Jésus-Christ

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Chapitre 31 — Le sermon sur la montagne

Ce chapitre est basé sur Matthieu 5:6; 7.

Jésus rassemblait rarement ses disciples en particulier pour leur donner ses enseignements. Il ne tenait pas à s’adresser exclusivement à ceux qui connaissaient déjà le chemin de la vie. Il voulait atteindre les foules, encore plongées dans l’ignorance et dans l’erreur. Il mettait les enseignements de la vérité à la portée des esprits les plus enténébrés. Il était lui-même la vérité, et se tenait les reins ceints et les mains toujours tendues pour bénir, cherchant à relever par des paroles d’avertissement, d’exhortation et d’encouragement tous ceux qui s’adressaient à lui. JC 287.1

Le sermon sur la montagne, bien que spécialement destiné aux disciples, fut prononcé en présence d’une multitude. Après avoir mis à part ses apôtres, Jésus s’approcha, avec eux, du bord de la mer, où de bon matin les gens s’étaient rassemblés. En dehors des foules accoutumées, des villes galiléennes, on voyait des gens venus de Judée, et même de Jérusalem; et aussi de la Pérée, de la Décapole; de l’Idumée, contrée qui se trouvait bien loin au sud de la Judée; de Tyr et de Sidon, les villes phéniciennes de la côte méditerranéenne. “Une grande multitude, apprenant tout ce qu’il faisait, vint à lui.” “Ils étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. ... Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous.”1 JC 287.2

La plage était trop étroite pour que, même en se tenant debout, tous pussent se tenir à portée de sa voix; Jésus les conduisit donc en arrière, sur le côté de la montagne. Ayant atteint un plateau verdoyant où pouvait trouver place une vaste assemblée, il s’assit sur l’herbe; les disciples et la foule l’imitèrent. JC 287.3

Les disciples avaient leur place tout près de Jésus. Bien que la foule se pressât autour de lui, les disciples, auditeurs attentifs, comprenaient que leur devoir était de ne pas perdre un mot de ses instructions, afin de comprendre les vérités qu’ils devaient plus tard propager en tous pays et pour tous les siècles. JC 287.4

Groupés autour du Maître, avec le pressentiment de quelque chose d’extraordinaire, ils pensaient, après les événements de cette matinée, que le royaume était sur le point d’être établi. La foule aussi, le cœur rempli de la pensée des gloires futures, attendait, anxieuse, et la curiosité la plus ardente se peignait sur les visages. Il y avait là des scribes et des pharisiens qui soupiraient après le jour où ils pourraient enfin dominer sur les Romains détestés, et jouir des richesses et des splendeurs du grand empire mondial. De pauvres paysans et des pêcheurs comptaient sur la promesse de somptueux palais et d’une vie aisée pour les dédommager de leurs taudis et de leur faim. Ils se voyaient déjà revêtus des parures riches et coûteuses des conquérants qui remplaceraient la rude étoffe leur servant de vêtement le jour et de couverture la nuit. Tous les cœurs tressaillaient d’orgueil à la pensée qu’Israël, l’élu du Seigneur, allait être honoré devant les nations et que Jérusalem deviendrait la capitale d’un royaume universel. JC 288.1

Le Christ déçut ces espérances de grandeur terrestre. Par le sermon sur la montagne, il s’efforça de renverser ce qu’avait édifié une éducation fausse, et de donner à ses auditeurs une conception juste de son royaume et de son propre caractère. Il ne s’attaqua cependant pas directement aux erreurs du peuple; voyant la misère que le péché avait attirée sur le monde, il ne fit pas une vive peinture de cette misère. Il parla de choses infiniment meilleures que les choses connues. Au lieu de combattre les idées courantes concernant le royaume de Dieu, il indiqua les conditions d’entrée dans le royaume, laissant à chacun le soin de tirer ses conclusions quant à la nature de celui-ci. Les vérités qu’il enseigna, à cette occasion, ne sont pas d’une importance moindre pour nous que pour la foule qui le suivait. Nous avons besoin, tout autant qu’elle, de connaître les principes servant de base au royaume de Dieu. JC 288.2

Les premières paroles que le Christ adressa au peuple, sur la montagne, furent des paroles de bénédiction. Heureux, dit-il, ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, ceux qui éprouvent un besoin de rédemption. L’Evangile doit être prêché aux pauvres, non pas aux orgueilleux, à ceux qui sont riches à leurs propres yeux et n’ont besoin de rien, mais aux cœurs humbles et contrits. Une source a été ouverte pour le péché; elle est seulement accessible aux pauvres en esprit. JC 289.1

