Le Ministère Évangélique

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Chapitre 16 — Le ministère et le travail manuel

Bien que Paul fût soucieux de donner aux nouveaux convertis une juste notion de ce que les Ecritures enseignent sur la manière dont l'œuvre de Dieu doit être soutenue financièrement, et bien qu'il ait proclamé son droit, en tant que ministre de l'Evangile, “de ne point travailler” (1 Corinthiens 9:6) de ses mains pour subvenir à ses besoins, à différents moments de son apostolat dans les grands centres urbains, il travailla de son métier pour assurer sa subsistance... ME 230.1

C'est à Thessalonique que nous voyons d'abord Paul se livrer à une occupation manuelle tandis qu'il prêche la Parole. Ecrivant aux chrétiens de cette église, il leur rappelle qu'il aurait pu se “produire avec autorité”, puis il ajoute: “Vous vous rappelez, frères, notre travail et notre peine: nuit et jour à l'œuvre, pour n'être à charge à aucun de vous, nous vous avons prêché l'Evangile de Dieu.” 1 Thessaloniciens 2:6, 9. A nouveau dans sa seconde épître, il déclare que son collaborateur et lui-même, lorsqu'ils étaient parmi eux, n'ont “mangé gratuitement le pain de personne”. Nuit et jour, ils ont travaillé, écrit-il, “pour n'être à charge à aucun de vous. Ce n'est pas que nous n'en eussions le droit, mais nous avons voulu vous donner en nous-mêmes un modèle à imiter”. 2 Thessaloniciens 3:8, 9. ME 230.2

Lorsque Paul vint pour la première fois à Corinthe, il se trouva au milieu d'une population très soupçonneuse à l'égard des étrangers. Les Grecs de la côte étaient d'habiles commerçants. Ils s'étaient si longtemps exercés à la pratique des affaires qu'ils en étaient venus à croire que gagner de l'argent constituait une religion, et pour cela tous les moyens, honnêtes ou non, leur semblaient recommandables. Paul connaissait ces traits de caractère, et il ne voulait donner à personne l'occasion de dire qu'il prêchait l'Evangile afin de s'enrichir. Il aurait pu demander à ses auditeurs corinthiens de subvenir à ses besoins, mais il abandonna ce droit de son plein gré afin que son ministère ne fût pas compromis par l'injuste soupçon qu'il prêchait l'Evangile pour un bénéfice matériel. Il cherchait à écarter tout ce qui aurait pu être mal interprété, afin de ne pas diminuer la puissance du message évangélique. ME 231.1

Tôt après son arrivée à Corinthe, Paul trouva “un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, récemment arrivé d'Italie avec sa femme Priscille”. Ils avaient le même métier que lui. Bannis par le décret de Claude qui prescrivait à tous les Juifs de quitter Rome, Aquilas et Priscille étaient venus à Corinthe et s'y étaient établis comme faiseurs de tentes. Paul demanda des renseignements à leur sujet et apprenant qu'ils craignaient Dieu et cherchaient à éviter les néfastes influences dont ils étaient environnés, “il demeura chez eux et y travailla ... (Et il) discourait dans la synagogue chaque sabbat, et il persuadait des Juifs et des Grecs”. Actes 18:2-4. ME 231.2

Pendant son long séjour à Ephèse, où il passa trois ans à mener activement un travail d'évangélisation dans la région, Paul exerça à nouveau son métier. A Ephèse comme à Corinthe, l'apôtre fut réjoui de la présence d'Aquilas et de Priscille qui l'avaient accompagné lors de son retour en Asie à la fin de son second voyage missionnaire. ME 231.3

Certaines personnes ont trouvé mauvais que Paul ait travaillé de ses mains, déclarant que c'était incompatible avec l'œuvre d'un ministre de l'Evangile. Pourquoi Paul, qui était un apôtre d'une si grande envergure, a-t-il associé le travail manuel à la prédication de la Parole? L'ouvrier n'est-il pas digne de son salaire? Pourquoi passait-il à fabriquer des tentes un temps que selon toute apparence il aurait pu employer mieux? ME 231.4

