Le Foyer Chrétien

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Chapitre 37 — Erreurs à éviter

Quand le mari exige de sa femme qu'elle porte une double charge — Dans beaucoup de familles, il y a des enfants d'âges différents dont certains requièrent non seulement l'attention et des sages directives de leur mère, mais aussi l'influence plus ferme, quoique affectueuse, de leur père. Peu de pères considèrent ce problème avec l'attention qu'il mérite. Ils négligent leur propre devoir, obligeant ainsi leur épouse à porter un fardeau plus pesant, tandis qu'ils se permettent de critiquer et de blâmer la façon dont elles s'y prennent. Accablée par les responsabilités et les reproches, la pauvre femme se sent bien souvent coupable et pleine de remords pour ce qu'elle a fait en toute innocence ou par ignorance, et la plupart du temps après avoir agi au mieux, vu les circonstances. Et ainsi, au lieu que ses pénibles efforts soient appréciés et approuvés et que son cœur soit rempli de joie, elle doit marcher à travers un nuage de tristesse et de réprobation; et cela, parce que son mari, ignorant ses propres devoirs, exige d'elle qu'elle remplisse seule des responsabilités qui leur incombent à tous deux. Il ne voit que sa propre satisfaction sans tenir compte des circonstances.1 FC 215.1

Beaucoup de maris ne comprennent ni n'apprécient à leur juste valeur les obligations et les soucis qui incombent à leur femme, généralement astreinte pendant toute la journée à d'incessantes tâches domestiques. Ils rentrent souvent à la maison le visage renfrogné, sans introduire le moindre rayon de soleil dans le cercle familial. Si le repas n'est pas prêt, l'épouse fatiguée — qui est à la fois maîtresse de maison, nurse, cuisinière et femme de ménage — est accablée de reproches. Le mari exigeant peut condescendre à prendre l'enfant qui pleure des bras de sa pauvre mère, afin que la préparation du repas en soit activée; mais si le petit ne se tient pas tranquille et s'agite dans les bras de son père, ce dernier comprendra rarement que son devoir est de chercher à le calmer et à l'apaiser. Il ne prend pas la peine de considérer le nombre d'heures pendant lesquelles la mère a eu à supporter l'agitation des enfants, mais il dit avec impatience: “Maman, viens, prendre ton enfant.” N'est-ce pas son enfant à lui aussi bien qu'à elle? N'est-ce pas son devoir tout naturel que d'assumer sa part de la charge que représente l'éducation de ses enfants?2 FC 215.2

Quelques conseils à un mari dictateur et dominateur — Votre vie serait beaucoup plus heureuse si vous ne faisiez pas toujours sentir l'autorité absolue dont vous vous croyez investi en tant que mari et père. Votre façon d'agir prouve que vous n'avez pas une juste notion de ce que doit être votre rôle — celui de “lien du foyer”. Vous êtes irritable et dominateur et vous manquez grandement de jugement; si bien que, quelle que soit votre manière d'agir à certains moments, elle ne peut paraître logique aux yeux de votre femme et de vos enfants. Lorsque vous avez pris une décision, il arrive rarement que vous consentiez à en démordre. Vous êtes déterminé à mettre vos projets à exécution, alors que bien souvent vous n'êtes pas dans la bonne voie, ce dont vous devriez vous rendre compte. Vous avez besoin, de plus, de beaucoup plus d'amour et de patience, et de moins d'entêtement dans votre manière de parler et d'agir. De la façon dont vous vous y prenez, au lieu d'être le lien du foyer, vous ne serez qu'une sorte d'étau qui comprime et accable les autres. ... FC 216.1

En essayant d'obliger votre entourage à partager votre avis en toutes choses, vous faites souvent plus de mal que si vous cédiez sur certains points. Cela est vrai même lorsque vos idées sont justes en elles-mêmes; mais, sur bien des points, elles ne le sont pas; elles sont poussées trop loin, et cela résulte des particularités de votre tempérament: c'est pourquoi vous commettez des erreurs et les imposez par la force et sans raison.3 FC 216.2

Vous avez des opinions bien particulières sur la conduite de votre famille. Vous exercez un pouvoir absolu et arbitraire qui ne laisse aucune liberté à ceux qui vous entourent. Vous vous estimez seul capable d'être la tête de la famille et vous pensez que votre tête seule doit en faire agir les membres, comme une machine entre les mains d'un ouvrier. Vous faites la loi et vous vous arrogez toute l'autorité. Cela déplaît au ciel et attriste les anges. Vous vous êtes conduit comme si vous seul, dans votre famille, pouviez être autonome. Vous avez été offensé que votre femme ait osé s'opposer à votre avis et qu'elle ait contesté vos décisions.4 FC 216.3