Un cœur présomptueux fait des efforts pour mériter le salut; mais la justice du Christ est le seul titre qui nous assure l’entrée du ciel. Le Seigneur ne peut rien faire pour le salut d’un homme avant que, convaincu de sa propre faiblesse et dépouillé de sa propre justice, il ne se soit volontairement soumis à l’influence divine. Alors seulement il peut recevoir le don que Dieu se dispose à lui communiquer. Rien n’est refusé à l’âme qui sent ses besoins; elle a un libre accès auprès de celui qui possède toute plénitude. “Ainsi parle le Très-Haut, qui siège sur un trône éternel et dont le nom est saint: J’habite dans une demeure haute et sainte, ainsi qu’avec l’homme humble et contrit, pour vivifier l’esprit des humbles et pour ranimer ceux qui ont le cœur contrit.”2 JC 289.2

“Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés!” Ces paroles du Christ n’impliquent pas que les pleurs aient, en eux-mêmes, le pouvoir d’effacer le péché. Elles ne sanctionnent nullement une prétention quelconque ou une humilité volontaire. Dans la pensée du Maître il n’est pas question de mélancolie ou de lamentations. Tout en nous affligeant au sujet de nos péchés, nous devons jouir du privilège d’être les enfants de Dieu. JC 289.3

Nous déplorons fréquemment nos mauvaises actions, mais à cause de leurs conséquences désagréables: ce n’est pas là la vraie repentance. Une douleur sincère à l’égard du péché est le résultat de l’opération du Saint-Esprit. L’Esprit fait connaître l’ingratitude du cœur qui fait peu de cas du Sauveur et qui l’a contristé, et il nous amène, repentants, au pied de la croix. Chaque péché inflige à Jésus une nouvelle blessure; quand nous regardons à celui que nous avons percé, nous pleurons sur les péchés qui l’ont affligé. De tels pleurs conduisent à renoncer au péché. JC 289.4

Les gens du monde verront dans cette douleur une faiblesse; c’est au contraire la force qui unit indissolublement l’âme repentante à l’Infini. Elle montre que les anges de Dieu rapportent à l’âme les grâces que lui avaient fait perdre l’endurcissement du cœur et la transgression. Les larmes de la repentance sont les gouttes de pluie qui précèdent le resplendissement du soleil de la sainteté. Cette douleur est l’avant-coureur d’une joie qui sera pour l’âme une source de vie. “Seulement, reconnais ta faute: tu as été infidèle à l’Eternel, ton Dieu”; “je ne prendrai point pour vous un visage sévère; car je suis miséricordieux, dit l’Eternel”.3. “Aux affligés de Sion” il se propose de “donner un diadème remplaçant les cendres, une huile d’allégresse au lieu du deuil, un manteau de fête au lieu d’un esprit abattu”.4 Il y a aussi des consolations pour ceux qui pleurent dans l’épreuve et dans la douleur. L’amertume de la souffrance et de l’humiliation est préférable aux plaisirs du péché. C’est par l’affliction que Dieu nous montre les taches de notre caractère, afin que nous puissions, par sa grâce, vaincre nos défauts. Des chapitres de notre vie, restés ignorés, s’ouvrent devant nous, et l’épreuve survient pour montrer si nous accepterons les réprimandes et les conseils de Dieu. Dans l’épreuve, nous ne devons pas nous irriter et nous plaindre, nous révolter, chercher à échapper des mains du Christ. Il faut plutôt s’humilier devant Dieu. Les voies du Seigneur paraissent sombres et tristes à notre nature humaine. Néanmoins les voies de Dieu sont miséricordieuses, et ont pour fin le salut. Elie ne savait pas ce qu’il faisait quand, au désert, il déclarait en avoir assez de la vie et demandait la mort. Le Seigneur est bon, et il ne l’a pas pris au mot. Elie avait encore une grande œuvre à faire et il n’était pas destiné à périr dans le découragement et la solitude du désert, une fois son œuvre achevée. Loin de descendre dans la poussière de la terre, il allait, sur un char de feu, être élevé dans la gloire vers le trône de Dieu. JC 290.1

Dieu dit à propos de l’affligé: “J’ai observé sa conduite et je le guérirai; je le guiderai et lui donnerai des consolations, à lui comme à tous les siens qui sont dans le deuil.” “Je changerai leur deuil en allégresse; je les consolerai, je les réunirai et je ferai cesser leur douleur.”5 JC 291.1

“Heureux ceux qui sont doux.” Les difficultés que nous rencontrons peuvent être considérablement amoindries par cette douceur qui se cache en Christ. Si nous possédons l’humilité du Maître, nous nous mettrons au-dessus du mépris, des reproches et des ennuis auxquels nous sommes exposés tous les jours, et ces choses cesseront d’attrister notre esprit. La maîtrise de soi-même est le meilleur titre de noblesse d’un chrétien. Celui à qui les injures et les mauvais traitements font perdre le calme et la confiance, prive Dieu du droit de se révéler en lui dans sa perfection. C’est l’humilité du cœur, marque de leur relation avec les cours célestes, qui assure la victoire aux disciples du Christ. JC 291.2

