Éducation

4/66

Chapitre 1 — Origine et but de la véritable éducation

La connaissance des saints, c'est l'intelligence. Proverbes 9:10. Accorde-toi donc avec Dieu. Job 22:21.

Nos idées en matière d'éducation sont trop étroites, trop limitées. Il nous faut les élargir et viser plus haut. La véritable éducation implique bien plus que la poursuite de certaines études. Elle implique bien plus qu'une préparation à la vie présente. Elle intéresse l'être tout entier, et toute la durée de l'existence qui s'offre à l'homme. C'est le développement harmonieux des facultés physiques, mentales et spirituelles. Elle prépare l'étudiant à la joie du service qui sera le sien dans ce monde, et à la joie plus grande encore du vaste service qui l'attend dans le monde à venir. Éd 15.1

La source de cette éducation est indiquée par ces mots de l'Ecriture sainte, désignant le Dieu infini: en lui “sont cachés tous les trésors de la sagesse”. Colossiens 2:3. “A lui le conseil et l'intelligence.” Job 12:13. Éd 15.2

Le monde a eu ses grands maîtres, des hommes d'une immense intelligence, doués d'une capacité de recherche considérable, des hommes dont les paroles ont stimulé la réflexion et offert à l'esprit de vastes étendues de savoir; ces hommes ont été salués comme des guides et des bienfaiteurs de l'humanité; mais il est un être qui leur est supérieur. Aussi loin que remonte la mémoire humaine, nous pouvons constater l'influence des maîtres à penser des hommes; mais avant eux était la Lumière. De même que la lune et les étoiles de notre système solaire brillent parce qu'elles réfléchissent la lumière du soleil, ainsi les grands penseurs de ce monde, pour autant que leur enseignement soit droit, réfléchissent les rayons du Soleil de Justice. La moindre lueur de pensée, le moindre éclair d'intelligence trouvent leur source dans la Lumière du monde. Éd 15.3

De nos jours, on parle beaucoup de la nature et de l'importance d'une “éducation supérieure”. La véritable “éducation supérieure” nous vient de Celui en qui “résident la sagesse et la puissance” (Job 12:13), et de la bouche de qui “sortent la connaissance et la raison”. Proverbes 2:6. Éd 16.1

C'est dans la connaissance de Dieu que prennent leur source toute véritable science et toute formation authentique. Dans quelque domaine que ce soit, physique, mental, spirituel; où que nous portions nos regards, en dehors du fléau du péché, cette évidence s'impose. Quelle que soit notre ligne de recherche, si nous souhaitons sincèrement parvenir à la vérité, nous sommes mis en contact avec l'intelligence invisible et toute-puissante qui est à l'œuvre partout. L'esprit de l'homme est en communion avec l'esprit de Dieu, le fini avec l'infini. L'effet de cette communion sur le corps, l'esprit et l'âme dépasse tout ce qu'on peut concevoir. Éd 16.2

C'est d'elle que naît l'éducation supérieure. C'est à travers elle que Dieu veut assurer notre formation. “Accorde-toi donc avec Dieu” (Job 22:21), voilà son message à l'humanité. Ces mots posent les bases de la méthode selon laquelle le père de notre race fut éduqué. Lorsque Adam se trouvait dans l'Eden saint, dans toute la gloire de la race humaine sans tache, c'est ainsi que Dieu l'instruisait. Éd 16.3

Si nous voulons embrasser le champ d'action de l'éducation, nous devons considérer non seulement la nature de l'homme et l'intention de Dieu en le créant, mais aussi le bouleversement qu'entraîna, pour la condition humaine, la connaissance du mal, et le plan conçu par Dieu pour éduquer l'homme selon son glorieux projet, malgré cela. Éd 17.1