Maris irritables et grincheux — Que les maris favorisent la vie spirituelle de leurs épouses. ... Chez beaucoup d'entre eux, les dispositions à l'irritabilité sont cultivées au point qu'ils en restent au stade de l'adolescence. Ils n'arrivent pas à se débarrasser de cet aspect de leur enfance. Ils se complaisent dans ces sentiments au point de rendre leur vie stérile et mesquine par d'incessantes lamentations. Et pas seulement leur propre vie, mais aussi celle des autres. Ils portent en eux l'esprit d'Ismaël, qui se tournait contre tous et contre qui tous se tournaient.5 FC 217.1

Le mari égoïste et morose — Frère B. n'est pas d'un tempérament propre à faire briller le soleil dans sa famille. Il a dans ce domaine une œuvre à entreprendre. Il ressemble davantage à un nuage qu'à un rayon de lumière. Il est trop égoïste pour adresser des paroles d'encouragement aux membres de sa famille, et tout spécialement à sa femme, qui a droit à son amour et à son tendre respect. Il est morose, arrogant et dominateur; ses paroles sont souvent mordantes et laissent des blessures qu'il ne s'efforce pas de guérir en adoucissant son caractère, en reconnaissant ses torts et en confessant ses erreurs. ... FC 217.2

Frère B. devrait s'adoucir; il devrait cultiver la délicatesse et la courtoisie; être plein de tendresse et de douceur envers sa femme, qui lui est égale en tous points; il ne devrait jamais prononcer un mot qui assombrisse son cœur. Il lui faudrait commencer son œuvre de réforme au foyer, en entretenant l'affection et en surmontant les traits inhumains, rudes et mesquins de son caractère.6 FC 217.3

Un mari sombre, égoïste et autoritaire, non seulement n'est pas heureux lui-même, mais il crée pour toute la famille une atmosphère lourde et maussade. Il moissonnera ce qu'il aura semé lorsqu'il verra sa femme languissante et découragée, et ses enfants affligés de dispositions semblables aux siennes.7 FC 217.4

Un mari égocentrique et intolérant — Vous exigez trop de votre femme et de vos enfants. Vous censurez trop. Si vous vous efforciez d'être vous-même aimable et joyeux, si vous leur parliez gentiment et tendrement, vous introduiriez le soleil dans votre demeure au lieu des nuages, de la tristesse et du découragement. Vous avez une trop haute opinion de vous-même, vous avez pris des positions extrêmes, et vous n'avez pas accepté que le jugement de votre femme ait le poids qu'il devrait avoir au sein du foyer. Vous-même n'avez pas pris l'habitude de respecter votre femme et vous n'avez pas appris à vos enfants à avoir de la considération pour son jugement. Vous n'en avez pas fait votre égale, mais vous avez pris en main les rênes du ménage et vous vous y êtes fermement accroché. Vous n'êtes pas enclin à l'affection et à la bienveillance. Ce sont ces traits de caractère que vous devez vous efforcer d'acquérir si vous voulez être vainqueur et recevoir la bénédiction de Dieu sur votre famille.8 FC 218.1

Celui qui méprise la courtoisie chrétienne — Vous avez considéré comme une faiblesse d'être aimable, doux et compréhensif, et vous avez pensé qu'il était indigne de vous de parler à votre femme avec douceur, gentillesse et amour. Vous vous faites là une fausse idée de ce que sont réellement la virilité et la dignité. Votre tendance à négliger les marques de tendresse est certainement, elle, une faiblesse et un défaut de votre caractère. Mais ce que vous estimez être de la faiblesse est considéré par Dieu comme la véritable courtoisie chrétienne, celle qu'il voudrait voir pratiquée par chacun de ses enfants; car c'était là l'esprit dont le Christ faisait preuve.9 FC 218.2

Les maris doivent être dignes d'amour et d'affection — Si le mari est tyrannique, exigeant, s'il critique ce que fait sa femme, il ne pourra obtenir son respect et son affection, et les relations conjugales deviendront pour elle odieuses. Puisqu'il n'essaie pas de se rendre aimable, elle n'aimera pas son époux. Les maris doivent être attentifs, empressés, constants, fidèles et compatissants. Ils doivent faire preuve d'amour et de compréhension. ... Si l'époux possède la noblesse de caractère, la pureté de cœur et l'élévation de pensée qui devraient être l'apanage de tout chrétien authentique, il le manifestera dans les relations conjugales. ... Il veillera à ménager la santé de sa femme et à l'encourager. Il s'efforcera de prononcer les paroles de réconfort qui créeront une atmosphère de paix au sein de son foyer.10 FC 218.3