enferme dans les limites de sa volonté juste, noble et ennoblissante. Il désire qu’avec patience et sagesse nous remplissions les devoirs du service. Ce joug du service, le Christ lui-même l’a porté en son humanité. Il a déclaré: “Mon Dieu, je prends plaisir à faire ta volonté.”3 “Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé4 L’amour de Dieu, le zèle consacré à sa gloire et l’amour envers l’humanité induisirent Jésus à venir sur cette terre pour y souffrir et mourir. Telle était la puissance qui régissait sa vie. Tels sont les principes qu’il nous invite à adopter. JC 320.3

Bien des cœurs gémissent sous le poids des soucis pour vouloir se conformer aux règles du monde. Ils ont décidé de le servir, accepté les embarras qui en résultent, et adopté ses coutumes. Résultat: un caractère déformé, une vie épuisante. Pour donner satisfaction à leurs ambitions et à leurs désirs mondains ils blessent leur conscience et se créent ainsi un fardeau supplémentaire, celui du remords. Des préoccupations constantes drainent les forces vitales. Notre Seigneur leur demande de se débarrasser de ce joug d’esclavage, de le remplacer par son propre joug. “Mon joug est aisé, dit-il, et mon fardeau léger.” Il les exhorte à chercher en premier lieu le royaume et la justice de Dieu, avec l’assurance que toutes les choses nécessaires leur seront ajoutées. Celui qui se tourmente est aveugle, incapable de voir l’avenir, tandis que Jésus voit la fin dès le commencement. Pour chaque difficulté il a un soulagement tout prêt. Notre Père céleste dispose de mille moyens de nous venir en aide, dont nous n’avons aucune idée. Ceux qui par principe placent le service et l’honneur de Dieu au-dessus de tout, verront s’évanouir leurs perplexités et s’ouvrir devant eux un sentier uni. JC 321.1

“Soyez mes disciples, dit Jésus, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes.” Mettons-nous à l’école du Christ et apprenons de lui la douceur et l’humilité. La rédemption est l’éducation qui prépare l’âme en vue du ciel. Cette éducation comporte la connaissance du Christ, l’abandon des idées, des habitudes et des usages appris à l’école du prince des ténèbres. L’âme doit être délivrée de tout ce qui s’oppose à la fidélité due à Dieu. JC 321.2

Une paix parfaite régnait dans le cœur du Christ, en parfaite harmonie avec Dieu. Il n’était jamais enivré par les applaudissements ni découragé par les reproches ou les déceptions. Il gardait tout entier son courage au milieu des plus vives oppositions et des traitements les plus cruels. Beaucoup de ceux qui se disent ses disciples ont un cœur anxieux et troublé: c’est qu’ils n’osent pas se confier entièrement à Dieu. Ils ne se soumettent pas entièrement à lui; ils redoutent les conséquences d’un tel abandon. Sans cet abandon, impossible de trouver la paix. JC 322.1

L’inquiétude naît de l’amour du moi. Quand nous sommes nés d’en haut, nous avons le sentiment qui était en Jésus, qui l’a fait s’abaisser pour nous sauver. Alors nous ne recherchons pas les premières places. Notre seul désir est de rester assis aux pieds de Jésus et d’apprendre de lui. Nous comprenons alors que ce qui donne de la valeur à notre œuvre ce n’est pas l’ostentation et le bruit que nous pouvons produire dans le monde par une activité dévorante. Notre œuvre vaut en proportion de la mesure du Saint-Esprit qui nous est départie. La confiance en Dieu engendre de saintes qualités intellectuelles qui nous permettent de posséder nos âmes par la patience. JC 322.2

Le joug est placé sur les bœufs pour les aider à traîner le fardeau, à le rendre plus léger. Ainsi en est-il du joug du Christ. Quand notre volonté sera absorbée en celle de Dieu, quand nous mettrons au service des autres les dons qu’il nous a confiés, notre fardeau nous paraîtra léger. Marcher dans la voie des commandements divins c’est avancer en compagnie du Christ et jouir du repos dans son amour. A la prière de Moïse: “Fais-moi connaître tes desseins, afin que je te connaisse”, le Seigneur répondit: “Je serai moi-même ton guide et j’assurerai ta sécurité.”5 Ecoutons ce message prophétique: “Ainsi parle l’Eternel: Tenez-vous sur les routes et regardez; informez-vous des sentiers d’autrefois; voyez quel est le bon chemin: suivez-le et vous trouverez le repos de vos âmes.”6 Dieu dit: “Oh! si tu étais attentif à mes commandements! Ton bonheur coulerait comme un fleuve et ta prospérité comme les flots de la mer”.7 JC 322.3

Prendre au mot le Christ, lui confier la garde de son âme, ordonner sa vie à sa volonté, c’est trouver paix et quiétude. Rien au monde ne peut attrister celui que Jésus réjouit par sa présence. Soumission complète assure repos parfait. Le Seigneur dit: “A celui dont le cœur est ferme tu assures la paix, une paix parfaite, parce qu’il se confie en toi.”8 Nos vies peuvent ressembler à un écheveau embrouillé; si nous confions nos personnes au Maître-ouvrier il en fera sortir la vie et le caractère exemplaires qui serviront à sa gloire. Or le caractère formé à l’image glorieuse du caractère du Christ sera accueilli dans le Paradis de Dieu. Une race renouvelée marchera avec lui, de blanc vêtue, car elle en est digne. JC 323.1

Dès que nous entrons dans le repos de Jésus, le ciel commence ici-bas. Il nous invite: Venez, apprenez de moi; nous répondons, nous allons à lui, et pour nous commence la vie éternelle. S’approcher constamment de Dieu par le Christ, c’est le ciel. Et plus nous demeurons dans ce bonheur céleste, plus nous voyons la gloire s’ouvrir devant nous; plus nous apprenons à connaître Dieu, plus intense est notre bonheur. Aussi longtemps que nous marchons avec Jésus, nous sommes comblés par son amour, rassasiés par sa présence. Nous pouvons obtenir ici même tout ce que notre nature est capable de recevoir. Mais qu’est-ce que ceci en comparaison de l’au-delà? Là “ils sont devant le trône de Dieu et lui rendent un culte jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux; ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur. Car l’Agneau qui est au milieu du trône les fera paître et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux.”9 JC 323.2