Quand Adam sortit des mains de son Créateur, il lui ressemblait, physiquement, mentalement et spirituellement. “Dieu créa l'homme à son image”. Genèse 1:27. Le dessein de Dieu était que plus l'homme avancerait dans la vie, plus il lui ressemblerait — mieux il refléterait la gloire du Créateur. Toutes ses facultés pouvaient se développer; leurs dimensions, leur vigueur étaient destinées à croître sans limites. Des champs d'études et de recherches immenses et merveilleux s'offraient à elles. Les mystères de l'univers visible — les “merveilles de celui dont la science est parfaite” (Job 37:16) — invitaient l'homme à l'étude. Cet homme dont le grand privilège était la communion face à face, cœur à cœur, avec son Créateur. S'il était resté fidèle à Dieu, tout cela lui aurait appartenu pour toujours. A travers l'éternité, il n'aurait cessé d'amasser des trésors constamment renouvelés de connaissances, de découvrir de nouvelles sources de bonheur, de se pénétrer de plus en plus profondément de la sagesse, de la puissance et de l'amour de Dieu. Il aurait de mieux en mieux accompli son destin de créature: il aurait de mieux en mieux reflété la gloire du Créateur. Éd 17.2

Mais par sa désobéissance, tout fut perdu. A cause du péché, la ressemblance de l'homme avec Dieu s'estompa, jusqu'à disparaître presque totalement. Les capacités physiques de l'homme s'affaiblirent, ses facultés intellectuelles s'amoindrirent, sa vision spirituelle se voila. Il était devenu mortel. Cependant, sa race n'était pas abandonnée au désespoir. Dans l'infini de son amour et de sa miséricorde, Dieu avait conçu le plan du salut et accordé à l'homme une seconde chance. Restaurer en l'homme l'image de son Créateur, le rendre à la perfection pour laquelle il avait été créé, assurer le développement de son corps, de sa pensée, de son âme, pour que le plan divin de la création soit réalisé, devaient être l'œuvre de la rédemption. C'est le but de l'éducation, l'objet grandiose de la vie. Éd 17.3

L'amour, qui est à l'origine de l'acte créateur et rédempteur, doit être aussi à l'origine de la véritable éducation. La loi que Dieu nous a donnée pour diriger notre vie le manifeste de façon éclatante. Le premier et le plus grand commandement est: “Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée.” Luc 10:27. L'aimer, Lui, l'infini, l'omniscient, de toute sa force, de toute sa pensée, de tout son cœur, implique que nous développions à l'extrême chacune de nos facultés. Cela implique qu'en notre être tout entier — le corps et la pensée, aussi bien que l'âme — l'image de Dieu doit être restaurée. Éd 18.1

Le second commandement est semblable au premier: “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” Matthieu 22:39. La loi d'amour nous demande de mettre au service de Dieu et de nos semblables notre corps, notre pensée et notre âme. Et ce service auquel nous nous consacrons, qui fait de nous une bénédiction pour les autres, nous apporte à nous-mêmes la plus grande des bénédictions. Le don de soi sous-tend toute véritable formation de l'être. C'est à travers le service désintéressé qu'il nous est donné de développer au mieux chacune de nos aptitudes. C'est ainsi que nous participerons de plus en plus pleinement à la nature divine. Nous sommes prêts pour le royaume des cieux, car nous le recevons dans notre cœur. Éd 18.2

Dieu étant la source de tout véritable savoir, le premier objectif de l'éducation est évidemment, comme nous l'avons vu, d'appliquer nos esprits à le connaître tel qu'il se révèle à nous. C'est par une communion directe avec Dieu que s'instruisaient Adam et Eve; ils apprirent à le connaître à travers ses œuvres. Toute création était, dans sa perfection initiale, expression de la pensée divine. La nature offrait aux yeux d'Adam et Eve d'innombrables exemples de la sagesse divine. Mais, par la désobéissance, toute connaissance de Dieu par une communion directe devint impossible à l'homme, toute connaissance de Dieu à travers ses œuvres mêmes lui devint difficile. La terre, abîmée, souillée par le péché, ne reflétait plus que faiblement la gloire du Créateur. Il est vrai que Dieu nous propose toujours ses “leçons de choses”. Sur chaque page du grand volume de la création, on peut encore retrouver l'écriture du Seigneur. La nature parle encore de son Créateur. Mais ces témoignages sont incomplets, imparfaits. Et nous, créatures déchues, aux facultés affaiblies, à la vue courte, nous sommes incapables d'interpréter correctement ce que nous percevons. Nous avons besoin de la révélation plus complète que Dieu donne de lui-même dans sa parole écrite. Éd 19.1