Mais Paul ne considéra pas cela comme du temps perdu. Tandis qu'il travaillait avec Aquilas, il se tenait en communion avec son Maître, ne perdant aucune occasion de rendre témoignage au Sauveur, venant en aide à tous ceux qui avaient besoin de son ministère. Son esprit cherchait toujours à grandir dans la connaissance de Dieu. Il donnait à ses compagnons de travail des instructions sur les choses spirituelles et il était également un exemple d'application et de perfection. C'était un ouvrier alerte, habile, diligent, “fervent d'esprit, servant le Seigneur”. Romains 12:11. En travaillant de ses mains, l'apôtre avait accès à une classe de gens qu'il n'aurait pas pu atteindre autrement. Il montrait à ceux qu'il approchait que l'habileté est un don de Dieu qui accorde en même temps que le don la sagesse pour l'employer droitement. Il enseignait que même dans le travail journalier, on doit honorer Dieu. Ses mains durcies par le travail n'enlevaient rien à la force des appels pathétiques qu'il adressait aux hommes en sa qualité de ministre de l'Evangile... ME 232.1

Si les prédicateurs pensent qu'ils supportent des difficultés et des privations dans la cause du Christ, qu'ils aillent en imagination visiter l'atelier où Paul travaillait. Qu'ils se mettent bien dans l'esprit que cet homme choisi de Dieu, assis devant son canevas, besogne pour gagner le pain que lui a mérité son activité d'apôtre. ME 232.2

Le travail est une bénédiction, non une malédiction. Un esprit d'indolence ruine la piété et attriste l'Esprit de Dieu. Les eaux stagnantes sont malsaines, mais un courant limpide répand la santé et la joie dans la contrée qu'il traverse. Paul savait que ceux qui négligent l'activité physique s'affaiblissent rapidement. Il désirait enseigner aux jeunes ministres de l'Evangile qu'en travaillant de leurs mains, en donnant de l'exercice à leurs muscles, ils acquerraient des forces pour supporter les fatigues et les privations qui les attendent dans leur ministère. Et il comprenait que ses propres enseignements manqueraient de vitalité et de puissance s'il n'entretenait pas tout son être en bon état par un exercice approprié... ME 232.3

Tous ceux qui se sentent appelés à prêcher ne devraient pas être encouragés à compter sur une aide financière immédiate et permanente de l'Eglise. Le danger existe que certains hommes de peu d'expérience soient corrompus par la flatterie et par des conseils qui manquent de sagesse, et qu'ainsi ils s'attendent à ce qu'on subvienne à leurs besoins sans qu'ils fournissent eux-mêmes un effort sérieux. Les moyens financiers consacrés à l'extension de l'œuvre de Dieu ne devraient pas être employés à entretenir des hommes qui désirent seulement prêcher pour recevoir un salaire et qui réalisent ainsi leurs ambitions égoïstes de vivre à leur aise. ME 233.1

Les jeunes gens qui désirent exercer leurs dons dans l'œuvre du ministère trouveront une leçon salutaire dans l'exemple de Paul à Thessalonique, à Corinthe, à Ephèse et ailleurs. Bien qu'il fût un orateur éloquent, choisi de Dieu pour une tâche spéciale, il ne ménageait pas sa peine et n'était jamais fatigué de se sacrifier pour la cause qu'il aimait. “Jusqu'à cette heure, écrivait-il aux Corinthiens, nous souffrons la faim, la soif, la nudité; nous sommes maltraités, errants çà et là; nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains; injuriés, nous bénissons; persécutés, nous supportons.” 1 Corinthiens 4:11, 12. ME 233.2

L'un des plus grands prédicateurs, Paul, accomplit courageusement les tâches les plus humbles comme les plus hautes. Lorsque, dans son service pour le Maître, les circonstances semblaient le requérir, il travaillait volontiers de ses mains. Cependant, il était toujours prêt à laisser de côté ce travail séculier pour faire face aux ennemis de l'Evangile ou pour profiter de chaque occasion qui se présentait de gagner des âmes à Jésus. Son zèle et son activité sont un vif reproche fait à ceux qui sont indolents et qui désirent leurs aises. — The Acts of the Apostles, 346-355. ME 233.3

Le fait que quelques-uns de nos prédicateurs n'exercent pas tous les organes de leur corps est la cause que certains s'usent tandis que d'autres s'affaiblissent faute d'exercice. Si la fatigue se porte exclusivement sur un organe ou un jeu de muscles, ceux-ci se fatigueront outre mesure et s'affaibliront considérablement. ME 234.1

Chaque faculté de l'esprit et chaque muscle a sa fonction distincte et tous doivent s'exercer afin de se développer normalement et de rester en santé. Chaque organe de notre corps a son rôle à jouer; chaque rouage de la machine doit être vivant et actif. Toutes les facultés dépendent les unes des autres et toutes doivent être exercées afin de se développer convenablement. — Testimonies for the Church 3:310. ME 234.2

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