“L’Eternel, qui est le Très-Haut, sait voir les humbles.”6 Dieu considère avec tendresse ceux qui manifestent le caractère doux et humble du Christ. Même s’ils sont l’objet du mépris du monde, ils ont une grande valeur aux yeux de Dieu. Ce ne sont pas seulement les sages, les grands, les bienfaiteurs, ce ne sont pas seulement les ouvriers actifs et pleins de zèle qui recevront un passeport pour le ciel; mais aussi les pauvres en esprit, soupirant ardemment après la présence du Christ, les humbles de cœur, dont la suprême ambition est d’accomplir la volonté divine. A ceux-là l’entrée sera largement accordée. Ils seront parmi les heureux qui ont lavé et blanchi leurs robes dans le sang de l’Agneau. “C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu et lui rendent un culte jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux”.7 JC 291.3

“Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice.” Un cœur conscient de sa propre indignité aura faim et soif de justice, et ce désir ne sera pas déçu. Ceux qui font une place à Jésus dans leur cœur éprouveront son amour. Tous ceux qui désirent ardemment reproduire l’image du caractère de Dieu seront satisfaits. Le Saint-Esprit ne laisse jamais sans secours une âme qui regarde à Jésus. Il prend de ce qui est au Christ pour le lui offrir. Si les regards restent attachés au Christ, l’œuvre de l’Esprit ne cessera pas avant que l’âme ne soit devenue conforme à son image. Le pur élément de l’amour dilatera l’âme et la rendra capable d’atteindre l’idéal le plus élevé et d’acquérir la connaissance des choses célestes, de sorte qu’il ne lui manquera rien de ce qui constitue la plénitude. “Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés!” JC 291.4

Celui qui est miséricordieux obtiendra miséricorde, et celui qui a le cœur pur verra Dieu. Toute pensée impure souille l’âme, affaiblit le sens moral et tend à effacer les impressions produites par le Saint-Esprit. Elle obscurcit la vision spirituelle et empêche les hommes de contempler Dieu. Le Seigneur pourra et voudra accorder le pardon au pécheur repentant; cependant, même après le pardon, l’âme reste déparée. Quiconque désire discerner clairement la vérité spirituelle doit donc éviter, avec soin, toute impureté en parole et en pensée. JC 292.1

Mais les paroles du Christ impliquent plus que l’absence d’impuretés sensuelles, ou que l’absence de souillures cérémonielles, ce qui était la préoccupation essentielle des Juifs. L’égoïsme nous met dans l’impossibilité de contempler Dieu. L’esprit qui se recherche lui-même imagine Dieu à sa propre image. Tant que nous n’avons pas renoncé à ces choses, nous ne pouvons comprendre celui qui est Amour. Seul, le cœur désintéressé, l’esprit humble et confiant, verra en Dieu un Etre “miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité”.8 JC 292.2

“Heureux ceux qui procurent la paix.” C’est la vérité qui engendre la paix du Christ. Cette paix est en harmonie avec Dieu. Le monde est ennemi de la loi de Dieu; les pécheurs sont ennemis de leur Créateur; en conséquence ils sont ennemis les uns des autres. Mais le psalmiste déclare: “Grande est la paix de ceux qui aiment ta loi: rien ne peut les faire chanceler.”9 Les hommes sont impuissants à produire la paix. Les projets humains ayant pour but l’amélioration et le progrès des individus ou de la société ne réussiront pas à établir la paix, parce qu’ils ne touchent pas le cœur. Seule, la grâce du Christ est capable de créer et de maintenir la vraie paix. Quand cette grâce s’établit dans un cœur, elle en expulse les mauvaises passions qui occasionnent les querelles et les disputes. “Là où croissaient les buissons s’élèvera le cyprès et à la place de l’épine croîtra le myrte”; “le désert et la terre désolée sont dans la joie”.10 JC 292.3

Les foules étaient frappées d’étonnement en entendant ces choses, si différentes des préceptes et de l’exemple des pharisiens. On en était venu à penser que le bonheur consistait dans la possession des biens de ce monde, que la célébrité et les honneurs humains étaient dignes d’être recherchés. Etre appelé Rabbi, être loué pour sa sagesse et sa piété, faire parade de ses vertus en public, était, croyait-on, le bonheur suprême. Mais Jésus déclara en présence de cette foule immense que de telles personnes ne devaient pas s’attendre à rien d’autre qu’à ces gains et ces honneurs terrestres. Il parlait avec assurance, et ses paroles entraînaient la conviction. Le peuple se voyait réduit au silence, et envahi par un sentiment de crainte. Les gens s’interrogeaient anxieusement du regard. Qui serait sauvé si cet homme disait vrai? Plusieurs avaient la conviction que ce Maître remarquable était sous l’influence de l’Esprit de Dieu, et qu’il exprimait des sentiments divins. JC 293.1