Les saintes Ecritures sont le critère parfait de la vérité; c'est pourquoi nous devrions fonder sur elles tout notre système éducatif. Pour acquérir une éducation digne de ce nom, nous devons connaître Dieu le Créateur, et Christ le Rédempteur tels qu'ils sont révélés dans la parole sacrée. Éd 19.2

Tout être humain, créé à l'image de Dieu, possède une puissance semblable à celle du Créateur: le pouvoir personnel de penser et d'agir. Les hommes qui développent ce pouvoir sont des hommes prêts à assumer des responsabilités, des chefs de file, capables d'influencer les autres. C'est le rôle de la véritable éducation que de développer ce pouvoir, d'apprendre aux jeunes à penser par eux-mêmes, à ne pas se contenter d'être le miroir de la pensée des autres. Que les étudiants, au lieu de se borner à étudier ce qu'ont dit ou écrit les hommes, se tournent vers les sources de la vérité, vers les vastes espaces qu'offrent à leurs recherches la nature et la révélation. Qu'ils se mettent face à leur devoir, à leur destinée, et leur pensée se déploiera et prendra de la vigueur. Ce ne sont pas des mauviettes cultivées qui doivent sortir de nos institutions, mais des hommes solides, capables de penser et d'agir, des hommes qui dominent les circonstances et non qui les subissent, des hommes à l'esprit large, à la pensée claire, qui ont le courage de leurs convictions. Éd 19.3

Une telle éducation apporte plus qu'une formation intellectuelle; plus qu'un entraînement physique. Elle fortifie le caractère, de telle sorte que jamais la vérité et l'honnêteté ne sont sacrifiées aux désirs égoïstes ou aux ambitions terrestres. Elle arme l'esprit contre le mal. Elle empêche le développement de toute passion destructrice et ainsi chaque mobile, chaque désir se conforme aux grands principes du bien. A mesure que l'homme s'imprègne de la perfection du caractère divin, son esprit est renouvelé et son âme recréée à l'image de Dieu. Éd 20.1

Y a-t-il une éducation supérieure à celle-là? Y en a-t-il une qui lui soit comparable? Éd 20.2

“On ne peut donner, à sa place, de l'or pur,
Ni peser de l'argent pour l'acheter;
Elle n'entre pas en balance avec l'or d'Ophir,
Ni avec le précieux onyx, ni avec le saphir; Ni l'or ni le verre ne peuvent lui être comparés,
On ne peut l'échanger pour un vase d'or fin.
Le corail et le cristal ne peuvent même pas être évoqués;
Posséder la sagesse (vaut) plus que les perles.” Job 28:15-18.
Éd 20.3

L'idéal que Dieu propose à ses enfants dépasse de beaucoup tout ce qu'ils peuvent imaginer de meilleur. Le but à atteindre, c'est l'amour de Dieu — la ressemblance avec Dieu. Devant l'étudiant s'ouvre un chemin de progrès infini. Il a une tâche à accomplir, un objectif à atteindre: tout ce qui est bien, pur, noble. Il progressera aussi vite et aussi loin que possible dans chacun des domaines de la véritable connaissance. Mais il orientera ses efforts vers des sujets aussi éloignés des profits exclusivement égoïstes et terrestres que les cieux sont éloignés de la terre. Éd 21.1

Celui qui participe au projet divin, en faisant connaître Dieu aux jeunes, en façonnant leur caractère à l'image du sien, accomplit une œuvre noble et élevée. Lorsqu'il suscite le désir d'atteindre l'idéal divin, il propose une éducation aussi élevée que les cieux et aussi vaste que l'univers; une éducation qui ne peut être achevée dans cette vie, mais qui se poursuivra dans la vie à venir; une éducation qui permettra à l'élève de quitter l'école préparatoire de la terre pour accéder à l'échelon supérieur, à l'école d'en haut. Éd 21.2