Témoignages pour l'Eglise, vol. 1

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Vues limitées sur l'expiation

Certains ont des vues limitées sur l'expiation. Ils pensent que le Christ n'a subi qu'une faible part du châtiment prévu par la loi de Dieu. Ils supposent que tout en ressentant le courroux du Père, le Fils avait néanmoins dans ses cruelles souffrances la preuve que Dieu l'aimait et acceptait son sacrifice. Ils croient que les portes du sépulcre se présentaient à Jésus comme illuminées des rayons de l'espérance et qu'il avait en permanence l'assurance de la gloire qui l'attendait après la résurrection. Il y a là une grave erreur. La souffrance la plus vive pour Jésus consistait dans le sentiment du déplaisir de son Père. Son agonie morale, à cette pensée, était d'une telle intensité que l'homme ne peut en avoir qu'une faible idée. TE1 262.2

Chez beaucoup de personnes, le récit de l'abaissement, de l'humiliation et du sacrifice de notre divin Sauveur n'éveille aucun intérêt profond. Il n'agit pas plus sur l'âme et sur la vie que ne le fait le récit de la mort des martyrs chrétiens. Il est vrai que parmi ces derniers il en est qui ont souffert de longues tortures, d'autres ont été mis en croix. Quelle différence y a-t-il entre leur mort et celle du Fils de Dieu? Jésus est mort sur la croix de la plus cruelle des morts. Mais d'autres, pour l'amour de son nom, ont souffert également, pour autant que l'on pense aux souffrances physiques. Pourquoi, alors, le Christ aurait-il souffert plus que ceux qui sont morts pour lui? Si les souffrances de Jésus n'ont été que physiques, sa mort n'est pas plus douloureuse que celle de certains martyrs. TE1 263.1

Mais la douleur physique n'a été que pour une faible part dans l'agonie du Fils de Dieu. Il portait les péchés du monde et par conséquent il encourait la colère de son Père. C'est cela qui brisa son âme divine. C'est le fait que son Père lui voila sa face, le sentiment d'être abandonné de lui, qui entraîna son désespoir. Le fossé que le péché creuse entre l'homme et Dieu, il en a compris et ressenti toute l'horreur, lui qui était innocent. Les puissances des ténèbres l'écrasaient. Nul rayon de lumière n'éclairait pour lui l'avenir. Il était aux prises avec Satan, qui prétendait l'avoir à sa merci et lui être supérieur en puissance, qui lui murmurait que le Père l'avait renié et qu'il avait perdu désormais, comme lui-même, Satan, la faveur de Dieu. En effet, si le Seigneur lui était encore favorable, pourquoi allait-il mourir? Dieu pouvait le sauver de la mort. TE1 263.2

Mais le Christ ne céda pas un instant à l'ennemi qui le torturait, même au plus fort de son agonie. Des légions de démons entouraient le Fils de Dieu, alors que les saints anges n'étaient pas autorisés à engager la bataille avec ses vils ennemis. Il ne leur était pas permis de secourir le Sauveur dans l'agonie de son âme. Ce fut à cette heure terrible et sombre où son Père lui voilait sa face, que les légions sataniques l'entouraient et que les péchés du monde reposaient sur lui, que ces paroles jaillirent de ses lèvres: “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?” TE1 264.1