Après avoir défini le vrai bonheur, et avoir indiqué les conditions à remplir pour l’obtenir, Jésus expliqua plus clairement, à ses disciples, leurs devoirs en tant que maîtres choisis de Dieu, pour conduire les hommes dans les sentiers de la justice et de la vie éternelle. Il prévoyait qu’ils seraient souvent exposés aux déceptions et au découragement, à l’opposition la plus acharnée, aux injures, et que leur témoignage serait rejeté. Il savait bien qu’en accomplissant leur mission, ces humbles hommes qui l’écoutaient si attentivement auraient à souffrir la calomnie, les supplices, l’emprisonnement et la mort. C’est pourquoi il continua: JC 293.2

“Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux! Heureux serez-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, qu’on répandra sur vous toute sorte de calomnies à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux. Car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.” JC 293.3

Le monde aime le péché, il hait la justice, et c’est pour cela qu’il se montra si hostile à l’égard de Jésus. Tous ceux qui repoussent son amour infini considéreront le christianisme comme un élément de trouble. La lumière du Christ dissipe les ténèbres qui enveloppent leurs péchés, et rend manifeste le besoin de réforme. Alors que ceux qui cèdent à l’influence du Saint-Esprit entrent en guerre avec eux-mêmes, ceux qui restent attachés au péché font la guerre à la vérité et à ses représentants. JC 294.1

Ainsi la lutte éclate, et les disciples du Christ sont accusés d’être des fauteurs de désordre. Mais c’est la communion avec Dieu qui fait d’eux les objets de l’inimitié du monde. Ils portent l’opprobre du Christ. Ils foulent le sentier qu’a foulé le plus noble des hommes. Loin de les affliger, la persécution devrait les réjouir. Les plus grandes épreuves sont les moyens que Dieu emploie pour les purifier et faire d’eux ses collaborateurs qualifiés. Chaque conflit a sa place dans la grande bataille qui se livre pour la justice et ajoute à la joie du triomphe final. Loin de redouter et d’éviter l’épreuve de la foi et de la patience, on l’acceptera donc joyeusement. Préoccupés de s’acquitter de leurs obligations envers le monde, et désireux d’obtenir l’approbation de Dieu, ses serviteurs accompliront tout leur devoir, sans se soucier de la crainte ou de l’amour des hommes. JC 294.2

“C’est vous qui êtes le sel de la terre”, a dit Jésus. Ne vous retirez pas du monde afin d’échapper à la persécution. Demeurez parmi les hommes, pour que l’amour divin soit un sel qui préserve le monde de la corruption. Les cœurs qui répondent à l’influence du Saint-Esprit deviennent autant de canaux par lesquels Dieu fait couler ses bénédictions. Le monde serait abandonné à la désolation et à la destruction, fruits de la domination de Satan, si ceux qui servent Dieu étaient enlevés de la terre, et si son Esprit était retiré du milieu des hommes. Bien qu’ils ne s’en rendent pas compte, les méchants doivent même la bénédiction de l’existence actuelle à la présence, en ce monde, du peuple de Dieu qu’ils méprisent et oppriment. Mais ceux qui n’ont que le nom de chrétiens sont comme un sel qui aurait perdu sa saveur. Ils n’exercent pas une bonne influence dans le monde et sont plus dangereux que les incrédules, car ils donnent une fausse idée de Dieu. JC 294.3

“C’est vous qui êtes la lumière du monde.” Les Juifs s’attribuaient le monopole du salut; le Christ leur montra que le salut est comme la lumière du soleil: il appartient à tout le monde. La religion de la Bible ne se laisse pas enfermer entre les couvertures d’un livre ou les murs d’un temple. On ne doit pas s’en servir occasionnellement, à son profit, et la délaisser ensuite. Elle doit sanctifier la vie quotidienne, se manifester dans toutes les affaires et dans toutes les relations sociales. JC 295.1

Le caractère n’est pas un manteau dont on peut se revêtir; c’est quelque chose qui rayonne de l’intérieur. Si nous voulons conduire d’autres âmes dans la voie de la justice, il faut que le principe de la justice soit enchâssé dans nos cœurs. On peut, par une simple profession de foi, proclamer la théorie de la religion, mais il faut une piété pratique pour placer la parole de vérité devant les yeux. Une vie conséquente, une conversation sainte, une intégrité inébranlable, un esprit actif, bienfaisant, un exemple de piété, voilà les moyens par lesquels la lumière est apportée au monde. JC 295.2

Jésus ne s’est pas arrêté sur les particularités de la loi, mais il n’a pas permis à ses auditeurs de penser qu’il était venu pour en mettre de côté les exigences. Il savait que des espions se tenaient prêts à saisir tout propos susceptible d’être mis au service de leur dessein. Il connaissait le préjugé existant dans l’esprit de beaucoup de ses auditeurs; aussi ne dit-il rien qui pût ébranler leur foi en la religion et les institutions transmises par Moïse. Le Christ avait lui-même donné à la fois la loi morale et la loi cérémonielle. Il se gardait bien de détruire la confiance avec laquelle on recevait les instructions données par lui-même. C’est le respect qu’il avait pour la loi et les prophètes qui l’avait amené à renverser la barrière des exigences traditionnelles qui enfermait les Juifs. Tout en rejetant les fausses interprétations qu’ils donnaient à la loi, il recommandait à ses disciples de ne pas abandonner les vérités vitales confiées aux Hébreux. JC 295.3

Les pharisiens se faisaient une gloire de leur obéissance à la loi; cependant, les paroles du Sauveur leur paraissaient une hérésie, car ils ne possédaient pas la connaissance des principes de cette loi qui s’acquiert uniquement par une pratique quotidienne. Lorsque le Maître déblayait les décombres sous lesquels ils avaient enseveli la vérité, ils s’imaginaient qu’il démolissait la vérité elle-même. Ils murmuraient entre eux, se disant l’un à l’autre que Jésus méprisait la loi. Lisant leurs pensées, il leur dit: JC 296.1

“Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes. Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.” Par ces paroles, Jésus repousse les accusations des pharisiens. Sa mission dans le monde consistait à revendiquer les droits sacrés de cette loi qu’on l’accusait de violer. Si la loi de Dieu avait pu être modifiée ou abolie, le Christ n’aurait pas eu besoin de souffrir les conséquences de nos transgressions. Il est venu pour expliquer les relations qui existent entre la loi et l’homme, et pour en illustrer les préceptes par une vie d’obéissance. JC 296.2

C’est parce que Dieu aime l’humanité qu’il a donné ses saints préceptes. Pour nous éviter les résultats de la transgression, il nous révèle les principes de la justice. La loi est l’expression de la pensée divine; quand nous la recevons en Christ, elle devient notre propre pensée. Elle nous élève au-dessus des désirs et des tendances de notre nature, au-dessus des tentations qui nous font pécher. Dieu veut notre bonheur, et c’est pour nous donner de la joie qu’il nous a communiqué les préceptes de sa loi. Quand les anges chantaient à la naissance de Jésus: JC 296.3

“Gloire à Dieu dans les lieux très hauts,
Et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée!”11
JC 296.4

ils énonçaient les principes de la loi qu’il était venu rendre illustre et magnifique. JC 296.5

Par la loi promulguée au Sinaï, Dieu fit connaître aux hommes la sainteté de son caractère; il voulait, par contraste, leur faire toucher du doigt leur propre état de péché. La loi devait les convaincre de péché et faire naître en eux le besoin d’un Sauveur. Tel est l’effet obtenu quand les principes qu’elle renferme sont réalisés dans le cœur par le Saint-Esprit. Cette même œuvre doit se poursuivre. Les principes de la loi ont été manifestés dans la vie du Christ; lorsque le Saint-Esprit de Dieu touche les cœurs, et que la lumière du Christ montre aux hommes qu’ils ont besoin du sang purificateur et de la justice justifiante, la loi est encore un moyen de nous conduire au Christ afin que nous soyons justifiés par la foi. “La loi de l’Eternel est parfaite: elle restaure l’âme.”12 “Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, dit Jésus, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne passera, jusqu’à ce que tout soit arrivé.” Le soleil qui brille dans les cieux, la terre ferme sur laquelle nous vivons, sont des témoins de l’éternité de la loi de Dieu. Quand ils passeraient, les préceptes divins demeureraient. “Il est plus facile pour le ciel et la terre de passer, que pour un seul trait de lettre de la loi de tomber”.13 L’ensemble des symboles qui annonçaient Jésus, en tant qu’Agneau de Dieu, devait prendre fin à sa mort; mais les préceptes du Décalogue sont aussi immuables que le trône de Dieu. JC 297.1

Dès lors que “la loi de l’Eternel est parfaite”, s’en écarter tant soit peu est un mal. Le Christ condamne ceux qui désobéissent aux commandements de Dieu et enseignent à faire de même. La vie d’obéissance du Sauveur maintenait les droits de la loi; elle démontrait que la loi peut être observée au sein de l’humanité; elle montrait la beauté de caractère qui est le fruit de l’obéissance. Tous ceux qui suivent son exemple affirment par là que la loi est sainte, juste et bonne.14 En revanche, tous ceux qui violent les commandements donnent raison à Satan qui prétend que la loi est injuste, qu’on ne peut lui obéir. Ils favorisent ainsi les séductions du grand adversaire et déshonorent Dieu. Ils sont les fils du malin, qui fut le premier à se révolter contre la loi de Dieu. Les introduire dans le ciel serait y ramener des éléments de discorde et de rébellion et mettre en péril le bonheur de l’univers. Un homme qui méprise consciemment un principe de la loi ne saurait entrer dans le royaume des cieux. JC 297.2

Les rabbins estimaient que leur justice était un passeport pour le ciel; Jésus déclara que cela était insuffisant et non méritant. La justice des pharisiens était faite de cérémonies extérieures accompagnées d’une connaissance théorique de la vérité. Les rabbins avaient la prétention d’atteindre à la sainteté en s’efforçant d’observer la loi; par leurs œuvres ils avaient consommé le divorce entre la justice et leur religion. Très scrupuleux au sujet des observances rituelles, ils vivaient dans l’immoralité et la dégradation. Leur prétendue justice n’avait aucune chance d’entrer dans le royaume des cieux. JC 298.1

La plus grande erreur de l’esprit humain, aux jours du Christ, fut d’imaginer qu’on pouvait obtenir la justice par une simple adhésion à la vérité. L’expérience humaine a montré qu’une connaissance théorique de la vérité est incapable de sauver une âme et de produire des fruits de justice. Un soin jaloux de ce qu’on appelle la vérité théologique est souvent accompagné d’un sentiment de haine pour la vérité authentique telle qu’elle se manifeste dans la vie. Les plus sombres chapitres de l’histoire sont ceux qui conservent le souvenir des crimes inspirés par le fanatisme religieux. Les pharisiens se disaient enfants d’Abraham et se glorifiaient de posséder les oracles divins; toutefois ces avantages ne les préservaient pas de l’égoïsme, de la malice, de l’avarice et de la plus vile hypocrisie. Ils se croyaient les gens les plus religieux de l’univers, et leur prétendue orthodoxie les a amenés à crucifier le Seigneur de gloire. JC 298.2

Le même danger persiste aujourd’hui. Beaucoup de gens se croient chrétiens, simplement parce qu’ils souscrivent à quelque formule théologique. Mais ils n’ont pas introduit la vérité dans la vie pratique et n’ont pas fait d’elle l’objet de leur foi et de leur amour; c’est pourquoi ils n’ont pas reçu la puissance et la grâce, fruits de la vérité sanctifiante. On peut faire profession de croire à la vérité; mais si l’on n’en devient pas plus sincère, plus aimable, plus patient, plus pénétré de pensées célestes, on est une malédiction pour soi-même et pour le monde. JC 298.3

La justice que le Christ enseignait consiste à conformer son cœur et sa vie à la volonté révélée de Dieu. Des hommes pécheurs ne peuvent devenir justes qu’en ayant foi en Dieu et en maintenant avec lui une relation vitale. Alors seulement la piété élève les pensées et ennoblit la vie; les formes extérieures de la religion s’accordent avec la pureté intérieure du chrétien; les cérémonies qui rentrent dans le service de Dieu cessent d’être des rites insignifiants comme ceux des pharisiens hypocrites. JC 299.1

Jésus prend séparément chacun des commandements, et il en dévoile la profondeur et la portée. Bien loin d’en amoindrir la force, il montre jusqu’où vont les principes qu’ils renferment, et met en évidence l’erreur fatale que commettent les Juifs en se contentant d’une obéissance extérieure. Il déclare qu’une mauvaise pensée ou un regard de convoitise constitue une transgression de la loi divine. Quiconque se rend complice de la moindre injustice viole la loi, et se dégrade moralement. Le meurtre prend naissance dans l’esprit. Celui qui admet dans son cœur un sentiment de haine s’engage sur la voie du meurtre et ses offrandes sont une abomination aux yeux de Dieu. JC 299.2

Les Juifs entretenaient un esprit de vengeance. Leur haine pour les Romains leur inspirait de dures attaques; ils se rendaient agréables au malin en manifestant ses défauts et se préparaient ainsi aux terribles exploits qu’il leur fit commettre plus tard. Il n’y avait rien dans la piété des pharisiens qui fût de nature à recommander leur religion auprès des païens. Jésus les exhorta à ne pas se faire d’illusion en s’imaginant qu’il leur fût permis d’entretenir de mauvaises pensées contre leurs oppresseurs et de caresser des espoirs de vengeance. JC 299.3

Il est vrai qu’il existe une indignation légitime même chez les disciples du Christ. On est saisi d’une juste colère, qui n’est pas un péché, mais le fruit d’une conscience sensible, quand on voit Dieu déshonoré ou son service discrédité, ou l’innocent opprimé. Mais ceux qui cultivent la colère ou le ressentiment chaque fois qu’ils se jugent offensés, ouvrent leurs cœurs à Satan. Il faut que l’amertume et l’animosité soient bannies de l’âme qui veut vivre en harmonie avec le ciel. JC 299.4

Le Sauveur va plus loin. Il dit: “Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande.” Plusieurs participent, avec zèle, aux services religieux alors que des différends qui pourraient être réglés les séparent de leurs frères. Dieu demande qu’ils fassent tout ce qui dépend d’eux pour rétablir l’harmonie. Leurs services ne seront acceptés qu’à cette condition. Le devoir du chrétien, à cet égard, est clair. JC 300.1

Le Seigneur répand ses bénédictions sur tous. “Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.” “Il est bon pour les ingrats et pour les méchants.”15 Il nous invite à lui ressembler. “Bénissez ceux qui vous maudissent, dit Jésus, faites du bien à ceux qui vous haïssent.” “Alors vous serez fils de votre Père qui est dans les cieux.” Tels sont les principes de la loi, et c’est de cette source que jaillit la vie. JC 300.2

L’idéal que Dieu propose à ses enfants est élevé au-dessus de toute pensée humaine. “Vous serez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.” Cet ordre renferme aussi une promesse. Le plan de la rédemption prévoit notre affranchissement complet du pouvoir de Satan. Le Christ éloigne toujours du péché l’âme qui éprouve une véritable contrition. Il est venu pour anéantir les œuvres du diable, et il a pourvu à ce que le Saint-Esprit fût communiqué à toute âme repentante, pour la préserver du péché. JC 300.3

Aucune tentation ne doit servir d’excuse à un acte coupable. Satan exulte quand il entend ceux qui font profession d’être disciples du Christ chercher à justifier leurs défauts de caractère. C’est ainsi qu’on se trouve conduit à pécher. Le péché n’a aucune excuse. Un tempérament sanctifié, une vie semblable à celle du Christ sont accessibles à tout enfant de Dieu qui se repent et qui croit. JC 300.4

L’idéal pour un caractère chrétien c’est de ressembler au Christ. De même que le Fils de l’homme a mené une vie parfaite, ses disciples doivent eux aussi mener une vie parfaite. Jésus avait été fait en toutes choses semblable à ses frères. Il était devenu chair, comme nous. Il a souffert la faim, la soif, la fatigue. Il a dû s’alimenter et refaire ses forces par le sommeil. Il a partagé le sort des hommes, tout en restant l’irréprochable Fils de Dieu. Il était Dieu dans la chair. Son caractère doit devenir le nôtre. Le Seigneur déclare, au sujet de ceux qui croient en lui: “J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.”16 JC 301.1

Le Christ est l’échelle vue par Jacob, dont la base reposait sur la terre et le sommet atteignait la porte du ciel, au seuil de la gloire. Si un seul échelon avait manqué pour toucher le sol, nous étions perdus. Mais le Christ arrive jusqu’à nous. Il a pris notre nature et a vaincu pour qu’en prenant sa nature nous soyons vainqueurs. Venu “dans une chair semblable à celle du péché”,17 il a vécu sans péché. Maintenant par sa divinité il saisit le trône céleste tandis que par son humanité il nous atteint. Il nous invite à rejoindre la gloire du caractère divin en croyant en lui. Il nous faut donc être parfaits, comme notre “Père qui est dans les cieux est parfait”. JC 301.2

Après avoir montré en quoi consiste la justice et comment elle a sa source en Dieu, Jésus énuméra quelques devoirs pratiques. Qu’on fasse des aumônes, des prières ou des jeûnes, dit-il, sans se proposer jamais d’attirer l’attention sur soi-même ou d’obtenir des louanges. Qu’on donne, en toute sincérité, pour le soulagement des pauvres. C’est par la prière que l’âme cherche à communier avec Dieu, Que ceux qui jeûnent ne baissent pas la tête et n’aient pas de pensée égoïste. Le cœur du pharisien est un sol stérile où aucune semence de vie divine ne peut germer. Plus on s’abandonne sans réserve à Dieu, plus on lui est agréable. Par la communion avec Dieu les hommes deviennent ses collaborateurs, en tant qu’ils s’efforcent de refléter son caractère dans l’humanité. JC 301.3

Le service rendu avec sincérité de cœur aura une grande récompense. “Ton Père qui voit dans le secret te le rendra.” C’est en vivant sous l’influence de la grâce du Christ que se forme notre caractère. L’âme retrouve peu à peu sa beauté originelle. Les qualités du Christ nous sont communiquées et l’image du divin retrouve sa splendeur. Les visages des hommes et des femmes qui marchent et qui travaillent avec Dieu rayonnent d’une paix céleste. Pour de telles âmes, le royaume de Dieu a déjà commencé; elles possèdent la joie du Christ, la joie d’être une source de bénédiction pour l’humanité. Le Maître leur a fait l’honneur de les accepter à son service, de les autoriser à travailler en son nom. JC 301.4

“Nul ne peut servir deux maîtres.” On ne peut servir Dieu d’un cœur partagé. La religion de la Bible ne doit pas être une influence parmi beaucoup d’autres; ce doit être une influence suprême. Non pas le coup de pinceau ici ou là, mais l’imprégnation de toute la toile par la couleur indélébile. JC 302.1

“Si ... ton œil est en bon état, tout ton corps sera illuminé; mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera dans les ténèbres.” La pureté et la fermeté des desseins sont les conditions à remplir pour recevoir la lumière divine. Quiconque désire connaître la vérité doit accepter tout ce qu’elle met en lumière. On ne doit pas transiger avec l’erreur. Se montrer hésitant et nonchalant dans la défense de la vérité, c’est donner la préférence aux ténèbres de l’erreur et aux tromperies de Satan. JC 302.2

La politique mondaine et les fermes principes de la justice ne sont pas deux choses qui se fondent comme les couleurs de l’arc-en-ciel. Le Dieu éternel a tracé, entre les deux choses, une ligne claire et nette. L’image du Christ se détache de celle de Satan comme le jour de la nuit. Et ceux-là seuls qui vivent de la vie du Christ sont ses collaborateurs. L’être tout entier peut être contaminé par un seul péché caressé, par une seule mauvaise habitude invétérée. L’homme devient ainsi un instrument de l’injustice. Celui qui se voue au service de Dieu doit se reposer de tout sur lui. Le Christ montra les oiseaux volant par le ciel, les fleurs des champs, et invita ses auditeurs à considérer ces objets de la création de Dieu. “Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux?” demanda-t-il. L’attention divine accordée à chaque objet est proportionnée au rang qu’il occupe dans l’échelle des êtres. La Providence prend soin du petit passereau gris. Les fleurs des champs, l’herbe dont le sol est tapissé, partagent la sollicitude du Père céleste. Le grand Artiste divin s’est occupé des lis et leur a donné une beauté qui surpasse la gloire de Salomon. Combien plus prendra-t-il soin de l’homme fait à son image et reflétant sa gloire. Il désire que ses enfants forment un caractère à sa ressemblance. Comme les rayons du soleil donnent aux fleurs leurs teintes délicates et variées, Dieu communique à l’âme la beauté de son propre caractère. JC 302.3

Tous ceux qui ont fixé leur choix sur le royaume du Christ, — royaume d’amour, de justice et de paix, — et en ont fait leur préoccupation dominante, tous ceux-là sont rattachés au monde supérieur, et il ne leur manque aucune bénédiction nécessaire à la vie. Dans le livre de la Providence divine, le volume de la vie, chacun de nous a sa page. Cette page contient tous les détails de notre histoire; les cheveux mêmes de notre tête sont comptés. Les enfants de Dieu ne sont jamais absents de sa pensée. JC 303.1

“Ne vous inquiétez donc pas.” Le Christ doit être suivi jour après jour. Dieu ne donne pas aujourd’hui le secours pour demain. Il ne donne pas à ses enfants, de peur de les jeter dans la confusion, toutes les directions dont ils auront besoin au cours du voyage de la vie. Il leur dit tout juste ce qu’ils peuvent se rappeler et accomplir. Les forces et la sagesse communiquées sont suffisantes pour les nécessités du moment. “Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse — pour aujourd’hui — qu’il la demande à Dieu qui donne à tous libéralement et sans récriminer, et elle lui sera donnée.”18 JC 303.2

“Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés.” Ne vous croyez pas meilleurs que les autres, ne vous érigez pas en juges. Incapables comme vous l’êtes de discerner les mobiles, vous n’êtes pas qualifiés pour juger autrui. En faisant porter vos critiques sur quelqu’un, c’est votre propre sentence que vous prononcez; car vous montrez par là que vous êtes un affilié de Satan, l’accusateur des frères. Le Seigneur dit: “Examinez-vous vous-mêmes, pour voir si vous êtes dans la foi; éprouvez-vous vous-mêmes.” Voilà notre œuvre. “Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés.”19 JC 303.3

Un arbre bon produira de bons fruits. Si le fruit n’a ni saveur, ni valeur, l’arbre est mauvais. C’est aussi le fruit que produit une vie qui montre la condition d’un cœur et l’excellence d’un caractère. Les bonnes œuvres ne peuvent servir en aucun cas à acquérir le salut, mais elles constituent une preuve de la foi agissant par la charité et purifiant l’âme. Et, bien que la récompense éternelle ne soit pas due à nos mérites, elle sera néanmoins proportionnée à l’œuvre que nous aurons accomplie, par la grâce du Christ. JC 304.1

C’est ainsi que le Christ exposa les principes de son royaume et montra, en eux, la règle d’or de la vie. Il se servit d’une image pour donner plus de force à son enseignement. Il ne suffit pas, dit-il, d’écouter mes paroles. Il faut qu’elles deviennent, par l’obéissance, le fondement de votre caractère. Le moi n’est que sable mouvant. Si vous bâtissez sur des théories et des inventions humaines, votre édifice s’écroulera. Il sera renversé par les vents de la tentation et par les tempêtes de l’épreuve. Mais les principes que je vous ai donnés demeurent à toujours. Recevez-moi; bâtissez sur mes paroles. JC 304.2

“Ainsi quiconque entend de moi ces paroles et les met en pratique sera semblable à un homme sensé qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison: elle n’est pas tombée, car elle était fondée sur le roc.” JC 304.3